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JEUDI : Après la grande trouille de la pénurie de calibres mécaniques, voici une génération spontanée de manufactures de mouvements dont certains n'ont plus de suisse que le nom...

Pourquoi les tricheurs du Swiss Made se gêneraient-ils puisque personne ne leur dit rien et que des marques complices s'accommodent de cette identité de papier ? Comment pourrait-on leur reprocher ce que les grandes marques ont institutionnalisé ?  ▶▶▶ EN RÉSUMÉ (le tout développé après le résumé ci-dessous)Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures


Pourquoi les tricheurs du Swiss Made se gêneraient-ils puisque personne ne leur dit rien et que des marques complices s'accommodent de cette identité de papier ? Comment pourrait-on leur reprocher ce que les grandes marques ont institutionnalisé ?

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EN RÉSUMÉ
(le tout développé après le résumé ci-dessous)
Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures...
 
❏❏❏❏ DES COULEURS FRACTALES DONT LA SUISSITUDE N'A RIEN D'ORTHODOXE... 
❏❏❏❏ GABRIELLE DIALECTISE LE ROND DANS LE RECTANGLE... 
❏❏❏❏ CACHEZ CE SWISS MADE QUE JE NE SAURAIS VOIR... 
❏❏❏❏ ARNAUD A TOUT COMPRIS...
❏❏❏❏ PUISQU'ON VOUS DIT QUE LE SWISS MADE EST UNE AFFAIRE DE CONFIANCE... 
❏❏❏❏ GEORGES PEUT S'OCCUPER DE TOUT (ET VOUS DU RESTE)... 
❏❏❏❏ LES COPAINS ET LES COQUINS DES FAUSSES MANUFACTURES SUISSES...
❏❏❏❏ PIERRE APLATIT LES TOURBILLONS...  
❏❏❏❏ MAX A REVU SES CHIFFRES... 
❏❏❏❏ LES CARPES QUI SE NOIENT DANS L'ÉMAIL GRAND FEU... 
❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUTES LES AUTRES INFOS... ❏❏❏❏
 
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▶ LES 7 x 7 DU JEUDI
Les informations importantes de la semaine,
cueillies à la volée, en vrac,
en bref et en toute liberté...
 
 
◉◉ ON VOUS AVAIT PRÉVENU DANS NOTRE CHRONIQUE « RÉTRO-TEASER #4 » (ci-dessus) : cette semaine serait celle de Chanel, de l'EPHJ et de l'exposition sur les créateurs indépendants au musée d'horlogerie de La Chaux-de-Fonds. Pour cette exposition, c'est aujourd'hui, donc on en reparlera plus tard. Pour Chanel, nous avons opéré en début de semaine, mais nous en remettons une couche aujourd'hui (ci-dessus et ci-dessous) parce que c'est important : les médias perroquets vous livreront bien assez tôt le dossier de presse en mode copié-collé. Concernant l'EPHJ, nous venons d'y passer deux jours et nous en parlons ci-dessous. Il manquait deux informations dans le panorama de cette semaine : le lancement officiel de la HMX (Horological Machine Xe anniversaire) chez MB&F – nous y revenons rapidement ci-dessous – et la présentation de l'extraordinaire vidéo promotionnelle de TEC Ébauches (Business Montres Vision et ci-dessous) : une excellente initiative d'Arnaud Faivre, l'animateur de TEC Ébauches, à regarder séance tenante et à relayer vers ses copains. Ça, c'est de la bonne communication horlogère !
 
