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MARDI : Arnaud qui joue la montre sans rien y comprendre, Richard qui joue la transparence parce qu'il a tout compris et huit Immortels qui jouent à battre un record du monde...

Damasser de l'or pour y dessiner des motifs parfaitement définis au coeur des molécules, copier les codes identitaires des autres pour faire son beurre, emballer la planche à billets pour créer des liquidités corruptives : pas belle, la vie des montres ? ▶▶▶ EN RÉSUMÉ (le tout développé après le résumé ci-dessous)Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs …


Damasser de l'or pour y dessiner des motifs parfaitement définis au coeur des molécules, copier les codes identitaires des autres pour faire son beurre, emballer la planche à billets pour créer des liquidités corruptives : pas belle, la vie des montres ?

AUCTIONATA-pendulechinoise-Businessmontres
EN RÉSUMÉ
(le tout développé après le résumé ci-dessous)
Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures...
 
❏❏❏❏ UN COCKTAIL D'ICE-WATCH ET DE ROYAL OAK, ÇA DONNE QUOI ?
❏❏❏❏ L'OBJET DU TEMPS QUI BAT UN RECORD DE VENTE EN LIGNE... 
❏❏❏❏ ENCORE UN COUP FOIREUX DES GÉNIES D'ANTIQUORUM... 
❏❏❏❏ HUIT IMMORTELS DONT CHACUN VAUT 420 000 EUROS...  
❏❏❏❏ COMMENT LES CHINOIS ONT IMPRIMÉ CINQ FOIS PLUS DE YUANS... 
❏❏❏❏ ARNAUD NE COMPREND RIEN À LA GÉOGRAPHIE... 
❏❏❏❏ MAIS L'ANCIEN MINISTRE PORTE UNE MONTRE FRANÇAISE... 
❏❏❏❏ DE L'OR DAMASSÉ COMME ON N'EN AVAIT ENCORE JAMAIS VU...  
❏❏❏❏ STÉPHANE OPTERA-T-IL POUR LA JUPE-CULOTTE ? 
❏❏❏❏ RICHARD EN FLAGRANT DÉLIRE DE TRANSPARENCE...  
❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUTES LES AUTRES INFOS... ❏❏❏❏
 
MONTEBOURG-MarchLAB-Businessmontres
▶ LES 7 x 7 DU MARDI
L'actualité des montres et de ceux qui les font,
en sept adjectifs, à la volée, en vrac,
en bref et en toute liberté...
 
◉◉ STIMULANT : l'ancien ministre Arnaud Montebourg (ci-dessus) s'est mis à faire la promotion de la jeune marque indépendante française March LA.B... Divine surprise sur le plateau de BFMTV, dans News & Compagnie, émission où Nathalie Lévy l'interrogeait sur son association « Vive la France » (vidéo ci-dessous : on commence à parler de montre à la minute 03:15). Arnaud Montebourg avait (presque) bien appris sa leçon, puisqu'il vantait le designer français de cette montre assemblée à Morteau. Sauf que l'ancien ministre a tout gâché : Morteau, c'est dans le Doubs – et pas dans le Jura, comme il l'affirme ! Zéro pointé en géographie française : ça fait désordre quand on crie « Vive la France » ! Ensuite, quand Nathalie Lévy lui demande si les composants de la montre sont fabriqués en Chine ou au Bangladesh (minute 03:49), Arnaud Montebourg se reprend les pieds dans le tapis en affirmant que « ce n'est ni en Chine, ni au Bangladesh » – ce qui fera hurler de rire dans les chaumières horlogères bien informées. Deux énormités en moins d'une minute : l'ex-ministre socialiste de l'Economie n'a rien perdu de ses mauvaises manies bullshitologiques...
 
 
 
◉◉ TERRIFIANT : au cours de ces dix dernières années (2005-2015), la masse monétaire chinoise est passée de 26 000 milliards de yuans à 128 000 milliards de yuans. Au cours de la même période, la masse monétaire américaine – les dollars imprimés par une institution pourtant experte en planche à billets – n'a même pas doublé ! Autant dire que les Chinois sont des experts en impression de billets de banque – ce qui explique au passage la « bulle du crédit » qui avait tellement favorisé les exportations de montres suisses en Chine et la mode des « montres de corruption ». La Chine faisant actuellement tout auprès du FMI pour faire admettre le yuan comme monnaie de réserve mondiale (comme le dollar ou l'euro), y compris un phénoménal stockage d'or, il est évident que la reconnaissance du yuan dans cette élite des monnaies internationales aura des conséquences sur l'économie intérieure. Le FMI exigera sans doute un resserrement de cette politique monétaire ultra-laxiste, donc un coup de froid brutal et de nouvelles tensions pour les entreprises locales. Autant dire que ces pressions ne vont pas relancer la « bulle du crédit », mais qu'elles vont sans doute faire exploser l'actuelle « bulle boursière » chinoise. Tout ceci devrait se faire avant la fin de l'année. Les exportations de montres suisses vers la Chine sont plus mal orientées que jamais...
 
