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DROIT DE RÉ>PONS #3 (accès libre) : L'électronique est-elle de retour dans la haute horlogerie ?

Et si le retour au quartz était une des pistes de recherche les plus intéressantes pour résister à l'assaut prévisible des montres connectées ? Ceci sans renoncer à l'intégrité des grands principes de l'horlogerie mécanique... Il y a une demande du côté des jeunes créateurs. Il y a une offre du côté des innovateurs dans le quartz...  ▶▶▶ TABOU ANTI-QUARTZL'horlogerie peut-elle s'offrir un bain de jouvence électronique ? ◉◉◉◉ (texte indicatif, mais exhaustif, du …


Et si le retour au quartz était une des pistes de recherche les plus intéressantes pour résister à l'assaut prévisible des montres connectées ? Ceci sans renoncer à l'intégrité des grands principes de l'horlogerie mécanique... Il y a une demande du côté des jeunes créateurs. Il y a une offre du côté des innovateurs dans le quartz...

 
 TABOU ANTI-QUARTZ
L'horlogerie peut-elle s'offrir
un bain de jouvence électronique ?
 
◉◉◉◉ (texte indicatif, mais exhaustif, du contenu) La question posée, c’est : « Allons nous vivre un retour de l’électronique » ? Bref, le quartz est-il de retour ? Question choquante quand on regarde l’horlogerie de ces trente années. Après le triomphe du quartz dans les années 1970 et au début des années 1980, l’horlogerie mécanique a vécu un véritable réarmement moral qui lui a permis de revenir, triomphante, sur le devant de la scène et d’éclipser les montres électroniques.
 
◉◉◉◉ Du moins, en apparence : la Suisse vend chaque année 20,4 millions de montres électroniques pour 7,4 millions de montres mécaniques. 20 contre 7 : il n’y a pas photo. Sauf qu’on ne parle dans les journaux que des montres mécaniques, qui sont donc de véritables fétiches médiatiques. Ce qui prouve à quel point la phobie du quartz a été bien intégrée dans la culture dominante. Au début des années 2000, il existait même un Prix de la montre électronique au Grand Prix d’Horlogerie de Genève : il a été supprimé en 2007, ce que j’ai toujours regretté et je me bats pour qu’il soit réhabilité… Et ce serait très malin de relancer ce Prix de la montre électronique au moment où le quartz redevient un enjeu stratégique.
 
◉◉◉◉ Je veux bien parier qu’on verra à Baselworld, sur le devant des vitrines et non plus dans l’arrière-cour, beaucoup plus de montres électroniques qu’au cours des années précédentes. Ceci pour plusieurs raisons…
 
◉◉◉◉ Il est devenu trop coûteux, pour beaucoup de marques, de développer de vraies innovations dans le domaine mécanique. On est aujourd’hui aux frontières physiques du possible et de la physique de l’infiniment petit : dans l’extra-plat, dans l’ultra-rapide, dans le super-bizarre ou dans l’hyper-complication redondante. Les prix de ces développements ont explosé. Pour continuer à innover et pour explorer de nouveaux champs, il faut aller plus loin, mais on se heurte au tabou de l’électronique.
 
◉◉◉◉ Tabou absolu ! Pas de quartz dans la haute mécanique : défense de passer ! Interdit de stationner ! Or, les jeunes créateurs en rêvent : Urwerk et son ECM, FP Journe et son Elegante… D’autres en rêvent, comme Richard Mille, Franck Muller, Vianney Halter ou TAG Heuer (Calibre S, Oracle). Un pionnier dans ce domaine : Pierre Nobs et Ventura…
 
◉◉◉◉ D’autre part, comment imaginer qu’on résistera à la pression des nouvelles « montres connectées » et au défi des objets nomades avec de simples montres mécaniques ? La bataille n’est pas celle de la Suisse horlogère contre les géants de l’électronique : la guerre est territoriale, pour la conquête du poignet. Le poignet, c’est magique. La petite montre mécanique unifonctionnelle aura du mal à faire valoir ses avantages face à la connexion de tous à tout : les machines à écrire mécaniques sont sympathiques, et même collectionnables, mais plus personne ne s’en sert à l’âge du iPad…
 
◉◉◉◉ C’est là que le tabou anti-quartz devient incapacitant et même ahurissant. Après trente ans de propagande marketing, la culture mécanique est si ancrée dans les mentalités qu’elle empêche toute réflexion sur la part du feu qu’il faudrait concéder à l’électronique. Il existe des solutions pour conserver l’essentiel de la tradition mécanique (les rouages, les aiguilles, les guichets, les cadrans indexés, le style des boîtiers). La tentative Urwerk prouve qu’on peut imaginer une assistance électronique sans toucher à l’intégrité mécanique d’une montre. L’intégrité n’est pas l’intégralité…
 
◉◉◉◉ On va reparler d’une MAO : mécanique assistée par ordinateur. L’enjeu technologique, c’est l’alimentation de ces montres et leur micro-consommation d’énergie : différentes techniques sans pile et sans prise (par contact) existent déjà. Le vrai enjeu économique sera celui des puces et des logiciels à intégrer dans la montre. Différents brevets ont été déposés, en Suisse, dans ce sens, pour imaginer un lien entre l’affichage classique sur un cadran de fonctions horaires et calendaires pilotées par le smartphone connecté aux réseaux mondiaux…
 
◉◉◉◉ C’est pour ça qu’on va beaucoup reparler d’électronique, et même de renaissance du quartz horloger. La pression des smartwatches (que tout le monde utilise dans l’horlogerie, même les intégristes de la mécanique) va décomplexer les jeunes créateurs. Les manufactures de mouvements à quartz ont flairé que le vent avait tourné. L’innovation permanente est un marqueur génétique plus puissant en terre horlogère que le tabou électronique : il faut faire confiance à la capacité de rebond des Suisses pour ne pas se laisser étrangler dans l’ombre par les spadassins d’Apple ou de Samsung…
G.P.
 
 
  
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