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LE SNIPER DU LUNDI (accès libre)
Les enfumages des responsables de l’horlogerie ne sont pas innocents du KO technique encaissé par les marques

Même si on vous propose un nouveau jeu-test et une bande-son pour vous aider à vous déconfiner mentalement, une nouvelle question se pose : et si les montres-bracelets étaient des foyers ambulants de contamination virale ? Dans un contexte obsédant de prophylaxie sanitaire, même avec des interactions sociales à deux mètres de distance, la montre portée à même la peau pourrait bien être un cheval de Troie viral d’autant plus sournois qu’il est strictement personnel et apparemment innocent. D’après vous, pourquoi le fameux professeur Raoult porte-t-il une Swatch ?


LES CHEFS SONT LÀ 

POUR « CHEFFER », 

PAS POUR ENFUMER (éditorial)

Pour quelques rares lecteurs (l’article ayant plutôt été très bien reçu et même applaudi), il se pourrait que nous n’ayons pas été très… gentils avec notre sympathique ami Jean-Daniel Pasche, le président de la FH suisse (Business Montres du 27 mars). On nous jure qu’il ne méritait ni cet excès d’honneur, ni cette indignité (pour reprendre l’expression de Racine dans Britannicus). On nous explique qu’il n’a fait que son devoir – qui n’est pas de traumatiser l’opinion publique horlogère par des propos qui seraient désavantageusement alarmistes. Précisons plusieurs choses à ce sujet. D’une part, le choix de nos « cibles » et de leur traitement ne relève que de notre responsabilité éditoriale – et nous assumons ! C’est une question de conjoncture et de pertinence : en plein confinement, avec une horlogerie presque totalement en panne et des trésoreries asséchées, il vaudrait mieux que la nomenklatura horlogère – ces bureaucrates qui ne craignent pas directement pour leur salaire à la fin du mois – ne profère pas publiquement trop d’âneries…

D’autre part, nous voulons bien reconnaître que le malheureux Jean-Daniel Pasche fait ce qu’il peut – mais le problème est qu’il peut peu, ce gentil pépé de l’ancien monde. Il aura fallu attendre le 26 mars et la seconde semaine de confinement pour qu’il intervienne, en tant que président de la FH, au nom des 450 entreprises et associations horlogères dont il est le représentant. Il est permis d’estimer que 425 de ces entreprises et associations sont d’ores et déjà en difficulté, ce qui aurait dû inciter le président de la FH à reconnaître que l’horlogerie traversait une très mauvaise passe, bien plus destructrice que la crise de 2008, avec une menace d’effondrement au moins aussi dangereuse à celle de la crise du quartz et des perspectives économiques largement plus désastreuses que celle de la crise de 1929. Au lieu de quoi, notre impayable « édredon exterminateur » s’est contenté d’égrener des chiffres relativement rassurants, sans le moindre rapport avec les réalités du marché et des pourcentages totalement dénués de signification [11 % de baisse des volumes et 9 % de moins pour leur valeur : ce qui est proprement désinformateur pour ceux qui y croiraient].

De tels propos lénifiants et même anesthésiants ne sont pas anodins : ils peuvent même se révéler ravageurs tant ils découragent, par le signal faussé qu’ils envoient, les meilleures bonnes volontés [« Après tout, diront les uns, ce n’est pas si grave ! »] et tant ils démobilisent des énergies qu’il faudrait au contraire réunir et muscler pour trouver une porte de sortie à cette crise [« On finira bien par s’en tirer », diront les autres].

• C’est en niant les effets horlogers meurtriers de la crise de 2008 – qu’il a toujours niée, sauf cinq ans après ! – que le patron de la FH a pu dissuader les uns ou les autres d’en tirer les leçons qui s’imposaient.

