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GPHG 2025 #08 (accès libre)
Dix opinions argumentées sur dix autres montres masculines à présélectionner pour le GPHG 2025

En parallèle avec nos pages « Repérages » habituelles, nous proposons cet été un « repérage » des montres inscrites pour le prochain GPHG, dans l’ordre choisi par le GPHG, mais dans le cadre d’une revue critique, éclairée et commentée. De quoi les académiciens à faire leur choix. Voici donc dix montres de dix marques en quête de prix : Andersen Genève, Arnold & Son, Masa’s Pastime, Mauron Musy, Pragma, Sarpaneva, Urban Jürgensen, WRK, Youhr et Zenith…


En toute transparence, avant d’être critiquées (au meilleur sens du terme) et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » : c’est la langue usuelle de nos « amies les marques » et c’est la langue de bois des « boîtes » d’horlogerie. Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, quelles montres les académiciens vont-ils devoir sélectionner ? Certaines de ces montres ont déjà été présentées par Business Montres, mais nous y revenons avec plaisir ! Place à un nouvel épisode de notre panorama du GPHG 2025, avec nos commentaires critiques sur dix montres de dix marques…

MASA’S PASTIME Sohkoku

Depuis plus de 30 ans, nous sommes spécialisés dans la restauration et la vente de montres anciennes. Ces dernières années, avec le développement de nos propres calibres manufacturés, nous avons ressenti le besoin de créer une marque capable de transmettre notre vision unique au monde. C’est ainsi qu’est née Masa & Co en 2023. Sohkoku est le fruit d’une harmonie entre l’artisanat traditionnel japonais et les techniques horlogères transmises à travers les âges. Bien qu’inspiré par l’esthétique classique japonaise, le design ne repose pas excessivement sur des motifs traditionnels. Il met plutôt en valeur la beauté artisanale qui ne peut être obtenue que par un travail entièrement fait main, dans une forme contemporaine. Le cadran est minutieusement réalisé selon des techniques traditionnelles de métallurgie japonaise. Le matériau principal, le shakudō (un alliage historique de cuivre et d’or), est patiné selon l’ancienne méthode niiro, donnant lieu à une teinte bleu-noir profonde. Cette surface oxydée possède une texture unique, impossible à reproduire avec les procédés modernes de placage ou de peinture. Les chiffres arabes gravés à la main ainsi que le logo de la marque sont finis dans un ton or rose. Au centre du cadran, le motif Asanoha (feuille de chanvre) est gravé à l’aide d’une technique hybride exclusive qui combine les traditions de gravure japonaise et occidentale. Ce même motif se retrouve également sur le coq de balancier du mouvement. Entre le cadran et la bague d’index se déploie un guilloché finement détaillé, réalisé avec un tour à guillocher traditionnel. Les aiguilles, de design original, sont façonnées, gravées et polies à la main à partir d’or rose massif 18 carats. Notre mouvement entièrement manufacturé en interne est conçu, décoré et assemblé dans notre propre atelier. Il se compose de ponts à finition givrée spéciale associés à des composants en acier poli miroir. Toutes les arêtes et les chatons sont anglés à la main, et la platine principale est ornée d’un perlage traditionnel. Ces choix de conception et de finitions s’inspirent des montres anciennes, conférant à chaque pièce une valeur intemporelle, conçue pour être transmise de génération en génération.

UN COMMENTAIRE ? Une montre magnifique, exécutée dans un or rose très spécial, dont le cadran travaillé à la main vaut largement les créations du même style dont la Suisse horlogère se flatte : il faut compter dans les 68 000 francs suisses pour ce boîtier de 38 mm x 10 mm étanche à 30 m et animé par un mouvement à remontage manuel (30 heures de réserve de marche) aux finitions particulièrement soignées. On sent l’immense culture horlogère traditionnelle de l’équipe qui a créé cette montre, ainsi que son imprégnation de culture japonaise. On espère que cette montre pourra tirer son épeinge du jeu dans cette catégorie « Homme » très piégeuse : c’est pour de telles montres qu’il faut créer une catégorie « Arts horlogers traditionnels » : les nouveaux collectionneurs sont fous de ce style de montre !