 
◉◉ ENTHOUSIASMANT : on vient de battre un record pour les enchères en ligne de pièces horlogères de collection, mais personne ne le sait – sauf, maintenant, les lecteurs de Business Montres ! La barre était à un peu plus d'un million d'euros. Elle vient de passer à 3,35 millions d'euros, pour une estimation haute d'un million d'euros : un résultat épatant, qui ne surprendra d'ailleurs pas nos lecteurs (« Il est fort probable qu'on sera plus proche des trois à quatre millions » : Business Montres du 1er juin dernier). Trois enchérisseurs chinois, un Taïwanais et une Américain se sont disputés jusqu'au bout cette pendule « impériale », dont l'histoire récente est très intéressante. Nous ne parlons pas ici de la restauration dans différents ateliers suisses de cette mise en scène des Huit immortels sur le mont Penglai vendue par Auctionata (vidéo ci-dessus), mais de la façon dont cette pièce est revenue sur le marché. Elle avait été achetée, dans les années 2000, par Osvaldo Patrizzi qui la considérait comme un des fétiches de son « trésor de guerre » [toute maison d'enchères se doit d'avoir une telle réserve de rarissimes « objets du temps »]. Sa valeur était alors estimée à près d'un million de dollars. En 2008, après les manoeuvres qui leur avaient permis de se débarrasser d'Osvaldo Patrizzi, les putschistes avaient connu de terribles problèmes de trésorerie et ils avaient bradé ce « trésor de guerre » à bas prix, en transaction privée : de même que les pistolets à oiseaux chanteurs – qui devaient dépasser les cinq millions de dollars (ne pas manquer notre vidéo Business Montres Vision) – avaient été cédés pour un million de dollars par les conjurés anti-Patrizzi, cette pendule chinoise avait changé de mains pour 180 000 dollars. Aujourd'hui, adjugée à 3,37 millions de dollars (ci-dessous et mouvement mécaniqueà dix timbres en haut de la page), elle devient l'objet du temps le plus cher passé dans des enchères en ligne – sinon le lot (tout court) le plus cher de toute l'histoire des enchères en ligne. Précision d'un expert en « chinoiseries horlogères » que nous avons consulté : il n'est pas évident du tout que cette pendule soit du XVIIIe siècle [sinon elle vaudrait le triple ou le quadruple] : elle semble bien être des ateliers de Guandong, mais plus tardive, sans doute des débuts du XIXe siècle. Ce qui ne devrait pas bouleverser l'enchérisseur chinois qui a remporté l'adjudication...
 
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◉◉ INQUIÉTANT : les serials copieurs italiens ont encore frappé ! On se souvient des premières copies de Rolex ou de Royal Oak en plastique transparent : la mode était passée de mode en quelques mois – sans que les contre-mesures judiciaires prises en Suisse puissent apparemment avoir de l'effet. C'est reparti pour un tour avec la nouvelle marque D1 Milano, à prononcer « Di One », ce qui sonne comme The One – plusieurs autres marques nous ont déjà fait le coup, merci ! Boîtier noir, codes suisses (notamment Royal Oak : voir ci-dessous), culot marketing, Made in Italy revendiqué [ce qui veut dire Made in Shenzhen : pourquoi se gêner] et prix compétitif pour un « objet de mode » qui s'offre une forme de campagne virale sur les réseaux sociaux, au prétexte d'un nouveau luxe accessible et sans excès (150 euros !). Les trois fondateurs milanais n'ont pas un siècle à eux trois (moyenne d'âge : moins de vingt-cinq ans). Ils font dans l'unisexe, en variant les couleurs du SuperLumiNova (tendance néon) et du PVD pour créer une illusion de différentiation. Le résultat est à la fois surprenant (légèreté extrême, excellente portabilité, classe indéniable au poignet, très bon rapport qualité/prix), stupéfiant de maturité dans l'approche du marché (le nouveau luxe générationnel n'a plus rien à voir avec l'ancien et les tabous d'hier ne sont pas ceux d'aujourd'hui : ces Italiens ont décidément tout compris !) et parfaitement inquiétant tant on pille ici avec allégresse le patrimoine intellectuel bientôt cinquantenaire d'une marque. On s'était toujours demandé ce que pourrait donner le croisement furtif d'une Ice-Watch et d'une Audemars Piguet : c'est bon, on sait maintenant que ça ressemble à une D1 Milano...
 
