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MARDI : Jean-Christophe Babin en quête d'un nouveau destin

C'est parti pour un nouveau tour de chaises musicales : l'arrivée de Jean-Christophe Babin chez Bvlgari enclenche une course pour le remplacer chez TAG Heuer, où une solution purement horlogère sera préférée. Et il faudra remplacer son remplaçant... Une super-pointure du métier chez Bvlgari : de quoi muscler le rapport de forces avec la concurrence...  ▶ LES QUESTIONS DE CES S.M.S. DU MARDILes réponses après le film de corruption ci-dessous...❏❏❏❏ CHAISES MUSICALES : que veut changer Jean-Christophe …


C'est parti pour un nouveau tour de chaises musicales : l'arrivée de Jean-Christophe Babin chez Bvlgari enclenche une course pour le remplacer chez TAG Heuer, où une solution purement horlogère sera préférée. Et il faudra remplacer son remplaçant...

Une super-pointure du métier chez Bvlgari : de quoi muscler le rapport de forces avec la concurrence...

 
▶ LES QUESTIONS DE CES S.M.S. DU MARDI
Les réponses après le film de corruption ci-dessous...
❏❏❏❏ CHAISES MUSICALES : que veut changer Jean-Christophe Babin chez Bvlgari et qui va le remplacer ?
❏❏❏❏ DANIELS : comment passer à côté du livre fondamental qui vient de lui être consacré (en français !) ?
❏❏❏❏ CONSOLIDATION : quels sont les ambitions du clan Mouawad sur le marché horloger-joaillier ?
❏❏❏❏ @2013 : quelles sont les nouvelles marques référencées depuis ce début d'année ?
❏❏❏❏ INDISCRÉTIONS : notées à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité (l'horloge des sushis, le rapatriement du COSC, la renonciation papale, l'année du Serpent, etc.)...
 
 
 
 
◀▶ CHAISES MUSICALES
Jean-Christophe Babin met la main sur Bvlgari...
◉◉◉ Il y avait bien quelques rumeurs de changement pour l'horlogerie LVMH, mais la désignation de Jean-Christophe Babin pour reprendre en mains Bvlgari est cependant une belle surprise, quoiqu'elle ait été amorcée par la nomination urgente de Michael Burke (l'ancien CEO) chez Louis Vuitton, pour cause d'incapacité inattendue de son prédécesseur. Francesco Trapani avait assuré l'intérim, mais ce n'était que provisoire. Après presque douze années de bons et loyaux services chez TAG Heuer, où on peut parler d'une véritable renaissance de la marque, Jean-Christophe Babin accède aux commandes d'une marque ultra-stratégique pour le groupe LVMH, certes moins profitable que TAG Heuer dans sa partie purement horlogère, mais autrement plus florissante dans ses autres métiers (la mode au sens large, le parfum ou même les hôtels). Les concurrents sont de taille, non seulement en Occident (Cartier essentiellement, Tiffany & Co, demain Harry Winston si le Swatch Group y met du sien), mais aussi en Asie (Chow Tai Fook). Le défi est donc à la mesure des talents d'un CEO qui raflait récemment l'Aiguille d'or au Grand Prix d'Horlogerie de Genève – ce qui a défrisé un certain nombre de ses concurrents, qui n'en sont pas encore revenus ! Le potentiel de Bvlgari – qui est un peu une Belle au Bois dormant – est à la mesure de ce défi et ces talents : tout en gardant un pied dans l'horlogerie grâce à la manufacture de Neuchâtel, Jean-Christophe Babin [qui est frotté de culture italienne, qui parle italien et qui a de solides attaches familiales italiennes] va pouvoir déployer à Rome des méthodes de management qui n'y avaient vraiment eu cours. Il est certain de bénéficier de l'appui – vigilant – de Francesco Trapani, qui reste affectivement très lié à Bvlgari et qui confirme avec cette nomination son parcours sans faute dans l'horlogerie LVMH. Ce nouvel épisode des chaises musicales dans l'horlogerie va ranimer la concurrence au plus haut niveau : après avoir repositionné TAG Heuer dans les cinq premières marques de l'horlogerie suisse, Jean-Christophe Babin doit maintenir ramener Bvlgari vers ces sommets : bon courage pour cette nouvelle ascension !
◉◉◉ L'autre chaise musicale du jour, c'est, très logiquement, le remplacement de Jean-Christophe Babin chez TAG Heuer, où son charisme avait fait soudé une équipe qui aura du mal à se faire à une nouvelle tête, probablement recrutée en interne (groupe ou marque), selon les bonnes habitudes du groupe LVMH. La mise en place effective de Jean-Christophe Babin est liée à l'arrivée de son remplaçant : avant ou après Bâle ? En tout cas, avant la fin juin, ce qui met la pression sur les postulants éventuels, chez TAG Heuer ou au sein du pôle horloger comme dans les autres marques du groupe. La mission est séduisante, mais les écueils nombreux, surtout pour des non-spécialistes. Francesco Trapani devrait faire preuve du même discernement que pour choisir son successeur chez Bvlgari : bon courage !
 
