LUNDI : Première intervention du Sniper, pour une vanille-fraise écrasée sur un cadran, une légèreté horlogère à 1,8 million d'euros et des montres qui concurrencent les bandits manchots
Le 05 / 01 / 2015 à 05:30 Par Le sniper de Business Montres - 3802 mots
Avec ses meilleurs voeux pour 2015, le Sniper profite de sa première sortie opérationnelle de l'année pour vous présenter une nouvelle « liste de Muller » (Vae Victis), une Rolex dépouillée en six minutes et le mauvais oeil horloger de Staline...
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures (développements …
Avec ses meilleurs voeux pour 2015, le Sniper profite de sa première sortie opérationnelle de l'année pour vous présenter une nouvelle « liste de Muller » (Vae Victis), une Rolex dépouillée en six minutes et le mauvais oeil horloger de Staline...
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏ COMMENT DÉPOUILLER UNE ROLEX EN SIX MINUTES ? ❏❏❏❏ NON, LE CADRAN DE CETTE BLANCPAIN N'A PAS ÉTÉ SOUILLÉ PAR UNE GLACE FRAISE-VANILLE ÉCRASÉE... ❏❏❏❏ CARTIER EN QUÊTE D'ATTRIBUTS PLUS VIRILS... ❏❏❏❏ COMMENT STALINE A SALEMENT PORTÉ MALHEUR AUX MÉCANIQUES SUISSES ! ❏❏❏❏ UNE NOUVELLE LISTE DE MULLER POUR LA NOUVELLE ANNÉE... ❏❏❏❏ MAIS NON, LES PANERAI NE SONT PAS FAITES EN CHINE ! ❏❏❏❏ UN SALON INDÉPENDANT QUI MISE SUR LES BANDITS MANCHOTS... ❏❏❏❏ ON AVAIT OUBLIÉ LE SPIRAL ! ❏❏❏❏ IL NE LUI RESTE PLUS QUE LES YEUX POUR PLEURER SON 1,8 MILLION D'EUROS DE MONTRES VOLÉES... ❏❏❏❏ PARLERA-T-ON DE 2015 COMME DE L'ANNÉE TUDOR ? (ci-dessus) ❏❏❏❏ Ces jours-ci, le Sniper du lundi a...▶▶▶ REPÉRÉ quelques informations à la volée, en bref, en vrac et toujours en toute liberté... ◉◉◉◉ BLANCPAIN : non, ceci n'est pas une glace vanille-fraise qui a bavé sur votre écran ou sur le cadran de la montre ! C'est juste l'idée que Blancpain se fait d'une rose horlogère à offrir pour la Saint-Valentin. Bon appétit, les amoureuses... ◉◉◉◉ MORITURI TE SALUTANT : vingt-cinq CEO interrogés par Worldtempus pour leur demander ce qu'ils se souhaitaient pour la nouvelle année et leurs voeux les plus chers. Tous les grands seigneurs de la montre n'y sont pas représentés [ni Rolex, ni Omega, ni Tissot, ni Ice-Watch, etc.], mais c'est la règle du jeu. En revanche, un doute nous taraude : combien de ces patrons sont-ils assis sur un siège éjectable et combien ne seront plus là à la fin 2015 ? Estimation basse de Business Montres : 20 à 25 % de chaises musicales à prévoir dans cet échantillon, certains avant même Baselworld. Comme l'article a été préparé par un blogueur dénommé Olivier Müller, ce nom nous rappelle la précédente « liste de Muller », qui avait listé dans Business Montres, dès octobre 2008, les CEO victimes de la précédente grande crise mondiale. Au final, une bonne quarantaine de CEO avaient succombé à la plus spectaculaire des parties de chaises musicales : « 8, 10, 12 ou pire ? », se demandait alors Business Montres. Nous étions loin du compte : croisons les doigts pour 2015... ◉◉◉◉ COMMENT DÉPOUILLER UNE ROLEX SUBMARINER en moins de six minutes ? C'est l'exploit d'un maître-horloger réparateur de Watchfinder (Royaume-Uni), qui nous démontre son savoir-faire en même temps que l'arnaque des SAV qui nous facturent des heures de main-d'oeuvre alors que ça paraît si simple. Une gestuelle fascinante, des enchaînements rigoureux, une efficacité absolue : un sport à risques pour tous ceux qui seraient tentés de le pratiquer sans avoir quinze ans de pratique en atelier... ◉◉◉◉ PLUS QUE