GPHG 2015 #5 : Mais comment un jury de tels « spécialistes » a-t-il pu se prendre ainsi les pieds dans le tapis en ratant trop de belles montres ?
Le 14 / 09 / 2015 à 06:00 Par Le sniper de Business Montres - 2394 mots
Beaucoup d'oublis dans la présélection 2015, mais les jurés ont toujours la possibilité de « repêcher » des marques injustement écartées. N'empêche : il est temps de repenser les mécanismes de présélection de montres appelées à s'imposer dans le monde entier comme les plus belles montres de l'année...
▶▶▶ PRÉSÉLECTION GPHG 2015À l'heure du choix final, les jurés se décideront
Beaucoup d'oublis dans la présélection 2015, mais les jurés ont toujours la possibilité de « repêcher » des marques injustement écartées. N'empêche : il est temps de repenser les mécanismes de présélection de montres appelées à s'imposer dans le monde entier comme les plus belles montres de l'année...
▶▶▶ PRÉSÉLECTION GPHG 2015À l'heure du choix final, les jurés se décideront avec les montres en main... ◉◉◉◉ SUITE DE NOTRE ANALYSE CRITIQUE des marques et des montres inscrites pour l'édition 2015 du Grand Prix de Genève, ainsi que de la composition du jury, qui était le meilleur jamais rassemblé par le GPHG (partie #1 : Business Montres du 14 juillet ; partie #2 : Business Montres du 14 juillet ; partie #3 : Business Montres du 15 juillet ; partie #4 : Business Montres du 13 septembre)... ◉◉◉◉ AINSI DONC, POUR LES SIX PREMIÈRES CATÉGORIES DE PRIX, les jurés sont passés à côté des montres aussi importantes [capables de marquer l'année horlogère], entre autres ratages, que la New Retro de De Grisogono, la Bvlgari Lvcea, la Chanel Boy.Friend ou le tourbillon triple axe de Cabestan. Ce qui rend cette présélection de 72 montres assez peu représentative du millésime horloger 2015 et ce qui pose, une fois de plus, la question du mode de sélection des montres engagées dans la compétition du GPHG : rappelons que Business Montres plaide, depuis cinq ans, pour que le jury de sélection initiale des montres soit ouvert à tous les professionnels (volontaires) de l'horlogerie, tous métiers confondus, et que cette sélection soit ouverte à toutes les marques, « partenaires » ou non du Grand Prix (Business Montres du 13 septembre). Cette notion de « partenariat » pour un Grand Prix qui se veut à l'abri des tentations népotiques est devenue non seulement grotesque, mais surtout contre-performante : il est temps de mettre en chantier un autre modèle économique. ◉◉◉◉ PRÉCISION INDISPENSABLE POUR EXPLIQUER ce que sera le choix final du jury : dans la première phase du concours, les montres n'ont été sélectionnées qu'à partir de notices et de visuels. Pour attribuer le prix, les montres passent de main en main entre les membres du jury. Et ça change tout ! Au moins la moitié des 193 montres inscrites pour ce Grand Prix étaient mal présentés pour des jurés peu ou pas familiers des arcanes de l'horlogerie contemporaine : tous les spécialistes ne sont pas des experts – et vice-versa. Passons maintenant aux six dernières catégories de prix de ce GPHG 2015...
◉◉◉◉ SONNERIE : six montres sur la ligne de départ, six à l'arrivée [c'est le règlement intérieur qui l'exige]. Les jurés – tous des spécialistes, dont le tout s'avère bien inférieur à la somme des parties – n'ont donc pas pu faire de bêtises dans leur présélection. Nous maintenons nos pronostics du 14 juillet : Christophe Claret et Hublot, sachant que ces deux marques sont également en piste pour d'autres prix [l'arbitrage du président du jury, Aurel Bacs, sera nécessaire] et que Jean-Claude Biver mériterait, au bas mot, un Prix spécial du jury à lui tout seul... ◉◉◉◉ EXCEPTION MÉCANIQUE : ce fut, dans les premières années du GPHG, la catégorie reine aux côtés d l'Aiguille d'or, mais la multiplication des prix en a un peu érodé le prestige. C'était, disions-nous en juillet, le « couloir de la mort » pour les marques sans contenu puissant, avec une montre inscrite sur deux à éliminer. Contraint à ne retenir que six montres, le choix des jurés n'a guère oublié que TAG Heuer (la Monaco V4 Phantom) et la Hublot LaFerrari [il est vrai qu'il s'agissait de déclinaisons de modèles-phares]. Nous maintenons notre pronostic d'un match final entre HYT et Hautlence, avec éventuellement DeWitt pour les départager en les coiffant sur le poteau. N'allez pas croire, cependant, qu'une montre comme celle d'Emmanuel Bouchet [un régal pour les connaisseurs du jury], de Jaquet Droz [un chef-d'oeuvre de l'automation horlogère] ou Christophe Claret n'ont aucune chance. La compétition s'avère féroce... ◉◉◉◉ PETITE AIGUILLE : elles partirent à dix-huit, les montres de cette catégorie, mais elles se virent à six en arrivant au port. Ce qui est dramatiquement injuste pour Bell & Ross [dont la BR-01 fête ses dix ans de succès, mais qui semble régulièrement pénalisée au GPHG], pour Claude Meylan, pour Chopard [une autre marque éternellement recalée au GPHG] ou même pour Frédérique Constant. On se