 
 
◀▶ RESTRUCTURATION
Le groupe Mouawad passe aux choses sérieuses...
◉◉◉ Si le nom de Mouawad est honorablement associé business horloger et joaillier dans tout le Proche-Orient, et jusqu'en Chine ou à Singapour (le groupe y possède quelques boutiques), la géométrie exacte de l'ensemble Mouawad reste un peu floue. On a retenu du père, Robert Mouawad, héritier d'une famille libanaise active dans les bijoux depuis le milieu du XIXe siècle, une coquette fortune réalisée dans les "affaires" – au sens large – entre l'Europe et les cours proche-orientales, notamment en Arabie séoudite. Ses fils ont connu des trajectoires multiples, pas toujours liées à l'horlogerie-bijouterie, mais avec la Suisse comme point fixe. On a connu, dans cet ensemble Mouawad, de somptueuses lignes de joaillerie, mais aussi des marques de montres comme Robergé ou Trebor ["Robert Ge...nève ou Robert en anagramme], de très honnête facture, mais sans consistance durable sur le marché, ou, plus récemment, Blacksand, une vraie marque lancée par Alain Mouawad (ci-dessous), le plus suisse des trois fils de Robert Mouawad, mais sans racines solides dans le paysage horloger [en dépit de la fondation d'une manufacture à Genève-Carouge et de la mise au point de deux mouvements mécaniques]. La famille Mouawad dispose également d'un établissement industriel réputé aux Breuleux, au coeur des Franches-Montagnes horlogères. Soit un patchwork sans vraie cohérence, ni synergie. C'est ce que les frères Mouawad – Fred, Pascal et Alain, désormais en charge du groupe familial depuis que leur père s'est retiré des affaires – ont décidé de changer...
 