LES YEUX POUR PLEURER 1,8 MILLION D'EUROS : curieuse conclusion d'une affaire d'agression rocambolesque dont Business Montres (19 mars dernier) vous avait parlé sans trop entrer dans les détails pour des raisons de sécurité, alors que l'enquête était toujours en cours. Il s'agissait d'une attaque lancée à Strasbourg contre Fabien Lamarche, qui anime la marque Julien Coudray. Affaire qui s'était terminée à plat vente, sous les balles, sur le parking d'un supermarché de la région parisienne. Montant estimé du vol : 1,8 millions d'euros (sept montres de la marque Julien Coudray). Les Dernières nouvelles d'Alsace nous apprennent comment Fabien Lamarche est reparti les mains vides du tribunal : il n'avait aucun justificatif pour ses montres ! Il n'a plus que ses yeux pour pleurer, le tribunal l'ayant estimé un peu léger : « Vous venez réclamer 1,8 million d’euros de préjudice, sans avocat, sans vraie pièce, sans justificatif ? » Bizarre... D'autant que cette affaire lui coûte à peu près un an de production, en nombre de pièces comme en chiffre d'affaires ! Finalement, c'est l'horloger volé qui s'est trouvé remis en cause : « Ces montres, qui sont au cœur des débats, ont-elles existé ? Qui a essayé d’escroquer qui ? », s’interrogeait ainsi Me Francis Metzger, l’avocat de Marko Jovanovic, l’intermédiaire véreux du gang. « Il est venu pour vendre à la sauvette ces sept montres, à un prix pharaonique, qui ont une valeur de 152 000 francs suisses. » Même le substitut a évoqué les « mensonges » de l'horloger, qui aura au moins la satisfaction de voir deux de ses agresseurs écoper de quatre ans de prison dont deux ferme pour l'un, et de trois ans de prison, dont dix-huit mois ferme pour l'autre... ◉◉◉◉ L'ANNÉE TUDOR : pour 2015, le désormais célèbre calendrier horloger de John Goldberger est consacré aux plus célèbres montres de la marque Tudor (ci-dessous). Des modèles particulièrement bankables et hautement collectionnables : John Goldberger est l'indéfectible baromètre des valeurs sûres chez les amateur de montres, en Italie – là où on sait précéder les tendances et donner le ton aux amoureux internationaux de belles pièces horlogères... ◉◉◉◉ ON AVAIT OUBLIÉ LES SPIRAUX : un anniversaire manquait dans notre évocation [non exhaustive, c'était précisé] des commémorations de 2015. C'est pour le 20 janvier prochain : il y a 340 ans, le 20 janvier 1675, Huygens appliquait à une montre le principe du spiral. C'est probablement la plus grande avancée technique de l'histoire des montres mécaniques, avec l'échappement à ancre imaginé par Mudge (1759) et le rotor inventé par Hubert Sarton pour rendre le mouvement automatique (1778). Un Hollandais, un Britannique et un Belge : mais où sont passés les Suisses parmi les pères fondateurs de la montre mécanique telle que nous la connaissons et telle que nous la pratiquons aujourd'hui ? ◉◉◉◉ HISTOIRE DES MONTRES : les amateurs savent tout dès qu'ils chuchotent entre eux. Intéressante et brève séquence historique sur le forum francophone Chronomania, avec une montre dédiée à Staline sur laquelle un collectionneur se posait des questions : l'histoire de cette montre est assez amusante pour qu'on la raconte. À la mort de Staline, le génial directeur commercial d'une marque suisse [une grande marque de l'époque] imagine qu'il va pouvoir lancer une édition commémorative pour écouler un stock colossal de mouvements mécaniques bas de gamme (dénués d'antichoc). Aussitôt dit, aussitôt fait, avec l'ingénue