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LUNDI : La croix suisse qui fait s'envoler Barack Obama, les brevets suisses qui gênent beaucoup les prochaines Apple Watch et les pompeurs d'huile qui nous pompent l'air...

On sort cette semaine de l'anticyclone bâlois, dont les hautes pressions ont provisoirement masqué la dépression systémique de l'horlogerie. Pendant ce temps, cinq millions d'Apple Watch sont en cours de livraison dans les boutiques de la marque... ▶▶▶ ÇA VA COMME UN LUNDI ?Quelques informations notées à la volée, en vrac, en bref et (toujours) en toute liberté... …


On sort cette semaine de l'anticyclone bâlois, dont les hautes pressions ont provisoirement masqué la dépression systémique de l'horlogerie. Pendant ce temps, cinq millions d'Apple Watch sont en cours de livraison dans les boutiques de la marque...

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▶ ÇA VA COMME UN LUNDI ?
Quelques informations notées à la volée,
en vrac, en bref et (toujours) en toute liberté...
 
◉◉ AIR FORCE ONE : pour de la « photo volée », c'est de la photo volée ! Même la CIA américaine, pas plus que le Scret Service présidentiel, n'ont encore pu voir la future montre d'Air Force One, édition ultra-limitée pour un équipage ultra-sélectionné (ci-dessous). La montre Swiss Made est signée Victorinox, marque dont on connaît l'influence sur le marché américain. Comme quoi il n'en faut pas beaucoup pour entrer dans la légende aéronautique, sans tambours médiatiques ni trompettes marketing. Allo, Teddy, pourquoi tu tousses ?
 
AirForceOne-Businessmontres
 
◉◉ MARCH LA.B : dommage que March LA.B, la marque qui monte, qui monte chez les jeunes indépendants français, n'ait pas encore pris le pli de Baselworld. Elle nous aurait évité le détour par Colette pour découvrir, en vitrine, cette nouvelle version « surgonflée » du chrono AM3 (mouvement électronique suisse), très élégante malgré ses muscles (41 mm). Il s'agit d'une édition spéciale Colette Paris (ci-dessous), dopée aux références vintage style années 1970 et facturée 730 euros...
 
MARCHLAB-COLETTE-BUSINESSMONTRES
 
◉◉ SMARTWATCHES (1) : aussi inquiétante que l'aveuglement de la plupart des marques horlogères, désormais prises dans la tenaille des smartwatches électroniques comme un lapin dans le faisceau des phares d'une voiture, la cécité des journalistes horlogers, qui semblent n'avoir toujours pas compris l'imminence de l'invasion des poignets ! Un bon exemple avec Le Temps, qui nous explique comme, à Baselworld, « chacun cherche sa smartwatch... Une dizaine de montres connectées ont été présentées pendant la semaine de Baselworld. Les horlogers prennent des directions très différentes. Si tous ne se lancent pas, aucun ne ferme définitivement la porte ». Une dizaine de marques ? Il y en avait une trentaine ! Six maisons sont citées dans l'article, dont les auteurs n'ont manifestement pas dépassé le Hall 1.0 : ils ont donc manqué, dans les étage supérieurs et dans les halles voisines, les propositions de maisons – suisses ou non – comme Gucci, Guess, Mondaine, Nixon, Cogito, Kenneth Cole, Alpina, Vector, Withings, Kairos, Kronoz ou les multiples marques des espaces chinois du Hall 2.0 et du Hall 4. Sans parler des projets mitonnés par Festina, Victorinox et quelques autres. On en oublie... Toujours le même problème : en regardant par la fenêtre, on peut en rester à ce qui se passe à la surface de la vitre ou regarder le paysage ainsi cadré...
 
71f9f9a750d19a34bfe92bb9578fb3f6-1◉◉ SMARTWATCHES (2) : mauvaise nouvelle pour tous ceux qui croient encore que l'Apple Watch est un produit définitif. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui n'avaient pas compris qu'Apple entendait devenir un « horloger » comme les autres et que l'Apple Watch ne serait pas un produit isolé, mais une collection étirée de 350 à 20 000 dollars [ce que Business Montres avait détecté très en amont et, semble-t-il, avant tout le monde dans l'horlogerie]. Voici maintenant qu'Apple s'intéresse à d'autres technologies que celles qui sont déployées dans sa première Apple Watch – notamment aux puces et aux antennes directement intégrées dans le verre d'une montre : deux brevets de la semaine dernière en témoignent. L'un concernant l'intégration de composants électroniques dans des montres en céramique : tiens donc, y aurait-il anguille sous roche ! L'autre concernant l'intégration d'un module électronique dans la glace d'une montre (ci-contre) : tiens donc, une autre anguille sous roche ! Sauf que ces brevets recoupent largement ceux qu'avait déjà déposé la marque suisse Winwatch, seule maison horlogère suisse à posséder la technologie d'intégration d'une puce NFC dans un boitier métallique. Décidément, Apple se prend souvent les pieds dans le tapis quand il s'agit de propriété intellectuelle suisse [rappelons-nous ici de l'affaire de l'horloge CFF et des droits de Mondaine]...
 
