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LUNDI : Le poignet présidentiel américain sera, de toute façon, suisse

Démocrate ou républicain, le choix présidentiel américain est déjà fait : il consacre TAG Heuer comme future marque de référence dans le Bureau Ovale... Pour le reste, on peut se demander ce qui se passe chez H. Moser & Cie, quelle mouche juridique a piqué Rolex et pourquoi les ambassadeurs horlogers sont si inconstants...    〓 UN DUEL PRÉSIDENTIEL ARBITRÉ PAR TAG HEUER(les présidents américains ont le même fournisseur …


Démocrate ou républicain, le choix présidentiel américain est déjà fait : il consacre TAG Heuer comme future marque de référence dans le Bureau Ovale... Pour le reste, on peut se demander ce qui se passe chez H. Moser & Cie, quelle mouche juridique a piqué Rolex et pourquoi les ambassadeurs horlogers sont si inconstants...
 
 
 
〓 UN DUEL PRÉSIDENTIEL ARBITRÉ PAR TAG HEUER
(les présidents américains ont le même fournisseur de montres)
••• Quelle que soit l'issue de l'élection de novembre, il n'y aura qu'un vainqueur horloger : TAG Heuer ! C'est ce que nous rappelle une page récente de Town & Country (n° de septembre, ci-dessus). Les deux candidats à la présidence ne portent pas qu'une TAG Heuer, mais c'est leur dénominateur commun dans l'horlogerie. On connaissait à Barack Obama sa traditionnelle TAG Heuer, avant que ses gardes du corps du Secret Service ne lui offrent une Jorg Gray aussitôt rebaptisée Barack's Watch ou Presidential Watch (350 dollars) – aux Etats-Unis, business is business ! Et on a repéré à son poignet un troisième montre, sans doute une Highgear Enduro Compass (montre technique pour les joggers)...
••• Côté Mitt Romney, on trouve une autre TAG Heuer, bien repérée par les spécialistes américains (ci-dessous), mais également une Nixon noire à grands chiffres blancs (au-dessous).
 
 
 
〓 CHAISES MUSICALES CHEZ H. MOSER & CIE
(comment le Dr Jürgen Lange s'est fait dégager)
••• Quand il avait relancé, en 2002, la marque H. Moser & Cie sur un créneau néo-classique auquel il devait être un des seuls à croire, Jürgen Lange (ex-Allemand de l'Est récupéré plus tard et formé à l'horlogerie par Günter Blümlein) n'imaginait pas qu'il en serait un jour débarqué aussi séchement. Récemment reprise en main par son principal investisseur, le milliardaire bâlois Thomas Straumann (qui tire sa fortune de l'industrie pharmaceutique), la manufacture H. Moser & Cie était à vendre tout en se cherchant un nouvel actionnaire : le chiffre hallucinant des pertes cumulées et les aberrations de l'actuel modèle économique [qui fait perdre de l'argent sur chaque montre vendue] ont dissuadé les investisseurs potentiels de donner suite. On a alors parlé de reclassement entre actionnaires, Thomas Straumann ne conservant plus que 70 % du capital, contre 30 % à Gilbert Achermann, actuel président du conseil d'administration.
••• Les tensions restaient vives entre investisseurs et opérationns, à tel point que Jürgen Lange a été poussé à claquer la porte fin juillet. Officiellement en raison de "divergences stratégiques", mais on sait qu'il n'était plus d'accord sur rien des nouvelles orientations d'une marque dont les propriétaires exigent un retour rapide à la profitabilité [impossible, dans le cadre actuel de travail et sans investissements majeurs]. Jürgen Lange s'était déjà vu imposer un nouveau CEO en février [lui-même demeurant au conseil d'administration], avec l'arrivée un peu surprenante de Christian Zuber, qui venait de l'hôtellerie. Des changements étaient en cours : ils touchaient à ce qui paraissait être l'essence de l'identité H. Moser & Cie (le design, les complications, le positionnement prix). Le Dr Jürgen Lange ne pouvait pas accepter ce qu'il considère comme des "dérives" : il paye aujourd'hui au prix fort une certaine insensibilité personnelle [pour ne pas dire "cécité"] face aux mutations d'un marché qu'il avait cependant ouvert.
••• Faute de lucidité, H. Moser & Cie a laissé s'installer et prospérer, sur son créneau néo-classique, des marques comme Laurent Ferrier qui lui ont damé le pion. Avec à peine plus de 600 à 800 montres vendues tous les ans, sans vraies nouveautés depuis plusieurs années autres que des animations, H. Moser & Cie n'est plus que l'ombre du projet séduisant présenté initialement. A croire que la décennie 2000 et ses révolutions n'ont pas infusé du côté de H. Moser & Cie. Le retard semble aujourd'hui irrémédiable sans révision déchirante de toutes les certitudes superbement assumées du côté de Schaffhouse, et sans refonte structurelle profonde du dispositif industriel, notamment la pertinence de l'arrimage à Precision Engineering (échappements et spiraux) et à MSG AG Manufacturing Support Group (composants). Tout le modèle économique est à revoir, de même que les collections H. Moser & Cie sont à repenser : Thomas Straumann, qui a largement les moyens de financer cette relance, a-t-il seulement envie d'investir encore quelques dizaines de nouveaux millions dans la survie de la marque ?
 
