JEUDI : Les nouvelles (bonnes) énergies qui circulent à Baselworld ont mis le franc-tireur sous le coup de nouvelles émotions
Le 27 / 03 / 2014 à 04:21 Par Le sniper de Business Montres - 3322 mots
Une pendule de table tombés de l'infini galactique, le métal le plus rare et le plus dense du monde préempté par une manufacture de montres, la tête couronnée qui n'est pas celle de Rolex, la caresse des plus beaux cheveux de Baselworld sur un balancier qui n'en peut mais...
▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS, INFORMATIONS, ENQUÊTES,RUMEURS & MURMURES EN RÉSUMÉ (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏
Une pendule de table tombés de l'infini galactique, le métal le plus rare et le plus dense du monde préempté par une manufacture de montres, la tête couronnée qui n'est pas celle de Rolex, la caresse des plus beaux cheveux de Baselworld sur un balancier qui n'en peut mais...
▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS, INFORMATIONS, ENQUÊTES,RUMEURS & MURMURES EN RÉSUMÉ (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏ PRESSE : confusion ? ❏❏❏❏ L'ÉPÉE : Starfleet ? ❏❏❏❏ SMARTWATCHES : pas pour cette fois ? ❏❏❏❏ CRÂNES : ossements compris ? ❏❏❏❏ COMMUNAUTÉ : groupe ? ❏❏❏❏ CARL F. BUCHERER : Nati ? ❏❏❏❏ MORITZ GROSMANN : Christine ? ❏❏❏ HUBLOT : osmium ? ❏❏❏❏ TENDANCE : Nato ? ❏❏❏❏ PATEK PHILIPPE : oreille ? ❏❏❏❏ COURONNE : Juicy Couture ? ▶▶▶ BASELWORLD 2014Comment la passion pour la communauté va tuer le travail de groupe...◉◉◉◉ Avec l'hyper-équipement en smartphones et en tablettes numériques des gros bataillons horlogers, les présentations à la presse des nouveautés [ces « tirs groupés » qui permettent aux marques d'éponger trente rendez-vous à la fois] sont devenues tout simplement impossibles : chacun(e) tient – et c'est son droit le plus absolu – à photographier chaque montre à son poignet, le tout étant posté dans la minute qui suit à travers toute la sphère digitale, sur tous les réseaux sociaux imaginables. On imagine le ralentissement des opérations. On imagine moins le fantastique embouteillage d'images horlogères relativement médiocres [les conditions de prises de vue sont loin d'être optimales] qui se ressemblent à peu près toutes et qui arrivent sur les écrans au même moment. Pas sûr que les marques y gagnent autre chose qu'une visibilité ultra-provisoire, chaque image effaçant l'autre dans un ordre de succession vertigineux qui ne cesse d'aller en accélérant. Pas sûr non plus que l'intelligence de la chose horlogère y trouve son compte, ce tsunami d'informations brutes ne dégageant aucun sens, ni aucune perspective qui rende cette offre intelligible. La connection de tous à tous – cette nouvelle passion communautaire – est en train de tuer l'esprit de groupe...
▶▶▶ LES IN–10–CRÉTIONS DU JOURNotées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... ◉◉◉◉ CARL F. BUCHERER : horloger officiel de l'équipe nationale suisse de football ( la « Nati »), qui est qualifiée pour le prochain Mondial du Brésil. Pas encore officiel, mais déjà affiché quelque part... ◉◉◉◉ BUSINESS MONTRES À LA RADIO SUISSE : faut-il s'attendre à une explosion des « montres connectées » (smartwatches) à Baselworld ? Pas vraiment, estime Grégory Pons (Business Montres) à la Radio suisse, avec Dominique Choffat. Le moment n'est pas encore venu, alors que plusieurs occasions de collaborer avec les géants de l'électronique ont été manquées par arrogance ou par mépris marketing. Personne n'est encore prêt dans une Suisse horlogère qui s'imagine plus à l'abri que jamais dans son réduit alpin. Dans deux ans, il sera peut-être trop tard... Un point de vue qui contraste avec celui de Jean-Frédéric Dufour (Zenith), interrogé dans la même émission (le passage sur les smartwatches est dans les premières minutes), dont on remarquera qu'il a beaucoup évolué à ce sujet, en passant du « aucun avenir pour ces montres » à un prudent « on verra bien, mais, de toute façon, ce n'est pas pour nous »... ◉◉◉◉ L'ÉPÉE : souvent évoquées par Business Montres, qui recommande absolument le détour, les pendules et les horloges préparées pour le 175e anniversaire de la marque tiennent leurs promesses. On en retiendra d'abord la « Starfleet Machine » développée avec l'équipe créative de MB&F (Maximilian Büsser et ses friends). C'est une horloge de table en forme de vaisseau intergalactique qui affiche les heures, les minutes, avec une double seconde rétrograde et une réserve de marche de 40 jours (en haut de la page). Les aiguilles sont courbées pour épouser le dôme central noir (heures et minutes). La