D1MILANO-Businessmontres
 
◉◉ INNOVANT : le damas est une très ancienne technique de métallurgie (forgeage et trempe pour faire apparaître des motifs au coeur du métal). Un nouveau procédé vient d'être mis au point par Eichenberger Futuretech, société spécialisée dans le prototypage à vocation horlogère : présenté au récent salon EPHJ, ce travail permet de créer un « or damassé », c'est-à-dire de faire apparaître des formes précises au coeur de la matière. il ne s'agit pas de travailler la surface du matériau, mais de mettre en place, dans la structure même du matériau (or ou autre) des dessins déterminés, des motifs décoratifs, voire des logos, avec un niveau de précision exceptionnel. On peut désormais jouer du contraste entre les différents tons d'or, tout en gardant les propriétés des alliages (l'or reste ainsi poinçonnable). On peut également créer des associations inédites en combinant l'or et l'acier, l'or et le titane, l'acier et le titane, etc. Une immense champ d'expérimentations esthétiques s'offre ainsi aux horlogers et aux joailliers [ne serait-ce que dans le domaine de la contrefaçon, cette possibilité de marquer au coeur des matériaux est une avancée extraordinaire]. Damasser l'or : une vieux rêve, qui n'est plus désormais un casse-tête technique, mais une simple question de créativité (ci-dessous : avant polissage, un exemple d'or/acier damassé structuré)...
 
EICHENBERGER-ordamassé-Businessmontres
 
◉◉ TRANSPARENT : nouveau boîtier en saphir pour la RM 056 dédié par Richard Mille à Felipe Massa, champion avec lequel la marque fête ses dix ans de partenariat. Ce tourbillon-chronographe à rattrapante s'habille de verre saphir, avec un boîtier complexe taillé au prix de 1 000 heures de travail (don 350 heures pour le seul polissage) dans un bloc de verre saphir monobloc. Passons sur les raffinements techniques du mouvement, qui synthétise à peu près tout ce qu'on sait faire de mieux chez les mécaniciens suisses (500 composants pour cette complication aux performances aussi optimisées que les finitions sont soignées) et remarquons la promotion du verre saphir comme nouveau matériau de haut luxe. Une fois de plus, Richard Mille choisit une alternative qui prend de court les prétendants au podium horloger : quand ils polissent miroir l'or ou le platine, le dynamitero de la haute horlogerie opte pour la fibre de carbone et pour le saphir [matériau usuel en horlogerie, mais dont personne n'avait songé à faire un symbole statutaire]. Soit la légèreté avec le carbone et la transparence avec le saphir, deux valeurs sociétales qui trouvent là une traduction horlogère inattendue. Pour compléter la trilogie, on y ajoutera la fascination pour la mécanique que cette transparence autorise : même si cette montre n'était pas signée Richard Mille, elle a une telle identité (style général, boîtier tonneau charpenté, rouages apparents, codes couleurs, etc.) qu'on l'attribuerait immanquablement à Richard Mille. Il n'y aura qu'une dizaine de milliardaires à pouvoir profiter de cette RM 056 en série limitée : ce sera sans doute la seule contribution des oligarques globalisés au devoir de transparence...
 
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◉◉ DÉROUTANT : citer le situationniste Guy Debord (« Le détournement est le contraire de la citation »), c'est très chic dans le dossier de presse. Citer le philosophe déconstructiviste Jacques Derrida dans ce même dossier de presse, pour expliquer « le vrai sens de l'anachronisme », c'est probablement encore plus chic. Reste qu'on s'interroge sur les chances de Gucci de s'arracher à son ornière créative après le récent défilé de l'été 2016 (ci-dessous). Certes, Alessandro Michele – le nouveau directeur artistique de la marque – a poussé la provocation assez loin pour qu'on réalise que quelque chose avait changé, mais transformer des chemises en chemisiers, détourner les codes féminins pour les transformer en créations masculines, fleurir les jabots, ressortir les dentelles du placard [où elles étaient enfermées depuis la Révolution française] ou oser la jupe-culotte ne sont pas forcément le meilleur moyen de rendre à Gucci son lustre passé et sa désirabilité modeuse. Qu'on songe ici aux montres que les malheureuses équipes horlogères vont devoir décliner à partir de ces « tendances » de l'été 2016 ! Qu'on imagine la perplexité d'un bon garçon comme Stéphane Linder, promu fashionologue à Baselworld 2015, quand il va devoir choisir sa tenue pour Baselworld 2016 et respecter les codes corporate ! Pour Gucci (groupe Kering), qui recule sur tous ses marchés et dans toutes les disciplines, ce n'est pas gagné...
 
GUCCI-defileprintemps16-Businessmontres
 
 
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DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...
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