 
 
〓 LA NOUVELLE PIEUVRE DE RJ-ROMAIN JEROME
(une revenante de Baselworld 2010 bientôt dans les vitrines)
••• Il y a toujours loin de la coupe aux lèvres, et du dessin ou de l'idée horlogère à la montre définitive arrivée dans la vitrine. Présentée à Bâle 2010, la superbe Octopus de RJ-Romain Jerome a triomphé de l'adversité pour être dans les rangs de cette rentrée 2012. Explication officielle : une "optimisation". Comprenez par là une remise à plat de tout le dossier constitué en 2010 pour parvenir à un résultat finalisé en 2012. C'est la première montre de plongée de la marque (ci-dessous) : elle manquait dans des collections vouées, par principe, aux grandes profondeurs (Titanic DNA oblige !). On se contentera des 888 pieds nécessaires pour caler le chiffre 8 quelque part sur le cadran, ce qui nous offre 270 m d'étanchéité – mais est-ce vraiment le problème. De même, la lunette tournante (débrayable par la couronne à gauche actionne le disque saphir tournant extérieur, la couronne [pré-oxydée, puis stabilisée] n'ayant ici qu'une fonction décorative et commémorative de l'esprit DNA [la rouille du Titanic]. On notera quand même la finesse du crantage de cette lunette, qui contraste intelligemment avec les parties brossées du boîtier en 46 mm. Les puristes apprécieront le niveau de raffinement des détails de chaque couronne et des "griffes" latérales de ce boîtier. Le travail du cadran prouve aussi le degré de maîtrise de l'oxydation, alors que l'impression de volume créé par les différents reliefs du cadran devient saisissant (logo RJ, aiguilles, "croix" emblématique entre les "griffes"). Mouvement automatique et prix public aux alentours de 12 000-13 000 CHF...
 
 
 
 
〓 PÉRISCOPE ATTITUDE
(les bonnes lectures pour une rentrée bien informée)
••• Ces jours-ci, dans les pages Périscope Attitude de Business Montres (cliquez sur l'image dans la colonne de droite), des dizaines de liens utiles pour une couverture à 360° de l'actualité périphérique aux questions purement horlogères. Quelques exemples : le changement politique en Chine tel qu'il menace la consommation des montres, l'an 2000 vu par les artistes de 1900, le boom économique des usines Kalashnikov, ce que regardent prioritairement les internautes en arrivant sur un site, les rêves exaucés de financement collaboratif pour certaines marques, la politique industrielle française démontée par le Spiegel, le retour des montres électroniques dans le New York Times et tout le reste...
••• Des pages rafraîchies au quotidien, en temps réel, plusieurs fois par jour, dans lesquelles on est donc certain de ne jamais sortir indemne : c'est cette périphérie tous azimuts de l'horlogerie qui influence l'industrie des montres...
 
 
 