 
◉◉◉ On parlera désormais du "groupe Mouawad", toutes les marques, toutes les lignes et tous les ateliers touchant à l'horlogerie comme à la joaillerie étant appelées à se fondre dans ce nouveau creuset Mouawad, marque-ombrelle de l'ensemble (on ajoutera à cette division horlogère le SAV des montres du groupe, ainsi que la Mouaward Watch Academy). Alain Mouawad prend en charge les opérations horlogères en Suisse, avec une intégration de sa marque, Blacksand [devenue une collection design et haut de gamme de Mouawad], dans les lignes Mouawad, qui ont conservé le meilleur de l'ex-collection Robergé [le style du boîtier rectangulaire ovalisé et une qualité d'exécution irréprochable] tout en se repositionnant à des prix réalistes. Ceux qui ont de la mémoire se souviendront des pièces de haute horlogerie réalisées par Alain Mouawad, dans les années 1990, quand il se faisait la main sur les montres Robergé : ni les tourbillons (rarissimes en ce temps-là), ni les répétitions minute (développées à l'époque avec Gérald Genta) ne lui faisaient peur – et d'autant moins que les "grandes marques" n'avaient pas encore compris le potentiel des grandes complications pour séduire les hyper-collectionneurs et les ultra-riches sur des marchés qui n'étaient pas encore émergents. Avec un Alain Mouawad en superviseur horloger, le groupe Manufacture Mouawad prend une autre dimension, à la fois dans l'intégration amont (fabrique des Breuleux et atelier mécanique de Genève, avec un chronographe monopoussoir roue à colonnes dans les tuyaux) comme dans l'aval commercial (réseau international de boutiques essaimées de Genève à Singapour, en passant par les Emirats et par Hong Kong). Ce qui est courageux : il n'est pas facile d'exister pour des groupes indépendants (même en passe de verticalisation) qui doivent se faire une place au soleil dans l'ombre des grands groupes de luxe et des conglomérats géants de l'horlogerie. Ce qui est rassurant, c'est l'éthique foncièrement honnête et la rigueur professionnelle horlogère qu'Alain Mouawad a toujours mis – certains diront trop mis – dans ses entreprises : on le vérifiera à la mise en scène, par la nouvelle Manufacture Mouawad, de nouveaux mouvements mécaniques dans les mois à venir. Les délais de cette restructuration ont empêché la marque de participer cette année aux salons genevois et bâlois, mais ce n'est sans doute que provisoire. Les trois frères Mouawad, qui ont des compétences à la fois très différentes et bien complémentaires (compétence horlogère, métier joaillier, gestion financière, relations publiques) ont désormais en main toutes les armes pour ouvrir un nouveau chapitre de la longue saga Mouawad – qui court désormais sur quatre générations.
 
 
 
 
 
◀▶ NOUVELLES MARQUES 2012
Quelques propositions intéressantes pour entrer sur le marché...
◉◉◉ AÃRK COLLECTIVE : en direct d'Australie (Melbourne), marché horloger plutôt explosif, une nouvelle collection Aãark Collective, cabinet de design ultra-créatif (qui écrit le second A de Aãrk avec un Ã), qui devient donc la référence #20/Génération 2013 des marques de l'année. Beaucoup de couleurs (ci-dessus), un excellent coup d'oeil, une grande rigueur formelle (boîtier, aiguilles : ci-dessous) et une vraie bonne humeur dans ces montres venues d'une nation horlogèrement émergente (on avait récemment signalé le naissance de Bausele, qui encapsule du sable australien dans ses montres) et pleine de vitalité. Entre 150 et 250 dollars, les prix sont décents pour la qualité perçue et l'originalité du produit, qui sacrifie à la mode de l'interchangeabilité des différents composants (boîtier, bracelet, cadran, lunette, aiguilles, etc.)...
 
 
◉◉◉ VICTORY INSTRUMENTS : en direct de Californie, un concept de "montes à vivre", sur l'inusable créneau du life style, Victory Instruments est une promesse d'aventures et de vie sportive, qui deviendra la référence #21/Génération 2013. Rien de bien original dans ces boîtiers chronographes, avec un peu de céramique, un peu de vis apparentes, un peu de couleurs vives et un peu de gomme, juste ce qu'il faut pour générer des émotions fortes en laissant 250 euros sur le comptoir de la boutique. Le mouvement est suisse, le reste ni suisse, ni américain, mais l'ambiance y est et, à ce prix-là, peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse...
 
 
◉◉◉ RAÚL PAGÈS : un oublié dans nos références, Raúl Pagès, le (re)créateur des automates Tortue (Business Montres du 11 février). Il est bien évidemment le porteur de la référence #22/Génération 2013 pour les marques lancées depuis le début de l'année (ci-dessous, dans son atelier)...
 