naïveté qu'on met en Suisse dans l'art de bien faire. Manque de chance, la « déstalinisation » aussitôt entreprise par Krouchtchev a condamné à la benne une montre qui rappelait trop le pas très regretté « Petit père des peuples » : le directeur commercial s'est fait jeter et la marque est restée avec 187 340 montres à l'effigie de Staline sur les bras. C'est peut-être ce qui a accéléré son déclin et sa chute. La géopolitique et la politique tout court ont toujours été des facteurs de risques à courir pour les horlogers suisses (Business Montres du 5 juin 2014)... ◉◉◉◉ PANERAI : les montres de l'Officine Panerai seraient-elles faites en Chine ? C'est possible pour les boîtiers, mais les mouvements ? C'est ce que tente de nous faire croire une vidéo d'usine chinoise, qui reprend sans l'avouer un reportage sur l'assemblage des mouvements Panerai en Suisse, en laissant penser qu'il s'agit d'un reportage fait en Chine – histoire de persuader tout le monde que les ateliers chinois travaillent comme les manufactures suisses.... ◉◉◉◉ CARTIER : une nouvelle vidéo très bien réalisée pour mettre en scène, à grand spectacle, l'approche Cartier de la mesure du temps. Le film « Shape your Time » (ci-dessous) a été conçu par Bruno Aveillan, qui avait déjà signé les précédents aventures de la panthère Cartier : il a voulu « propulser Cartier dans la galaxie temporelle d’une horlogerie de grande tradition en marche vers le futur [pour] connecter la marque au monde de demain », en lui apportant ces codes masculins qui lui manquent souvent... ◉◉◉◉ SMARTWATCHES : déjà remarquée pour son intéressante initiative de montre-traceur d'activité qui ressemble à une vraie montre (portable et séduisante), la maison française Withings avait un prix initial calé autour des 450 dollars. Une seconde version arrive sur les marchés, un peu plus amusante (le bracelet en silicone y est pour beaucoup) mais surtout un peu plus accessible : à 150 dollars, la nouvelle Activité Pop (ci-dessous) ne manque pas de charme et concurrence directement les simples bracelets d'activité qui ressemblent à des bandeaux de plastique plus qu'à des montres. Accessoirement, cette « montre connectée » aura l'avantage de ramener à la montre non connectée un certain nombre de porteurs qui reprendront l'habitude d'un bel objet au poignet. 150 euros : c'est le nouveau prix de marché pour un traceur de poignet qui donne l'heure. Pas sûr que beaucoup de Suisses puissent suivre à ce niveau... ◉◉◉◉ SMARTWATCHES (2) : tiens, puisqu'on parle de montres connectées, un rapide retour sur l'initiative « e-strap » ou « e-bracelet » de Montblanc. Autour de 350 dollars, la marque peut en vendre plusieurs dizaines de milliers, sinon des centaines de milliers dès les premiers mois de lancement : tous les collectionneurs de montres dont l'entrecorne est situé entre 20 et 22 mm [donc, tous les amateurs de Rolex ou d'Omega, entre autres] seront tentés d'essayer non seulement le module électronique de Montblanc, mais aussi le cuir Extrême de la marque. Montblanc devient ainsi – au choix – le Cheval de Troie des géants de l'électronique dans le champ horloger suisse ou le pionnier de la résistance smart aux défis de ces géants. Bien sûr, ce n'est qu'un bracelet connecté, mais il va donner à tous les consommateurs le goût de la carpo-connexion – connexion de poignet avec le téléphone – et des réflexes qui réclameront vite de nouvelles applications, en usage sur la prochaine génération des smartwatches...
