L'APPLE WATCH PROHIBÉE EN SUISSE ? (accès libre) Pourquoi le marché suisse était tellement important pour Apple et comment cette prohibition pourrait être contournée...
Après tout, la fameuse Apple Watch peut ne pas être considérée comme une montre (classe 14), mais comme un terminal de poignet (classe 9 ou classe 38). Auquel cas Apple pourrait débarquer en Suisse beaucoup plus tôt que prévu et en toute impunité ! ▶▶▶ PAS D'APPLE WATCH SUR LE MARCHÉ SUISSELe vrai enjeu du marché suisse,ce ne sont pas du tout les
Après tout, la fameuse Apple Watch peut ne pas être considérée comme une montre (classe 14), mais comme un terminal de poignet (classe 9 ou classe 38). Auquel cas Apple pourrait débarquer en Suisse beaucoup plus tôt que prévu et en toute impunité !
▶▶▶ PAS D'APPLE WATCH SUR LE MARCHÉ SUISSELe vrai enjeu du marché suisse,ce ne sont pas du tout les geeks suisses,ce sont ses 500 000 touristes chinois par an,tous particulièrement voraces en montres... 
◉◉◉◉ NOS RÉVÉLATIONS SUR LA PROHIBITION EN SUISSE de l'Apple Watch (Business Montres du 2 avril) ont vraiment mis le feu aux poudres, avec une reprise immédiate par la RTS (notre intervention de jeudi soir) et par différents médias, en dépit de l'assoupissement de l'actualité en veille de week-end de Pâques. Citons, en vrac, de nombreux sites Internet de référence (MacPlus, iGen, Webzeen ou ZDNet, qui a eu la bonne idée de publier une carte de survie pour les Suisses privés d'Apple Watch, ci-dessus), mais aussi Le Figaro, le Huffington Post, Tribune de Genève, MetroNews, 24 Heures (Suisse), PresseCitron, Le Temps [qui met bizarrement l'information au conditionnel, alors que nous avions publié le document officiel de l'administration fédérale : les fins limiers du Temps attendaient sans doute une dépêche de l'AFP !] ou des blogs de mode comme GQ ou Vanity Fair. Pour l'instant, très peu de sites anglo-saxons ont relevé cette incroyable information – et encore moins de sites horlogers... Cherchez l'erreur ! 
◉◉◉◉ SI TOUT LE MONDE S'ACCORDE À PENSER que cette prohibition de l'Apple Watch dans le réduit alpin n'est guère qu'un épiphénomène transitoire dans la fantastique bataille du poignet qui s'annonce et dans la stratégie de conquête d'Apple, il faut bien se garder de penser qu'il n'y avait pas d'enjeu commercial derrière cette entrée avortée sur le marché suisse. Erreur tragique : il y en avait un, des plus importants ! En consultant le site suisse d'Apple, on remarque d'abord que, contrairement à ce qui est annoncé sur le site d'Apple France, la disponibilité de l'Apple Watch n'est annoncée en Suisse que pour 2015, sans indication supplémentaire, alors qu'elle est précisée pour le 24 avril en France (ci-contre). 2015 ? La marque à la pomme aurait-elle une petite idée derrière la tête ? 
◉◉◉◉ SI TOUT LE MONDE S'ACCORDE À PENSER que, en marge du magnifique storytelling qu'aurait constitué la mise en scène du succès de l'Apple Watch au pays des plus belles montres [de quoi valider aux yeux du monde entier les prétentions d'Apple à devenir un vrai horloger], il existe aussi d'énormes intérêts commerciaux en termes de chiffre d'affaires : non pas celui que génèreraient les milliers de Suisses qui voudraient acheter une Apple Watch, mais celui que créerait les centaines de milliers de touriste chinois (environ 500 000 par an) qui dépensent en moyenne 1 500 CHF en montres et qui auraient donc acheter dans les Apple Stores de la Confédération des centaines de milliers d'Apple Watch détaxées et infiniment moins chères que sur les marchés de la Grande Chine. On connaît l'engouement des Chinois(es) pour la marque Apple et leur suréquipement en iPhone. Business Montres a également expliqué, dans différents articles précédents, à quel point Apple avait décidé de mettre en place, en Chine, l'immense écosystème d'objets connectés qui sera le terreau fertile où ancrer la croissance fulgurante de l'Apple Watch et la consolidation rapide de parts de marché estimées à au moins la moitié du parc des smartwatches en 2015. 
