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GRAND PRIX DE GENÈVE 2013 #1 : Que peut-on attendre du nouveau jury ?

Nombreux changements cette année pour le déroulement du Grand Prix de Genève, pour en approfondir la légitimité, la représentativité et surtout l’honnêteté. Des changements qui vont à peu près tous dans le bons sens, à commencer par la recomposition du jury. À suivre : que penser des nouveaux prix distribués ?   ▶▶▶ « GOD BLESS AMERICA » Une dilution culturelle dans l'hégémonie anglo-saxonne... ◉◉◉◉ L’année dernière, il y avait trop de cartes …


Nombreux changements cette année pour le déroulement du Grand Prix de Genève, pour en approfondir la légitimité, la représentativité et surtout l’honnêteté. Des changements qui vont à peu près tous dans le bons sens, à commencer par la recomposition du jury. À suivre : que penser des nouveaux prix distribués ?

 

 « GOD BLESS AMERICA »

Une dilution culturelle dans l'hégémonie anglo-saxonne...
 
◉◉ L’année dernière, il y avait trop de cartes de presse dans le jury : neuf journalistes sur quatorze membres (65 %), c'était absurde et anti-représentatif ! Business Montres ne regrette pas d'avoir dénoncé cette anomalie. Seule contre-partie utile : ce surnombre avait permis de renforcer la présence féminine dans le jury, en y ajoutant trois consœurs (soit 21 % du groupe). La composition du jury 2013 est beaucoup plus équilibrée : sur 23 membres (dont Jean-Christophe Babin, Aiguille d’or 2012 pour TAG Heuer, sans droit de vote), on ne compte plus que 10 représentants de la presse horlogère. 43 %, c’est un progrès sensible, mais pas si satisfaisant. Le GPHG a donc corrigé le tir, et dans le bon sens, même si le « quota » féminin a reculé, puisqu’il n’y qu’une femme en plus dans ce jury (la délicieuse Nazanin Lankarani, journaliste pour le New York Times) : 17 %, c’est insuffisant. Il faudra faire mieux l’année prochaine...
 
◉◉◉ Changement notable : la présidence du jury sera assurée par Aurel Bacs (le directeur international des montres chez Christie’s), ce qui est à la fois un gage d’intégrité et une garantie d’efficacité pour le déroulement des délibérations, qui seront cette année co-supervisées [c’est une autre innovation] par Patrick König (Embassy, Lucerne) et par Ludwig Oechslin (MIH de la Chaux-de-Fonds). Là encore, quoiqu’ils n’aient pas de droit de vote, deux atouts pour la connaissance des montres et la culture horlogère au sein du jury...
 
◉◉◉ Parmi les nouveaux venus, on peut citer Viren Bhagat (gemmologue et collectionneur, Inde), Moritz Elsaesser (horloger, Etats-Unis), Herbert Grönemeyer (musicien populaire et collectionneur, Allemagne), Claude Sfeir (gemmologue et collectionneur, Liban), Antoine Simonin (éditeur horloger, Suisse), Philippe Starck (designer, France), Patrick Wehrli (expert horloger, Suisse) et Jean-Michel Wilmotte (architecte, France). Ils symbolisent l’internationalisation du jury, qui ne compte plus, au total, que quatre Suisses pour treize pays représentées. L’Europe reste majoritaire (6 pays, contre 3 pour l’Asie, 2 pour les Amériques et 2 pour le Proche-Orient).
 
◉◉◉ Du côté des nouveaux journalistes, outre Nazanin Lankarani dont nous venons de parler, le jury s’adjoint les compétences de Benjamin Clymer (Hodinkee, Etats-Unis), de Nick Foulkes (Financial Times, Royaume_uni) et de Sean Li (Revolution, Hong Kong), en plus des confrères déjà en place (Carlos Alonso, Jean-Philippe Arm, Elizabeth Doerr, Tomoko Kayama, Paola Pujia et Alexey Tarkhanov). Avec Ben Clymer, c’est la première reconnaissance du rôle joué par les médias numériques dans l’information horlogère : sans doute faudra-t-il intégrer ensuite dans le jury d'autres blogueurs, voire des blogueuses...
 
◉◉◉ Que peut-on attendre d’un tel jury au soir du vendredi 15 novembre 2013 ? Le constat le plus évident est la nette supériorité anglo-saxonne, avec ceux dont l’anglais ou l’américain sont la première langue comme avec ceux dont c’est la langue véhiculaire : le jury ne compte plus que 7 francophones natifs (en y incluant un Alémanique comme Aurel Bacs). Le fort contingent américain (renforcé par les « américanisés » de fait) aura forcément de l’influence sur les décisions finales, en matière de goûts horlogers [le fait d’aimer ou non telle ou telle montre] comme en matière d’attention portée aux marques [la déférence « naturelle » portée à telle ou telle maison ou la sensibilité au statut de ces maisons]. La distribution des prix n’en sera que plus dispersée…
 
◉◉◉ Quasiment toutes étrangères au mundillo de la montre [c’est le but recherché], les célébrités internationales entrées dans le jury (Viren Bhagat, Herbert Grönemeyer, John Mayer, Philippe Starck, Jean-Michel Wilmotte) vont certainement renforcer la déconcentration de cette essence helvético-horlogère qui maintenait le GPHG dans un relatif confinement, mais cette dilution de la culture mécanique est sans doute le prix à payer pour l’internationalisation du jury. Pour de nombreuses marques qui hésitaient à entrer dans une compétition jusqu’ici pratiquement réservée à une poignée de lauréats, c’est sans doute une occasion inespérée de tenter la chance : cette « ouverture » mentale du jury aura également des conséquences sur la sélection finale – tout dépendant par ailleurs des dossiers d’inscription…
 
◉◉En scannant plus attentivement la composition de ce jury pour en déduire son potentiel de réactions à des sélections initiales qui seraient proches de celles des années précédentes, on peut en inférer une sensibilité plus marquée pour les marques non institutionnelles [le nombre des journalistes non-captifs ou indépendants s'est accru] et les montres non-conformistes, donc une attention nouvelle portée au design et à l'esthétique, sans doute au détriment des beaux-arts de la micro-mécanique pure. Bien sûr, il y aura toujours un Patrick Wehrli, un Moritz Elsaesser ou un Ludwig Oechslin pour recadrer le débat, mais les options générales seront nettement plus « grand public » que « microcosmique ». Le camp des « Modernes » prédomine nettement : les « Anciens » auront du mal à se faire comprendre. Ce qui aura fatalement un impact sur les prix distribués et sur l'Aiguille, d'autant que le jury dispose de nouvelles prérogatives que nous étudierons dans un second article...
 
◉◉ À suivre (dans un second article) : que faut-il penser des nouvelles catégories de prix ?
 
 
 
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