JEUDI : L'incroyable scandale des bracelets en cuir humain (des peaux prélevées sur des cadavres)
Quelle sera la première manufacture à proposer des bracelets de montres en « cuir humain » ? Quel amateur pervers s'en parera ? Aussi monstrueuse et répugnante qu'elle soit, cette maroquinerie à base de peaux humaines tannées n'est pas illégale : la marchandisation des corps éteindra-t-elle dans nos consciences la flamme de l'humanité ? Les Américains fêtent aujourd'hui Thanksgiving, mais n'oublions pas que les Amérindiens étaient les dindons de la farce... ▶▶▶ ANALYSES, IN-
Quelle sera la première manufacture à proposer des bracelets de montres en « cuir humain » ? Quel amateur pervers s'en parera ? Aussi monstrueuse et répugnante qu'elle soit, cette maroquinerie à base de peaux humaines tannées n'est pas illégale : la marchandisation des corps éteindra-t-elle dans nos consciences la flamme de l'humanité ?
Les Américains fêtent aujourd'hui Thanksgiving, mais n'oublions pas que les Amérindiens étaient les dindons de la farce...
▶▶▶ HUMAN LEATHER« Le cuir le plus fin qu'on connaisse », en exclusivité... 
◉◉◉◉ Des années de journalisme rendent méfiants, surtout avec la prolifération des bobards (hoax) sur Internet. Cette histoire de « cuir humain » aurait tout d'un intox montée à des fins virales : on se pince pour essayer de ne pas croire, mais il faut se résoudre à admettre, finalement, que ce n'est pas bidon. Une entreprise britannique, Human Leather, propose bien des articles de maroquinerie (sacs, portefeuilles, ceintures et donc logiquement bracelets de montres) réalisées à partir de peaux humaines tannées « pour une clientèle très exclusive d'amateurs exigeants ». Si on admet que le corps humain est une « marchandise » comme les autres, on peut donc s'offrir des colifichets en peau d'Homo sapiens sapiens – c'est nous – qui était à peu près le dernier cuir de vertébré qui n'avait été utilisé par les artisans tanneurs. Vous ne vous vous en doutiez pas, mais les qualités du cuir humain sont immenses : son grain est très fin [c'est même le plus fin sur cette planète] et il est très doux au toucher. Ces peaux sont prélevées sur les cadavres de donneurs volontaires [un dévoiement de la pratique du don d'organes ?], sur l'abdomen et dans le dos. Apparemment, le sourcing n'est pas un problème, mais il y a une file d'attente pour que les clients bénéficient de peaux de premier choix. Pour rassurer ceux qui auraient des scrupules moraux [un concept aujourd'hui très démonétisé dans les médias et chez les grandes consciences toujours prêtes à s'indigner], on précise que ces peaux sont multiraciales et que leur usage est une très ancienne pratique dans l'histoire de l'humanité : on pourrait même dire que c'est une habitude en Angleterre où on parle depuis le XVIIe siècle de bibliophilie anthropodermique – avec des livres reliés en peau humaine (voir la notice Wikipedia à ce sujet), si possible dans la peau de celui qui vous avait légué le livre en question ! Cette pratique est attestée jusqu'au XXe siècle, y compris pour des rites érotiques qui visaient à relier des livres llibertins en peau de seins féminins, voire plus épicé si affinités... 
◉◉◉◉ Idéal pour se faire la peau d'un ennemi ou d'un concurrent ? Ou pour afficher des convictions à fleur de peau ? Ou pour avoir quelqu'un dans la peau ? On peut encore en plaisanter, fort heureusement, mais c'est répugnant : si le petit e-business des Anglais de Human Leather n'est pas une mauvaise blague [et tout indique que ce n'en est pas une : ne manquez pas les FAQ sur le site], on aura franchi une étape assez décisive dans la marchandisation du corps humain – et donc la déshumanisation de ce corps qui constituait le dernier rempart de l'éthique du vivant. On ne s'étonnera pas du manque d'indignation de la presse britannique, qui se contente de relever les prix hallucinants exigés pour ce cuir humain : 15 000 dollars le portefeuille ou la ceinture, 27 000 dollars la paire de chaussures, pas encore de prix pour le bracelet horloger ! Les vautours sont parmi nous – même s'il n'est pas évident que ces « produits » en cuir humain soient parfaitement légaux dans des pays comme la France, où ils évoquent de très mauvais souvenirs qui remontent à la Seconde Guerre mondiale. Une dernière question : quelle marque de montres sera la première à rendre hommage à cette tradition anthropodermique, dont les racines culturelles ont été récemment honorées à l'écran par les « exploits » d'un Hannibal Lecter ? Comme on aimerait être sûr que cette pratique nous sera épargnée (ci-dessous : le souk de tanneurs, à Marrakech – on n'en est pas encore là)... 