6660843◉◉ SMARTWATCHES (3) : pendant ce temps, alors qu'Apple dépose des brevets tous azimuts, le Swatch Group continue à se gargariser de sa résistance à l'oppresseur américain, en affirmant que « Apple ne sait faire que la cuisine à l'eau » (Nick Hayek dans le HandelZeitung suisse) ou que « les smartwatches sont un épiphénomène qui n'intéresse que les journalistes » (le même Nick Hayek dans le Neue Zürcher Zeitung suisse). Cette passivité quand quelques-unes des entreprises les plus puissantes du monde s'intéressent de très près à nos poignets est pour le moins étonnante : les générations à venir risquent de se demander si cette attitude relevait de l'aveuglement ou de la trahison. Surtout qu'on voit s'accélérer la mise en place du « système des objets connectés » dont parle fréquemment Business Montres et qui constituera la niche écologique idéale pour le développement commercial foudroyant des montres connectées. Un seul exemple à ce sujet, dédié à tous ceux qui croient encore que les montres connectées n'auront aucun impact sur les « vraies-montres-de-luxe » : quel est le rapport entre l'emploi dans les chemins de fer suisses et les smartwatches ? Aucun, s'exclameront aussitôt les esprits naïfs ! Sauf que les CFF suisses envisagent déjà de fermer la moitié de leurs guichets, les acheteurs de billets à ces guichets n'étant plus qu'un quart du total des voyageurs, les autres achetent en ligne (source : RTS). Et ce sera encore plus rapide avec les montres connectées où sera logé le billet électronique.
 
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◉◉ SMARTWATCHES (4) : en 1872, l'industrie du cycle faisait breveter de sublimes vélocipèdes, merveilleusement conceptuels, d'une irréprochable bienfacture dans la moindre de leurs finitions et intemporels dans leurs prétentions à la perfection technique (brevet ci-contre). Étaient-ils pour autant, à l'époque, porteurs de cet avenir que les horlogers suisses imaginent aujourd'hui pour les montres traditionnelles ? La question posée devient donc très simple – et c'est celle de l'intégration de l'industrie horlogère dans ce biotope planétaire des objets connectés. Soit pour l'accompagner avec de nouvelles idées de produits. Soit pour y créer une alternative dé-connectée au nom d'autres valeurs, mais toujours avec de nouvelles idées de produits. Voir notamment les analyses de nos chroniques Droit de Ré>Pons #7 premier épisode (ci-dessous) et second épisode.  Voir également notre intervention dans le dernier numéro du Nouvel Economiste. C'est pourquoi il est un peu vain de prétendre s'opposer à la montre connectée d'Apple avec une simple approche produit : c'est l'erreur stratégique de Nick Hayek, décidément piètre général en chef, et c'est l'erreur tactique de Jean-Claude Biver, qui reste figé dans son réflexe harware quand il faudrait penser software. La première bataille des technologies est perdue : il est trop tard pour l'industrie horlogère, qui ne pourra plus jamais combler son retard dans ce domaine. Avec sa Bvlgari Diagono « coffre-fort de poignet » (déjà à l'affiche sur Times Square, à New York : en haut de la page), Jean-Christophe Babin a au moins compris les enjeux de la guerre du poignet en cours : la clé de l'avenir, ce sont les applications [celles qui ont fait d'Apple une marque milliardaire], le software, l'intelligence, tout ce qui peut relier les montres – notamment suisses et surtout de luxe – aux écosystèmes connectés de notre quotidien, grâce à des technologies (interfaces) sans contact. Le reste, c'est du bullshit et de l'écume marketing...
 