 
◉◉ UN RETOUR RAPIDE SUR LA BOY-FRIEND DE CHANEL : après nos questions sur cette montre délicieusement ambigüe dans le genre qu'elle se donne [ou plutôt qu'elle ne se donne pas : voir notre analyse du 2 juin], une bonne image supplémentaire (ci-dessus) histoire de bien apprécier les détails de la finition du cadran. Et quelques précisions : la montre existe en deux tailles (une intermédiaire en 34 mm et une « normale » en 37 mm), positions stratégiques qui permettent des déclinaisons ultérieures en fonction de l'orientation du marché, vers le haut pour un encodage plus masculin [encore que ces 37 mm soient suffisants pour une montre rectangulaire] ou vers le bas pour sacrifier à la mode du mini. Pour l'instant, le modèle intermédiaire est à quartz (ci-dessus), le plus grand donnant dans l'automatique (avec petite seconde). Le sertissage existe dans les deux tailles. À propos du cadran, on appréciera la dialectique du rectangle et du cercle, soulignée par le guillochage circulaire sous la course des aiguilles. On vérifiera la « modestie » du Chanel dans le dessin en creux du nom de la marque : modestie qui confirme notre analyse sur le nouveau profil bas des marques (voir notre article du 2 juin), en parfaite consonance avec l'indétermination du genre de la montre. On regrettera le Swiss Made un peu pataud, cette inscription bureaucratique envahissant bêtement le bas d'un cadran opalin qui frôlait la perfection sans cette mention : d'une part, une client Chanel qui se pose des questions à propos de ce Swiss Made n'est pas un client pour Chanel ; d'autre part, s'il faut écrire ce Swiss Made quelque part, autant le faire au dos de la montre. Pour raffiner dans la critique pointilliste et hyper-maniaque, comment ne pas déplorer que le disque de la date n'ait pas été lui aussi opalisé [le directeur de production a bien dû gratter là dix centimes par montre – à rapporter aux 11 400 euros de son prix public !] et que la typographie de cette date soit aussi vulgairement contrastée ? On aurait rêvé de la même « modestie » en creux [les typographes parlent d'un caractère « éclairé »] que pour le logo Chanel...
 
◉◉ LE RENDEZ-VOUS GENEVOIS DE L'EPHJ S'EST LUI AUSSI JOUÉ en mode VICA (l'acronyme à la mode pour dire qu'on n'y comprend rien dans un monde volatil, imprévisible, complexe et ambigu : ça fait toujours chic dans les conversations) : attentisme des uns, faux optimiste de commande des autres [qui croient justement qu'ils décrocheront quelques commandes], prudence de tout le monde et prolifération des rumeurs incontrôlées. Ne croyez pas les sirènes de l'optimisme béat qui vous répètent que « Tout va très bien, Madame la Marquise » : en privé, ils avouent qu'ils sont morts de trouille ! Deux évidences : si le secteur des machines et des équipements lourds est à la peine [est-ce bien le moment d'investir ?], la volonté des marques – donneuses d'ordres – de faire bouger les lignes est évidente. Sauf que les délais techniques exigés sont presque impossibles à tenir et que les prix proposés le sont encore moins : les marques veulent tout, tout de suite et pas cher, mais les fournisseurs de l'amont industriel ont du mal à réagir et à investir pour tenir ces délais à ce prix. Le bras de fer va se gagner ou se perdre sur la capacité de chacun à résister aux pressions : le plus simple ne serait-il pas, de part et d'autre, de s'asseoir – au moins provisoirement – sur ses marges et sur ses coefficients multiplicateurs ? Mine de rien, c'est une question de survie. Sans marques qui passent commande, les deux-tiers de sous-traitants mettent la clé sous le paillasson. Sans fournisseurs capables d'innover pour aller toujours plus loin dans l'efficacité et la créativité, les marques sont condamnées à bégayer à végéter, avant de disparaître sous les coups de boutoir des smartwatches...
 