MAURON MUSY Architect

La MU05-106 Architect rend hommage à l’ingénierie et à l’architecture contemporaine, en traduisant la complexité mécanique dans un langage visuel épuré et ouvert. Fruit d’une collaboration avec Arturo Tedeschi, architecte italien de renom, cette pièce se distingue par un cadran en argent d’une grande complexité, conçu à l’aide d'outils algorithmiques avancés et d’intelligence artificielle afin de repousser les limites de la forme et de la structure. Elle intègre le système d’étanchéité breveté nO-Ring de Mauron Musy, assurant une étanchéité totale sans aucun joint en caoutchouc. Cette innovation réduit l’usage de matériaux synthétiques et espace considérablement les services. Entièrement fabriquée en Suisse, dans un rayon de 60 km, la montre s’inscrit dans une approche ultra-locale, durable et fidèle au savoir-faire régional. Le cadran, à la construction multicouche inspirée de l’architecture, allie profondeur visuelle et légèreté structurelle. Son boîtier en titane grade 5, sablé et satiné, renforce l’unité de son langage technique et esthétique. Limitée à seulement 10 exemplaires, l’Architect est une création rare, pensée pour les passionnés de design, d’innovation et de précision mécanique élevée au rang d’art.

UN COMMENTAIRE ? L’esthétique brutaliste de cette Architect ne sera pas son meilleur atout dans une catégorie « Homme » qui privilégie habituellement des expressions horlogères plus apaisées, mais sait-on jamais… Le prix annoncé – un peu plus de 30 000 francs suisses – n’aidera pas non les académiciens à opter pour Mauron Musy (boîtier en titane de 44 mm x 14,8 mm étanche à 300 m et animé par un mouvement automatique calé sur 55 heures de réserve de marche). Dommage pour la marque, ce concours ne favorise pas les pièces non-conformistes : le système d’étanchéité du boîtier de cette Architect est très innovant, mais qui s’en rendra compte au moment d’accorder quelques points à la montre ?

PRAGMA P1 Perseverance Solar Stainless Steel Basalt Black

La P1–Perseverance incarne la vision fondatrice de Pragma : proposer une horlogerie suisse transparente, rigoureuse et engagée.Son boîtier est fabriqué en acier solaire, un alliage 100 % recyclé fondu grâce à un four solaire dans le Jura suisse. Développé en collaboration avec Panatere SA, ce matériau réduit l’empreinte carbone d’un facteur 165 par rapport à l’acier conventionnel. Son architecture multi-composants — avec une structure imbriquée et des finitions alternées — crée un jeu de lumière unique, révélant le caractère subtil et singulier de ce design d’exception. À l’intérieur, la montre est animée par le calibre 1031-1, développé avec Chronode SA et certifié chronomètre. Il intègre un balancier à inertie variable, une réserve de marche de 60 heures, ainsi qu’une lecture originale de la petite seconde et de la date via un disque rotatif. Chaque composant structurel — boîtier, mouvement, bracelet — est conçu à partir de matériaux recyclés ou biosourcés, avec une traçabilité complète et une production 100 % Swiss Made. P1–Perseverance est une montre de convictions : une pièce technique, sobre et précise, pensée pour durer, et portée par l’idée qu’un garde-temps peut être à la fois exigeant, contemporain et responsable.

UN COMMENTAIRE ? La démarche éco-responsable est à encourager, la marque pouvant par ailleurs prétendre au prix « écologique » mis en place par le GPHG [après de nombreuses recommandations de Bussiness Montres à ce sujet], mais le prix du respect de l’environnement n’est pas donné cette année : 31 000 francs suisses pour une trois-aiguilles date de style très classique, même avec un boîtier en acier « solaire » (39 mm x 10,5 mm d’épaisseur, étanche à 50 m), même avec un superbe mouvement Chronode, c’est assez risqué au GPHG face à des concurrents certes moins eco-friendly, mais plus séduisants et mieux placés en prix. On n’a toujours pas compris pour le GPHG n’a pas institué une catégorie officielle « Eco-Innovation », au lieu d’en faire un prix à la discrétion du jury, qui le décernera presque à la sauvette : en « Homme », cette P1–Perseverance n’a que très peu de chances d’émerger, alors qu’elle aurait pu défendre sa singularité dans une catégorie éco-innovante » à part entière…

