JEUDI : À trois semaines de Baselworld, c'est peut-être la soupe à la grimace sur les marchés européens, mais on flambe d'hallucinantes montagnes de dollars à Doha (Qatar)...
Le 26 / 02 / 2015 à 04:09 Par Le sniper de Business Montres - 3607 mots
Vous connaissez l'histoire du collier de joaillerie Graff affiché à 155 millions de dollars ? Impossible de le voir de près si vous n'êtes pas un émir cousu de platine ! Doha, c'est le souvenir du temps béni des colonies horlogères...
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures,le tout développé après le
Vous connaissez l'histoire du collier de joaillerie Graff affiché à 155 millions de dollars ? Impossible de le voir de près si vous n'êtes pas un émir cousu de platine ! Doha, c'est le souvenir du temps béni des colonies horlogères...
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures,le tout développé après le résumé ci-dessous... ❏❏❏❏ HUBLOT POINTE ET SE PLANTE... ❏❏❏❏ UN PRINCE, 40 PRINCESSES ET 80 MILLIONS DE DOLLARS...❏❏❏❏ 87 SIÈCLES DE SALAIRE MÉDIAN POUR S'OFFRIR CE COLLIER... ❏❏❏❏ LE SWATCH GROUP DÉVOILE SES BATTERIES À PILE OU FACE... ❏❏❏❏ LES NOUVEAUX COLLABORATEURS INATTENDUS DE ROLEX...❏❏❏❏ ARIEL PARIE AUSSI SUR LES FEMMES... ❏❏❏❏ LES MONTRES OMEGA NE SONT PAS DES SEX TOYS... ❏❏❏❏ CANDICE EST PLUS CRAQUANTE QU'UN HORLOGER À SON ÉTABLI...❏❏❏❏ LA CHINESE CONNECTION DE L'APPLE WATCH ❏❏❏❏ LA NOUVELLE HORLOGERIE NÉCROMANCIENNE... ❏❏❏❏ HUBLOT RHABILLE LES JEANS USAGÉS DE SAPHIRS BAGUETTE... ❏❏❏❏ ELLE (ci-dessous), C'EST LERA TRIBEL, MAIS SA MONTRE, C'EST QUI ?❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUTES LES AUTRES INFOS, QUI ONT PLEIN DE CHOSES À NOUS RACONTER... ❏❏❏❏ ▶▶▶ LES 7 x 7 DU JEUDIUn air de folie financière flotte sur Doha... ◉◉◉◉ C'EST FOU CE QU'ON FLAMBE À DOHA : le rendez-vous de la semaine, pour les horlogers et les joailliers, c'est Doha, au Qatar, pour l'habituelle Doha Jewelry & Watches Exhibition (logo ci-contre). Pas question pour les horlogers de bouder un des derniers marchés un tant soit peu dynamiques de la planète ! C'est aussi l'occasion de se débarrasser des pièces hyper-serties – jamais vues en Europe – qu'on a été obligé de retirer des boutiques chinoises, où le bling-bling maladroit peut vous conduire devant les pelotons d'exécution du Politburo. Si vous n'avez jamais vu telle complication Patek Philippe sertie émeraudes et rubis, pièce unique même pas référencée dans les catalogues de la maison, ou telle Rolex tellement superlative en tapissage de cailloux qu'il faut des lunettes solaires pour l'admirer, c'est ici que vous les verrez. Doha, c'est l'outlet rêvé pour écouler les fonds de tiroir de l'hypertrophie joaillière. Cette année, l'émir du Qatar, le Prince Tamim Ben Hamad Al-Thani, un homme de goût s'il en est (ci-dessous), avait même décidé d'encourager l'horlogerie suisse en ordonnant à une quarantaine de princesses de la Cour de faire leurs courses sur leur salon, avec un plafond de deux millions de dollars par dame – ce qui reste confortable quoique contraignant dans une région du monde où, en dépit de l'effondrement des cours du baril, l'unité de compte respectable reste tout de même le million de dollars. Quel bonheur de voir ces dames en burqa piocher des diamants dans des pochettes – ici, pas d'écrin – comme si c'étaient des cacahuètes ! ◉◉◉◉ DU COUP, TOUT LE MONDE SE LÂCHE À DOHA : rien n'est trop beau et, surtout, rien n'est trop cher. Graff fait tout de même sensation avec un collier de diamants qui chiffre dans les 155 millions de dollars [8 750 années de salaire médian français : bon courage, camarades !] : une pièce de joaillerie tellement belle qu'on n'a pas le droit de la photographier et qui bénéficie d'un dispositif de sécurité exceptionnel – ce qui veut dire beaucoup dans un pays