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EMPLOIS HORLOGERS : Quand d'autres réagissent négativement à la baisse de leurs ventes, Bvlgari se lance dans les licenciements de croissance...

On vit une époque formidable : c'est pour adapter sa logistique industrielle aux nécessités d'une production qui tourne déjà à plein régime que Jean-Christophe Babin licencie quelques employés à La Chaux-de-Fonds. Un effet pervers de la verticalisation et de la consolidation de son pôle manufacturier ? ▶▶▶ RESTRUCTURATIONSSept personnes touchées  par un licenciement de croissance


On vit une époque formidable : c'est pour adapter sa logistique industrielle aux nécessités d'une production qui tourne déjà à plein régime que Jean-Christophe Babin licencie quelques employés à La Chaux-de-Fonds. Un effet pervers de la verticalisation et de la consolidation de son pôle manufacturier ?

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▶ RESTRUCTURATIONS
Sept personnes touchées  
par un licenciement de croissance
au nom de la consolidation profitable...
 
◉◉ EN GÉNÉRAL, ON RÉDUIT SES EFFECTIFS quand son chiffre d'affaires décroît ou quand les affaires marchent pas. Pas chez Bvlgari, qui devrait prochainement transférer au Sentier (vallée de Joux) l'atelier de composants de mouvements Bvlgari de La Chaux-de-Fonds. Il s'agit essentiellement des calibres Solotempo, désormais emboîtés dans presque toutes les lignes masculines de la marque. Un peu moins d'une vingtaine de personnes travaillaient dans cet atelier de la rue Volta, pour y réaliser des composants qui étaient ensuite livrés à la manufacture Bvlgari du Sentier (T0, T1) – pour y créer des mouvements qui étaient ensuite redirigés vers Neuchâtel pour y être emboîtés (T3, T4). Une organisation logistique complexe, hérité d'un passé assez chaotique en matière de verticalisation et d'industrialisation de la marque. On peut comprendre la stratégie de simplification, de rationalisation et de normalisation de l'appareil de production lancée par Jean-Christophe Babin, esprit rationnel qui sait que cet effort porté sur la supply chain aura des effets immédiats sur la profitabilité de la marque.
 
◉◉ EFFECTIVEMENT, CE REGROUPEMENT DANS LA VALLÉE DE JOUX (où travaille déjà une centaine d'employés) devrait permettre à Bvlgari de se doter d'un pôle manufacturier plus puissant et surtout mieux capable d'absorber une production en pleine croissance, qui tourne déjà à plein régime (voir notre analyse Business Montres du 20 mai sur la bonne santé de Bvlgari et sa nouvelle croissance à deux chiffres). Les nouvelles capacités productives de ce pôle manufacturier du Sentier devraient permettre, à terme, d'intégrer dans les chaînes d'autres mouvements que le Solotempo, notamment quelques calibres de haute horlogerie : si la relocalisation de La Chaux-de-Fonds au Sentier est confirmée [ce n'est encore qu'une hypothèse de travail], toutes les machines de la rue Volta devraient retrouver une place en vallée de Joux...
 
◉◉ POUR LE PERSONNEL, CE N'EST PAS TOUT-À-FAIT PAREIL ! Bvlgari emploie aujourd'hui un peu plus de 500 personnes en Suisse. Le personnel de la rue Volta devrait être soit « recyclés » dans les autres sites suisses de l'horlogerie Bvlgari (Neuchâtel, Saignelégier, la Chaux-de-Fonds et Le Sentier), à hauteur d'une petite douzaine de personnes ; soit touché par une fin de contrat (à peu près deux personnes) : soit franchement licencié – ce qui devrait toucher sept personnes. Jean-Christophe Babin invente ainsi le licenciement de surchauffe, mais il est certain que sa logique de restructuration industrielle est pionnière : d'autres marques attendaient un aussi bon prétexte que l'actuelle « crise rampante » de l'horlogerie [voir encore les mauvais chiffres d'exportations publiés ce matin] pour procéder à des mesures de consolidation industrielle. L'opération d'adaptation envisagée par Bvlgari devrait se dérouler au cours de l'été, en profitant des vacances horlogères, en prévision desquelles des stocks de composants ont déjà été provisionnés pour pallier l'indisponibilité provisoire des machines pendant la période de transfert. On nous jure que ces licenciements positifs – quand tout va bien, pour que ça aille encore mieux – concerneront uniquement l'atelier de La Chaux-de-Fonds, en aucun cas les autres sites (mouvements, cadrans, bracelets ou boîtiers)...
 
◉◉ N'EMPÊCHE ! COMMENT NE PAS SONGER QUE, dans la même situation, Nick Hayek (Swatch Group) n'aurait sans doute jamais procédé à de tels « licenciements de croissance », en préférant sans doute faire repeindre les ateliers aux sept personnes concernées ? Comment ne pas penser que, dans une année record comme celle qui s'annonce pour Bvlgari et avec des usines qui fonctionnent déjà pied au plancher, la marque aurait pu se dispenser d'une mesure aussi sévère et trouver un poste aux employés ainsi remerciés pour que Bvlgari soit encore plus profitable ? Certes, la marque doit poursuivre son effort de verticalisation et muscler sa logique d'indépendance logistique en renforçant l'atelier pivot de son industrialisation, mais était-ce vraiment le bon moment et le bon message à faire passer ?
 
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