LUNDI (accès libre) : La preuve flagrante qu'une industrie horlogère peut mourir d'avoir fait les mauvais choix face à une mutation majeure...
Le 02 / 02 / 2015 à 07:47 Par Le sniper de Business Montres - 5184 mots
Le déni de réalité, c'est d'ironiser en considérant les montres connectées comme de la gnognotte avant de se réveiller fébrilement, deux ans plus tard, pour perdre la première bataille de la guerre du poignet avant même de l'avoir livrée. Un sursaut avant Baselworld – dans huit semaines ?
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, …
Le déni de réalité, c'est d'ironiser en considérant les montres connectées comme de la gnognotte avant de se réveiller fébrilement, deux ans plus tard, pour perdre la première bataille de la guerre du poignet avant même de l'avoir livrée. Un sursaut avant Baselworld – dans huit semaines ?
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures, le tout développé après le résumé ci-dessous... ❏❏❏❏ DUBAI QUI NE RIT PLUS JAUNE... ❏❏❏❏ ROLEX ENLÈVE UNE COUCHE, MAIS EN REMET UNE AUTRE... ❏❏❏❏ ET LA LONGITUDE DANS TOUT ÇA ? ❏❏❏❏ LES NAUFRAGÉS DE LA CARPO-RÉVOLUTION... ❏❏❏❏ TOUT LE MONDE SE SECOUE LES MÊMES PUCES... ❏❏❏❏ LA RÉVOLUTION ESTHÉTIQUE QUI SE PROFILE...❏❏❏❏ L'HOMO SAPIENS RÊVE PLUS BEAU... ❏❏❏❏ UNE MÉDITATION SUR LES RUINES... ❏❏❏❏ TROP NULS, CES CHINOIS QUI CONFONDENT POMME ET MARQUE DE LUXE...❏❏❏❏ CHANEL QUI MONTE À CRU (ci-dessous)... ❏❏❏❏ ET CHANEL QUI CHEVAUCHE LA COMÈTE (ci-dessus)... ❏❏❏❏ HUBLOT QUI DRIBBLE ET HUBLOT QUI BOXE... ❏❏❏❏ CONS ET LÂCHES À LA FOIS, CES PISTOLEROS DU DIMANCHE... ❏❏❏❏ BLAKE DÉFEND LE CADRAN DE BIG BEN (Le nouveau Blake et Mortimer : en cartouche, en haut de la page)...
❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUTES LES AUTRES INFOS, QUI ONT PLEIN DE CHOSES À NOUS RACONTER... ❏❏❏❏
▶▶▶ Cette semaine, le Sniper du lundi a...NOTÉ QUELQUES RÉFLEXIONSen toute liberté sur l'actualité des montres... ◉◉◉◉ APPLE WATCH (1) : la prochaine génération des montres connectées ne sera sans doute pas révolutionnaire par ses technologies. À moins d'une rupture brutale [et pour l'instant imprévisible] par rapport aux innovations actuelles, l'ensemble des fonctions de connexion sont à peu près maîtrisées par tous les compétiteurs, avec sensiblement les mêmes puces et les mêmes logiciels pour tout le monde. Les évolutions technologiques vont se faire de façon prioritaire du côté des applications de connexion, dont on peut attendre l'explosion quantitative et qualitative dès que l'Apple Watch sera lancée. Business Montres l'a déjà rappelé à plusieurs reprises : Apple tire l'essentiel de ses revenus (voir notre schéma du 26 janvier) de la vente de ses applications (intelligence connectée), et non de ses téléphones ou de ses tablettes (matériel connecté). Comme tenu de sa puissance de feu médiatico-commerciale, la marque à la pomme fera vite la différence auprès des geeks développeurs. Reste que l'enjeu n'est plus une question de technologies à posséder ou à déployer, ni un problème de gros bataillons d'ingénieurs ou de R&D... ◉◉◉◉ CARPO-CONNEXION (2) : si révolution il doit y avoir sur ce marché, la prochaine sera celle du design, quand les géants de l'électronique auront compris que l'horlogerie suisse a verrouillé pour longtemps et auprès du plus grand nombre les codes esthétiques de ce que doit être une « belle montre ». Vingt ans de communication helvétique sur la haute horlogerie ont fini par sédimenter dans les consciences. Pour échapper à la famille déconsidérée des simples gadgets connectés, la qualité du design est stratégique. Qu'on se souvienne ici du triomphe des montres à quartz à la fin des années 1970 et au début des années 1980 : elles avaient tout pour plaire – la modernité, la précision, la fiabilité, l'ergonomie au quotidien, etc. – sauf le style : au fil des années, elles sont même devenus de plus en plus laides, de plus en plus minables pour la qualité et de plus en plus négligées sur le plan du style et du bon goût. Les nouvelles smartwatches n'ont plus