〓 ROLEX VEUT NETTOYER LE E-COMMERCE
(les e-boutiques de montres vendent-elles des "faux" ?)
••• N'espérez pas en entendre beaucoup parler sur les sites américains : la boutique de montres en ligne Melrose.com (neuf et occasion) achète tellement de bannières et communique si fort sur le web américain que personne (ou presque) n'a encore eu le courage de s'exprimer à ce sujet. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Melrose.com s'autoproclame : "n° 1 américain des vendeurs de montres de luxe sur Internet" ("USA's No. 1 online retailer of luxury wristwatches") – ce qui n'engage que ceux qui y croient. Au coeur de l'été (pourquite engagée le 26 juillet devant le tribunal central de Californie, puisque Melrose.com est une société californienne), on a appris que Rolex avait engagé une action contre Melrose.com, site accusé de vendre des "montres contrefaites" (source, entre autres : Los Angeles Times). Rolex accuse notamment Melrose.com de vendre des montres d'occasion ("pre-owned") qui comprendraient des composants non originaux et des faux marquages Rolex, aussi bien que des composants provenant de montres anciennes. Rolex aurait ainsi procédé à l'achat de trois de ces montres "contrefaites". Melrose.com (200 000 fans sur Facebook) se défend en jurant que les montres vendues sur le site sont 100 % authentiques. Pour ce qui est des composants "contrefaits", l'argumentation de Melrose.com fait mouche : "Si vous vendez une Ford Mustang dont les jantes ne sont pas d'origine, cela signifie-t-il que la Mustang est contrefaite" ?
••• On est au coeur du sujet, et l'enjeu dépasse largement le cas Melrose.com. Depuis des années, Rolex voit des acteurs du second marché [montres d'occasion, plus ou moins de première main, parfois même "neuves de stock" ou "occasion un jour"] remplacer les lunettes d'origine par des lunettes "mieux" serties, bidouiller les cadrans pour y inventer des pavages différents de ceux que pratiquent Rolex, remplacer les aiguilles et les index par des composants aux couleurs plus amusantes, reteinter les boîtiers d'origine ou, carrément, refaire des cadrans en y ajoutant diverses mentions. Passons sur les composants de montres anciennes qui se retrouveraient sur des montres plus contemporaines : les SAV  Rolex sont les premiers à pratiquer ce bidouillage, mais en sens inverse [des composants contemporains sur des montres plus anciennes, généralement changés sans l'autorisation du propriétaire – auquel on ne rend d'ailleurs les composants anciens en question], et il n'y a pas vraiment de raisons de sévir, sauf s'il y avait intention de nuire ou d'induire en erreur...
••• Objectivement, une nouvelle lunette aftermarket ne fait pas de la montre un faux ou une contrefaçon : c'est du tuning ("personnalisation") maniaque. Très objectivement, massacrer un boîtier pour lui imposer un traitement PVD ou DLC ne relève pas non plus de la fausse monnaie horlogère : c'est un vrai boîtier d'origine, avec une couleur fantaisiste. Ajouter des diamants aux index d'un cadran d'origine ne relève pas pas non plus de la contrefaçon, ni changer la couleur d'une aiguille, tout comme reposer de nouveaux index sur un cadran Rolex...
••• Tout aussi objectivement, il faut reconnaître alors que refaire un cadran Rolex, même sur un cadran d'origine, en y apposant soi-même une nouvelle fois la marque Rolex relève de l'art du faussaire – même si ce nouveau marquage est techniquement parfait [plus exactement, plus il le sera et plus le faux sera évident] : procéder soi-même, sans l'autorisation de la marque, à ce marquage est une contrefaçon manifeste. De même, procéder au remplacement du fond plein d'une Rolex par une fond saphir gravé Rolex revient à créer un faux objet de marque dès lors qu'on n'a pas les autorisations industrielles nécessaires pour apposer ce nom de marque. On est sur le fil du rasoir avec Melrose.com, mais on voit se dessiner derrière la possible sanction des juges californiens [au nom des droits de propriété intellectuelle] une réaction de Rolex à toutes les personnalisations de modèles neufs, élégamment qualifiées de "préparations" – au sens automobile du terme. Il ne serait d'ailleurs que temps pour Rolex de faire le ménage sur ce marché de la Rolex tunée, qui ne représente pas un enjeu en termes commerciaux [les montres sont de toute façon achetées neuves sur le marché], mais en termes d'image et de liberté créative : les idées de ces "préparateurs" sont autant de pistes esthétiques que Rolex ne peut plus emprunter – la amrque le voudrait-elle, c'est un autre débat ! – sans paraître suivre ses "suceurs de roues". Chaque nouvelle (bonne) idée de ces personnalisateurs de Rolex érode un peu plus la réputation créative des équipes de la marque, implicitement accusée d'immobilisme et de surdité face aux demandes des amateurs. Cette pratique du tuning, qui concerne aujourd'hui une bonne dizaine d'ateliers ayant pignon sur rue, est un facture d'usure.
••• L'affaire Rolex vs Melrose.com ne semble ici qu'un prétexte pour lancer une plus grande offensive – quoique le dossier ne soit pas si évident que cela sur le strict plan juridique. Rolex manque un peu de biscuits, notamment face à une justice américaine toujours imprévisible et moins "cadrée" que la justice européenne. On se souviendra par ailleurs des actuelles tentatives de Rolex devant la justice européenne, en vue d'obtenir une "protection globale" et trimensionnelle du concept Oyster (Business Montres du 17 août). Un peu tard sans doute, mais très efficace en cas de réussite...
 
