GPHG 2014 #1 : Un nouveau réglement, des nouveaux prix, mais où sont passés les nouveaux jurés ?
Le 10 / 05 / 2014 à 08:10 Par Le sniper de Business Montres - 2035 mots
On connaît désormais le cadre général du prochain Grand Prix d'Horlogerie de Genève : beaucoup de changements, mais la mue n'est pas terminée. Les éléments dominants des acquis 2014 n'en traduisent pas moins une ardente volonté de normalisation et de professionnalisation, en rupture avec les dérives artisanales du passé...
▶▶▶ GRAND PRIX D'HORLOGERIE DE GENÈVE 2014Dix-neuf prix à rafler pour ceux qui auront tenté leur chance...
On connaît désormais le cadre général du prochain Grand Prix d'Horlogerie de Genève : beaucoup de changements, mais la mue n'est pas terminée. Les éléments dominants des acquis 2014 n'en traduisent pas moins une ardente volonté de normalisation et de professionnalisation, en rupture avec les dérives artisanales du passé...
▶▶▶ GRAND PRIX D'HORLOGERIE DE GENÈVE 2014Dix-neuf prix à rafler pour ceux qui auront tenté leur chance... ◉◉◉◉ LE PREMIER CHANGEMENT POUR 2014 est sans doute celui de la date de la cérémonie de remise des prix (précisée sur le site du GPHG) : ce sera le vendredi 31 octobre, au lieu du rendez-vous habituel de la mi-novembre. Ce qui pose, au passage, le problème de la date limite de commercialisation pour les montres engagées dans la compétition : avant mars 2013 et avant le 30 novembre 2014. Le GPHG a une vision généreuse de l'année 2014 : 19 moins de commercialisation. Problème : autant il est facile de vérifier qu'une montre a bien été présentée dans les vitrines avant le mois de mars 2013, autant les promesses de commercialisation « avant le 30 novembre » – soit un mois après les délibérations du jury et la remise des prix – n'engageront que ceux qui voudront bien y croire. Nous nous souvenons, par exemple, du solennel « engagement sur l'honneur » d'un CEO de la vallée de Joux à ce que sa montre, il est vrai exceptionnellement compliquée, soit officiellement sur les marchés « avant la fin de l'année » : la montre, qui avait été entretemps récompensée, n'était arrivée dans les vitrines, au compte-gouttes, que six mois plus tard ! ◉◉◉◉ BEAUCOUP DE CHANGEMENTS DANS LES CATÉGORIES DE PRIX, qui, rappelons-le, sont les différents « concours » dans lesquels on inscrit les montres, le jury pouvant attribuer à certaines de ces montres des prix « hors catégories ». Le nouveau réglement intérieur nous annonce ainsi (c'était une révélation Business Montres du 15 avril, avec une confirmation anticipée le 5 mai) douze catégories (ci-dessous). Ce qui permet une fois de plus au GPHG de « ratisser large » et donc de permettre à davantage de marques de participer au principal Grand Prix internationalement crédible de l'horlogerie suisse. Premier constat : la rédaction des dispositions qui régissent chaque catégorie a été affinée, en évitant les querelles académiques sur la terminologie horlogère. À première lecture, ça tient la route et il appartiendra à chaque marque de choisir – en cas de multi-complications – la catégorie où sa montre « exprimera » le mieux ses atouts. Les passerelles qui peuvent exister entre les différentes catégories sont relativement souples : on admirera la sobriété de la définition de la catégorie Sport ! Dans le cas où moins de quatre montres seraient inscrites dans telle ou telle catégorie [on pense ici aux complications mécaniques], la direction du GPHG et les deux commissaires (Ludwing Oechslin et Patrick König) se réservent le droit de « ventiler » ces montres dans d'autres catégories. Comme d'habitude, nous regretterons que, par ces temps d'offensive du côté des smartwatches, le GPHG se prive du retour d'un Prix de la montre électronique dont l'actualité sera encore plus pressante dans les années à venir... ◉◉◉◉ PREMIÈRE ÉVIDENCE DANS L'ANALYSE DE CE GPHG 2014 : l'éclatement de l'ancien Prix de la Grande complication en cinq catégories hautement mécaniques (chronographe, tourbillon, calendrier, sonnerie, exception mécanique). On sent parfaitement le démon tentateur qui tend la pomme à Ève pour qu'elle y croque dans la définition de l'« exception mécanique » : comment TAG Heuer pourrait éviter le clin d'oeil