▶▶▶ HORLOGE PAONESQUE(re)Découvrez une des merveilles de l'horlogerie mécanique...
◉◉◉◉ L'horloge au paon du musée de l'Hermitage (Saint-Pétersbourg) est la seule horloge de grand volume à automates et complications mécaniques du XVIIIe siècle qui nous soit parvenue intacte et en état de fonctionnement à peu près originel (elle est régulièrement remontée pour des vistieurs). Les Russes peuvent l'admirer sur place depuis la fin du XVIIIe siècle. Il s'agit d'une horloge monumentale, dont les animaux (paon, coq, hibou, écureuil, etc.) s'animent quand les heures défilent ou sonnent, avec un affichage des ces heures et de ces minutes dans un champignon (heures glissantes : ci-contre) et avec une libellule pour rythmer les secondes (voir l'animation). Il ne s'agit donc pas d'oiseaux chanteurs, mais d'oiseaux sonneurs et bougeurs, qui donnent une impressionnante illusion de vie tout en nous régalant de musiques inconnues ! Daté de 1781 pour l'arrivée dans la capitale de l'empire russe, l'ensemble a été conçu par l'horloger britannique du XVIIIe siècle James Cox : mouvement huit jours, triple rouage (tous avec chaîne et fusée) pour l'horloge, la sonnerie de la répétition des quarts (huit petites cloches) et les mélodies musicales mécaniques (une sorte de macro-boîte à musiques, dont les mélodies restent encore un peu mystérieuses). On trouvera sur le site du musée différentes animations, dont une remarquable application pour smartphone, qui permet de tout faire fonctionner si on veut assister à un grand spectacle d'horlogerie mécanique enracinée. Ces multiples automates conjugués dans une horloge aussi monumental nous donnent une idée de ce qu'on pu être, à travers les histoires, les grandes réalisations du passé : on pense ici au fameux automate reconstitué sur la base de savoirs antiques par le calife Haroun el-Rachid à l'empereur Charlemagne, en 807 [un millénaire avant l'horloge paonesque des tsars russes]. Dans ses Annales Regum Francorum, Eginhard la décrit ainsi : « Haroun el-Rachid, le grand souverain oriental sur le trône de Bagdad, manifestait son admiration en lui envoyant de somptueux présents, des tentes luxueuses, gigantesques, de précieuses soieries, des baumes, des fards, des onguents, d'admirables pelleteries. On eût cru que l'Orient s'était vidé, pour remplir l'Occident. Des flambeaux colossaux en métal, et une horloge construite avec autant d`ingéniosité que d'art, où le mouvement des douze heures était dû à un mécanisme hydraulique, de petites boules de bronze tombant dans un récipient qu'elles faisaient résonner, chaque fois q'une heure était révolue. Douze cavaliers se tenaient derrière douze portes fermées, autant de portes s'ouvraient autant de cavaliers en sortaient que l`horloge sonnait de coups. Il y avait encore, dans le mécanisme de cette horloge, beaucoup d'autres merveilles dont la description nous prendrait trop de temps ». Dommage... 
▶▶▶ LES IN–10–CRÉTIONS DU JOURNotées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... ◉◉◉◉ JOAILLERIE RELIGIEUSE : au XIXe siècle, l'horlogerie suisse avait lancé la mode des montres dont le cadran reproduisait, en nano-caractères (disposés artistiquement avec les index), des prières ou des professions de foi. On y revient avec des lignes de bijouteries comme celles de Sarah Ha, qui propose des médaillons sertis et imprimés de nanosculptures qui reproduisent la Bible ou le Livre des Mormons : « Portez votre foi autour de votre cou ! ». Promesse : « Dans 10 000 ans, ce procédé de nano-impression restera toujours lisible ». On peut également graver sur ces bijoux des textes importants pour chaque personne... 