 
 
〓 QUELQUES ACTUALITÉS HORLOGÈRES
(à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté)
 
••• CARL F. BUCHERER : on ne plus se fier à personne, et surtout pas aux "ambassadeurs" (et encore aux mâles "égéries" : voir notre remarque en fin de page) ! Un exemple : dans le film Expendables 2, on ne voit que Sylvester Stallone et sa Panerai,  de même que plusieurs autres héros du film. On imagine que Panerai a dû mettre un joli paquet de dollars sur le bureau de la production pour un tel casting horloger. Mais que portait le comédien lors des séances de promotion du film ? Une Carl F. Bucherer Patravi TravelTec (ci-dessous), pratiquement la même que le quantième perpétuel acheté par son copain Schwartzenegger à Bâle (Business Montres du 12 mars, info n° 8) ! Carl F. Bucherer : la nouvelle marque iconique pour les poignets du tout-Hollywood ?
 
 
••• RICHARD MILLE : alors, oui, comme on s'en doutait [mais qui en doutait ?], Yohan Blake est bien le nouveau coureur fétiche de Richard Mille. Le "deuxième-homme-le-plus-rapide-du-monde" va-t-il payer au prix de sa médaille d'argent son engagement avec Richard Mille ? Le dossier est entre les mains des autorités olympiques – probablement à la demande d'Omega – et il est d'autant plus stratégique que cette séquence d'ambush marketing, plutôt bien pensée sur le plan stratégique, ouvrirait la voie à de nombreuses embuscades lors des prochains Jeux brésiliens si elle n'était pas sanctionnée d'une manière ou d'une autre...
 
••• CLAUDE BERNARD : tout compte fait, on va quand même inclure Claude Bernard, la sister brand d'Edox, aux Genevez (Jura) dans les nouvelles marques de l'année. Ce sera donc la référence # 62/Génération 2012 (Business Montres du 17 août). Un précision en forme de correction : contrairement à ce que nous affirmions le 17 août en présentant Claude Bernard, les montres sont assemblées chez Edox, et non chez Novi (Swatch Group)...
 
••• ZURINER : prononcé à la française, le nom de cette nouvelle marque n'est pas formidable [découverte Business Montres du 13 août], mais le produit tient la route sur le créneau du me too Panerai. Une intéressante recension du non moins intéressant site Oceanic Time sur la Depth-Charge ZV-01 V12 (ci-dessous), dont il faut bien avouer que le nom n'a vraiment de sexy, ni d'évocateur de la Panerai "Egyptienne" dont cette montre sino-canadienne est inspirée...
 
 
••• PHILIPPE VUILLEMIN : à peu près inconnue, mais authentique, enfin une "vraie-manufacture-française-qui-fait-ses-propres-mouvements-horlogers" ! À prononcer d'un trait, pour éviter les objections, mais c'est un fait : Philippe Vuillemin réalise ses propres mouvements, dans sa fabrique de Chatilon-le-Duc, au nord de Besançon, mais ses mouvements d'horlogerie sont des mouvements d'horloges comtoises. Il s'en explique en toute modestie dans un petit film diffusé par Grand Besançon : "Roues, aiguilles, les axes également, sont conçus avec un outillage à la hauteur de la tâche. Presses pour découper les pièces, tailleuses pour concevoir les fameuses dents des engrenages, crochets, poids torsadés à la main, soudure" : tout est assemblé sur place, avec un totale de 96 % in-house, qui dit mieux ? Bonne nouvelle pour les amateurs : l'ouverture d'un magasin d'usine sur place...
 
••• ROLEX : alors que les histoires de requins (méchants/pas méchants) enflamment les médias et divisent la communauté scientifique (capture/pas capture), une connexion horlogère inattendue apparaît avec Rolex. C'est dans le cadre des Rolex Wards pour l'entreprise qu'a été développé le réseau Wawe Gliders qui permet de tracer les migrations des grands requins blancs à travers les océans. Un système de bouées flottantes imaginé par le professeur Barbara Block (Université Stanford), d'autant plus intelligent que ses données sont disponibles sur une application, Shark Net, accessible à tous...
 
••• BIJOUX ANNÉES 1940-1950 : c'est un peu la période maudite de la créativité française, entre l'explosion Art déco et l'après-guerre. Un panorama des créations les plus marquantes de cette époque nous est proposée par le blog Bijoux et pierres précieuses de Jean-Jacques Richard : que de belles idées à reprendre pour inspirer de nouvelles générations de bijoux...
 
••• ÉGÉRIE : combien de fois faudra-t-il répéter que le mot "égérie" peut difficilement être employé à propos d'un homme. Égérie, c'était le nom d'une nymphe et, par analogie mythologie, c'est devenu le qualificatif d'une inspiratrice ou d'une source d'inspiration. Il est donc totalement ridicule de parler du nageur Michael Phelps comme d'"une nouvelle égérie" pour Louis Vuitton. À moins que ce ne soit par ironie, "égérie" étant le nom vernaculaire d'une famille de mollusques (Galatea)...
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