de cette « montre à courroie » ? On imagine aussi la perplexité d'un Christophe Claret au moment de choisir une catégorie pour sa montre Margot (celle qui effeuille la marguerite en sonnant à chaque pétale) : haute mécanique dame, sonnerie, exception mécanique ? Même dilemme, par exemple, pour Maximilian Büsser au moment d'engager sa nouvelle LM 101 (Business Montres du 7 mai) dans la compétition : homme ou exception mécanique, à moins que le jury ne repêche cette Legacy Machine en innovation ou en prix spécial du jury (pour récompenser le seul MB de MB&F) ? Il va falloir faire du sniping très précis pour cette édition 2014, en anticipant les stratégies des concurrents pour éviter les nouvelles catégories trop encombrées et pour optimiser ses chances face à des « monuments » incontournables cette année (voir les « vaches sacrées » qui ont émergé à Bâle comme à Genève : pas de souci pour les hésitants et pour les timides, un « GPHG 2014, mode d'emploi » sera publié ces jours-ci par Business Montres... ◉◉◉◉ LA LISTE DES PRIX DÉCERNÉS (dans ou hors catégories) est tout aussi révélatrice des ambitions cohésives du GPHG face aux grandes marques qui boudent encore. 19 prix cette année (liste ci-dessus et ci-dessous), soit cinq de plus que l'année dernière : on ne va pas chômer pendant la cérémonie ! Là où sept montres étaient présélectionnées au cours des années précédentes, il n'y en aura plus que six cette année. Chacun pourra vérifier dans les détails du règlement intérieur l'intégrité foncière et la volonté de transparence des mécanismes de récompense des prix directement décernés, hors catégorie, par les membres du jury (innovation, Revival, Révélation horlogère, prix spécial du jury, Aiguille d'or). On aura noté que le plancher pour le prix de la Petite Aiguille [quel nom minable pour une catégorie qui devrait être reine tant elle correspond aux réalités commerciales du marché !] a été relevé de 7 500 à 8 000 CHF – tout augmente trop, surtout les montres suisses – et on en déduira qu'il manque, dans ce GPHG, une catégorie... TPA [très petite aiguille : à renommer, évidemment], qui concernerait les montres à moins de 2 000 CHF prix public, soit plus de 95 % des montres Swiss Made mises sur le marché. À moins que la catégorie Sport (affublée du déroutant, énigmatique mais désopilant « Montres liées à la pratique du sport ») ne devienne la niche refuge des Casio G-Shock, Nixon et autres Ice-Watch... ◉◉◉◉ S'IL NE S'AGIT PAS D'UNE ERREUR DE RÉDACTION, UNE BONNE NOUVELLE : la somme requise pour l'inscription d'une montre, qui était de 5 000 CHF les autres années, pourrait passer à 500 CHF – ce qui serait on ne peut plus normal et non pénalisant pour ouvrir le GPHG aux jeunes marques qui n'ont pas forcément plusieurs fois 5 000 CHF à sacrifier pour un concours de beauté toujours aléatoire. Les sources officielles sont contradictoires : 500 CHF, nous précise le réglement intérieur (ci-dessous), mais une autre source interne donne les deux montants l'inscription (500 CHF et 5 000 CHF, document au-dessous). Espérons qu'il ne s'agit pas d'un copié-collé malheureux et que le GPHG a vraiment pris en compte les intérêts des petites marques... ◉◉◉◉ L'AUTRE INNOVATION DE L'ANNÉE, MAIS FAUT-IL S'EN RÉJOUIR ?, c'est le retard du GPHG pour annoncer la liste des membres du jury. Nous maintenons la plupart de nos indiscrétions sur les nouveaux membres (Philippe Dufour, Takeshi Matsuyama, William Rohr, Abdul Hamied Seddiqi, Zhixiang Ding, etc.) et sur les ex-jurés qui ne seront pas de l'aventure en 2014 (Philippe Starck, Jean-Michel Wilmotte, Dominique Fléchon, John Mayer, Herbert Grönemeyer), mais il est possible que cette liste soit complétée dans les semaines qui viennent par de nouveaux talents. Il est donc prématuré de passer au scanner ces jurés pour tenter d'en comprendre et d'en anticiper les réactions pour affiner encore le sniping d'inscriptions dans les différentes catégories. Tout ce qu'il faut souhaiter, c'est que liste soit disponible au plus tôt, dès le mois de mai, sans attendre le mois de juin : les marques qui s'inscrivent ont besoin de savoir à qui elles ont affaire... [/private] D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...