COCORICOUAC (accès libre)
La montre plus qu'assez vaguement tricolore du président Macron
Une marque française au poignet, c’est toujours plus digne qu’une montre suisse pour un président de la République française. Sauf que cette montre supposée « française » est une excellente illustration de toutes les contradictions d’un « Made in France » horloger plus troué qu’une passoire – et même franchement bidon…
Ce sont nos copains américains d’Hodinkee qui ont attiré notre attention sur la montre du président de la République : il s’agirait d’une Merci LMM-01, une montre mécanique annoncée comme « française », mais pas vraiment « Made in France », ni non plus clairement « Swiss Made » alors qu’elle revendique cette qualité. Si le mouvement annoncé semble effectivement suisse [un ETA 2801-2 dont il faudrait encore vérifier qu’il ne s’agit pas d’un clone quelconque : ci-dessous, image Le Point], il est plus probable que la montre n’ait rien de très européen, à part l’adresse parisienne gravée sur le fond du boîtier et l’atelier d’emboîtage en Suisse. L’esthétique est plutôt sympathique, quoique sans originalité particulière, et le prix relativement élevé pour une montre de ce style – 399 euros, ce qui est raisonnable pour l’image « démocratique » d’un président de la République qui ne porte plus sa montre Cartier que pendant ses déplacements à l’étranger [il se dit que cette LMM-01 est un cadeau d’anniversaire pour les 40 ans du président, mais, là encore, on a des doutes]…
Alors, « française » cette montre mécanique ? On a plus que des doutes pour cette LMM-01, dont les initiales cachent « La Montre Merci », Merci étant une sorte de concept store multimarques parisien, situé boulevard Beaumarchais, à l’orée du Marais. On a même de sérieuses raisons de penser que la montre est très asiatique [il en existe une version à quartz, un peu moins coûteuse], à part sans doute son design français – plutôt réussi pour un modeste boîtier de 37,5 mm de diamètre – et son stockage quelque part dans Paris. On repassera donc pour le coup de pouce présidentiel à la filière horlogère française que tout le monde espérait, surtout au moment où les jeunes créateurs français lancent marque sur marque. Et on en profitera pour déplorer qu’une montre puisse se faire passer comme française sans l’être, avec le plus grand nombre de ses composants (boîte, cadran et bracelet Perlon compris) importés de Chine en Suisse ! On est au cœur de l’ambigüité des labels « européens » qui ont perdu toute signification et toute légitimité. Comme souvent avec Emmanuel Macron, on se contente de l’effet d’annonce et du « coup d’image », sans que les faits collent jamais vraiment au discours…