le choix : elles doivent ressembler à des vraies montres pour élargir leur marché au-delà des simples early adopters. ◉◉◉◉ LA GUERRE DU POIGNET (3) : le retour mondial à la montre mécanique – à laquelle plus personne ne croyait en Suisse, quand Jean-Claude Biver a relancé Blancpain, en 1983 : souvenons-nous du fameux « On n'est pas là pour réparer le passé, mais pour préparer l'avenir » d'Alain Dominique Perrin – s'est avant tout fondé sur un retour à l'esthétique traditionnelle, sur la fascination masculine pour les rouages et sur la rassurante (mais régressive) « musique » mécanique du temps qui passe. Le réflexe spontané d'élégance [venu d'Italie, comme il se doit] et l'éternel tropisme de l'homo sapiens pour le bel objet ont joué en faveur de la technologie la plus obsolète (le mouvement mécanique), parce que l'exigence de précision dans l'affichage du temps n'était plus la priorité des amateurs tant l'heure électronique était une ressource abondante dans leur environnement. Les Japonais, qui avaient écrabouillé l'horlogerie suisse sur tous les marchés et sur tous ses terrains de jeu (mécanique, électronique, logistique de production, etc.), n'ont pas compris que les clés de l'avenir étaient dans l'esthétique [donc, la culture et la tradition] et non plus dans la technique (le quartz) qui avait cimenté leur triomphe... ◉◉◉◉ LA RÉVOLUTION DU RÉEL (4) : sans voir que les paradigmes du marché avaient changé, les horlogers japonais ont creusé leur tombe avec leur culte frénétique de l'innovation, leur obsession des volumes industriels [alors que les Suisses prospéraient dans leurs petits ateliers] et leur design toujours plus hideusement fonctionnel. Seiko mettra au moins vingt-cinq ans à comprendre cette mutation sociétale, dont la marque ne s'est toujours pas remise – pas plus d'ailleurs que l'industrie horlogère japonaise dans son ensemble. Née voici trente ans et icône internationale, la G-Shock de Casio n'a opté pour des aiguilles et un affichage analogique qu'il y a vingt ans. Seiko n'a redécouvert les mérites internationaux de sa Grand Seiko qu'il y a moins de dix ans. À propos de cette débâcle japonaise, le graphe ci-dessous (source japonaise : The Asahi Shimbum) se passe de commentaires : il appelle cependant une méditation sur la manière dont une industrie sûre d'elle et dominatrice peut tout gagner et tout perdre sur son anticipation ou son incompréhension du réel (Business Montres du 25 janvier : « Le réel a bien eu lieu, mais les marques de haute horlogerie semblent vivre sur une autre planète que la nôtre »)... ◉◉◉◉ BIENVENUE DANS UN MONDE CONNECTÉ (5) : tout perdre en ne voulant rien changer ou tout changer pour ne rien perdre ? Le dilemme du prince Fabrizio Salina (Le Guépard) n'a rien perdu de son impérieuse actualité : même Nicolas Hayek n'aurait jamais imaginé un effondrement aussi brutal et précipité de ses concurrents japonais quand il avait lancé la Swatch, en 1983. Lui avait osé tout changer pour tout sauver : une montre suisse jetable, en plastique et à quartz. Quel culot ! S'il n'est donc jamais trop tard, il n'est pas non plus de succès économique qui ne soit réversible – et cela se passe généralement dans le sang, la sueur et les larmes. L'arrogante domination helvétique sur le marché de la belle montre – cette haute horlogerie technique et précieuse qui fonde la richesse des vallées suisses – est tout aussi périssable, tout aussi rapidement, que la morgue japonaise d'hier, du moins si les marques suisses persistent dans leur déni de réalité et dans leur assurance d'une supériorité intrinsèque et surnaturelle... ◉◉◉◉ LUXE ET INTELLIGENCE HIGH-TECH (5) : on s'émerveillera dans quelques années de la naïveté des marques de luxe, notamment horlogères, qui n'avaient pas compris, ni voulu croire que Apple était désormais une marque de luxe comme les autres, capable de reformater à sa guise ses marchés d'intervention et d'y imposer sa Weltanschauung. Un tableau, sans commentaires inutiles : celui des « marques de luxe » que veulent