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INSTA-DRAME (accès libre)
Du rififi chez les « rienfluenceurs »

Les Anglo-Saxons parlent de « binfluencers » – du mot « bin » (poubelle). Leur influence supposée n’engage que ceux qui y croient, mais on débouche parfois sur de superbes arnaques, qui mettent en émoi les réseaux sociaux…


Certains sites de « rienfluenceurs » sont franchement douteux, mais il est fait défense aux autres animateurs des réseaux sociaux d’en parler. Numerama nous raconte un de ces insta-drames contemporains, après une intéressante enquête qui remonte à la fin de l’année dernière et qui était titrée « Revente de contrefaçon Aliexpress, argent volatilisé : le business obscur des influenceurs ». L’angle de l’époque : « Depuis quelques heures, les commentaires agacés se multiplient sous les photos Instagram d’EmmaCakeCup et Vlad Oltean (ci-dessous) En cause : des sites de vente en ligne promus par les deux influenceurs en couple, qui se sont avérés être des placements douteux, comme l’a révélé le compte Twitter @Doubleshitfuck [depuis, ce compte a été clôturé]. Dans un thread posté dimanche 25 novembre, l’anonyme qui se cache derrière ce compte détaille l’affaire. EmmaCakeCup, une youtubeuse d’1,4 million d’abonnés qui s’est également construit une grosse notoriété sur Instagram et Snapchat et son petit ami, Vlad Oltean (1,2 million d’abonnés sur Instagram), ont tous deux fait de la publicité pour des sites de vente en ligne. Dessus, des montres à près de 400 euros l’une, des « bon plan airpod » (sic, les écouteurs sans fil vendus par Apple) ou des « iWatch » (sic, montre vendue par Apple) et autres montres luxueuses pas chères. Problème : tout ne semble être qu’entourloupe. Intéressons-nous d’abord aux montres. Celles-ci semblent luxueuses, jusque dans le prix. Elles étaient vendues sur plusieurs sites : watch4pro.com, impact- chronos.com et prestigechronos.com. En réalité, il suffit d’une recherche sur Google Images pour s’apercevoir qu’elles n’étaient pas si qualitatives. Une montre vendue à 390 euros est ainsi retrouvée à 20 euros et des poussières sur le site de commerce chinois Aliexpress. Ce n’est pas illégal : chacun peut revendre un produit au prix qu’il souhaite, tant qu’il ne s’agit pas d’un produit illicite comme une contrefaçon, nous indique au téléphone l’avocate Laetitia Blondi, du cabinet Welaw Avocats. Des questions morales se posent toutefois au vu de la différence de prix, ici très importante. »

La mauvaise nouvelle, c’est que « deux youtubeurs sont poursuivis en justice pour avoir parlé en vidéo de partenariats douteux promus par les influenceurs EmmaCakeCup et Vlad Oltean. La première, une youtubeuse et instagrammeuse, a décidé de porter plainte contre deux vidéastes qui avaient relayé les propos de médias sur le sujet. Une première audience aura lieu ce vendredi 5 avril, a appris Numerama. (…) Fin novembre, plusieurs vidéastes ont publié des vidéos sur le sujet. Quelques jours plus tard, EmmaCakeCup avait indiqué dans une story Instagram qu’elle comptait porter plainte contre tous ceux l’ayant qualifiée “d’arnaqueuse”. Ce n’étaient visiblement pas des paroles en l’air. Au moins deux vidéastes sont attaqués en justice pour leurs vidéos respectives, a pu confirmer Numerama. Manon Delcourt (Dairing Tia sur YouTube) en fait partie. Au téléphone, elle nous raconte être tombée en novembre sur des articles de presse sur le sujet, ainsi que sur les threads de Doubleshitfuck. J’ai décidé d’en parler sur ma chaîne, en me basant dessus”, raconte-t-elle. (…) Anthony Valerio, un autre youtubeur, nous fait part à peu près du même récit. Lui aussi, avait fait une vidéo sur sa chaîne à l’époque où les premiers articles de presse sur EmmaCakeCup sont sortis. Des internautes l’avaient contacté sur Instagram pour témoigner de leurs mauvaises expériences avec des sites promus par EmmaCakeCup et son conjoint. (…) Manon Delcourt et Anthony Valerio, qui sont représentés par le même avocat, sont accusés de diffamation publique. Les mêmes faits leurs sont reprochés : le fait d’avoir fait perdre à EmmaCakeCup des partenariats avec des marques (non-douteuses), et le fait que leurs vidéos auraient conduit des internautes à insulter et menacer la vidéaste. Les plaintes mentionnent “des pages entières de commentaires” publiés sous leurs vidéos, dont la responsabilité est imputée à Manon Delcourt et Anthony Valerio. Parmi ces commentaires on trouve des insultes, qu’ils disent avoir aussitôt supprimées, mais aussi des commentaires comme “venez on va tous se désabonner”. EmmaCakeCup réclame des dommages et intérêts de 20 000 euros à Manon Delcourt et 30 000 euros à Anthony Valerio. »…

On l’aura compris : ça pue chez les « rienfluenceurs » et pour les marques qui font confiance à tous les faisans des réseaux sociaux [on se souviendra ici que Business Montres avait lancé les premières alertes à propos de personnages à la Watch Anish, appelé depuis à faire profil bas, mais qui font encore parfois illusion chez les ravis de la crèche]. Les médias américains n’y vont pas non plus de main morte contre les binfluencers (voir le dernier article de Thomas Barta dans Marketing Week). C’est ici qu’on retrouve tout l’intérêt du « théorème de Business Montres », encore jamais démenti par la réalité : « Plus les marques confient leur promotion à des influenceurs (ou à des réseaux sociaux) et moins elles vendent de montres ». Les marques qui « cartonnent » le plus en ce moment sont probablement celles qui consacrent le moins d’énergie à ces « rienfluenceurs »…

Ce qui nous fait penser que bon nombre de lecteurs, qui ont remarqué nos éditoriaux dubitatifs sur les réseaux sociaux et les « rienfluenceurs » nous ont demandé quels étaient, selon nous, les dix ou les quinze sites d’influence un tant soit peu respectables dans le web horloger. Promis, nous allons publier quelque chose dans pas longtemps…


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