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INSTAGRAM : On a enfin trouvé quelqu'un qui aime les montres (et pas l'argent des montres) sur un des médias sociaux les plus pourris du microcosme...

On lui connaît déjà 171 000 « abonnés » sur Instagram. Pas un ne semble avoir été acheté : Patekaholic est un des deux ou trois comptes Instagram vraiment respectés par la communauté des patekophiles. Jasem Al Zeraei a bien voulu nous raconter son expérience d'amateur-posteur-buzzeur koweitien...  ▶▶▶ PATEKAHOLIC« 100 % de plaisir avec une marque pour laquelle je n'ai jamais eu


On lui connaît déjà 171 000 « abonnés » sur Instagram. Pas un ne semble avoir été acheté : Patekaholic est un des deux ou trois comptes Instagram vraiment respectés par la communauté des patekophiles. Jasem Al Zeraei a bien voulu nous raconter son expérience d'amateur-posteur-buzzeur koweitien...

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▶ PATEKAHOLIC
« 100 % de plaisir avec une marque
pour laquelle je n'ai jamais eu
que des coups de coeur »...
 
◉◉ ON TROUVE DE TOUT SUR INSTAGRAM, SURTOUT DES REQUINS ET DES CRÉTINS ! Surtout dès qu'il est question de montres. On y trouve aussi de vrais amoureux des montres, qui n'ont pas tenté de « monter un business » pour rançonner les marques en se flattant d'audiences qu'on sait désormais achetables en gros à des prix écrasés («Après tout, pourquoi se priver ? Le million de followers sur Instagram se négocie autour des 1 200 dollars » : Business Montres du 29 avril). Ne revenons pas sur nos précédentes mises au point concernant Instagram (Business Montres du 28 avril), sinon pour constater que les ligoteurs de filles en string (Business Montres du 16 février) ont fini par se calmer et qu'ils sont aujourd'hui sages chastes comme des images – ce dont personne ne se plaindra, et surtout pas les marques qui n'ont pas renouvelé ou ne vont pas reconduire leur contribution annuelle à ce cirque qui échappe à tout contrôle. 
 
◉◉ PARMI LES VRAIS AMOUREUX DE LA MONTRE SUR INSTAGRAM (ceux qui postent paisiblement pour le plaisir des yeux et de leurs copains), un des plus sympathiques est Jasem Al Zeraei, le Patekaholic impénitent, qui a une cote d'amour énorme dans le milieu des patekophiles. Il a bien voulu nous raconter ses aventures, entre la Genève de ses amours et le Proche-Orient (Koweit) où il vit.
 
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 Pourquoi as-tu choisi Patek Philippe : addiction personnelle ou décision rationnelle en raison de l'excellente réputation et de la notoriété de la marque ? 
JASEM AL ZERAEI : En fait, je n'ai pas choisi ce nom. Un ami m'a appelé un jour pour me demander des conseils sur une montre qu'il voulait acheter. À la fin de la conversation, il m'a traité de « patekaholic » [en français : quelque chose comme patékodépendant]. J'ai adoré ce nom et sa sonorité, à la fois parce qu'il était simple, mais il disait tout en un mot. j'ai aussitôt créé une page qui portait ce nom-là pour partager ma passion : forcément, je l'ai nommé Patekaholic...
 
◉  Te voilà donc reconnu comme un spécialiste de Patek Philippe : en es-tu devenu un Patekaholic « professionnel » et en as-tu fait un job – ou fais-tu cela par plaisir ?
JAZ : 100 % par plaisir. J'ai un métier (courtier en valeurs) qui est extrêmement prenant. L'horlogerie, c'est ma cour de récréation. J'aime les montres, mais, avant tout, je suis amoureux de Patek Philippe...
 
Donc, pas question de monétiser cette page ?
JAZ : Non, pas du tout. En revanche, je suis fier d'avoir été le premier à pratiquer le « cadeau » – ce que font aujourd'hui de nombreuses pages Instagram. Comment ça fonctionne ? Je trouve un article Patek Philippe dont je peux me défaire sans déchirement (une cravate, une loupe, etc.). Puis je demande à mes abonnés (followers) de choisir un nombre entre 0 et 100 : je choisis un numéro au hasard dans cette série et le vainqueur (celui qui a le bon numéro) reçoit son colis Patek Philippe. Pour moi, c'est amusant et ça crée de l'interactivité avec les lecteurs, mais ça renforce surtout l'attachement de mes abonnés (collectionneurs ou non) à Patek Philippe...
 