SARPANEVA Supernova

Une supernova marque la fin d’une époque, mais elle annonce aussi la naissance d’une nouvelle. En nommant cette montre Supernova, je signale un moment charnière dans l’histoire de Sarpaneva Watches - un tournant où tout change, et plus rien ne sera jamais comme avant.La Sarpaneva Supernova puise son inspiration dans l’énergie brute et complexe de l’univers – sa puissance, sa complexité, sa beauté implacable. Porter la Supernova, c’est comme avoir un fragment de l’univers au poignet – un rappel constant des forces qui façonnent le temps lui-même. Véritable chef-d’œuvre, elle est bien plus qu’une montre : c’est une fenêtre ouverte sur l’infini. Lorsqu’une étoile épuise son énergie, elle explose dans une lumière éblouissante. De la même manière, cette montre incarne une transformation, une renaissance dans l’univers de la haute horlogerie. Tout comme les étoiles en explosion sont essentielles à l’univers et à la création de la vie, nos montres sont conçues avec précision et intention, pensées pour traverser les âges. Les mêmes éléments forgés dans les étoiles sont reflétés dans la robustesse et le raffinement de chaque garde-temps. Ces montres sont bien plus que de simples instruments : elles sont un lien avec les origines de la vie et la force perpétuelle du temps. Portez-en un fragment.

Le cadran classique Northern Light fait son grand retour. Après la morne récolte de l’automne, la nature est rapidement envahie par la rudesse de l’hiver. Alors que le monde s’assombrit, seule la constellation de la Petite Ourse éclaire le ciel nordique de la Finlande. Inspiré par cette période poignante et évocatrice de l’année, Stepan lança deux variations de sa collection K3 lors du premier jour libérateur du printemps 2011, chacune ornée de diamants en forme de Petite Ourse. Un modèle capturait l’essence du jour d’hiver le plus froid avec un cadran bleu ciel, tandis que l’autre reflétait les nuits les plus sombres de l’hiver finlandais, avec un cadran d’un noir profond. « Il s’agit des étoiles du Nord, celles que je peux voir pendant les moments les plus glacials de l’hiver finlandais, lorsque je lève les yeux vers le ciel depuis la fenêtre de mon atelier. » Inspirée par l’explosion rare et puissante d’un magnétar, cette montre incarne l’intensité de l’un des phénomènes les plus impressionnants de l’univers. Les éruptions magnétiques de ces étoiles donnent également naissance aux aurores boréales que nous contemplons sur Terre. Le tout premier design en « turbine » a été créé dès 2003 pour la Sarpaneva Oiva. Il renaît aujourd’hui, repensé, dans la dernière version de la Supernova. Certains disent même qu’elle aurait le pouvoir de prédire les aurores boréales. Mythe ou réalité ? Seuls les plus audacieux découvriront la vérité…

UN COMMENTAIRE ? Le narratif nordico-cosmique de cette montre finlandaise est très convaincant et il sert avec habileté la rugosité apparente du design, qu’il sait teinter d’humour et de poésie. Reste à savoir si les académiciens ont envie de présélectionner cette montre parmi les vingt-quatre de la catégorie « Homme » : c’est une pièce héroïque, dont le style n’est pas cependant tout-à-fait ce qu’on attend d’une « montre de l’année » : c’est là que se confirme l’idée qu’il manque GPHG cette catégorie « Design » stupidement abandonnée voici quelques années, alors que les années 2020 sont celles de l’explosion des formes, des volumes et des couleurs (il faut compter dans les 29 000 francs suisses pour ce boîtier en acier très identitaire de 40 mm x 11,2 mm, étanche à 50 m et motorisé par un mouvement automatique avec 42 heures de réserve de marche)…

URBAN JÜRGENSEN UJ-2 (échappement naturel à double roue)

C’est à travers l’élégance discrète de la UJ-2 que s’exprime toute la philosophie d’Urban Jürgensen : la conviction que la simplicité, lorsqu’elle est maîtrisée, exige le plus haut niveau d’attention. Que la quête de perfection se suffit à elle-même. Et que faire les choses comme il se doit, avec justesse, est une source de joie profonde. Cette pièce est l’œuvre d’une Maison qui accueille les défis de la haute horlogerie – sans jamais les contourner. Au cœur de cette pièce se trouve l’échappement naturel à double roue – un mécanisme dont la grâce apparente cache la complexité. Chaque composant, des roues finies à la main aux ponts parfaitement polis, jusqu’aux éléments invisibles, existe parce qu’il ne pouvait en être autrement. Lorsque les roues d’échappement s’engagent et se libèrent dans un ballet d’une extrême précision, elles incarnent des siècles d’exploration horlogère – depuis Abraham-Louis Breguet, maître d’Urban Jürgensen, jusqu’aux horlogers d’aujourd’hui qui osent aller au-delà des solutions établies. La UJ-2 ne recherche pas la complexité pour elle-même. Elle incarne la quête constante de perfection jusque dans les choses les plus simples. Chaque élément, qu’il soit visible ou non, témoigne de cette conviction : que la manière dont nous mesurons le temps influe sur la manière dont nous le vivons.