• C’est en niant l’impact horloger de la lutte contre les « montres de corruption » menée en Chine, dès 2012, par Xi Jinping, que le patron de la FH a incité les horlogers à ne rien changer à leurs mauvaises habitudes, ce qui a nourri la crise du milieu des années 2010…

• C’est en niant le tsunami horloger que représentait, dès 2015, l’arrivée sur le marché des montres connectées [considérées comme d’éphémères « gadgets électroniques » en aucun cas concurrents des montres suisses] que le patron de la FH a fait rater à tout le monde le train de la carpo-révolution, en laissant ces montres connectées déloger des poignets les montres suisses d’entrée ou de milieu de gamme. Il n’était pas tout seul à nier cette évidence, mais il était responsable de son troupeau…

• C’est en niant tout danger horloger [ou en ne signalant pas la moindre inquiétude] du côté de la fuite en avant vers le luxe, vers la polarisation excessive sur une poignée de marques, vers la sinodépendance ou vers un niveau hallucinant de stocks [soit un convergence des catastrophes précédentes] que le patron de la FH a refusé de voir, dès l’été 2019, qu’il y avait un vrai problème global pour la branche horlogère et qu’il a pu estimer, à la mi-février 2020, en pleine chronapocalypse, que l’horlogerie suisse vivait un « très bon début d’année »…

Les chefs sont là pour cheffer, pas pour nous bercer et encore moins pour nous enfumer ! Ils sont là pour agir au nom de ceux qu’ils représentent, et non pour subir les aléas de la conjoncture : attendre le 26 mars pour intervenir, alors que l’effondrement était palpable dès la fin janvier [avec une première alerte à la débandade dans Business Montres dès le 21 janvier, deux jours avant la mise en état de siège de Wuhan], c’est avoir deux mois de retard sur l’actualité. Une telle myopie paralysante est impardonnable. Combien d’entreprises ont-elles été sacrifiées par l’absence de signaux d’alarme émis par la FH suisse, qui se réveille alors que la crise économique est déjà consommée ? Combien d’emplois horlogers ont-ils été détruits faute d’initiatives du président de la FH – ne serait-ce qu’au nom d’un élémentaire principe de précaution ? Combien d’années faudra-t-il à l’horlogerie suisse pour qu’elle se remette de cette chronapocalypse, si elle continue à faire confiance à ceux qui l’ont laissée se précipiter dans le mur sans le moindre murmure ? Ceux-là même qui niaient obstinément, jusqu’à ces dernières semaines, toute trace du moindre indice de crise horlogère : « Il est encore trop tôt pour s’alarmer », nous répétait toujours Jean-Daniel Pasche le 19 février. Au fait, on aimerait bien savoir précisément quelles mesures spécifiques d’aides économiques pour l’horlogerie le président de la FH a bien pu demander à la Confédération : il y a des silences sidérants par les temps de chronapocalypse que nous vivons…

Certes, une industrie a les élites qu’elle mérite – et on devrait se poser des questions sur nos mérites respectifs ! Laissons donc les « responsables » du désastre en cours prendre leurs responsabilités dans l’inertie flagrante de la branche horlogère face aux causes de son effondrement : le feront-ils ? Que ceux qui fredonnaient depuis des années « Tout va très bien, Madame la Marquise » acceptent cette fois de voir les ruines calcinées de leur château et de leurs écuries ! Le moins que la direction de la FH pourrait faire serait de remettre son mandat en jeu pour s’en remettre à la confiance de ses mandants : le fera-t-elle ? Il serait aussi intéressant de convoquer, dès la sortie du confinement, une assemblée générale de la FH, sachant que les responsables du problème ne sauraient décemment être les artisans de la solution. Pour sauver la face, Jean-Daniel Pasche ferait un excellent président d’honneur de la FH. On vous laisse réfléchir là-dessus…

❑❑❑❑ À NOS AMIS LECTEURS

Alors que l’horlogerie est au point mort, avec ses manufactures et ses ateliers fermés ou très ralentis, nous profitons de cette chronapocalypse pour proposer un supplément de pages en accès libre. C’est notre contribution à l’« effort de guerre » de toute la communauté horlogère, pour la soutenir dans les difficultés qu’elle affronte et qui ne font que commencer.