demande ce que les membres du jury ont pu trouver de particulier à la Zenith ou à la Habring, voire à la Tudor dont l'esthétique n'est pas à la hauteur du mouvement. Notre choix pour la remise du prix : Bvlgari [sauf si la marque est primée ailleurs] ou Hermès, mais Montblanc serait un choix spectaculaire... ◉◉◉◉ SPORT : une montre sur trois à éliminer dans cette catégorie fourre-tout, qui voit surnager des challengers évidents (Blancpain, Tudor, Seiko), mais au prix de naufrages inattendus [encore Bell & Ross, mais aussi Bvlgari, Oris, TAG Heuer, Tissot – qui s'était trompé de catégorie – ou Carl F. Bucherer]. Les voies du seigneur sont impénétrables, mais les voix des jurés sont incompréhensibles (Harry Winston ou Zenith). Nous maintenons notre pronostic initial (Business Montres du 14 juillet) : Tudor ou Seiko, avec Blancpain en embuscade – car ce jury semble capable de tout ! ◉◉◉◉ JOAILLERIE : sur les douze montres en compétition, les six présélectionnées témoignent de ce non-conformisme formel et cette joaillerie inattendue que nous considérions comme la tendance dominante de l'année (Business Montres du 14 juillet). Pour une fois, nous sommes à peu près d'accord avec les jurés, dont le choix final ne sera pas simple entre De Grisogono, Audemars Piguet, Bvlgari et Fabergé, avec Piaget et Chaumet en outsiders de grand luxe. Le résultat est d'autant moins facile à pronostiquer que toutes ces marques sont susceptibles d'être récompensées par ailleurs, ce qui les éliminerait de fait dans cette catégorie en libérant une place pour une marque moins bien placée. On imagine cependant mal comment des jurés pourraient résister à la Grappoli de De Grisogono une fois qu'ils l'auront en main... ◉◉◉◉ MÉTIERS D'ART : moins de montres que prévu dans cette catégorie, mais tout de même les deux tiers étaient à écarter pour la sélection finale. Les jurés ont fait preuve d'un classicisme qui confine au conservatisme, en privilégiant les grandes marques au détriment de propositions plus originales (Artya, Chopard, Christophe Claret, Chanel, Sicis ou Chaumet). Hermès reste notre coup de coeur dans cette présélection [parce que la montre illustre vraiment la notion de « métiers d'art »], mais la Butterfly d'Harry Winston a de quoi impressionner la rétine du jury souverain... ◉◉◉◉ IL YA AUSSI LES PRIX SPÉCIAUX ATTRIBUÉS PAR LE JURY, pour lesquels Business Montres (15 juillet) a donné quelques pronostics et lancé quelques suggestions au jury. Le choix sera cornélien pour le Prix de l'Innovation, qui peut aller à tant de marques, présélectionnées ou non : ce serait l'occasion de « rattraper » la Cabestan, la montre mathématicienne de DeWitt, une création d'Artya ou une Machine de MB&F si elles n'étaient pas primées par ailleurs, de même que ce serait courtois de récompenser De Grisogono ou Bell & Ross. Pour la Révélation horlogère, le choix est encore plus vaste, pour compenser ou non un ratage dans les autres catégories : HYT, Artya, Cabestan, Christophe Claret, MB&F, Emmanuel Bouchet, Leroy, H. Moser & Cie, Peter Speake-Marin, Fabergé et d'autres. Même embarras du choix pour le prix Revival, en repêchage ou en coup de coeur : RGM, Tudor, Credor (Eichi II), Blancpain, Tiffany & Co, Bvlgari (Diagono) ou même Blancpain (Fifty Fathoms). Il suffit de relire le réglement intérieur pour voir s'ouvrir le champ des possibles. ◉◉◉◉ POUR LE PRIX SPÉCIAL DU JURY, les honorables jurés se distingueraient en récompensant des hommes encore en activité (ou presque) pour tous les services rendus à l'horlogerie : nous songeons ici à des personnalités comme Jörg G. Bucherer, mais aussi Osvaldo Patrizzi [maintenant qu'il a été totalement blanchi, et au-delà, par la justice genevoise, qui a démonté la machination de ses adversaires] ou même Jean-Claude Biver pour l'ensemble de son oeuvre au service des montres suisses. Néanmoins, Christophe Claret serait un choix tout aussi honorable pour des jurés qui devraient comprendre qu'il est temps de ne plus récompenser des institutions, mais des acteurs éminents de ce métier... ◉◉◉◉ L'AIGUILLE D'OR IRA, COMME IL SE DOIT, À LA MONTRE qui aura recueilli, lors du vote final, le plus grand nombre de points en additionnant les votes de tous les jurés. Option pas clairement définie par le règlement intérieur : si une montre ne se détache pas nettement des premiers votes, les jurés peuvent également attribuer cette Aiguille d'or à une maison dont les montres auraient été, globalement, particulièrement bien notées, dans les multiples catégories de leur présélection. Ce sera donc forcément une des montres présélectionnées : nous maintenons notre choix du 15 juillet en faveur de maisons comme De Grisogono, Christophe Claret et surtout Bvlgari, avec MB&F en outsider générationnel (ceci en prenant en compte le fait que ces marques peuvent être récompensées par ailleurs). Dans tous les cas cités, cette Aiguille d'or aurait de la « gueule »... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...