UN COMMENTAIRE ? Une montre qui serait une des candidates idéales non seulement pour la présélection, mais aussi pour le prix en finale, mais son prix a de quoi faire réfléchir les académiciens, puis les jurés si on le compare aux montres concurrentes qui peuvent également l’emporter : 113 000 francs suisses pour une trois-aiguilles à réserve de marche et échappement génial, c’est le double ou le triple des concurrents en question (moins innovants et plus classiques, il est vrai). D’autant qu’il aurait fallu expliquer plus longuement ou au moins succinctement aux académiciens, dans la notice ci-dessus, les atouts innovants de cet échappement : on aurait pu prévoir une vidéo pour en détailler les avantages et les avancées (boîtier en or rouge de 39 mm x 10,9 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et motorisé par un calibre à remontage manuel disposant de 52 heures de réserve de marche). C’est d’autant plus dommage que la montre a tout pour plaire aux initiés…

WRK ACF-02 Flat Double barillet Micro-rotor

Après le succès de son premier modèle, WRK Timepieces présente l’ACF-02 Flat : une montre ultra-plate et ergonomique qui incarne une vision contemporaine de la haute horlogerie — épurée, précise, et pensée pour un usage quotidien sans compromis. Au cœur de l’ACF-02 Flat bat le Calibre AMB-01/1, développé exclusivement pour WRK par Télôs Watch, atelier indépendant de complications fondé par Franck Orny et Johnny Girardin. Forts de plus de 30 ans d’expertise horlogère, les deux maîtres horlogers ont signé des créations emblématiques telles que l’Opus 14 de Harry Winston ou la Montblanc Metamorphosis. « Le mouvement est le cœur et l’âme de toute montre. » : le AMB-01/1 est un mouvement automatique à micro-rotor conçu pour offrir une performance optimale dans un format ultra-plat. Il est entièrement fabriqué en Suisse et assemblé à la main par un seul horloger. Le boîtier de l’ACF-02 Flat incarne la philosophie WRK : un design contemporain sans artifice. Réalisé en titane Grade 5, il adopte une silhouette fluide et sans vis apparentes, offrant une légèreté et un confort exceptionnels. Sa finition microbillée lui confère un toucher doux et un aspect mat élégant. Le fond courbé et les cornes courtes assurent un ajustement naturel au poignet, idéal pour un usage quotidien discret ou actif. Chaque ACF-02 Flat est livrée avec un bracelet technique à scratch Velcro, offrant à la fois légèreté et maintien. Des options en nubuck ou Alcantara sont également disponibles pour une esthétique plus personnalisée. L’ACF-02 Flat est proposée dans le cadre d’une série souscription très limitée, avec seulement 12 pièces par configuration. Plus qu’une montre, l’ACF-02 Flat est l’expression d’une vision maîtrisée de la haute horlogerie contemporaine. Fabriquée en Suisse par des artisans d’exception, chaque pièce fait l’objet d’un assemblage minutieux et d’un contrôle qualité rigoureux.

UN COMMENTAIRE ? On comprend tout de suite que la radicalité de ce design se prolonge dans la radicalité de son concept mécanique et dans la radicalité intransigeante du positionnement de cette marque italienne encore peu connue (il faut compter dans les 19 000 francs suisses pour ce boîtier « tonneau-galet » de 38 mm x 41 mm x 8 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et animé par un mouvement de « haute couture » mécanique à la Télôs, proposé avec 72 heures de réserve de marche). D’un prix trop élevé pour concourir en « Challenge » ou en « Petite aiguille », sans vraie chance en « Time Only », ce repli sur « Homme » est tout sauf gagnant, cette catégorie ciblant davantage les montres plus « classiques ». On en revient au manque flagrant d’une catégorie « Design » pour des montres aussi créatives, massacrées avant la présélection dès qu’on les mélange à des montres plus traditionnelles…