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◉◉ LE PLUS FRAPPANT DANS L'OFFRE GLOBALE DES FOURNISSEURS, c'est la prolifération des manufactures de mouvements, petites et grandes, sérieuses ou pathétiques, authentiquement suisses ou faussement chinoises. Au moins une dizaine d'exposants présentaient des nouveaux mouvements ou vantaient leurs nouvelles capacités de production. Parmi les offres une peu sérieuses, on relève les nouvelles propositions low cost d'une maison réputée comme Dubois Dépraz : pourquoi se priver quand on peut avoir une petite complication fiabilisée pour le prix d'un simple mouvement ? Également très convaincant [on est entre professionnels de confiance], le catalogue de Timeless (Régence), la manufacture genevoise de Georges Léger, qui a intégré à peu près tous les métiers, en interne ou en réseau, et qui se pose à présent en « guichet unique horloger » pour répondre aux besoins de développement et de créativité des marques. Autre acteur émergent dans ce paysage : Impulsion, le nouveau bureau de création (construction et développement) d'Arnaud Faivre (TEC Ébauches : ci-dessus, une image du film), qui a lui aussi l'avantage d'être adossé à d'importants moyens techniques pour accélérer le time to market (nous en reparlerons dans quelques jours). Terminons la tournée des bonnes adresses avec le nouveau tourbillon extra-plat développé par Pierre Favre (Manufacture Hautes Complications, Genève), qui va désormais très au-delà des demandes de développement de ses clients (nous en reparlerons également)...
 
◉◉ À UNE PLUS PETITE ÉCHELLE, MAIS AVEC UNE FORTE INTENSITÉ CRÉATIVE, on voit également apparaître de jeunes équipes comme celle du Cercle des Horlogers, qui donne à la fois dans le double tourbillon (qui peut devenir un simple mais spectaculaire double échappement) et dans la répétition minutes, mais aussi celle de David Candaux, en vallée de Joux, qui propose des mouvements qui sortent de l'ordinaire aussi bien que des nouvelles techniques d'habillage dans l'utilisation du verre saphir ou des fibres de carbone. On pourrait en citer beaucoup d'autres, mais cette effervescence dans l'offre de mouvements mécaniques est un signal fort pour comprendre que les menaces de pénurie agitées autour des non-livraisons de mouvements et d'échappements par le Swatch Group étaient plus des fantasmes que des contraintes industrielles [nos analyses convergent dans ce sens depuis plusieurs années]. Il y a désormais trop de mouvements industriels basiques sur le marché ! Le problème est que plusieurs grandes marques ont été piégées par le Swatch Group et ont versé sans modération dans une fièvre irrationnelle d'« autonomie logistique » en développant à tout va leurs propres mouvements, lesquels sont à la fois trop coûteux, trop lents à produire et trop peu fiables. Prisonnières d'une stratégie industrielle tout sauf pertinente, certaines maisons comme Breitling ou Maurice Lacroix – voire TAG Heuer, qui vient d'en guérir de justesse – sont littéralement étouffées par ce fantasme manufacturier, dont les contraintes logistico-financière plombent en outre tout sursaut créatif... 
 
◉◉ HISTOIRE DE RIGOLER UN PEU, GARDONS UN OEIL sur quelques amuseurs publics en matière de mouvements, comme la nouvelle et grande manufacture Intelligence Movement (La Chaux-de-Fonds). Si vous ne les connaissez pas, c'est normal : ils commercialisent leurs mouvements « de façon confidentielle auprès de certains clients privilégiés ». Si vous ne leur connaissez pas la moindre usine, ni le moindre atelier capable de produire tous ces clones ETA (2824 et Unitas), c'est qu'ils pratiquent la même discrétion – on peut même parler d'opacité tellement il est impossible d'obtenir la moindre réponse à la provenance des composants intégrés dans ces mouvement Gips, colorisés à la demande du client qui serait sensible au charme de ces Fractal Colors. « Marché gris », comme l'admet la marque ? Sans doute, sinon pire pour des clones qui ne semblent tirer leur suissitude que de cette gravure Swiss Made qui n'engage que ceux qui y croient. Il suffit de commander « en toute confiance » [il y a des lois qui devraient nous protéger de ce genre d'incantation commerciale] ces mouvements « de qualité Swiss Made, garantis et plébiscités par nos clients » – ces derniers étant confidentiels tellement ils doivent être peu recommandables, on n'en saura pas plus, la carte de visite Business Montres incitant tout le monde à refermer les écoutilles en urgence...
 
