GPHG 2015 #4 : Plutôt bizarres, ces présélections d'un jury qui s'est souvent mis le doigt dans l'oeil...
72 montres restent en compétition sur les 193 présentées. On attendait de ce jury – le plus « expert » jamais réuni par le GPHG – qu'il fasse des étincelles par ses choix avisés, mais on est loin du compte. Question de goût ? Pas seulement : c'est tout le processus de présentation et de sélection des montres en compétition qu'il faut revoir... ▶▶▶ GRAND PRIX D'HORLOGERIE DE GENÈVE
72 montres restent en compétition sur les 193 présentées. On attendait de ce jury – le plus « expert » jamais réuni par le GPHG – qu'il fasse des étincelles par ses choix avisés, mais on est loin du compte. Question de goût ? Pas seulement : c'est tout le processus de présentation et de sélection des montres en compétition qu'il faut revoir...
▶▶▶ GRAND PRIX D'HORLOGERIE DE GENÈVEDécidément, il faut confier à tous les professionnels de la montre le choix de présélectionner les montres qui seront soumises au jury du GPHG... ◉◉◉◉ SUITE DE NOTRE ANALYSE CRITIQUE des marques et des montres inscrites pour l'édition 2015 du Grand Prix de Genève, ainsi que de la composition du jury (partie #1 : Business Montres du 14 juillet ; partie #2 : Business Montres du 14 juillet ; partie #3 : Business Montres du 15 juillet)... 
◉◉◉◉ SIX MONTRES POUR CHACUNE DES DOUZE CATÉGORIES DE PRIX : avec un jury aussi « avisé » des réalités de l'horlogerie 2015, on pouvait s'attendre à des choix malins pour chacun des prix attribués. Si la surprise est au rendez-vous, elle est plutôt désagréable. Les jurés ont fait preuve, pour un trop grand nombre de ces prix, d'une certaine myopie, quand ce n'était pas de la presbytie aigüe. Impossible de prétendre que leur présélection de 72 montres est un reflet intelligent du millésime horloger 2015 : trop de montres oubliées parmi celles qui étaient en compétition, trop de fausses valeurs distinguées [ci-dessous, nous examinons prix par prix cette présélection], trop d'erreurs de parallaxe. Aussi « expert » soit-il, ce jury s'est bel et bien mis le doigt dans l'oeil. Ce qui pose le problème global de la sélection des montres qui entrent en lice pour le GPHG...
◉◉◉◉ CE MODE DE SÉLECTION EST LE DERNIER OBSTACLE À BOUSCULER pour assurer la pleine et entière légitimité du GPHG, ainsi que son indépendance totale des pressions commerciales et des considérations diplomatiques qui n'ont cessé d'entacher la réputation du GPHG depuis sa création. Business Montres avait été très critique de ce Grand Prix – qui tournant à la pantalonnade ridicule – avant sa reprise en main par une fondation indépendante. De nombreux efforts ont été consentis pour imposer la rigueur et l'impartialité nécessaires. Seuls les mécanismes de présentation et de présélection des montres n'ont pas été modifiés : ils privent aujourd'hui le GPHG de la possibilité d'impliquer toutes les marques et toutes les montres de l'année, pour en sélectionner la « crème de la crème » – la seule digne de porter les couleurs du GPHG. Sans revenir sur des articles précédents, Business Montres maintient, persiste et signe dans ses propositions : la sélection initiale doit concerner toute la branche horlogère [ce sont les professionnels de la montre qui votent pour établir la liste des montres en compétition, selon une procédure comparable à celle des Oscars d'Hollywood], sur la base de toutes les montres présentées depuis douze mois. Ce choix représentatif des appréciations de toute la profession – soit un jury international de 2 000 à 3 000 membres – détermine une présélection qui est soumise au choix d'un jury d'« experts » peu ou prou identique à l'actuel jury. C'est la seule condition d'une représentativité exhaustive des montres en compétition, avec une démocratie participative bien dans l'esprit collaboratif d'une horlogerie 2.0 ! Les problèmes d'intendance – la participation financière des marques qui s'engagent – n'ont rien d'insolubles avec un peu d'intelligence et d'entregent : l'équipe actuelle du GPHG n'en manque pas. Les questions diplomatiques – la volonté ou non des marques en compétition – s'effaceront très vite devant cette légitimité démocratique : imagine-t-on le coup fatal pour l'image d'une marque récompensée qui déciderait de bouder un hommage public ? Une grande révolution démocratique nous attend donc, mais passons tout de suite à l'examen de la présélection 2015... ◉◉◉◉ À LA DÉCHARGE DU JURY, PRÉCISONS QUE LEUR PRÉSÉLECTION s'opère sur... papier, avec les notices et les visuels fournis par les marques. Ce qui est souvent le meilleur moyen de couler une montre : les marques se contentent assez naïvement du dossier de presse, ce qui est largement insuffisant pour servir les intérêts de la montre et pour en souligner l'originalité [allez donc comprendre toute la subtilité de la montre Peacock de Fabergé avec les seules indications et les seuls images de sa fiche technique !]. Une fois de plus, un Grand Prix de Genève se mérite : encore un effort, messieurs les marketeurs de l'horlogerie ! 