YOUHR Youhr One

Tout au long de sa carrière, Roland Gloor a admiré le travail de nombreux horlogers et a été ébloui par des créations admirables, développant ainsi un « œil horloger » d’expert. Mais, jamais, il n’a repéré le modèle qui caractérise, à ses yeux, la synthèse parfaite de l’équilibre et de l’élégance des lignes. Après plus de trois ans de recherche et développement, il présente enfin sa première création, la Youhr One. S’il avait une idée précise en tête, Roland Gloor a demandé à Jacqueline Dimier de l’accompagner dans la réalisation du design de cette montre extra-plate. Cette grande dame de l’horlogerie a maintes fois prouvé son savoir-faire. Les esquisses se sont multipliées jusqu’à ce que la vision de l’horloger s’exprime sur le papier : sa vision de la montre aux lignes parfaites. Une montre qui rend hommage à tous les modèles classiques qui ont marqué l’histoire de l’horlogerie. Youhr s’en est inspiré pour créer un modèle aux codes simples et raffinés et au charme classique et intemporel : Un design qui crée un pont entre la distinction des montres vintage et l’efficacité de la mécanique moderne. Un garde-temps qui exprime son unicité au travers de codes qui lui sont propres et une identité forte qui l’éloigne des créations contemporaines pour transmettre un message d’élégance et de pérennité.

Le cadran guilloché fin, travaillé à la main, possède une décoration unique, faite de lignes, qui se croisent et s’entrecroisent, et évoluent selon la lumière. Le guilloché fin se dévoile par un rendu d’une grande légèreté et d’une sophistication majeure. Le cadran s’habille d’aiguilles dauphines ajourées, qui pointent les index arabes XL des heures à 3, 9 et 12 heures. A 6h se présentent petite seconde et date dans une fenêtre au look volontairement rétro, sablé au laser puis traité au rhodium, pour créer un jeu de profondeur. Les finitions du cadran sont réhaussées par un brossage satiné sélectif de la carrure. De plus, le boitier, extra-plat, réalise une prouesse de savoir-faire et de technicité en y intégrant ses cornes. En effet, cette finition nécessite un travail à la main très précis afin de conserver les angles nets des cornes. Enfin, la lunette rapportée structure davantage encore la montre en mariant les géométries rondes et carrées. Le fond saphir du boitier permet d’observer le mouvement extraplat à remontage automatique Vaucher 5400 dont Roland Gloor a retravaillé le design des ponts afin de libérer le plus de surface guillochable et d’y exprimer un design propre à Youhr. Les ponts ont été anglés main à l’atelier Youhr. Les contours des trous vis et les bords ont été contournés d’un trait d’arrêt, une sophistication propre à Youhr. La masse oscillante en or 22 carats est également anglée main. La réalisation de cette montre a été un challenge nécessitant de solides connaissances et compétences pour atteindre l’objectif technique de l’ultra-plat et esthétique de l’élégance. Si tout le projet a été imaginé et développé par Youhr, la force de Roland Gloor est d’avoir su s’entourer d’artisans aux savoir-faire et aux compétences inégalables comme pour la fabrication des nouvelles pièces du mouvements ou pour le décor guilloché. Un travail d’experts et de passionnés pour créer la Youhr One.

UN COMMENTAIRE ? On attendait l’excellent Roland Gloor [un de nos plus éminents et respectables confrères journalistes horlogers] au tournant fatidique de la création de « sa » marque. Force est de constater que la réussite est au rendez-vous, tant dans le style, sobre et fort, que dans l’harmonie de ces lignes et de ces volumes. La montre coche à peu près toutes les bonnes cases : il est vrai qu’il a été aidé par cette Jacqueline Dimier dont il parle plus haut et dont plus personne ne sait qu’elle est, encore aujourd’hui, une des plus grandes dames de l’horlogerie européenne [plus que de les brûler, l’horlogerie adore oublier celles et ceux par lesquels on l’adore] ! Il faut compter dans les 36 600 francs suisses pour ce boîtier « tonneau » en or jaune de 39 mm x 40 mm x 8,2 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et muni d’un mouvement automatique avec 48 heures de réserve de marche. On espère que les académiciens ont le « nez » de regarder un peu plus longuement cette « pépite » pour au moins la pousser dans une présélection « Homme » qu’elle mérite largement…