◉◉◉◉ AUDEMARS PIGUET : le précédent modèle de Royal Oak Concept remonte à 2002. Il était décliné en Alacrite 602 (lunette en titane), un alliage révolutionnaire de cobalt, de chrome et de tungstène. Gros succès de curiosité et belle carrière commerciale, qui avait incité Audemars Piguet à renouveler l'expérience dans différents matériaux (notamment le tourbillon-chronographe en carbone forgé de 2008 ou le tourbillon GMT en titane et céramique noire de 2011). L'édition 2014 (présentée au prochain SIHH) a choisi le titane (boîtier) et la céramique blanche (lunette, couronne et poussoirs), matériau qu'on retrouve sur le cadran, où le pont dessine une intrigante forme de sablier (ci-contre). Ce tourbillon mécanique (à 9 h) est doublé de l'affichage d'un second fuseau horaire (disque à 3 h), l'affichage des fonctions de la couronne étant affiché par un sélecteur à 6 h (exécution dans le même esprit que le sélecteur de fonctions cher à Richard Mille). Le style du design aux angles marqués cher à Gerald Genta a été préservé, ainsi que les huit vis octogonales de la lunette : quarante ans après la première Royal Oak, la fascination esthétique et mécanique ne se dément pas... ◉◉◉◉ ROLEX : selon Reuters, qui ne doit pas être loin de la vérité, pour le chronométrage officiel de la F1, Rolex paye à peu près trois fois plus cher que le géant de l'électronique sud-coréen LG. Il semblerait que LG payait à peu près 8 millions d'euros par an (soit 40 millions en cinq ans). Pour Rolex, Bernie Eccclestone, qui a le sens des affaires, a placé la barre à une vingtaine de millions d'euros par an (27 millions de dollars), soit une engagement proche des 200 millions d'euros pour les dix ans du contrat (de son côté, Business Montres avait chiffré ces droit annuels entre 25 et 30 millions de dollars). En revanche, Rolex a étendu ses droits sur la F1 (mise en avant du nom de la marque sur les écrans, pendant les retransmissions, et sur les circuits (au besoin en les rebaptisant) beaucoup plus loin que ne l'avait pas LG... 
◉◉◉◉ JULIEN COUDRAY : au salon Belles Montres (Carrousel du Louvre, ce week-end), ne manquez pas le stand de la marque Julien Coudray, qui dévoile de nouvelles montres décorées les techniques les plus rigoureusement traditionnelles des métiers d'art. Par exemple, la pièce ci-contre, à l'amusant squelettage anthropomorphe (cadran en or massif et émail grand feu, le tout gravé à la main). Une anecdote à propos de cette Humanoïd Face, inspirée par un masque aborigène australien, dont le nez phallique est assez suggestif. Touz ceux qui venaient de découvrir la montre ne pouvaient que le constater, mais une collaboratrice de Fabien Lamarche, l'animateur de Julien Coudray – qui n'avait sans doute pas perçu cette analogie – n'a pas manqué de faire remarquer à haute voix : « Vous ne trouvez pas que ça ressemble à Julien ? ». On n'a jamais compris de quoi elle parlait... ◉◉◉◉ LOUIS VUITTON : finalement, il va falloir que Louis Vuitton démonte sa malle géante, dont le monogramme troublait l'ordre public sur la place Rouge, à Moscou (Business Montres du 27 novembre). C'était l'écrin d'une exposition organisée par la marque, qui avait pris soin de faire figurer sur la malle trois bandeaux aux couleurs du drapeau russe. En plus, la bureaucratie ex-soviétique s'est aperçue que « l'installation de ce pavillon n'a pas été approuvée par l'administration ». Cette exposition Louis Vuitton était destinée à marquer les 120 ans du Goum, un des plus célèbres grands magasins de Moscou. Comme nous l'écrivions, il y a des insolences, des provocations et des arrogances qui ne passent plus, même en Russie. Louis Vuitton a été prié de démonter rapidement son installation. Une question : si Louis Vuitton installait une telle malle (9 m de haut, 30 m de large) sur la place de la Concorde, avec toutes les installations nécessaires, une mobilisation de l'opinion suffirait-elle à faire plier la marque pour qu'elle remballe son logo ? 