◉◉◉◉ MONTRE DAME : il fallait éliminer deux montres sur trois. les 225 membres du jury ont été vite en besogne : ils ont oublié au passage deux des montres les plus importantes de l'année [selon nous, évidemment, puisque cela aurait été notre choix personnel : Business Montres du 14 juillet] : la Lvcea de Bvlgari [qui sera un des best-sellers de la saison et qui en train d'assurer la relance de Bvlgari] et la Boy.Friend de Chanel. Donc, une présélection d'autant plus surprenante qu'elle n'est pas... surprenante : elle est même si terriblement conformiste (Ulysse Nardin, Piaget, Hublot, etc.) qu'elle ne fera vibrer personne le jour de l'attribution du prix. Notre pronostic – sans enthousiasme – pour le prix final sur la base de ces six montres : Piaget ou Hermès, avec une préférence pour cette mignonne petite Arceau à phases de lune... ◉◉◉◉ HAUTE MÉCANIQUE DAME : un tiers des montres à éliminer, mais, cette fois, le jury a choisi de procéder avec tact, en n'oubliant rien d'important (Fabergé, Chaumet, Bvlgari : soit le choix initial de Business Montres) et en donnant une chance à Jaquet Droz comme à Piaget. Notre pronostic pour le prix final, fin octobre : toujours Fabergé, notre coup de coeur 2015, avec sa mécanique paonnesque signée Jean-Marc Wiederrecht... ◉◉◉◉ HOMME : on est loin de la tradition des montres « simples, élégantes et surtout pas compliquées ». La présélection part un peu dans tous les sens, avec une confrontation impossible entre la HMX de MB&F et la Galet Square de Laurent Ferrier, comme avec le duel improbable entre l'Escale Time Zone de Louis Vuitton et la GMR de Kari Voutilainen. S'ils n'ont pas oublié la magnifique Octo Finissimo de Bvlgari, les jurés sont tout de même passés à côté de la bombe esthétique de cette fin d'année, la New Retro de De Grisogono – ainsi que de la Leroy, de la Tiffany & Co ou, dans une veine plus exotique, de la Credor et de la RGM. Du coup, leur présélection est bien fade [il est vrai qu'il fallait éliminer 80 % des montres en compétition]. Nous maintenons notre préférence finale pour une option Bvlgari ou une option Laurent Ferrier, mais ce jury a des réactions si bizarres qu'une surprise n'est pas impossible le jour de la délibération finale [des marques comme Bvlgari, MB&F, Piaget ou Laurent Ferrier peuvent être repêchées dans d'autres catégories]... ◉◉◉◉ CHRONOGRAPHE : encore une catégorie où le jury a dégagé à la hache, alors qu'un sécateur suffisait pour éliminer une montre sur deux. Du coup, c'est le ratage fatal pour le tourbillon chronographe BR-X1 de Bell & Ross ou la Big Bang Unico en Magic Gold de Hublot. Ceci au profit de sympathiques chronographes « industriels », intéressants mais dénués de tout génie... Faute de cohérence dans le choix de cette présélection, le prix final sera logiquement sans grand prestige, ni belle renommée : pourquoi pas Louis Moinet, ou même Longines, si les jurés ne se laissent pas éblouir par la rigueur du concept Royal chez Audemars Piguet. Une question lancinante : ce prix du chronographe est-il en soi pertinent et signifiant, dans la mesure où il permet de ratisser trop large tout ce qui se présente sur le marché avec un ou deux poussoirs ? ◉◉◉◉ TOURBILLON : certes, il fallait écarter trois montres sur quatre (23 inscriptions dans cette catégorie !), mais les choix du jury laissent une fois de plus perplexe, avec Bovet, Ulysse Nardin ou Blancpain dans la présélection finale, mais le triple axe de Cabestan, le spectaculaire tourbillon Vasco de Gama de Montblanc, le tourbillon volant de Chanel ou le révolutionnaire chrono-tourbillon de TAG Heuer abandonnés dans les oubliettes. Pour le prix final, il serait étonnant que les jurés aillent jusqu'à s'accorder sur la HM n° 6 de MB&F [elle le mériterait] et Antoine Preziuso conserve donc toutes ses chances [c'est un des nos favoris] – sauf « accident industriel » qui verrait émerger une montre de second rang surnager en raison du bon classement de la marque, primée dans d'autres catégories de prix... ◉◉◉◉ CALENDRIER : un prix qui est une première, une liste de marques engagées très courte, une seule marque à éliminer pour une sélection finale de six montres en compétition. Cela n'a rien d'un exploit, mais, cette fois, le jury n'a pas commis d'erreur en biffant la Carl F. Bucherer qui s'était trompée de lieu [voir notre pronostic à ce sujet]. Reste six montres, dont trois triple calendrier bien alléchantes : Tiffany & Co ferait un excellent Grand Prix, avec Blancpain et Claude Meylan en outsider [quelle surprise si Claude Meylan l'emportait] et Hermès en valeur sûre si la marque n'était pas récompensée par ailleurs. Dommage que beaucoup de marques n'aient pas compris le caractère « astronomique » de cette catégorie, où beaucoup de leurs montres auraient eu plus de chances de briller que dans des catégories surencombrées... 
◉◉◉◉ À SUIVRE : la présélection dans les six dernières catégories de prix, avec toujours le même goût étrange d'insatisfaction dans la bouche et un certain nombre de déceptions. Franchement, on attendait mieux de ce jury 2015... 
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