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IN MEMORIAM : Laurent Oberson, l'infatigable animateur de Timelab, vient de nous quitter

Laurent Oberson faisait partie de ces professionnels de l'horlogerie toujours souriants, toujours aimables et toujours disposés à en faire un peu plus que le nécessaire par passion pour les montres. Il venait de mettre en place un nouvel label, « Observatoire chronométrique + ». Toutes nos pensées vont à sa famille dans l'épreuve et à ses amis...  ▶▶▶ IN MEMORIAMLa passion et la vision de Laurent Oberson...  


Laurent Oberson faisait partie de ces professionnels de l'horlogerie toujours souriants, toujours aimables et toujours disposés à en faire un peu plus que le nécessaire par passion pour les montres. Il venait de mettre en place un nouvel label, « Observatoire chronométrique + ». Toutes nos pensées vont à sa famille dans l'épreuve et à ses amis...

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 IN MEMORIAM
La passion et la vision de Laurent Oberson... 
 
oberson_laurent-pdc_collonge-photo_ndeg13-web_34_0◉◉ Laurent Oberson avait remis en ordre Timelab à l'été 2012, quand Patrick Jaton lui avait passé le flambeau de la nouvelle structure qui gérait à la fois le Poinçon de Genève et la certification chronométrique du COSC (révélation Business Montres du 20 juin 2012). Il vient de nous quitter, à la suite d'un stupide accident de voiture. Au-delà des pensées que nous adressons à sa famille, très affectée par cette disparition inopinée, et à ses amis, ainsi qu'à ses collaborateurs de Timelab, et au-delà de l'amitié professionnelle qui nous liait [nous avions encore parlé cette semaine de son nouveau label « Observatoire chronométrique+ » et nous avions rendez-vous ces jours-ci pour une mise au point définitive sur la question], on ne peut que souligner l'importance de la place que Laurent Oberson avait prise dans le dispositif de requalification non marchande des montres suisses.
 
 
◉◉◉◉ Professionnel charmant et toujours souriant, garçon affable et courtois dans un milieu horloger parfois un peu rugueux, habile pour se faufiler entre les pièges et les chausse-trapes de la politique et de l'administration cantonales, jamais en panne d'un service à rendre ou d'un éclairage à donner sur un dossier sensible, Laurent Oberson était un obstiné qui savait où l'emmenait sa vision d'une horlogerie suisse un peu plus digne, un peu plus efficace et un peu mieux défendue. Timelab était un des armes dont il disposait pour agir sur la réalité, sans céder aux pressions commerciales des uns ou aux routines bureaucratiques des autres. On ne remplacera pas facilement cet animateur infatigable de la cause des bonnes montres...
 
◉◉◉◉ Laurent Oberson avait passé quinze ans au service de la couronne, chez Rolex, dont il avait été directeur de la production pour les boîtiers et directeur qualité. Ce parcours industriel impeccable l'avait ensuite conduit chez Montblanc, puis dans les microtechniques, avant qu'il ne ramène cet ingénieur de formation à la montre, chez Timelab, pour prendre la succession de Patrick Jaton, parti chez Vacheron Constantin. Passé sous le coupe des autorités de Genève, la structure Timelab a dû imposer son nouveau Poinçon de Genève en dépit de la défection de Patek Philippe, puis faire face à l'abandon par le COSC de son bureau de Genève. Fidèle lecteur de Business Montres, Laurent Oberson était pleinement conscient des limites de la certification COSC (mouvements seuls) et de celles du nouveau Poinçon de Genève, sur lesquelles nous avions plusieurs fois porté notre regard critique.
 
url8-e1372454919568-1024x898◉◉◉◉ Nous avions notamment attiré l'attention du patron de Timelab sur l'absurdité de voir des marques genevoises (Laurent Ferrier et d'autres) ou romandes aller chercher en France, à Besançon, un Poinçon d'observatoire chronométrique qu'elles ne pouvaient plus trouver à Genève ou en Suisse. Alors même qu'il existait toujours à Genève un observatoire renommé [aujourd'hui voué à la seule astronomie] et des archives chronométriques qui justifieraient, à elles seules, une relance de cette activité dans le canton – ce qui ne semble pas possible pour d'obscures querelles de territoire technobureaucratique ! C'est dans cet esprit d'approfondissement et de modernisation de la chronométrie contemporaine, en préemptant la demande de nombreux nouveaux collectionneurs, que Laurent Oberson avait préparé la création de ce nouveau label « observatoire chronométrique+ », présenté officiellement à Baselworld : un label de précision chronométrique accordé à une montre mécanique finie (avec bulletin de marche), en tenant compte de certains critères élémentaires (étanchéité, résistance au magnétisme, réserve de marche et fiabilité au porter) à l'issue d'un test pratiqué dans les services métrologiques de Timelab.
 
 
◉◉◉◉ De tels certificats d'observatoire étaient courants dans l'horlogerie suisse jusqu'à la fin des années 1970, mais la grande « crise du quartz » a conduit au désarmement de ces observatoires chronométriques, en particulier celui de Genève, qui avait pourtant certifié les plus célèbres montres mécaniques du XIXe siècle et du XXe siècle – celles qui battent aujourd'hui des records aux enchères. Conçu pour être très rapidement opérationnel dans le contrôle individuel de chaque pièce labellisée, ce bulletin « observatoire chronométrique+ » bénéficie d'un garantie législative et technique du Canton de Genève comme du Service d'accréditation suisse (SAS). Laurent Oberson avait parfaitement vu l'intérêt de créer et d'imposer un label chronométrique plus crédible que l'argument industriel du COSC, devenu insuffisant aux yeux des connaisseurs...
 
◉◉◉◉ La disparition tragique de Laurent Oberson ne remet pas en cause le lancement de ce certificat de nouvelle génération, mais elle retardera nécessairement sa mise en oeuvre rapide, d'autant que les réactions de la profession à ce nouveau label ont été jusqu'ici contrastées. Conservatisme horloger oblige ! Pour Timelab et pour les autorités genevoises, c'est l'heure du choix. Sans Laurent Obserson, qui donc aura le courage et l'autorité – mais aussi l'entregent et les relations – pour imposer rapidement ce concurrent intelligent du COSC, ouvert à toutes les marques mécaniques suisses [et pas seulement genevoises] ? Qu'on imagine la révolution et le changement de partie qui se jouerait si une grande marque – disons, au hasard, Genève – cessait de confier au COSC la certification de ses seuls mouvements pour confier celle de ses montres terminées à Timelab ? En nous quittant, Laurent Oberson nous laisse orphelins d'un ami attentionné et d'un professionnel très efficace, mais il laisse aussi l'horlogerie suisse orpheline d'une idée forte pour rénover son image de qualité aux yeux des amateurs du monde entier.   
 
Chronometric+ Observatory by TIMELAB
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