ZENITH G.F.J. Calibre 135

En fondant sa manufacture en 1865, Georges Favre-Jacot s’était fixé un objectif ambitieux : créer « la montre parfaite », alliant finesse, précision et fiabilité absolue. Une quête d’excellence inscrite jusque dans le nom de sa marque, Zenith, qui évoque le point culminant du ciel. Pour célébrer son 160e anniversaire, Zenith rend hommage à cet héritage avec un modèle intemporel, animé par un mouvement d’exception. La G.F.J., dont le nom reprend les initiales de son fondateur, incarne l’élégance et la sobriété d’un design épuré. Elle redonne vie au mythique calibre 135, le mouvement le plus primé de l’âge d’or des concours de chronométrie des observatoires. Aujourd’hui, Zenith va encore plus loin en donnant un nouveau souffle au calibre 135, en le réimaginant avec une approche contemporaine. Son architecture et son esthétique restent fidèles à l’original, mais son ingénierie a été entièrement repensée pour l’adapter aux standards horlogers les plus exigeants du XXIe siècle. Parmi les évolutions majeures, la roue de centre décalée libère l’espace nécessaire pour un balancier surdimensionné, améliorant la précision et la stabilité du mouvement. Plus qu’une simple réédition, c’est une véritable réinterprétation, intégrant des matériaux et des technologies de pointe. Le barillet assure désormais une réserve de marche de 72 heures, contre 40 heures pour la version originale des années 1950. Son train de rouage optimisé améliore l’efficacité du mouvement grâce à une géométrie retravaillée. Battant à une fréquence de 2,5 Hz, le balancier est désormais équipé de vis de réglage et d’un spiral Breguet. Autre élément signature du 135-O, le régulateur à double flèche permet un réglage extrêmement précis. Un mécanisme stop-seconde a été ajouté pour garantir un réglage à la seconde près, tandis que l’axe du balancier bénéficie désormais de chatons montés sur ressorts, renforçant ainsi la résistance aux chocs. Chaque mouvement est ajusté pour garantir une précision de +/-2 secondes par jour, et bénéficie de la certification COSC. Fidèle à son héritage, le calibre 135 arbore une finition sobre et sophistiquée, où chaque détail témoigne du savoir-faire horloger d’exception de Zenith. Les ponts, finement décorés d’un guilloché « brique », évoquent la façade emblématique de la Manufacture Zenith, où les briques rouges et blanches forment les initiales G.F.J., en hommage à Georges Favre-Jacot. Le barillet arbore une finition satinée circulaire, tandis que la roue de couronne, polie noir, capte la lumière avec une profondeur saisissante. Enfin, les rubis de grande taille ajoutent une touche d’élégance et de sophistication, sublimant chaque détail du mouvement.

Après 160 ans, l’ambition de créer une montre atteignant le Zénith de la perfection continue d’animer les horlogers de la Maison. En hommage à cet héritage unique, Zenith a conçu une pièce horlogère qui va à l’essentiel, où chaque détail reflète la quête absolue de perfection. Fidèle à l’époque du calibre 135, la nouvelle G.F.J. capture l’esprit des années 1950, mariant subtilement l’élégance vintage à des touches contemporaines. Son boîtier en platine de 39 mm, rond et élancé, se distingue par une lunette étagée et des cornes incurvées à paliers, offrant une silhouette fine et sculpturale. Son profil délicat est sublimé par un jeu de finitions contrastées, alternant surfaces brossées et polies. La couronne crantée, quant à elle, arbore fièrement les initiales G.F.J. Sous son verre saphir bombé, la G.F.J. révèle un cadran bleu profond, couleur emblématique de Zenith, symbolisant son lien avec le ciel et sa quête perpétuelle de précision. Sa construction en trois parties crée une impression de profondeur captivante, tandis que chaque élément méticuleusement travaillé lui confère une élégance raffinée. Sur l’anneau extérieur, un guilloché « brique » rend hommage à la façade iconique de la Manufacture Zenith. Des index facettés en or blanc ponctuent l’ensemble, accompagnés d’un discret chemin de fer composé de 40 perles en or blanc, appliquées à la main. La partie centrale, réalisée en Lapis-Lazuli bleu profond, est traversée de fines incrustations de pyrite dorée, évoquant naturellement un ciel étoilé. Chaque cadran est unique, marqué par les nuances et les textures naturelles de cette pierre précieuse. Enfin, à 6 heures, le grand compteur des secondes en nacre apporte une touche de douceur et d’éclat. Les heures, les minutes et les secondes sont affichées par de fines aiguilles bâton en or blanc, épurées et élégantes, parfait reflet de l’esprit intemporel de cette création d’exception.