double seconde rétrograde est indiqué par des « tourelles » qui rappellent des canons laser : ces canons (visible à l'arrière dans l'image ci-dessous) mettent vingt secondes à se croiser avant de regagner leur position initiale. Toute la mécanique est visible, avec des composants traités au palladium : les cinq barillets disposés horizontalement (une exception dans l'art pendulier) permettent une réserve de marche exceptionnelle, avec une précision de l'ordre de 2 minutes en plus ou en moins sur quarante jours (il faut retourner la pièce pour la remonter ou régler l'heure, mais ses supports verticaux la maintiennent à la l'endroit comme à l'envers). Il n'y en aura que 175 exemplaires – anniversaire oblige. L'Épée présente aussi une horloge de table Two hands dont nous reparlerons, mais que nous présentons tout de même en bas de la page (on doit le développement de ce tourbillon vraiment volant à Vincent Calabrese)... ◉◉◉◉ OSMIUM : l'horlogerie ajoute un nouveau métal à sa panoplie de matériaux. Vous ne le saviez sans doute pas, parce que la question n'avait aucun sens pour l'industrie de la montre, mais le cours de l'osmium a explosé depuis un peu plus d'un an : il a été multiplié par dix, sans raisons apparentes, mais cela ne prêtait guère à conséquence puisque la planète n'en produit jamais qu'une trente de kilos par an ! C'est un métal réputé toxique de la famille du platine : il faut 10 000 tonnes de minerai de platine pour produire 28 grammes d'osmium, qui est donc le métal le plus rare, et le plus lourd et le plus dense sur cette Terre. Pourquoi cette hausse du cours de l'osmium ? On songeait à un stockage stratégique des Américains ou des Russes. En fait, c'est Hublot qui en achetait en douce quelques kilos, une équipe de chercheurs ayant trouvé le moyen de créeer, à très haute température, du cristal d'osmium qui a perdu toute toxicité. Ce cristal d'osmium est une véritable joaillerie métallique, avec un brillance qui peut évoquer celle d'un ciel étoilé – d'où son nom poétique de Firmament chez Hublot, qui a rhabillé une Classic Fusion en céramique noir avec des inserts de cristal d'osmium (ci-dessous). Une illustration du principe cher à Jean-Claude Biver, devenu axiome marketing dans la culture Hublot, « Être le premier, être différent, être unique ». Avec l'osmium, difficile de faire plus rare, plus pionnier et plus exclusif... ◉◉◉◉ HUBLOT : si la tendance Skull ne se dément pas, c'est aussi parce que des marques comme Hublot y croient très fort et entretiennent le culte. Les nouvelles Classic Fusion qui sacrifient à cette passion pour les crânes et les squelettes attisent ce phénomène en jouant à la fois sur la symbolique de la mort – associée aux objets du temps depuis les vanités du XVIIe siècle, sinon depuis les cadrans solaires de l'Antiquité – et sur la contagion sémantique avec le « squelettage » cher aux horlogers. Une sorte de jeu de mot qui permet à Hublot de nous proposer un spectaculaire tourbillon Skull & Bones, squeletté façon Jérôme Bosch. Ce n'est pas le premier exercice de squelettage hyper-réaliste d'un mouvement, ni sans doute le plus abouti (la dernière production allemande de Stekan Kudoke était sans doute plus rigolarde : Business Montres du 28 janvier dernier), mais c'est en tout cas le plus mécanique avec son tourbillon... ◉◉◉◉ PATEK PHILIPPE : une bonne idée dans la collection (courte : la marque en a gardé sus le coude pour les cérémonies de son 175e anniversaire) des nouveautés 2014. Les deux poussoirs de réglage du fuseau horaire du chronographe Nautilus Travel Time ont été intégrés dans les « oreilles » traditionnelles de ce boîtier (emplacement de la « charnière »). Le design du modèle initial est ainsi conservé, tout en permettant d'ajouter une nouvelle complication à ce chronographe, qui n'a plus qu'un compteur des minutes (à 6 h), le dateur circulaire (rétrograde et lié au fuseau horaire de référence) étant déplacé vers 12 h dans un souci d'harmonie – souci qu'on retrouve dans la disposition symétrique des indications jour/nuit à 3 h et à 9 h. Une seule critique à cette remarquable évolution d'un modèle sportif de légende chez Patek Philippe : son prix, pas vraiment dégustable avec modération... ◉◉◉◉ CHEVEUX : comme la poussière ou la rouille, le cheveu qui traîne a toujours été la hantise des horlogers au moment de refermer leurs boîtiers. La manufacture Moritz Grossmann (Glashütte, en Saxe allemande) avait un souci : comment freiner en douceur le balancier pour l'arrêter lors de la remise à l'heure exacte, à la seconde près [cette ultra-précision au