Nos lecteurs, anciens et surtout nouveaux , pourront ainsi mieux profiter des loisirs que leur offre le confinement. À vous, en retour, de nous soutenir par un geste simple et très efficace : vous abonner (moins de 70 centimes par jour) pour bénéficier tranquillement de toutes nos informations, de toutes nos chroniques et de toutes nos analyses.

Nous comptons sur vous comme vous pouvez compter sur nous  pour ne pas vous abandonner dans cette crise aux conséquences incalculables…

LES BONNES, MOINS BONNES

ET AUTRES NOUVELLES DU JOUR,

EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ

❑❑❑❑ LA BANDE-SON DU JOUR : repartons vers les années 1930 – années de crise économique majeure – pour retrouver un classique de l’optimisme de 1936, Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine, avec Ray Ventura et ses Collégiens. Dédié à tous les confinés qui auraient tendance à se plaindre : « Nous avons plutôt tendance / À prendre la vie tristement / Et dans bien des circonstances / On s'affole inutilement / Quelle que soit notre malchance / Dites-vous que ce n'est rien / Tout ça n'a pas d'importance / Car si l'on réfléchit bien… / Ça vaut mieux… Etc. ». En attendant, nul ne sait ce qu’en pense le « zouave au pont de l’Alma » dont il est question ! Rappelons que Business Montres a décidé de créer une play-list optimiste et nostalgique pour aider tout le monde à se déconfiner mentalement…

❑❑❑❑ LA SWATCH DU JOUR : ce sera même la montre du confinement ! C’est celle que porte en permanence le professeur marseillais Didier Raoult, l’homme par qui le scandale pharmaco-politique arrive, la forte tête qui tient tête à l’établissement médical parisien et qui devient le symbole d’un certain… populisme sanitaire. On le savait biker en Harley-Davidson : on le découvre Robin de Bois en blouse blanche. Le non-conformisme de sa Swatch complète le portrait et nous donne d’ailleurs un indication sur le problème que peuvent poser nos montres (ci-dessous)…

❑❑❑❑ LA CONDAMNATION DU JOUR : on l’a entendu ici et là sur les plateaux de télévision où défilent des centaines d’experts auto-proclamés en virologie et en épidémiologie. Il pourrait y avoir un problème avec nos montre, qu’elles soient métalliques ou même [mais dans une moindre mesure] en plastique comme la Swatch du professeur Raoult : collées à nos poignets par un bracelet d’une matière plus ou moins perméable, ces montres sont des… nids à virus, à moins de les laver (bracelet compris) quand on se lave les mains plusieurs fois par jour et quand on se les désinfecte à la même cadence avec des produits relativement agressifs [pour le cuir, ce sera une condamnation à mort à brève échéance]. Foyer d’infection porté à même la peau, la montre est un refuge pour le virus entre deux désinfections des mains, donc une source supplémentaire de contamination – le pire étant de l’enlever avant de se laver les mains, puis de la remettre sans l’avoir désinfectée. Que faire ? C’est là que les montres en plastique relativement bon marché – de type Ice-Watch ou Swatch, voire quelques boîtiers en matériau synthétique recyclé – reprennent l’avantage sur les montres traditionnelles : on les désinfecte plus facile et on les abandonne sans regret quand le plastique a trop souffert de ces mesures prophylactiques. Non content de mettre au tapis l’économie des montres, cette cochonnerie de virus va finir par condamner la montre elle-même pour des raisons sanitaires…

❑❑❑❑ LA SÉANCE DE RATTRAPAGE DU JOUR : Alors que le confinement se prolonge, Business Montres allonge la foulée pour suivre l’actualité horlogère. Cette année 2020 et la décade qui suivra seront décisives pour l’histoire des montres, peut-être de façon tragique, mais aussi de façon plus positive. Dans notre « zéro bullshit zone », nos lecteurs étaient en première ligne pour mieux comprendre ce qui se passe. Voici, comme tous les week-ends, tout ce qui a compté pour la communauté horlogère, au cours de cette semaine, à propos des hommes, des montres et des marques. Des actualités publiées pour que chacun puisse mieux tirer son épingle du jeu sur le tapis vert de l’économie des montres (compilation Business Montres du 29 mars)…