prioritairement s'offrir les riches Chinois (rapport Hurun Best of the Best 2015). Apparemment, on a oublié de prévenir les amateurs chinois que Apple n'était pas une marque de luxe, absolument incapable (à en croire les Suisses) de soutenir la comparaison avec Chanel, Hermès, Cartier ou Bvlgari ! On parle ici de cadeau, donc d'ostentation, d'image, de désirabilité et de statut : y aurait-il un souci avec le marché chinois ? En tout cas, ça promet pour les smartwatches... ◉◉◉◉ LES DINDONS DE LA CONNEXION (7) : quelques CEO, avec leurs perroquets médiatiques bien dressés, semblent vouloir se rassurer avec l'« opinion publique » des amateurs – ceux qui paradent sur les forums ou qui bloguent à perdre haleine pendant les salons. Il n'existe chez ces amateurs qu'une infime minorité de connaisseurs qui avouent redouter l'arrivée de ces montres connectées. Dûment manipulés et gavés de propagande par deux décennies de marketing, les autres répètent en boucle qu'ils ne croient pas à l'avenir de ces smartwatches et que leurs grandes marques préférées [........ : remplissez la case vous-même] existeront et prospèreront jusqu'à la consomption des siècles et la rémission des péchés. D'une part, ces amateurs ont toujours été les dindons de la farce horlogère, puisqu'on les a menés par le bout du nez en les baladant du quartz à la montre mécanique, puis des prix accessibles vers des prix indécents, en passant l'ingestion par d'épaisses tranches de storytelling ahurissant et l'acceptation des concepts horlogers les plus sidérants. Impossible de fonder un môle de résistance aux montres connectée sur cette pâte fragile et versatile : à quelques exceptions, les piètres opinions qui s'expriment sur les forums sont celles des éternels conservateurs qui regardent à tous les coups le doigt quand on leur montre la Lune. D'autre part, faut-il rappeler qu'il ne s'agit pas d'une bataille entre les montres suisses et les montres connectées, mais d'une guerre pour l'occupation topologique du poignet, espace idéal pour installer un tour de contrôle numérique [montre ou pas montre] de la connexion de chacun à tout son environnement ? Le temps que les blogueurs perroquets et les amateurs blousés – une fois de plus – le comprennent, Apple aura quelques générations d'avance sur les naufragés de la carpo-révolution... ▶▶▶ Cette semaine, le Sniper du lundi a...REPÉRÉ QUELQUES INFOSqui méritent le détour pour bien commencer la semaine... ◉◉◉◉ CONS ET LÂCHES À LA FOIS : c'est un peu vain de se flatter d'avoir eu raison, mais les images agressivement stupides (flingues, tocantes, biftons et barreaux de chaise, pour rester dans la vulgarité de la mise en scène) présentées hier par Watch Anish ont été retirées. Il est vrai que Business Montres (1er février) n'y avait pas été avec le dos de la cuillère dans son indignation, mais nous devions être dans le vrai puisque tout a été retiré ! Même aux Etats-Unis, même sans Charlie Hebdo, même dans un pays où on compte une arme à feu pour deux habitants, on ne rigole plus avec ce genre d'apologie nihiliste. Deux questions restent posées. Quelle est la légitimité morale de ces réseaux sociaux, dont on réalise ici l'extraordinaire irresponsabilité [en même temps que l'insigne lâcheté, ces images ayant été retirées sans la moindre excuse] ? Pourquoi les marques s'obstinent-elles à financer ce genre de publications, qui ne leur apportent rien et qui les desservent en jouant avec leur propre caricature ? Nous n'aurons pas l'indélicatesse de rappeler que ces mêmes marques, au même moment, annulent les commandes passées à leurs sous-traitants, refusent des augmentations à leur personnel et licencient les intérimaires frontaliers [accessoirement, elles renonçent à leurs annonces publicitaires dans la presse horlogère, dont ces réseaux sociaux ne sont qu'une prolifération parasitaire]... ◉◉◉◉ PAS D'« HEURE LÉGALE » EN FRANCE (2) : c'est énorme, mais vrai. La nation qui est chargée de donner l'heure au monde entier a égaré sa propre « heure légale » (Business