où on coupe la main du moindre voleur de poules. Même les petites maisons se sentent pousser des ailes : d'une nature modeste, la maison Frères Rochat nous présente leur automate oiseau-chanteur, mais dans une version en or (pour le boîtier) sertie de 1 001 diamants et facturée 1,1 million de francs suisses. Hublot nous régale d'une Big Bang spéciale Doha (ci-dessous), de même que Zenith (15 pièces), tandis que Richard Mille cache dans une armoire les trois montres Rafael Nadal noires spécialement créées pour le Qatar et uniquement visibles par ses clients tout aussi... spéciaux ! ◉◉◉◉ HUBLOT EN POINTE TOUJOURS (un peu trop à Doha) : les Qataris n'ont pas fini d'en rigoler ! Le drapeau qatari, c'est une bande marron-pourpre [à l'origine, c'était rouge pour le sang versé par la famille royale El-Khalifa, dans les années 1930, mais la décoloration par l'implacable soleil local a eu raison du rouge] et une découpe blanche, en dents de scie, du côté de hampe (en haut de la page). Il compte neuf pointes, pour les neuf émirats du golfe Persique (soit les sept Émirats arabes unis – Abou Dabi, Ajman, Charjah, Dubaï, Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn – plus Bahreïn et le Qatar ). Manque de chance, la série limitée lancée par Hublot en hommage au Qatar (ci-dessous) reprend bien la couleur pourpre violacé sur le cadran et sur le bracelet, mais il y a trop de pointes sur le bracelet. Une anticipation des futurs califats et des émirats islamiques semés avec le financement du Qatar un peu partout dans le monde musulman ? ◉◉◉◉ MAXIMILIAN LONDON : on trouve tout à Doha, même des idées bizarres, comme le « distributeur automatique de joaillerie » promu par ce cher Maxim Artsinovitch [celui qui avait défrayé la chronique judiciaire suisse en poursuivant Franc Vila : on ne sait d'ailleurs toujours pas où en est l'affaire], qui a créé et qui anime aujourd'hui la marque Maximilian London. Il s'agit de rendre la joaillerie plus accessible avec des machines automatiques dans le genre de celles qui proposent des bouteilles d'eau minérale ou de la confiserie. De quoi faire de Maximilian London le Tiffany & Co des années 2020 – du moins selon ce cher Maxim... ◉◉◉◉ OMEGA DANS LE SADO MASO : si la sortie en Europe de Cinquante nuancesde Grey décuple, selon les autorités médicales, les accidents de sex toys tout en poussant les amateurs de montres à des mises en scène osées de petites culottes sur fond de montres [les forums en sont pourris : coup de gueule Business Montres du 22 février], on peut se demander si le film va autant exciter les ventes d'Omega, équipementier officiel du héros, Christian Grey, qui porte dans le film un chronographe Seamaster Aqua Terra et une Speedmaster Co-axial (ci-contre). Précision utile pour les voyeurs : les montres Omega, qui sont pourtant de superbes objets de poignet, ne jouent à aucun moment le rôle de sex toys dans le film... ◉◉◉◉ PILE OU FACE ? Le Swatch Group annonce que sa filiale Belenos Clean Power, spécialisée dans les batteries (généralement à usage automobile), vient de développer une batterie dont la capacité serait de 50 % à 100 % plus élevée que celle de ses concurrents internationaux. Une avancée considérable, qui va sans doute permettre de réaliser le vieux rêve de Nicolas hayek : la voiture électrique dont chaque roue disposera de son propre moteur électrique, avec une alimentation autonome. Ce renforcement du Swatch Group sur le segment du stockage de l'énergie pour l'automobile ne concerne que très partiellement l'univers horloger – et encore moins les projets de smartwatches développés en urgence par le Swatch Group pour parer au défi de l'Apple Watch [on sait que Nick Hayek avait dénié aux montres connectés tout intérêt du fait de leur faible capacité énergétique]...