 
 
 
◀▶ GEORGE DANIELS
Un livre à commander en urgence...
◉◉◉ Avant même d'avoir fini sa lecture, quelques mots sur un livre qu'il faut absolument avoir lu pour comprendre un des génies horlogers de ce siècle, qui vient de nous quitter, mais dont les montres sont déjà considérées par les collectionneurs comme les plus belles pièces de l'horlogerie mécanique du XXe siècle.George Daniels, un maître-horloger et son art, de Michael Clerizo est désormais disponible pour le public francophone, en grand format carré, avec 240 illustrations (140 euros, à commander chez Watchprint, qui est aussi l'éditeur). Business Montres reviendra plus longuement sur cet ouvrage fondamental, qui doit figurer dans la bibliothèque de tout amateur qui se respecte...
 
 
 
 
◀▶ LES INDISCRÉTIONS DU JOUR
Notées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté...
 
◉◉◉ CORRUPTION : les médias sociaux chinois sont impitoyables pour les montres de luxe de leurs dirigeants. Exemple avec la collection de montres suisses d'un dirigeant communiste (ci-dessus, après le sommaire) tracée (traquée ?) et stigmatisée par un internaute chinois, qui n'a même pas besoin de faire remarquer que la facture de cette collection correspond à un bon siècle de salaire moyen dans la bureaucratie communiste locale (il s'agit de l'honorable Wang Dacai, depuis démissionné de ses fonctions officielles dans la province du Shaanxi)...
 
◉◉◉ RENONCIATION : si la décision papale de jeter l'éponge est saluée dans le monde, existerait-il des dirigeants horlogers qui devraien eux aussi renoncer pour des questions de charge excessive en fonction de l'âge ? Certains dirigeants (propriétaires familiaux ou non) s'accrochent à leur fauteuil, en refusant de préparer leur succession, alors que la pérennité de la marque ou de l'établissement exigerait soit la désignation d'un successeur, soit la dévolution de l'entreprise...
 
◉◉◉ SUSHI CLOCK : une assiette de sushis ou un panier de dim-sun en guise de cadran , pourquoi pas ? Les fous de gastronomie asiatique et tous ceux qui restent fascinés pour les moulages en cire colorée dont les restaurants asiatiques se servent pour figurer leurs plats ne manqueront pas d'accrocher dans leur cuisine ces horloges Sushi Clock (ci-contre), d'un réalisme confondant dans leur boîte en bois laqué, dont il existe déjà une dizaine de versions, y compris une version américanisée en assiette de donuts (finitions à la main, mouvement Seiko, environ 40 à 50 dollars)...
 
◉◉◉ COSC : les bureaux du COSC (Certification officielle suisse des chronomètres) quittent Genève pour se replier sur Saint-Imier (canton de Berne), où ils renaissent après trente-cinq ans d'absence. 20 à 3à emplois devraient y être créés. Les deux autres bureaux de contrôle du COSC sont situés à Bienne (canton de Berne) et au Locle (canton de Neuchâtel). Un déménagement qui vient d'être signalé par la presse suisse, mais qui n'est pas une découverte pour les lecteurs de Business Montres, qui en avaient eu la révélation dès le 27 novembre dernier...
 
◉◉◉ LIQUIDE : alors que la Suisse envisage de plafonner à 100 000 francs suisses les paiement en argent liquide (Business Montres du 11 février), la France songerait à les plafonner à... 1 000 euros – dans une logique de lutte contre la fraude fiscale...
 
◉◉◉ ANNÉE DU SERPENT : les marques occidentales en font-elles trop ? Si on ne compte plus les montres dédiées à ce signe du zodiaque chinois, effectivement assez décoratifs dans sa figuration, on voit désormais fleurir des voitures commémoratives ! Un rétrospective de Luxury Society...
 
◉◉◉ ROBOTS : « Contrairement à ce que pensent les post-humanistes, les avancées technologiques ne construisent pas une nouvelle espèce, elles renforcent au contraire l’espèce humaine. A l‘heure où les robots semblent faire leur grand retour, peut-on encore penser qu’ils représentent un avenir pour l’homme ? ». Une chronique intéressante et un manifeste anti-robots de Thomas Jamet (Zenith Optimedia), auteur de Ren@issance Mythologique, l’imaginaire et les mythes à l’ère digitale (François Bourin éditeur, préface de Michel Maffesoli), dans INfluencia..
 
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