◉◉◉◉ SKI-HEURE : amusante création des Italiens de Itanano (Alessandro Baldieri) pour l'Ecole de ski français (ESF), dont ce sera la « montre officielle ». Boîtier en polyfibre (49 mm), bracelet en silicone, lunette en aluminium, éclairage LED par poussoir et mouvement Miyota, le tout étanche à 100 m au prix public de 175 euros (achat en ligne sur le site de la marque). Explication de texte pour cette Albatross Grande (nom de baptême officiel : ci-dessous) : « Fidèle à ses valeurs de qualité et de dépassement de soi, le fondateur de la marque Alessandro Baldieri a mis en pratique son enthousiasme pour travailler les matériaux futuristes afin d’accompagner les performances de chacun, qu’elles soient quotidiennes, ou exceptionnelles ». On peut trouver à cette montre de l'ESF un petit air de ressemblance avec la Rolex Yacht-Master 2 (ci-contre), mais ce doit être une coïncidence fortuite ! Ce qui prouve que les grands esprits se rencontrent et que, pour le légendaire « planté du bâton » [révisez vos classiques avec Les Bronzés font du ski], il faut absolument une montre de ski-heure... 
◉◉◉◉ LOUIS PION : intégré au groupe Galeries Lafayette, le leader français de l'horlogerie (156 enseignes Louis Pion, 18 boutiques Royal Quartz) réalise un peu moins de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, avec 1,5 million de montres distribuées tous les ans pour un prix moyen de 130 euros. Une bonne moitié de ce chiffre d'affaires est assurée par des montres à moins de 3 000 euros. Le site de e-commerce de Louis Pion devrait être le premier site français de vente d'horlogerie en ligne. Créneau le plus dynamique dans les prévisions de vente du groupe : le segment « intermédiaire » (750 à 3 000 euros, soit du luxe accessible), à présent délaissé par les « grandes » marques suisses qui ont augmenté leurs prix jusqu'à les doubler en dix ans – ce qui libère de la place pour des intervenants raisonnables comme Frederique Constant ou Oris, voire Burberry pour les vraies montres de mode... 
◉◉◉◉ TIM DEFLEUR : ce n'est pas la première « horloge à prendre des notes » (animation sous le sommaire, en haut de la page), mais la Little Note Clock de Tim Defleur est une des plus charmantes par sa simplicité et par sa modularité. Un cadran auto-effaçant qui sert de tableau (blanc), des aiguilles qui donnent l'heure, un crayon pour écrire sur le cadran et une gomme pour effacer. La personnalisation est instantanée, soit pour créer un agenda visuel, soit pour laisser des messages à son entourage, soit pour exercer sa créativité... ◉◉◉◉ ICE-WATCH CONTRE SWATCH : journée décisive aujourd'hui, avec la décision très attendue des juges du Tribunal fédéral suisse à propos de l'« accord de coexistence » signée voici quelques années entre Nicolas Hayek (Swatch Group) et Jean-Pierre Lutgen (le fondateur d'Ice-Watch). Accord que Nick Hayek, le fils et successeur de Nicolas Hayek, veut dénoncer maintenant que Ice-Watch (4,5 millions de montres par an) a doublé Swatch (en volume de montres vendues) sur à peu près tous les marchés où les deux marques sont en compétitions. L'enjeu est également décisif pour le Swatch Group, qui se trouve menacé par l'irruption des smartwatches sur le marché [en interne, ça commence à frissonner d'angoisse] et qui a tout misé sur le marché chinois, en y bloquant judiciairement le dépôt de la marque Ice-Watch : une décision des juges suisses favorable à Ice-Watch permettra à la marque belge d'attaquer cet immense marché, où les seules Ice-Watch disponibles sont aujourd'hui des contrefaçons [effet pervers du blocage effectué par le Swatch Group : l'encouragement des faussaires !]. Commentaires de cette décision dès demain dans le nouveau « 360° du Vendredi » de Business Montres... ◉◉◉◉ ELMAR MOCK : ne pas manquer les confidences du co-créateur de la Swatch, aujourd'hui reconverti dans la créativité multi-produits à plein régime. Deux séquences à la télévision suisse, au cours d'une soirée consacrée à l'innovation : chapitre 1 et chapitre 2. Trente ans après la première Swatch, on peut recommencer l'aventure de la disruption totale sur le marché horloger – et on aura besoin de savoir/pouvoir le faire dans les années à venir. Dommage que les horlogers suisses aient oublié qu'ils avaient su/pu le faire pour sauver leur peau [sans allusion au scandale anthropodermique du jour]... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...