 
◉◉ MAIS QU'EST-CE QU'ILS ONT TOUS AVEC L'OR NOIR ?  Voici un an, Louis Moinet nous amusait beaucoup avec sa montre Derrick (pas celle de l'inspecteur), mais un concept mécanico-horloger imaginé par le toujours facétieux (mais pince-sans-rire) Jean-Marie Schaller : la montre présentait une mécanique inspirée par les derricks destinés à l'extraction du pétrole. Cette année, il enfonce le clou dans le pipeline avec une nouvelle Derrick Gaz : comme son nom l'indique, on n'est plus sur l'or noir, mais sur l'extraction gazière, avec un automate, des bielles, une manivelle et une... « usine à gaz » pleines de tubulures, comme toute usine à gaz qui se respecte (ci-dessous, à gauche). Sur un tourbillon de la plus pure ascendance alto-mécanique, c'est gonflé, c'est amusant et il y aura toujours quelques pétro-oligarques pour adorer le concept. On sait que les champs pétrolifères sont un engrais favorable pour faire pousser des milliardaires aux goûts bizarres. En revanche, on se demande ce qui a poussé Ulysse Nardin à nous servir à peu près le même concept, en moins décalé (donc moins rigolo) mais en se prenant encore plus au sérieux – ce qui n'est pas du tout le but de l'opération, surtout quand on s'appelle Ulysse Nardin et qu'on a une réputation à défendre dans le domaine des automates de poignet. Les jacquemarts de cette Ulysse Nardin Hourstriker Oil Pump sonnent les heures au passage (ci-dessous, à droite), ce qui n'avait rien d'indispensable, et ils gigotent au rythme du gong [alors que la foreuse sans fin Derrick Gaz de Louis Moinet propose une animation permanente]. Du coup, avec une bonne couche d'émail cloisonné où les pipelines se faufilent, la montre joue les grandes dames de la grande horlogerie alors qu'on devrait rester dans une saynette moliéresque et dans le précieux clin d'oeil oléo-parodique...
 
Louis Moinet-UlysseNardinOilPump-Businessmontres
 
◉◉ ULYSSE AU PAYS DE L'OR NOIR (2) : ne boudons pas notre plaisir pour relire le dossier de presse de cette Oil Pump [s'il n'y avait pas beaucoup de dames parmi nos lecteurs, on pourrait dire que c'est à se pisser dessus de rire] – à droite ci-dessus. Version originale : « Son cadran majestueux évoque la grandeur des champs de pétrole et de leurs puits pompant en cadence pour extraire l'or noir destiné à approvisionner le monde entier. la montre Hourstriker Oil Pump redonne tout son sens à l'idée de puissance. Le réalisme des motifs qui ornent le cadran en souligne toute la virilité. Ses détails sont si minutieux que vous aurez l'impression de pouvoir pénétrer ce décor et de vous engouffrer dans cet univers. (...) Ces montres prennent d'autant plus vie que les bras des puits de pétrole sont figurés par de ravissants jaquemarts. Ces éléments s'animent de haut en bas au rythme du gong marquant les heures (chaque heure et à la demande). Les puits pompent en suivant le tempo du marteau frappant le gong. (...) Le modèle Ulysse Nardin Hourstriker Oil Pump incarne la quintessence de la haute horlogerie. Parfaite symbiose de traditions séculaires et de technologies de pointe, il rend le plus bel hommage qui soit à l'univers des affaires.» C'est troublant, ce discours obsessionnel sur la puissance, la virilité, la pénétration, le pompage, jusqu'à l'orgasme de la symbiose finale : Jacques Lacan aurait adoré...
 
CleUSBLouisMoinet-Businessmontres◉◉ LES MEILLEURES CLÉS USB DE BASELWORLD : restez connectés, c'est pour demain, avec deux grosses poignées de clés – autant de collectors absolus ! – qui méritent le détour et qui indiquent les tendances de Baselworld 2016 – notamment le fait de soigner l'objet de présentation de la clé plutôt que la clé elle-même. Merci au passage de ne plus nous présenter à Baselworld des CD, que les ordinateurs portables (MacBook Air) et les tablettes nomades (iPad) ne peuvent pas lire sur place. De même, merci de ne pas abuser des dossiers à télécharger sur Internet : si c'est pratique pour les marques, ça ne l'est pas du tout pour les journalistes, souvent confrontés à des problèmes de connexion. Un peu d'imagination, s'il vous plaît ! Business Montres (7 juin 2014) a déjà repéré cette nouvelle passion des collectionneurs pour les clés USB horlogères un tant soit peu créatives : savez-vous que la clé Louis Moinet en forme de compteur de tierces, la plus belle idée de Baselworld 2015 dans ce domaine (ci-contre), se vend désormais entre 80 et 120 euros sur les réseaux sociaux ?
 
◉◉ KENNETH COLE : montre de mode connectée ? En plus de Guess, on trouvait à Baselword une Kenneth Cole Connect plutôt réussie (#KCConnect pour respecter la nouvelle culture numérique). La marque du Geneva Watch Group est la première d'une collection mixte de smartwatches, qui marient mode et nouvelles technologies connectées, avec des fonctions très usuelles (alertes, décompte du temps, photo, etc.), une bonne autonomie (batterie horlogère ordinaire, sans besoin de rechargements fréquents) et une relative étanchéité (30 m) pour un prix de vente autour de 150 CHF (dollars ou euros). Rien de révolutionnaire (ci-dessous), mais une démarche qui va décomplexer les autres marques de mode sur le terrain du « Be smart with your time »...
 
Kenneth Cole Watches Geneva Watch Group Connect Smart Watches      
 
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