top horaire est une manie allemande] ? Même le dispositif classique du « stop secondes » (hack system) a un mini-délai de réaction. La solution : freiner le balancier sans le heurter. Apparemment, seuls les cheveux humains ont la souplesse, la tenue et la texture nécessaire pour « caresser » la serge du balancier et bloquer celui-ci en le laissant repartir en douceur, sans à-coups. L'idée était donc de créer une sorte de tresse ou de brosse de cheveux, qui viendrait appuyer sur cette serge pour stopper le coeur de la montre. La belle Christine Hutter a d'admirables cheveux blonds, qui convenaient parfaitement : c'est donc elle qui a fourni les cheveux nécessaires au mouvement du nouveau tourbillon Benu... ◉◉◉◉ TENDANCE 2014 : vainqueur absolu de toutes les tendances d'habillage de l'année, le bracelet dit « Nato » (acronyme anglais de l'OTAN, Organisation du traité de l'Atlantique nord, pacte militaire des pays occidentaux né à l'époque de la guerre froide). À l'origine, il s'agissait de bracelets en nylon aux spécifications militaires très précises (pas de couture et une grande facilité de remplacement au poignet). Aujourd'hui, c'est un accessoire tendance qu'on réalise dans tous les textiles et dans tous les cuirs, avec une fidélité assez élastique aux spécifications militaires initiales, tant dans les couleurs que dans les dispositions. Certains marques ont la délicatesse d'offrir un « Nato » en prime avec un bracelet classique. D'autres le facturent au prix de l'alligator de grande écurie... ◉◉◉◉ JUICY COUTURE : vous ne le saviez pas, mais il y a plusieurs marques à la couronne à Baselworld, dont la plus connue est Rolex. Citons également la couronne « suédoise » de Marvin. La couronne la plus proche de celle de Rolex reste cependant l'étonnant pastiche de Juicy Couture, licence de mode du groupe MGI (Movado), même si elle a sept boules au lieu de cinq : ceci remarqué, la collection 2014 ne manque ni de couleurs, ni d'intérêt, avec des cadrans toniques sertis de cristaux et des boîtiers en plaqué or qui ne manquent pas d'un petit goût de Rolex – comme quoi la couronne du logo Juicy Couronneture n'était sans doute pas tout-à-fait un hasard... ◉◉◉◉ REVUE DE PRESSE : le poids de Tissot, c'est « 4 millions de montres, soit 15 % du montant annuel des exportations horlogère suisses », rappelle François Thiébaud dans un entretien accordé au Temps (Lausanne). C'est 376 % depuis son arrivée aux commandes, en 1996, avec un chiffre d'affaires qui frôle désormais le 1,1 milliard de francs suisses. Pour Tissot, la seule année négative depuis 1996 a été 2009, avec une baisse de 22 % [rappel utile : c'est cette année-là que Nick Hayek niait l'existence d'une crise horlogère !]... ◉◉◉◉ « Les Suisses rêvent de travailler pour un horloger, de préférence genevois » (Tribune de Genève) : Patek Philippe et Rolex, mais aussi Swatch sont jugées comme les entreprises les plus attirantes, avec une évidente sur-représentation des maisons d'horlogerie... ◉◉◉◉ Un remarquable exercice de confusion mentale entre les ventes réelles de montres et les évolutions virtuelles de la demande à travers les recherches numériques sur le web : « Chine, Russie et Inde sauvent la croissance horlogère », explique ainsi Bilan – alors que c'est exactement le contraire qui s'est passé, la Chine étant par exemple en retrait de 32 % par rapport à 2012 ! Apparemment, le rédacteur a confondu les statistiques d'exportation horlogères et les données sur le web digital compilées par le World Watch Report 2014 (Digital Luxury Group), qui voit ainsi les demandes numériques en Suisse plonger de 12 %, alors que le marché réel exploser – ce qui n'empêche pas Bilan de conclure que « la Suisse a vu ses ventes se réduire significativement »... ◉◉◉◉ L'Argus des Montres devient Belles Montres Online (groupe Le Point). Explications de Jean-Philippe Barberot (L'Argus des Montres) : « Il semblait donc tout naturel d'utiliser le même nom pour le magazine horloger en ligne et le salon : le salon Belles Montres d'un côté, Belles Montres Online de l'autre, en toute complémentarité. S'ajoute à cela le fait que, si l'on regarde en détail l'audience du site aujourd'hui, on se rend compte que les visiteurs s'y rendent majoritairement pour consulter les sujets d'actualité et le guide des montres neuves. Les cotes et la valeur des montres vintage restent un service important, mais pour une communauté plus restreinte de collectionneurs. Le nom du site ne correspondait par conséquent plus à sa réalité au quotidien »...
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