UN COMMENTAIRE ? Il n’est pas certain que le guillochage « brique » soit d’une élégance absolue, mais il est par contre certain que le prix très élevé de cette trois-aguilles qui joue habilement de son narratif chronométrique passé sans aller au-delà d’une chronométrie COSC un peu poussée, pour exiger 49 000 francs suisses, au prétexte d’un boîtier en platine qui relève de l’enfumage : si le prestigieux platine est trois fois plus difficile à travailler que l’or, il est aussi trois fois moins cher (boîtier de 39 mm x 10,5 mm étanche à 50 m et animé par un mouvement à remontage manuel redécoré en « briques » et doté de 72 heures de réserve de marche ! Présélection : peut-être, mais la grille néo-vintage est déjà très chargée et très concurrencée par quelques jeunes pousses très séduisantes. Avoir inscrit cette G.F.J. Calibre 135 en « Homme » plutôt qu’en « Time Only » ou en « Iconique » lui a partiellement coupé les ailes : il y a des erreurs de casting qu’on paie très cher en année d'anniversaire…

ANDERSEN GENÈVE x Asprey Heures sautantes Jade de Birmanie

Andersen Genève, le spécialiste indépendant de la haute horlogerie artisanale, est fier de présenter la toute dernière édition de sa célèbre série Jumping Hours. La Jumping Hours Burma Jade est lancée en collaboration avec Asprey, la célèbre maison de luxe britannique. Cette exquise édition limitée à 12 montres fabriquées à la main associe l'interprétation magistrale de la complication des heures sautantes par Andersen Genève à l'une des matières précieuses les plus prisées et les plus énigmatiques au monde : la beauté translucide et verte de la jadéite de Birmanie. Il s'agit de la deuxième collaboration entre Andersen Genève et Asprey, après la montre aux heures du monde présentée en 2022 « Heures du Monde », qui illustre une fois de plus l'engagement des deux « Maisons » à respecter les normes les plus élevées en matière d'horlogerie artisanale et d'esthétique. Comme auparavant, le cadran est doublement signé des logos des deux marques. Sixième et dernière édition de la série Jumping Hours lancée par Andersen Genève en 2020, la Jumping Hours Burma Jade met un terme à l'une des créations les plus somptueusement élégantes de l'horlogerie moderne. Aujourd'hui, la Jumping Hours Burma Jade clôt le chapitre des heures sautantes avec une montre d'une délicatesse et d'une élégance extraordinaires. La pièce maîtresse de la montre est son cadran, façonné à partir d'une seule tranche de pur jade de Birmanie, connu dans le monde des pierres précieuses sous le nom de « jadéite de type A » - non blanchi, non traité et extrêmement rare. Vénéré pour son grain fin, sa grande translucidité et sa riche tonalité verte, le jade de Birmanie est prisé depuis des millénaires comme symbole d'harmonie, de renouveau et d'énergie spirituelle. Taillé, et d’une épaisseur de seulement 0,40 mm, le cadran de jade exige une précision absolue dans sa fabrication. À son point le plus fin - là où la roue des heures est encastrée - le cadran ne mesure que 0,25 mm. Tout défaut ou irrégularité dans la pierre risque de la faire éclater lors de l’assemblage, ce qui rend la création de chaque montre un exercice de patience et d'habileté extraordinaires. De loin, le cadran présente un vert légèrement effervescent. Un examen plus approfondi révèle les veines et les fibres uniques de la pierre, ce qui rend chaque cadran subtilement différent et unique. Sur ce cadran, le chemin de fer des minutes, ainsi que les logos des deux marques sont décalqués en bleu, créant ainsi un contraste d'une beauté incomparable.

Dans l'exécution d'Andersen Genève, la complication « heures sautantes » est construite sur un module ultra-plat créé en interne et intégré au calibre Frédéric Piguet 11.50, un calibre de haute qualité avec deux barillets, générant une réserve de marche de 70 heures. Le mécanisme des heures sautantes exige des tolérances exceptionnellement fines et un étalonnage méticuleux pour gérer la libération soudaine de l'énergie emmagasinée nécessaire au saut précis et instantané à chaque nouvelle heure - une action beaucoup plus abrupte et énergique que le balayage continu d'un affichage traditionnel de l'heure. De plus, pour préserver les proportions fines de la montre, la roue des heures est encastrée sous le cadran, qui est soigneusement creusé pour atteindre une épaisseur de seulement 0,25 mm. Cela permet d'obtenir une montre exceptionnellement fine, de seulement 9,22 mm de hauteur, un aspect essentiel de l'élégance et de l'intégrité globales de la montre. Chaque boîtier est fabriqué en platine 950, entièrement fini à la main et il fait 38 mm de diamètre. Diverses techniques traditionnelles d'usinage sont nécessaires pour fabriquer le boîtier et obtenir des finitions impeccables, notamment des flancs brossés satinés, des cornes et une lunette polie miroir. Les cornes incurvées sont créées séparément et soudées individuellement, une technique rare qui remonte à l'âge d'or de l'horlogerie et qui fait de chaque boîtier Andersen Genève un objet fabriqué à la main.