❑❑❑❑ LE JEU-TEST DU JOUR : la bande-son ne suffisant pas à certains de nos lecteurs, ils aimeraient avoir tous les jours quelques questions comme celles que propose, une fois par semaine, notre jeu-test Horlomania (voir, ci-dessous, les bonnes réponses à l’épisode du dernier week-end). Nous reprenons donc trois des questions d’un de nos précédents « Tour des montres en 80 tests » – les bonnes réponses demain ! Histoire de garder le moral sans trop se prendre au sérieux, nous avons choisi trois « colles » parodiques de notre « quizz qui tue » (spécial nuls, « blondes » et autres influenceurs horlogers : Business Montres du 28 juillet 2018)…

D’utilisation très contemporaine et d’esprit très tendance, le bracelet « Nato » est très prisé des amateurs. Il tire son nom… A) des couleurs d’un reptile indonésien, le nato, dont les rayures sont reprises sur ces bracelets ; B) de l’usine Nato dans le Tessin suisse, où ces bracelets ont été initialement fabriqués à partir de bouteilles en plastique recyclées ; C) de l’acronyme anglais NATO (North Atlantic Treaty Organization, OTAN en français), force militaire où ces bracelets colorés étaient réglementaires pour les montres en dotation…

Pour fonctionner correctement et avec la précision requise, une montre à quartz (mouvement électronique) doit être remontée grâce à sa couronne de remontoir… D) au moins une fois par semaine ; E) au moins une fois par an (généralement le premier mars) ; F) jamais, tant que l’énergie de la pile n’est pas épuisée…

Quand on parle de l’étanchéité à 300 m d’une montre, cela signifie que cette montre est étanche à… G) 300 m de l’endroit où on a pied sur la plage ; H) 300 m d'altitude à partir de la boutique horlogère la plus proche ; I) 300 m de profondeur parce qu’il ne faut jamais désespérer d’un palmage énergique…

❑❑❑❑ LES BONNES RÉPONSES DU JOUR : étiez-vous aussi forts que vous le pensiez à propos de la manufacture Tissot ? Les bonnes réponses à notre soixante-troisième séquence Horlomania pour les nuls #63 (Business Montres du 29 mars) étaient : A 63 : Astrolon •••• B 63 : Navigator •••• C 63 : Le pilote belge Jacky Ickx •••• D 63 : Un système d’exploitation baptisé SwALPS (Swiss Autonomous Low Power System) et développé en Suisse par le CSEM (Centre suisse d’électronique et de microtechnique) •••• E 63 : Des principaux autres grands tours cyclistes (Vuelta en Espagne, Giro en Italie, Tour de Suisse, etc.) ••••

❑❑❑❑ LA CITATION DU JOUR : « Je crois à un défaut d'intelligence, à un manque de réflexion doublé d'une suffisance abyssale de la part de ceux qui nous gouvernent et qui ont l'habitude de ne pas penser, de ne plus penser, tout au projet qui est le leur de faire fonctionner la machine libérale à plein régime, le peuple dût-il disparaître et avec lui l'État, la nation, la République. » (Michel Onfray). Une flèche bien ajustée, qui n’est pas destinée à l’horlogerie, mais elle pourrait…

❑❑❑❑ LE DESSIN DU JOUR : « Je crois que c’est fichu pour la fin mars, Milou ! Cet affreux virus chinois est encore autour de nous. Il va falloir qu’on se reconfine pour un bon mois » (séquence « Sérieux, s’abstenir » : Business Montres du 28 mars). Tintin s’en doutait la semaine dernière et il s’était préparé à se cacher à nouveau dans sa jarre : on prend les paris pour la fin avril ?


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