L'ÉTÉ DES MONTRES #6 : Mais que se passe-t-il chez Fabergé, qui expérimente sa première partie de chaises musicales ?
Le 31 / 07 / 2015 à 07:42 Par Le sniper de Business Montres - 1362 mots
Départ inattendu de Robert Benvenuto, qui avait remis Fabergé sur ses rails, avec une partie de son équipe horlogère. De quoi inquiéter tous ceux qui avaient cru à la relance durable de Fabergé en mode Swiss Made, alors que la marque n'en n'était pas à son premier essai (malheureux) de renaissance...
▶▶▶ FABERGÉ 2015Quand les actionnaire comprennent tardivementque …
Départ inattendu de Robert Benvenuto, qui avait remis Fabergé sur ses rails, avec une partie de son équipe horlogère. De quoi inquiéter tous ceux qui avaient cru à la relance durable de Fabergé en mode Swiss Made, alors que la marque n'en n'était pas à son premier essai (malheureux) de renaissance...
▶▶▶ FABERGÉ 2015Quand les actionnaire comprennent tardivementque l'horlogerie suisse ressemble parfois au tonneau des Danaïdes... ◉◉◉◉ ROBERT BENVENUTO N'AIME RIEN TANT QUE DE RÉVEILLER les Belles au Bois dormant. Sa spécialité : l'accélération de la croissance, là où personne n'avait plus le moindre espoir de relance. Il a pour cela des idées simples – mais efficaces – pour travailler, conjointement, le produit, le marketing, la distribution et la constitution d'un e équipe. C'est ainsi qu'il avait pu nous épater, à Baselworld, pour avoir (re)mis sur pied, dans une dynamique positive et avec une posture conquérante, la vieille maison Fabergé, propriété d'un consortium minier qui ne savait visiblement plus quoi en faire. C'est ainsi que nous avons tous pu nous extasier sur les créations 2015, à commencer par les lecteurs de Business Montres (18 mars), qui ont la primeur d'un certain nombre de révélations sur le « paon » mécanique et haut joaillier développé avec Jean-Marc Wiederrecht. C'est ainsi que nous avions commencé à y croire [en dépit de quelques critiques mineures] : sur le papier, son modèle économique tenait la route (en dépit de ses ambitions élevées) et la montée en puissance de sa croissance paraissait maîtrisée (en dépit des contraintes de trésorerie). De passage à Baselworld, ses actionnaires – qui découvraient l'horlogerie, ses pièges et ses sortilèges – avaient été épatés par l'ambiance et impressionnés par le faste des concurrents... ◉◉◉◉ ÇA, C'ÉTAIT HIER ! Depuis quelques jours, rien ne va plus et les jeux semblent faits pour Robert Benvenuto [ci-contre : ex-Harry Winston, où il avait négocié la session à l'actionnaire minier canadien] et sa garde rapprochée [dont Estelle Tonelli, ex-MB&F, ex-DeLaneau], donnés partants « de leur plein gré » comme il se doit. Au QG de Londres, on lui reconnaît le succès indéniable du (re)lancement de la marque , tant dans l'horlogerie Swiss Made que dans la haute joaillerie. Officiellement, Londres regrette son départ en le remerciant pour tout le travail effectué. Officieusement, ce n'est pas tout-à-fait le même son de cloche : le clash aurait été provoqué par la volonté de l'actionnaire de « réduire la voilure » pour contenir les investissements au niveau programmé initialement, et non plus à la hauteur des budgets nécessaires pour soutenir la croissance accélérée envisageable après le succès de Baselworld – lequel s'est trouvé ultérieurement confirmé au salon Couture (Las Vegas) pour le marché américain ou dans la boutique temporaire chez Harrods, à Londres. Ce ne serait pas la première fois qu'un actionnaire extérieur à l'industrie horlogère découvre, avec effarement et retard, à quel point le business de la montre est gourmand de cash, sinon proche du tonneau des Danaïdes... ◉◉◉◉ ON AVAIT DONC TOUTES LES RAISONS DE S'INQUIÉTER, moins pour la marque elle-même [dans le passé, que de relances nous ont fait rêver sans que les fruits tiennent les promesses des fleurs !] que pour les équipes horlogères ainsi mobilisées et pour les développements horlogers commandés aux meilleures manufactures suisses (Agenhor, Renaud Papi, Christophe Claret, MHC et les autres). Inquiétudes pas forcément justifiées, puisqu'il semblerait que le business plan soit repris, à quelques ajustements près, par Sean Gilbertson (ci-contre), le fils de l'actionnaire minier, qui bénéficiera du cadre opérationnel on ne peut plus professionnel tracé par Robert Benvenuto. Si quelques retouches sont envisagées, notamment pour calmer le jeu et laisser à Fabergé le temps de prendre ses marques, sans se presser, l'essentiel du repositionnement n'est pas menacé. La marque devrait notamment ouvrir une micro-manufacture à Meyrin, dans l'immeuble autrefois occupé par Bvlgari (du temps de l'entité Gérald Genta-Daniel Roth), puis par Louis Vuitton (lors du rachat de la Fabrique du temps). Une équipe horlogère devrait y être embauchée, les locaux servant de base logistique internationale pour les activités horlogères Swiss Made. Un instant remise en question, il semblerait que la présence à Baselworld 2016 ne soit plus remise en question. Les développements des complications commandées en Suisse, aux uns et autres, ont été reconfirmées à quelques délais près. Bref, business as usual... ◉◉◉◉ ON PEUT DÈS LORS SE DEMANDER CE QUI ÉTAIT SI URGENT dans le départ un peu précipité de Robert Benvenuto, à la veille de l'été des vacances horlogères. Robert Benvenuto n'ayant ni démérité, ni vraisemblablement tapé dans la caisse, il ne reste plus que le caprice de star et la querelle d'égos entre l'actionnaire tout-puissant et son patron de marque pour expliquer le divorce. « Divergence stratégique », dit-on en Suisse [en ajoutant que le partant souhaitait développer en urgence des « projets personnels »], mais apparemment pas au Royaume-Uni, où on se contente de prendre acte de la « resignation of Robert Benvenuto, President and COO ». La séance des adieux y est lapidaire, sinon expéditive : « Thanks to his leadership, commitment and hard work we have seen the business successfully repositioned, leaving it well placed to take its rightful place amongst the world’s leading brands ». Rien de si urgent, seulement un problème de personne, de génération, de rapport de force : Robert Benvenuto doit à présent se chercher de nouvelles Belles au Bois dormant...
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