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Combien de temps passes-tu par jour sur ta page et combien y fais-tu de posts ?
JAZ : Je suis très actif, avec cinq à quinze posts par jour, en fonction de ma propre disponibilité [NDLR : la page est également enrichie par les posts des amis]...
 
Est-ce que c'est vraiment gratifiant de poster à peu près toujours les mêmes montres d'une même marque autour du même poignet ?
JAZ : D'abord, je varie les montres. Ce ne sont pas toujours les mêmes – et les décors changent. Ensuite je publie aussi beaucoup de photos de collectionneurs et d'amateurs de Patek Philippe qui trouvent valorisant d'être sur ma page. On assiste à une évolution sensible : beaucoup de gens qui avaient pour règle d'être discrets sur leurs montres veulent maintenant les mettre en valeur et les partager avec la communauté Instagram comme avec moi...
 
Quelle est ta valeur ajoutée personnelle sur Instagram et comment expliques-tu ton succès ?
JAZ : À la différence d'une page de quotidien, d'une photo ou d'une publicité, qui n'est vue qu'une fois et en quelques secondes, puis aussitôt oubliée, Instagram permet un travail plus en profondeur de l'image de marque (donc du marketing). Les smartphones ont tout changé : les amateurs y sont présents en permanence, et maintenant plus que jamais. Plus on publie, plus on les touche. Comme nous ne faisons qu'entrer dans un monde hyper-numérisé, ce phénomène n'est pas près de régresser...
 
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Quelle est ton arme secrète par rapport aux autres stars d'Instagram ?
JAZ : Certaines pages ont des millions d'abonnés, mais je ne suis pas et je ne serai jamais en train d'imiter ceux qui les font. Il s'agit généralement de pages multi-marques qui donnent dans le « style de vie » (life style) et qui visent donc une audience très large. Patekaholic est une page consacrée à une seule marque : avec 171 000 abonnés, c'est une des pages les plus consistantes (en termes de densité) de tout Instagram pour ce qui concerne les pages monomarques. Si j'ai une arme secrète, ça doit être mon honnêteté et ma transparence : je fais mes posts avec mon coeur et mon esprit, en partageant tout avec mes followers. Mon amour de la marque est évident et mon seul souhait est que, un jour, cette passion soit partagée par le plus grand nombre dans le monde entier...
 
Sais-tu qui sont tes abonnés et d'où ils viennent ?
JAZ : Parfois, je poste une image de montre en demandant à ceux qui lisent ma page : « Moi, je suis du Koweit. Et vous, d'où êtes-vous ? ». Les réponses me surprennent toujours par leur provenance et leur intérêt. Mes followers viennent de tous les horizons, avec des vies très variées. Ce sont des grands collectionneurs, des passionnés amoureux de la marque ou de simples curieux qui vivent au bout du monde...
 
Est-ce que tu as pu établir des liens avec certains d'entre eux ?
JAZ : J'en ai effectivement rencontré certains, qui sont devenus des amis après avoir été de simples abonnés. J'espère que nous deviendrons nous-mêmes de bons amis et que irons boire un café chaque fois que je serai à Genève ou que tu passeras par le Koweit...
 
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 Comment te considères-tu : un journaliste, un blogueur, un compagnon de route des autres collectionneurs, un partenaire de Patek Philippe ou un lobbyiste de l'industrie horlogère suisse ?
JAZ : Je suis un peu tout ça à la fois. Mon amour va d'abord à Patek Philippe, mais ensuite à toute l'horlogerie. Je suis un fan de montres. Je ne suis cependant pas journaliste, dans la mesure où je n'écris pas d'articles plus longs que quelques mots pour exprimer mon opinion – mais qui sais pour l'avenir ? Je ne suis « partenaire » de Patek Philippe que dans la mesure où je collectionne les montres de la marque, à la mesure ce que permet mon compte en banque et de ce que dicte ma passion. Mais, c'est sûr : je suis à 100 % un fervent supporter (quasiment un lobbyiste) de l'horlogerie suisse en général, pour laquelle j'ai beaucoup de respect et d'admiration.
 