◉◉◉◉ EN PLUS DE LA PERSPECTIVE DE TOUCHER DIRECTEMENT une cible captive d'un demi-million de touristes chinois de passage en Suisse (principalement pour y acheter des montres), Apple pourrait se décider à intervenir plus tôt que prévu sur le marché suisse. On ne renonce pas facilement à un marché potentiel de 200 000 à 300 000 Apple Watch vendues dans les douze prochains mois ! Comment intervenir légalement sur ce marché et l'ouvrir aux montres Apple ? Soit, bien entendu, en trouvant un accord – qu'on présume hautement confidentiel, comme pour l'affaire de la contrefaçon du cadran des montres Mondaine – avec William Leong, qui vit actuellement son quart d'heure warholien international [celui d'une éphémère célébrité mondiale] et qui pourrait succomber à la perspective de faire la meilleure bonne affaire de sa vie (ci-contre). Dans cette famille d'horlogers singapouriens (il est le représentant de la troisième génération, son grand-père ayant commencer par réparer des montres dans un petit comptoir), jamais on n'aura fait un aussi bel investissement que ce dépôt de marque visionnaire, en 1985. ◉◉◉◉ MAIS IL EXISTE UNE AUTRE HYPOTHÈSE DE TRAVAIL, en attendant la renégociation du dépôt en Suisse de la marque « apple » pour l'horlogeerie et du logo à la pomme dans un contexte horloger, en décembre prochain... Si Apple ne possède pas les droits pour exploiter une montre Apple avec un logo à la pomme, qui est aujourd'hui en mesure d'affirmer que l'Apple Watch est une montre ? Les douanes suisses sont incapables de le préciser, de même que les douaniers européens, qui ne décideront pas avant cet été si les montres connectées en général – et celles d'Apple en particulier – relèvent de la catégorie montres ou de la catégorie électronique (voir le flou dans le document de l'Institut fédéral de la propriété intellectuelle). C'est important pour leurs statistiques d'import-export, mais c'est une question à plusieurs millions d'euros; de dollars ou de francs suisses pour Apple : en termes de propriété intellectuelle, la classe 14 concerne l'horlogerie et les instruments chronométriques, sans faire la moindre mention d'accessoires électroniques pour lesquels on pourrait prétendre que la fonction d'affichage du temps est secondaire. Sauf que, précisément, Apple a tout fait, depuis des mois, pour persuader ses futurs clients que l'Apple Watch était un vraie montre – et même une super-montre, capable de s'approprier le temps de mille et une façons. Il n'en reste pas moins que la qualification – ou non – de l'Apple Watch en classe 14 peut tout changer : les avocats spécialistes de la propriété intellectuelle préparent déjà leurs plaidoiries et elles seront homériques... 
◉◉◉◉ ON LE VOIT : L'AFFAIRE APPLE vs APPLE, la pomme contre la pomme (ci-dessus, celle de William Leong), ne fait que commencer, dans les médias comme bientôt devant les tribunaux. Bien sûr, une bienfaisante ondée de billets verts pourrait tout calmer, mais William Leong, qui n'a rien à perdre dans cette partie de go et qui fait déjà l'admiration de tous les tycoons chinois pour avoir fait perdre la face à une marque comme Apple, pourrait faire durer le supplice des Californiens. Pas plus qu'Apple, il ne consent à commenter la situation, même si nous savons qu'elle l'amuse beaucoup : à Baselworld, il en riait avec tous ses copains de l'horlogerie. En attendant, il a évité aux Suisses une tragique humiliation à domicile et il leur a même fait « gagner de la face » en retardant la confrontation avec l'Apple Watch jusque dans le coeur du réduit alpin. Les horlogers helvétiques devraient lui en être reconnaissants : et si une souscription collective de toutes les marques rachetait à William Leong cette marque et ce logo, histoire de ne pas permettre au renard californien de pénétrer dans le poulailler suisse ? ◉◉◉◉ Tiens, comme par hasard, ça tombe bien : voici que l'Apple Watch nous vante, sur le site d'Apple, les phases de lune et le décalage horaire avec Singapour (ci-dessous)... 
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