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MARDI : La mystérieuse malédiction horlogère qui nimbe Marie-Antoinette a encore frappé...

Deux cent ans après sa création, la montre Breguet n° 160, récemment rebaptisée « Marie-Antoinette » [appellation d'origine non contrôlée], attend toujours son Homère ou son Balzac. Son rocambolesque destin ne méritait sans doute le pâle marshmallow hollywoodien qu'un naïf Américain vient de lui consacrer. Le mystère de cette ultra-complication reste entier... ▶▶▶ EN RÉSUMÉIndiscrétions, analyses, informations, 


Deux cent ans après sa création, la montre Breguet n° 160, récemment rebaptisée « Marie-Antoinette » [appellation d'origine non contrôlée], attend toujours son Homère ou son Balzac. Son rocambolesque destin ne méritait sans doute le pâle marshmallow hollywoodien qu'un naïf Américain vient de lui consacrer. Le mystère de cette ultra-complication reste entier...

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EN RÉSUMÉ
Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures...
 
❏❏❏❏ MARIE-ANTOINETTE N'A PAS DE CHANCE...
❏❏❏❏ JOHN NE NOUS ÉPARGNE PAS UN SEUL MÉGOT...
❏❏❏❏ MAX EN GUEST STAR D'UN SALMIGONDIS HOLLYWOODIEN...  
❏❏❏❏ LE BOUCHER DES VANITÉS MET LA PRESSION... 
❏❏❏❏ VOUS AVEZ AIMÉ VALSER EN 2008 ? 
❏❏❏❏ VOUS ALLEZ ADORER SWINGUER EN 2015...  
❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUTES LES AUTRES INFOS... ❏❏❏❏
 
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UN MARDI D'ÉTÉ
Quelques repères dans l'actualité des montres
et de ceux qui les font, à la volée,
en vrac, en bref et en toute liberté...
 
1783_marie_antoinette_holdi◉◉ PÈSE-T-IL UNE MALÉDICTION SUR LA « MARIE-ANTOINETTE » DE BREGUET (1) ?  : On peut se demander, l'existence de cette montre n° 160 de Breguet, dite « Marie-Antoinette », étant remplie de mystères enveloppés dans une énigme (pour paraphraser Churchill). On ne sait pas trop quand elle a commencé à être construite, ni par qui elle a été commandée, ni pour qui, ni encore ce que Abraham Louis Breguet voulait en faire. Puis elle a été parée de sa légende royale, avant de disparaître dans un cambriolage rocambolesque et de refaire surface dans des circonstances non moins romanesques, alors que Nicolas Hayek avait réalisé son clone. Aujourd'hui, elle n'est visible que sous certaines conditions, toute aussi énigmatiques, à Jérusalem et confinée pour des raisons mystérieuses. Que de tumultes, de bruits et de fureurs autour de cette pièce, qui fut longtemps la montre la plus compliquée du monde. Il y a comme une malédiction sur cet objet du temps, depuis ses origines. De quoi tenter un romancier qui aurait du talent, mais ce n'est pas la qualité majeure de John Biggs, un des nombreux amoureux de cette montre biséculaire, qui vient de lui consacrer un livre, Marie Antoinette's Watch (Ray Bridge Press, en anglais facile à lire), avec le sous-titre accrocheur « Adultery, Larceny & Perpetual Motion » (quelque chose comme « Adultère, Cambiolage et Mouvement perpetuel ». Editeur du site de nouvelles technologies TechCrunch's East Coast, John Biggs a été fasciné par son sujet et par le décor dans lequel la « Marie-Antoinette » est née, a grandi et a trouvé sa place. Parfait. Le problème, c'est que son livre est nettement moins fascinant. Ce qui prouve que la malédiction a encore frappé...
 
pmarie5_1384572a◉◉ POURQUOI TANT DE CINÉMA HOLLYWOODIEN AUTOUR D'UNE MONTRE (2) ? John Biggs a un atout : il est Américain, professionnel, bon communicant et passionné par son sujet. Il a un handicap : il est trop Américain, trop professionnel, trop communicant et trop passionné. Ce qui nous vaut un coup de projecteur hollywoodien sur la fin de l'Ancien Régime et la Révolution française : le scénario ne se tient que si la reine Marie-Antoinette faute avec Axel de Fersen, hypothèse historiquement un peu ridicule, mais sans laquelle le livre de John Biggs n'est qu'une compilation inutile de ce qu'on peut trouver sur Internet. Donc, en moins de vingt pages, voici « Axel et Marie » (sic) – la reine de France et le gandin suédois – qui roucoulent. Prenant la légende au premier degré, John Biggs ne doute pas un instant que Fersen ait commandé la montre pour la reine, ce qui est une autre hypothèse absurde, même en considérant que les montres de M. Breguet étaient, à l'époque, des accessoires de mode particulièrement prisés comme cadeaux. Pourquoi une montre aussi volumineuse et aussi compliquée pour une femme, qui n'aimait que les pièces fines, élégantes et simplissimes ? John Biggs ne se pose pas une seconde la question, mais il va rattacher tout son storytelling à la relation étroite entre la reine, la montre et son « amant » supposé. Vu des États-Unis, c'est facile : quand on connaît les codes de la cour de Versailles et son ambiance, l'éthique et l'éducation de la reine, le balisage minutieux de son emploi du temps et les jeux de l'amour et du hasard tels qu'on les pratiquait du temps des Liaisons dangereuses, on réalise tout de suite qu'il s'agit d'une novelisation à l'eau de rose cinématographique, plus proche de l'uchronie que de la chronique. John Biggs n'a sans doute jamais lu Laclos : il ne comprend pas qu'on puisse aimer sans coucher et que c'est justement coucher qui empêche d'aimer. Le reste est à l'avenant : la mise en scène du personnage de Breguet devient bouffonne. La Révolution française est vue en cinémascope, dans le goût Disneyland. La naïveté sympathique de l'Américain reste une source permanente d'émerveillement : la montre « Marie-Antoinette » – qui ne s'appellera ainsi que quand il s'agira de la revendre à un riche collectionneur britannique [éternelle vertu du storytelling !] – demeure le gros fil blanc dont on va coudre le tout, en lardant le paquet de considérations sur l'horlogerie contemporaine (apparition surprise de Maximilian Büsser en guest star), sur l'histoire des montres [que d'approximations un peu bébêtes !] et sur la France des lumières, avec des approximations grotesques qui voient la cour de Versailles dépenser en montres et en pendule 20 % du budget de la nation française (!), qui était alors le plus riche pays d'Europe...
 