◉◉◉◉ HUBLOT (2): jeans patiné et saphir baguette bleus, c'est l'art de la « fusion » chère à Jean-Claude Biver. Le cadran est en jeans, de même que le bracelet doublé de caoutchouc bleu, les éléments en composite reprenant le bleu denim et la lunette jouant avec la lumière de 48 saphirs baguette (exclusivité pour les boutiques Hublot dans le monde, à retrouver à Baselworld dans moins d'un mois)... ◉◉◉◉ LE BLOG DE LA SEMAINE : tout le monde connaît les Rolex noircies que proposent de nombreux « préparateurs » [idée empruntée à l'univers automobile] à travers le monde. Ce qui est rigolo, c'est quand tout le monde est persuadé que Rolex coopère avec ces ateliers de noircissage, qui n'ont évidemment rien d'officiel, ni d'autorisé. Le plus célèbre d'entre eux – le plus culotté, sans doute – est le fameux Bamford Watch Department, connu pour ses séries limites. Exemple désopilant de la confusion des genres avec ce titre de Luxury Launches – qui nous précise que « tout lancement d'un nouveau modèle ROLEX est toujours un sacré événement dans le monde entier ». Effectivement, le monde retient son souffle en découvrant un tel scoop : félicitations à notre éminent confrère... ◉◉◉◉ L'ÉVÉNEMENT LEROY À BASELWORLD : de toutes les tentations d'une nouvelle horlogerie nécromancienne [la nécromancie est, selon la tradition, l'art de faire parler les morts], une des plus crédibles de ce printemps riche en résurrections de marques historiques est le retour sur le devant de la scène de Leroy. Leroy tout court, et non plus L.Leroy, la marque ayant renoncé à son improbable et intenable storytelling autour de filiations incertaines entre tous les Leroy (et même Le Roy) qui ont fait des montres sous ce nom. On se réjouit donc beaucoup de voir la marque reprise en main par le groupe Festina, qui a déjà immolé des budgets considérables en pure perte [selon nos sources, il serait question de plus de 30 millions] dans les précédentes relances, mais qui semble cette fois décidé à tout rebâtir sur des bases saines. C'est ainsi que la manufacture MHVJ (vallée de Joux) a été rebaptisée « Manufacture Leroy » – ce qui a dopé le moral des horlogers qui y travaillent. On devrait découvrir à Bâle deux mouvements mécaniques purement « maison » – pour une fois, ça ne ressemble pas trop à du bullshit marketing – dont le développement et la mise au point ont été orchestrés par l'inénarrable Karsten Frassdorf, un des horlogers les plus experts de sa génération, mais également un des plus rugueux. En guise de zakouski pré-Bâle, un plan rapproché (en haut de la page) du chronomètre d'observatoire qui sera présenté chez Leroy dans trois semaines : on vous en reparlera dans les jours qui viennent... ◉◉◉◉ ENFIN, UN BLOGUEUR QUI A TOUT COMPRIS : il y a quelques jours, Business Montres (23 février) vous racontait pourquoi l'« histoire d'amour » survenue entre les Chinoises et leur smartphone allait consituer un écosystème idéal pour le développement foudroyant du marché des smartwatches. Engrais naturel de ce terreau fertile : le goût de la nouveauté induit par l'addiction aux modes saisonnières et la dépendance croissante des applications de « vie quotidienne » qui deviennent vite indispensables. Dans A Blog to Watch, notre ami Ariel Adams enfonce le clou en expliquant pourquoi et comment Apple va très clairement cibler les femmes – en Asie (ci-dessous), mais aussi dans le reste du monde – pour accélérer la diffusion de son Apple Watch. Dans l'information mentionnée ci-dessus, Business Montres signalait également comment Apple allait utiliser la fantastique plate-forme commerciale des Galeries Lafayette (France) pour séduire les femmes : Ariel Adams a repéré dans le Vogue américain de mars une magnifique promotion de l'Apple Watch. Ci-contre : Candice Swanepoel, qu'on repère aussi dans les publicités Victoria Secret's – d'après vous, le coeur des femmes balancera-t-il entre Candice et un vénérable horloger penché sur son établi dans la vallée de Joux ? ◉◉◉◉ PLAN MÉDIAS SMARTWATCH (2) : une simple réflexion au passage. C'est dans l'utilisation de médias aussi stratégiques que Vogue qu'on comprendra très vite l'asymétrie entre la force de frappe Apple (budgets quasi-illimités) et la force de frappe beaucoup plus modeste (tous budgets confondus) des horlogers suisses. Un chiffre qui laisse rêveur : quand les marques de luxe consacrent de 15 % à 25 % de leur chiffre d'affaires à la communication, Apple n'y consacre que 2 %, alors que son chiffre d'affaires est déjà six fois plus élevé que celui de toute l'industrie horlogère suisse ! Nous n'aurons pas la cruauté de souligner la « trahison » de Vogue, titre fétiche des horlogers-joailliers – qui y concentraient goulûment un maximum de moyens – et qui « passe à l'ennemi » sans la moindre vergogne au moment où les marques de montres auraient tant besoin d'un petit coup de main. L'ambiance du fameux « dîner Vogue », qui régalait à Baselworld tous les patrons de l'horlogerie, risque d'être un peu plombée cette année... ◉◉◉◉ MARKETING SMARTWATCH (3) : le marketing féminin d'Apple est d'autant plus imparable qu'il agit en tenaille. D'abord par les moyens mis en oeuvre [cahier publi-rédactionnel de 12 pages dans Vogue : il va falloir que les marques horlogères cassent leur tirelire pour en faire autant], sachant que la promotion montera en puissance dès le mois d'avril. Ensuite par l'intelligence du ciblage : alors que les horlogers suisses ont choisi une tactique défensive auprès d'un public masculin [éléments de langage : nos montres traditionnelles sont meilleures parce que plus patrimoniales et plus statutaires], la nouvelle horlogerie connectée – Apple, mais aussi LG, Withings et bientôt Samsung – adopte une posture offensive auprès d'un public féminin moins conservatrice et plus sensible au lifestyle comme aux effets de mode [éléments de langage : nos accessoires sont indispensables pour vous faciliter la vie et changer votre quotidien]. Entre les deux approches, l'histoire immédiate dira quelle était la stratégie payante (ci-dessous : en feuilletant les pages de Vogue China)... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...