◉◉ NE PRIVONS PERSONNE D'UN AUTRE BONHEUR, : celle de la découverte de la nouvelle Horlogerie Schild SA, « fabricant indépendant de mouvements mécaniques suisses de qualité à Orpond, près de Bienne ». La classe ! Le nom est prestigieux (quoique sans rapport avec le Schild historique) et, vous l'aviez sans doute oublié, mais cette entreprise Horlogerie Schild SA a été fondée en 1962. Impossible d'en douter à présent :  depuis 2012, la société donne dans « la production et l'assemblage de ses propres mouvements ». Le tout Swiss Made, comme il ne convient même pas de le préciser tellement c'est certifié pour le T1. Là non plus, ne cherchez pas les ateliers de cette société anonyme (créée en 2013), dont la « chaîne de montage moderne permet même de monter de grandes quantités, toujours en fonction de niveaux de qualité très stricts. Tous les kits sont prélavés et basés sur nos propres recopie (?). Nous avons en notre possession différentes machines spécialisées, combinées à la ligne d'assemblage, qui nous aident à stabiliser le niveau de qualité. Tous les mouvements sont montés en passant par différents processus et contrôlés par un programme spécial de trois jours pour vérifier non seulement la précision, mais aussi pour garantir au futur propriétaire de la montre la longévité de son achat ». Une prose qui ne trahit pas explicitement la stricte et orthodoxe helvétitude de l'ensemble, l'apparence physique extra-européenne des responsables contactés confirmant nos doutes. Tant que la FH ne disposera pas d'une police chargée de faire respecter la loi et l'ordre en matière de Swiss Made, chaque petit malin asiatique pourra s'en donner à coeur joie pour interpréter à sa guise l'ordonnance de 1971 – mais la FH le pourrait-elle alors que ses principaux mandants et pourvoyeurs de fond sont eux-mêmes des tricheurs...
 
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◉◉ CE QUI FRAPPE, DANS LES COULOIRS DE L'EPHJ, ce sont les compétences nouvelles dans le développement des « métiers d'art », mobilisés par les grandes marques pour se démarquer de l'offre concurrente et produire des collections – forcément courtes – de véritables mini-oeuvres d'art décoratif au poignet. Un sujet tellement foisonnant que nous y reviendrons, en nous contentant de constater ici que, dans ce domaine comme dans d'autres, l'ingéniosité technique et l'habileté artisanale des équipes suisses permettent aux marques de démultiplier la créativité de leurs montres, chaque nouveau progrès technique dans la réalisation des cadrans d'art libérant l'imagination des créateurs. Tout ou presque devient possible, de la juxtaposition au micron près d'éléments composites qui mêlent le sertissage, la sculpture ou la gravure à l'animation de carpes qui nagent dans leur étang (création Mu-Tech, Genève : ci-dessus)...
 
◉◉ SIGNAL FAIBLE, ENCORE, MAIS RÉVÉLATEUR DU RÉARMEMENT MORAL des métiers de l'amont industriel dans l'environnement horloger-joaillier, la ré-apparition d'une association professionnelle comme l'Asmebi (association romande des métiers de la bijouterie), structure représentative – très mal dénommée et à peu près inconnue des professionnels – de tous les fournisseurs dans ce domaine. L'Asmebi semble avoir de nouvelles ambitions : il était temps, personne ne représentant ces professionnels auprès des autorités fédérales, qui ont par exemple aménagé certains cycles de capacité (CFC) en ne prenant pas en compte les spécificités romandes de ces métiers. Normal : quand on s'endort, on n'a plus le droit à la parole ! D'om cette envie de revenir sur le devant de la scène, de se faire connaître des autorités et de s'instituer en vrai représentant, reconnu et respecté, de ces professionnels de l'amont horloger-joaillier. Ce n'est pas gagné d'avance...
 
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◉◉ CE QUI N'APPARAISSAIT PAS, DANS NOTRE PRÉSENTATION de la nouvelle HMX de MB&F (Business Montres du 2 juin), c'est son extrême portabilité (ci-dessous et ci-dessus), mais aussi sa nouvelle lisibilité. Les heures et les minutes sont captées et réfléchies par deux prismes différents, ce qui rend l'affichage du temps plus précise...
 
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DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...
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