UN COMMENTAIRE ? Il y a comme une légère contradiction entre le fait d’inscrire cette montre en « Complication homme » [pourquoi pas, les heures sautantes sont une complication] et de déclarer simultanément que le plus important de cette pièce est son cadran en jade, ce qui la vouerait plutôt à la « Joaillerie » ou aux « Métiers d’art » (il faut compter dans les 85 000 francs suisses pour ce boîtier en platine de 38 mm x 9,2 mm étanche à 30 m et animé par une mécanique à remontage automatique garantissant 70 heures de réserve de marche). Face aux dix-sept autres montres de la catégorie, qui sont souvent bien plus « compliquées », ce cadran de jade n’est pas tout-à-fait à sa place, et il ne le serait pas non plus en présélection. Erreur de casting ?

ARNOLD & SON Globetrotter 42 Steel Greenwich Green

La Maison Arnold & Son revisite aujourd’hui sa collection Globetrotter pour en proposer une version à la fois plus compacte, plus fine et d’une plus grande lisibilité. Dans son nouveau diamètre de 42 mm, la Globetrotter 42 Steel se décline avec un boîtier en acier, disponible en une version « Greenwich Green » de 88 exemplaires. En mémoire des temps héroïques où les explorateurs partaient cartes en main et chronomètres en poche à la découverte du monde, la Maison Arnold & Son présente une version revisitée en taille et en fonctionnalités de la fameuse Globetrotter, un instrument de mesure du temps contemporain dédié aux voyageurs d’aujourd’hui. Pour cela, la Globetrotter 42 Steel a été retravaillée en finesse afin de pouvoir proposer des mensurations plus conformes aux habitudes de porter actuelles. Son boîtier en acier de 42 mm de diamètre semble d’autant plus équilibré que son épaisseur a également été revue pour ne pas excéder 15 mm et ce, tout en conservant son exceptionnelle construction de cadran. Ultra-graphique, ce dernier a également subi de subtiles modifications qui lui offrent d’être visuellement plus remarquable et techniquement encore plus efficace lors de déplacements à l’étranger. La structure conserve le fameux pont en arche délicatement galbé, façonné en acier et repris à la main que l’on peut considérer comme un élément signature de la collection. Le pont délimite les heures du jour et de la nuit sur la bague 24 heures. Il maintient, par le rubis serti en son centre, le dôme représentant l’hémisphère nord vu du pôle. Celui-ci a été retravaillé de façon que les continents métallisés, ici soleillés afin de leur donner plus de relief, se découpent avec précision et de façon saisissante sur les océans teintés de couleur verte. Autre changement notable apporté par les développeurs horlogers d’Arnold & Son à cette pièce mobile effectuant une giration en 24 heures et permettant l’affichage des heures du monde : l’ajout à la périphérie du dôme d’une bague portant le nom de douze villes de référence localisées autant dans l’hémisphère nord que l’hémisphère sud et symbolisées par leur code en face de leur position géographique. Ces indications ont pour objet de donner de la texture au planisphère et de permettre aux utilisateurs de visualiser l’heure qui les intéresse de façon instinctive puisqu’elle se lit en vis-à-vis du chiffrage 24 heures décalqué sur l’anneau fixe du cadran des heures locales qui elles, se lisent à l’aide des deux aiguilles qui émergent de sous le globe terrestre. Le choix a également été fait de retravailler le cadran de la Globetrotter 42 Steel aux couleurs anglaises. Il s’agit là d’une signature de design et de nomination qui traverse toutes les gammes Arnold & Son. Baptisée « Greenwich Green », la pièce se pare de teintes destinées à rappeler celles des collines boisées entourant l'Observatoire royal de Greenwich.

UN COMMENTAIRE ? Pour avoir plus de chances d’émerger dans une catégorie « Complication pour homme » où frayent des poids lourds, il faut un argument visuel fort, la présélection en jouant sur des images numérique et non montre en main. C’est l’atout majeur de cette Globetrotter, qui a le bon style, expressif mais pas trop, et la bonne taille (boîtier en acier de 42 mm x 15,1 mm, c’est épais, mais le dôme y est pour beaucoup, étanche à 30 m – c’est peu pour un globetrotter tout-terrain – et animé par un mouvement automatique manufacture). Le prix (18 300 francs suisses) finirait presque par paraître sympathique dans une catégorie où pullulent les six chiffres assortis de complications exubérantes. Une présélection serait déjà très honorable face aux montres nettement plus avancées sur le plan mécanique que cette Arnold & Son…

COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS



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