Montres du 1er février) ! Les députés sont partis à la recherche de cette « heure légale » de la République, perdue corps et biens dans les marécages de l'administration. On peut retrouver cette incroyable histoire dans une chronique de Business Montres pour les 6 millions de visiteurs mensuels du portail Atlantico (2 février)... ◉◉◉◉ « HEURE LÉGALE » RÉPUBLICAINE (2) : explication complémentaire de cette France qui n'a plus de « montre » pour connaître sa propre heure, mais qui entend donner l'heure au monde entier. La République a sacrifié quelques emplois de son Bureau des longitudes (Paris), ce qui a permis d'améliorer les statistiques du chômage, mais en laissant la France dépourvue d'une heure légale de référence... ◉◉◉◉ ÉQUATION DU TEMPS : en soi, une complication astronomique dans une montre de plongée qui n'est même pas une montre de plongée, c'est particulièrement inepte (Business Montres du 30 janvier). À plus forte raison quand il s'agit d'une équation du temps : apparemment, les grands méchaniciens virtuoses de Panerai ignoraient que l'équation du temps (affichage de l'heure vraie pour le lever et le coucher du soleil) n'est précise que pour une longitude donnée : voir notre page d'initiation, qu'on aurait pu appeler « L'équation du temps pour les Nuls ». L'heure vraie de cette équation sera différente pour des amateurs qui habitent à Berlin, à Milan ou à Paris, même s'ils vivent avec le même fuseau horaire : Panerai a oublié d'en parler à ses collectionneurs. De toute façon, sous l'eau (fonction légitime d'une Panerai), le soleil perd un peu de son importance passés les premiers vingt mètres de profondeur... ◉◉◉◉ MONTRES ASTRONOMIQUES : tiens, en parlant de complications astronomiques [on parle de mécaniques à vocation astronomique, pas du prix des montres compliquées], une excellente synthèse sur 15 montres astronomiques à tous les prix (blog Wear your Lifestyle). Même sans équation du temps Panerai, on peut monter au septième ciel pour des sommes très raisonnables... ◉◉◉◉ « UN FRANÇAIS REDONNE VIE À L'HORLOGERIE RUSSE » : quand un article commence par ce titre, c'est qu'il va être question de Raketa, manufacture péterbourgeoise co-relevée, co-relancée et co-dirigée par deux Français. Gagné ! Les explications de Jacques von Polier ne manquent pas de piment : à lire absolument pour comprendre les nouveaux rapports de force de la géopolitique horlogère européenne (source, en français : Russia beyond the headlines)... ◉◉◉◉ ROLEX EN REMET UNE COUCHE (1) : côté prix, tout va bien pour Rolex, avec une inflation des étiquettes qui ne se dément pas et qui ne semble en rien contrariée par le ralentissement consécutif des ventes. Il s'est d'ailleurs passé des choses très intéressantes ces dernières semaines. Dès l'annonce du découplage franc suisse-euro, les Rolex les plus commerciales (professionnelles et gamme acier, en général) sont devenues introuvables en boutique. D'une part, les détaillants les ont stockées préventivement, pour les revendre ultérieurement à un prix plus élevé dont chacun pressentait l'imminence [il n'y a pas de petits profits]. D'autre part, Rolex semble avoir cessé ses livraisons, pour les reprendre dès l'élaboration d'un nouveau référentiel tarifaire, avec une facturation au nouveau prix des pièces commandée à l'ancien tarif [il n'y a pas non plus de petits profits]. Depuis, les tarifs Rolex ont pris 7 % de plus – ce qui est raisonnable. Et les livraisons ont repris, mais avec les nouveaux prix. Nous n'avons pas encore les prix pratiqués par Rolex France, mais, pour patienter, voici ceux de Rolex Allemagne (en euros)... ◉◉◉◉ MAIS ROLEX ENLÈVE UNE COUCHE (2) : petits bénéfices entre amis, donc, mais Rolex en a profité pour baisser la marge de ses détaillants en la passant à 1,82 ! Sujet qui fâche évidemment, sous le prétexte vertueux de lutter contre le discompte et d'assécher le marché gris. Comme les détaillants en étaient les seuls pourvoyeurs... ◉◉◉◉ DUBAI GOÛTE AUX FRUITS AMERS DE LA CRISE : même si les marchés