Breguet-Marie-Antoinette◉◉ QU'EST-CE QU'ON PEUT SAUVER DE CETTE MÉSAVENTURE LITTÉRAIRE (3) ? John Biggs a eu accès au dossier d'archives de la police hyérosolomitaine pour ce qui concerne le vol de la montre, en 1983. Il ne nous fait grâce d'aucun mégot laissé par le voleur [dont nous sommes heureux d'apprendre qu'il n'a pas consommé sur place un demi-sandwich au jambon], mais il nous laisse sur notre faim concernant les motivations de ce voleur et de son rapport direct avec la montre « Marie-Antoinette ». Il s'étend également longuement sur la restitution des montres et la recherche en Europe (voire en Suisse) de celles qui n'avaient été restituées par la famille du cambrioleur israélien. Ce sera le seul intérêt du livre pour les chercheurs et les curieux. Pour ce qui concerne la « Marie-Antoinette », c'est par contraste que l'auteur nous fait comprendre – sans le faire exprès – que cette montre n'avait rien d'une Breguet telle que les concevait Abraham Louis Breguet pour les élites de son temps, mais c'était bien une montre hors normes, extra-ordinaire, une sorte de laboratoire horloger [ce qui ruine au passage l'idée même d'une commande spéciale], un « monstre » expérimental, une concept watch avant la lettre. Ce n'était pas une Breguet, parce que c'était un chantier permanent, non destiné à la commercialisation, ce qui explique qu'on n'y retrouve pas le style et les finitions des Breguet : comme il fallait bien la vendre à une collectionneur, la légende royale a pallié la rusticité de la concept watch en la saupoudrant de paillettes versaillaises. Bon zigue, le Britannique a gobé l'hameçon, et l'Américain après lui...
 
◉◉ LE SILENCE DES MÉDIAS EUROPÉENS SUR LE « CROCOGATE » A-T-IL DES RAISONS PUBLICITAIRES ? Contraste étonnant entre le traitement du « crocogate » par les médias francophones et par les médias anglophones : les premiers sont aux abonnés absents, alors que les seconds ont rendu compte sans états d'âme de la campagne lancée par les activistes pro-animaux de la PETA contre le maroquinier français. Question de revenus publicitaires ? Probablement, sinon comment expliquer que des médias généralement très friands de bashing collectif ignorent à ce point un « crocogate » dont la vidéo a déjà dépassé le demi-million de « vues » sur Internet (à regarder sur Business Montres Vision) ? Dans cette affaire, ceux qui gèrent la communication de crise pour Hermès ont pour l'instant réussi à calmer le jeu, en alternant les pressions publicitaires [Hermès est un grand annonceur] et les pressions amicales (chantage à la connivence et promesse de bonnes relations ultérieures). Ne parlons évidemment pas des médias horlogers, qui n'ont pas encore compris à quel point la maroquinerie horlogère pourrait souffrir de cette campagne d'opinion, qui oblige chacun à se poser des questions sur la valeur éthique de nos chers bracelets en « croco ». Pourtant, que de questions nous sont posées par des confrères... qui s'empressent ensuite de ne rien faire ! Ci-dessous : le cours de l'action Hermès, actuellement très chahuté, depuis un mois, les premiers échos de la campagne d'opinion lancée par la PETA se faisant sensible dans la dernière décade de juin...
 
CROCOGATE HERMES-Businessmontres
 
◉◉ ALORS, C'EST POUR QUAND, L'EXPLOSION DE LA BULLE BOURSIÈRE EN CHINE ? Dès qu'on ne parle plus de la Grèce, on ne parle plus que de ça. Et ça semble autrement plus sérieux (voir notamment cet article d'un économiste de Saxo Bank dans Le Temps). C'est que, désormais, il est quasiment tard pour que le pouvoir central de Beijing puisse calmer l'incendie devenu incontrôlable. Avec un facteur de risques supplémentaire : le prochain et probable défaut de paiement de l'Ukraine, à laquelle on a beaucoup trop prêté et sans garanties. Ce qui ne va pas aider les opinions publiques à se réconcilier avec leurs autorités financières, décidément bien légères avec les ressources et les richesses de leurs citoyens. Vous avez aimé la crise bancaire de 2008 : attachez vos ceintures pour la crise monétaire de 2015 !
 
 
 
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DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...
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