L'ÉTÉ DES MONTRES #5 (accès libre) : Eh non, on ne peut pas jouer impunément avec les affects (Jane ne veut plus que les sacs Hermès soient des Birkin)
Pour avoir opposé un silence méprisant aux questions qu'on pouvait se poser sur l'abattage sadique et l'élevage cruellement concentrationnaire des alligators dans les « fermes » qui alimentent ses ateliers en peaux exotiques, la maison Hermès est à présent sanctionnée par la défection de sa principale « icône »... ▶▶▶ BIRKIN CONTRE HERMÈSJane Birkin s'invite dans le débat,en posant un …
Pour avoir opposé un silence méprisant aux questions qu'on pouvait se poser sur l'abattage sadique et l'élevage cruellement concentrationnaire des alligators dans les « fermes » qui alimentent ses ateliers en peaux exotiques, la maison Hermès est à présent sanctionnée par la défection de sa principale « icône »...
▶▶▶ BIRKIN CONTRE HERMÈSJane Birkin s'invite dans le débat,en posant un problème de conscience à propos de ces sacs à main ostentatoires... ◉◉◉◉ C'EST QUAND MÊME BIZARRE : la presse mainstream – les news magazine, les revues de mode et, bien sûr, les titres horlogers sous perfusion publicitaire – n'avait rien dit de la campagne lancée par la PETA à propos des « Birkin de la honte ». Une expression lancée par Business Montres, le 1er juillet dernier, avec un rappel sur les conséquences de cette campagne d'opinion le 2 juillet (« Pourquoi il ne faut pas la prendre à la légère ») et un avertissement sur le « cauchemar reptilien d'Hermès » le 3 juillet, puis quelques annexes, comme notre chronique dans le Huffington Post le 8 juillet). Pas un mot – pas un seul ! – dans les grands médias francophones : l'équipe de communication de crise d'Hermès avait bien verrouillé le débat (même si la vidéo qui servait de détonateur à la campagne était accablante : à revoir sur Business Montres Vision, ci-dessous). Circulez, il n'y a rien à voir : sous les pressions d'un grand annonceur comme Hermès, les rares sujets proposés par les journalistes courageux (si, si, ça existe !) sont partis à la poubelle... 
◉◉◉◉ ET VOICI QUE LA POLÉMIQUE SE RALLUME : plus question de circuler, parce que ce qui devait arriver est arrivé et qu'il y a quelque chose à voir ! Jane Birkin ne veut plus que son nom soit associé au scandale de ces fermes d'élevage et demande à Hermès de débaptiser ce sac à main mythique de la marque (source : Le Figaro, Le Monde, L'Express et tous les autres perroquets). Mieux vaut tard que jamais : « Ayant été alertée par les pratiques cruelles réservées aux crocodiles au cours de leur abattage pour la production des sacs Hermès portant mon nom (...) j'ai demandé à la Maison Hermès de débaptiser le Birkin Crocojusqu'à ce que de meilleures pratiques répondant aux normes internationales puissent être mises en place pour la fabrication de ce sac », explique Mlle Birkin dans un communiqué. ◉◉◉◉ ON EN DÉDUIRA QUE, DANS UNE SOCIÉTÉ OBSÉDÉE PAR LA TRANSPARENCE MÉDIATIQUE, on peut bloquer une information pendant un certain temps, mais pas toutes les informations tout le temps. La digue vient de craquer : merci, Jane ! Retour brutal de manivelle pour Hermès, qui peut sans ruiner ses ventes cesser d'appeler ce sac « Birkin » (dénomination usuelle mais non réglementaire pour une pièce imaginée lors d'une rencontre fortuite entre Jane Birkin et Jean-Louis Dumas, dans un avion, au début des années 1980. Les records de vente n'en continueront pas moins à propulser Hermès vers les sommets du luxe, alors que les enchères ne cesseront pas de monter pour ce sac. Cette intervention de Jane Birkin dans le débat n'est donc pas un souci économique : c'est juste une question de société qui est posée – celle des souffrances inutilement infligées aux animaux par des humains en quête d'ostentation – et un problème d'éthique qui ne peut que tarauder la conscience de toutes les femmes qui rêvent d'un Birkin. ◉◉◉◉ AVEC LA PRESSE MAINSTREAM QUI ENTRE DANS LA DANSE, Hermès va avoir du mal à pratiquer plus longtemps la politique de l'autruche, en promettant des sanctions si des manquements étaient constatés dans les fermes à crocodiles. Sauf que les manquements en question sont avérés [le film est accablant] et que le problème est ailleurs, avec une interrogation lancinante sur la souffrance animale infligées à des êtres vivants à des fins purement ostentatoires et statutaires, pour créer des simples hochets de vanité... L'omerta des successeurs de Jean-Louis Dumas nous oblige à nous demander ce que ce dernier – être sensible, intelligent et cultivé s'il en était – aurait fait dans le cas d'une telle polémique : nous ne répondrons pas à sa place, mais il est certain qu'il n'aurait pas laissé faire... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...