proche-orientaux restent une des zones les plus stables du monde pour les exportations de montres suisses [on s'y tient à 10 %-12 % des volumes et de la valeur depuis des années, quelle que soit la taille du gâteau mondial], la crise internationale fait tout de même sentir ses effets sur place. D'une part, les acheteurs russes ont reflué : au lieu d'acheter des diamants, ils seraient même plutôt vendeurs [ce qui a d'ailleurs poussé à la baisse le cours du diamant blanc, qui se négocie de 5 % à 10 % sous ses cours antérieurs] et ils ont trop besoin de cash pour flamber dans de nouvelles montres. Les Chinois venus magasiner en duty free se font moins nombreux. L'effondrement des cours du pétrole a calmé les ardeurs ostentatoires des pétro-millionnaires locaux. Moins de monde dans les palaces, moins de fièvre dans les malls, moins de confiance dans l'avenir. Si ce n'est pas encore le gros coup de déprime de 2009, ça commence à y ressembler très (trop) fort... ▶▶▶ Cette semaine, le Sniper du lundi a...POSÉ QUELQUES QUESTIONSsur la stratégie identitaire des marques horlogères.. ◉◉◉◉ CHANEL, DAME VENDÔME OU TOP CHINOISE ? En haut de la page, la nouvelle montre Voie lactée, qui cumule les carats (109 diamants pour 3,8 carats au total), les perles et les gris-gris de la marque (étoiles, cométoïde, etc.). Sous le sommaire, Mlle Fei Fei Sun, célébrissime top-model chinoise (1,79 m, 81-61-86 pour le reste), dans le visuel de la nouvelle campagne « L'instant Chanel » du printemps 2015. Avec un J12 bien cloutée de diamants et bien lunettée d'or. Un monde entre les deux montres. Un univers entre les deux mythologies : si l'idée est graphiquement excellente, qu'aurait pensé Gabrielle Chanel de cette créature qui monte à cru ? Ce qu'on peut en savoir laisse rêveur sur les commentaires envenimés de la « Grande Mademoiselle »... Chanel pour les dadames qui font leurs courses dans les supérettes joaillières de la place Vendôme ? Ou Chanel pour les princesses rouges de la nouvelle Asie aspirationnelle ? Encore plus élémentaire, au sens bachelardien du terme : le diamant ou la céramique ? À quelques liaisons moléculaires près, c'est le même matériau – le tout est de maîtriser la chaleur et la pression.... ◉◉◉◉ HUBLOT, AVEC OU SANS GANTS ? S'il y a des marques dont la complexion identitaire est difficilement questionnable (tant pour la cohérence que pour la consistance : disons, dans des styles très différents, Patek Philippe ou MB&F), d'autres maisons ont du mal à nous renseigner sur leurs mythes fondateurs et sur la manière dont ces mythes se déclinent au quotidien. Exemple : Hublot, qui est la fois la montre des footballeurs (ci-contre : la Big Bang baroque dédié au club de football turc de Fenerbahçe), la montre des boxeurs qui ont eut-être une araignée au plafond (ci-dessous : le modèle dédié au champion Anderson « The Spider » Silva), la montre des superlatifs mécaniques expérimentaux (LaFerrari ou Anticythère), la montre des professionnels du poker (et sans doute, accessoirement, des copains de Dodo la Saumure), la montre bling-bling des folles nuits de Saint-Tropez, la nouvelle « Rolex » des nouveaux jeunes cadres de la globalisation, la plongeuse qui descend à 4 000 m et la montre de bien d'autres tribus de clients, de Miami à Singapour et de Monaco à Mexico en passant par Dubaï. Difficile de comprendre où est l'identité de la marque, entre les têtes de mort et les jeans patinés ou entre le Magic Gold, les diamants , l'osmium et la fibre de carbone. Spirit of Big Bang – façon Richard Mille – ou Classic Fusion Night Out ? Diable rouge ou Rautenflagge bavarois ? Diego Maradona ou Bar Rafaeli ? Usain Bolt ou Jay Z ? On s'y perd, sans plus très bien comprendre si le soleil du glamour se lève du côté d'Hollywood ou si l'or se barre du côté de Bollywood. Le style, c'est la Pop Art ou c'est Sunmmon ? Le grand écart, ça se termine souvent par un claquage. Pourvu qu'il se passe quelque chose d'un peu intéressant à Baselworld... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...