◉◉◉◉ SIWP (1) : c'est l'acronyme de Swiss Independent Watchmaking Pavilion. C'est la riposte d'une poignée d'irréductibles horlogers indépendants – exclus, en dépit de leurs demandes, du SIHH de Genève – pour exposer leurs collections dans une ville de Genève où il est devenu à peu près interdit de faire concurrence au SIHH [les manifestation prévues dans les hôtels le sont par des... résidents, ce que le SIHH ne peut pas interdire aux palaces qui acceptent ces expositions]. Le SIWP ouvrira donc ses vitrines près de Palexpo, au casino de l'hôtel Mövenpick, entre les machines à sous et les bandits manchots : impossible pour les organisateurs du SIHH – qui font la chasse aux « marques parasites » et qui s'organisent pour empêcher détaillants et journalistes de fréquenter les marques hors SIHH – d'interdire aux invités asiatiques de fréquenter un casino ou un hall d'hôtel. Marques ou horlogers indépendants (membres ou non de l'AHCI, puissance invitante) annoncés pour l'instant du 18 au 23 janvier : Kari Voutilainen, le tandem genevois Vincent Calabrese-Jean Kazès, Vianney Halter, Antoine Preziuso, Ludovic Ballouard, ainsi que les maisons Evilard, Louis-Abraham Leuba, David van Heim, Akrivia, Pilo et sans doute quelques autres. ◉◉◉◉ SIWP (2) : est-ce vraiment une bonne idée ? Rappelons, pour éviter toute polémique, que Business Montres a toujours soutenu les horlogers indépendants, en étant notamment à l'origine de la création du (défunt) salon Geneva Time Exhibition (GTE), naufragé par la multiplication de fourvoiements managériaux ahurissants. Pourquoi avons-nous quelques doutes sur ce SIWP qui a tout pour s'annoncer sympathique ? D'une part, les conditions techniques ne sont pas au rendez-vous pour exciter des flux de visiteurs qui ne soient pas décevants : aucun des exposants annoncés n'est une « locomotive » suffisante pour drainer du trafic [d'autant que les offres ainsi rassemblées sont trop hétérogènes : quel rapport entre Vianney Halter et Pilo ?] et la proximité de Palexpo (où se déroule le SIHH) est une fausse bonne idée – compte tenu des pressions du SIHH sur ses invités (plannings volontairement très serrés) et des grands courants de circulation dans Genève. On se demande si les organisateurs du SIWP n'ont pas confondu les salons de Genève et la récente Shenzhen Watch Fair, dont ils étaient la caution Swiss Made (image ci-dessous)... ◉◉◉◉ SIWP (3) : d'autre part, reléguer la nouvelle horlogerie dans un casino, c'est à la fois dérisoire et malhabile dans un contexte de décélération mondiale de l'économie horlogère. Les belles montres sont-elles destinées à rouler sur les tapis verts pour amuser quelques joueurs de roulette ou de blackjack ? À quoi bon « draguer » des détaillants qui ne veulent plus prendre de risques pour des nouvelles marques ou des créateurs indépendants et qui n'ont de toute façon plus les moyens de résister à la pression des grandes marques et des grands groupes ? Parmi les journalistes invités par le SIHH (on pense ici à la presse lifestyle du monde entier, de plus en plus présente à Genève) qui ne connaîtraient pas ces exposants indépendants, combien feront le détour s'ils ont du temps de le faire ? Un conglomérat disparate n'est pas un salon, surtout quand il regroupe des références... non prioritaires ! Genève ne manquera pas d'expositions en janvier : il faut ajouter au SIHH le grand show LVMH au Kempinski et le WPHH de Franck Muller à Genthod, mais aussi les happenings dans les palaces du centre ville (Hôtel des Bergues, Mandarin Oriental, Hôtel de la Paix, Hôtel d'Angleterre, Kempinski, etc.) et les initiatives des marques genevoises dans leurs boutiques, leurs show-rooms ou leurs manufactures [Rolex, Chopard, Omega, Breguet, etc.]. On peut estimer qu'à peu près 90 à 100 marques monteront un événement pendant la semaine du SIHH. Pas sûr que le SIWP ait sa place et trouve sa légitimité dans cet encombrement programmé. Dommage : il est évident qu'une initiative concertée des indépendants reste nécessaire, mais ce n'est pas une raison pour tenter n'importe quoi à tout prix et dans de telles conditions... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...