Contrairement à beaucoup d'autres pages Instagram, tu sembles les images de filles dénudées, les bagnoles de luxe, les avions privés et les cigares : est-ce un choix et pourquoi es-tu ainsi concentré sur les montres ?
JAZ : Si un amateur me soumet une belle image d'une Patek Philippe accompagnée d'un cigare ou sur fond de jet privé, je la poste, mais j'ai décidé de ne pas en faire mon pain quotidien [NDLR : Jasem ne veut pas l'avouer, mais il est lui-même un grand amateur cigares, comme le prouve l'image en bas de la page]. Les pages qui font ça ne sont pas des pages horlogères, mais des espaces consacrés au life style. Je sais que, dans ce domaine, l'extravagance et l'exagération sont payantes en termes d'audience et on en fait vite une habitude, voire une spirale de démesure. Pour moi, Patek Philippe ne relève pas de cet univers : la marque évolue dans un monde beaucoup plus élégant et distingué. Même si le nombre de mes abonnés ne progresse pas de façon fulgurante, c'est mieux ainsi de mon point de vue. Patek Philippe est une marque qui privilégie la qualité sur la quantité. Moi aussi...
 
Bénéficies-tu d'une aide quelconque de Patek Philippe ?
JAZ : Non, pas la moindre. Je ne sais même pas si quelqu'un chez eux suit ma page [NDLR : maintenant, après cet interview, ce sera certainement le cas !] et je serais très curieux d'avoir leur opinion à son sujet.
 
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Combien de Patek Philippe dans ta collection ?
JAZ : À ce jour, 19 au compteur ! Ainsi que 9 montres de poche. Je collectionne aussi les vide-poches en porcelaine de la marque (image ci-dessus) et tout ce qu'on peut récupérer comme objets rares signés Patek Philippe, que je chine dans le monde entier...
 
Quelle est ta montre préférée ?
JAZ : Je suis un amoureux fou des références 5070 (dont je possède chaque modèle, dans différentes couleurs d'or, sans oublier le platine, et même la version 5071 sertie de diamants baguette). Pour la réf. 5004, j'ai déjà l'or jaune et le platine, mais je ne compte pas m'arrêter là...
 
Combien achètes-tu de montres par an (chez Patek Philippe ou ailleurs) ?
JAZ : En 2015, j'ai déjà ajouté deux Patek Philippe à ma collection (une réf. 5990 et une réf. 5131R). J'ai en commande une 5171G et une réf. 5370P, ainsi que l'extraordinaire 5711R...
 
Où préfères-tu les acheter : transaction privée, enchères ou boutique ?
JAZ : Pour les montres neuves, forcément chez le concessionnaire officiel Patek Philippe de Koweit ou chez ses confrères dans la région, avec lesquelles j'ai d'excellentes relations. Pour les pièces vintage ou de seconde main, j'aime autant les enchères que les ventes entre collectionneurs.
 
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Quand as-tu commencé à les collectionner ?
JAZ : Mon premier achat remonte à 2009 ou 2010. C'était une réf. 5712R. 
 
 Es-tu amateur de ces montres en série limitée et de ces complication que Patek Philippe réserve aux initiés et aux « amis de la marque » ?
JAZ : Quand je peux me les offrir, oui ! Mais le problème avec Patek Philippe, c'est toujours de pouvoir trouver la pièce qu'on aimerait acheter, mais qui n'est pas toujours disponible : disons que c'est ce qui fait le charme de la maison... Évidemment, quand j'ai la chance de pouvoir acheter une montre rare sur le marché ou une complication, je ne rate jamais ce genre d'occasions...
 
 Peux-tu imaginer de porter une autre montre qu'une Patek Philippe, et laquelle ?
JAZ : Bien entendu, je possède d'autres montres, de marques comme Rolex, FP Journe ou Vianney Halter parmi les indépendants. Quand on aime les montres, on ne compte pas, mais c'est vraiment pour Patek Philippe que j'ai tous les coups de coeur du monde !
 
 As-tu déjà rencontré Philippe ou Thierry Stern et penses-tu qu'ils apprécient les blogueurs ?
JAZ : J'ai déjeuné un jour avec Thierry Stern, avant de lancer la page Patekaholic, lors d'une visite organisée avec quelques collectionneurs du Koweit par notre concessionnaire local, mais j'aimerais bien savoir ce qu'il pense des médias sociaux monomarques comme le mien. Tout ce que je sais, c'est que j'ai à présent pas mal d'amis qui ont vendu leurs Audemars Piguet et leurs Hublot pour s'offrir leur première Patek Philippe...
 
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◉◉ POUR SUIVRE JASEM AL ZERAEI (CI-DESSOUS) : il suffit de s'abonner à Patekaholic (sa page Instagram, d'où sont tirées les images de cet entretien)...
 
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