MARDI : Les dangers d'un maniérisme décoratif devenu trop abusif pour ne pas être toxique et l'idée nocturne d'un projecteur horloger qui remonte au XVIIIe siècle...
Le 29 / 04 / 2014 à 09:52 Par Le sniper de Business Montres - 2772 mots
L'overdose de petits oiseaux, de papillons, d'émaux plique-à-jour, de nano-sculptures et de micro-broderies menace. Trop de « métiers d'art » tuent la force de ces artisanats d'art accommodés à toutes les sauces, même les moins piquantes...
▶▶▶ EN RÉSUMÉIndiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏ FOOT BUSINESS : un milliard perdu ? ❏❏❏❏ MARCHÉS : qui …
L'overdose de petits oiseaux, de papillons, d'émaux plique-à-jour, de nano-sculptures et de micro-broderies menace. Trop de « métiers d'art » tuent la force de ces artisanats d'art accommodés à toutes les sauces, même les moins piquantes...
▶▶▶ EN RÉSUMÉIndiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏ FOOT BUSINESS : un milliard perdu ? ❏❏❏❏ MARCHÉS : qui achète quoi ? ❏❏❏❏ MANIÉRISME : naturalisme rococo ? ❏❏❏❏ PROJECTEUR : frissons nocturnes ? ❏❏❏❏ DÉMOGRAPHIE : tricolore ? ❏❏❏❏ FP JOURNE : Carpe Diem ? ❏❏❏❏ AUTOMOTO : überwatch ? ❏❏❏❏ SILBERSTEIN : vingt ans avant ? ❏❏❏❏ RECENSEMENT : 91 % pour la Romandie ? ❏❏❏❏ R WATCH : trois couleurs ?
▶▶▶ LES 7 x 7 DU MARDINotés à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... ◉◉◉◉ MANIÉRISME : un article de Paris-Match présentait récemment quelques « Montres et merveilles », c'est-à-dire une sélection de montres exceptionnelles par leur appel aux fameux « métiers d'art » – en sabir médiatique, cela donne : « Luxe extrême, originalité chromatique et virtuosité d’un savoir-faire ancestral se mêlent à la haute horlogerie pour dévoiler des cadrans de montres extraordinaires ». Rien à redire à la sélection (exemple ci-dessous), mais cette accumulation de naturalisme animalier et de zoologie fantastique – tendance surconnotée à Genève et confirmée à Baselworld – traduit un néo-maniérisme dont on peut se demander s'il ne va pas un peu plus approfondir le fossé qui existe entre l'offre contemporaine et les publics traditionnels de la montre dans les économies développées. Non que ces propositions émaillées, fleuries, emplumées, papillonnées ou même brodées soient illégitimes : les maisons d'horlogerie ont toujours adoré la préciosité décorative et la mode contemporaine de ces montres reste même au-dessous de la vogue des montres émaillées qui quittaient la Suisse au XIXe siècle pour s'arracher sur les marchés chinois ou turc. Non que ces montres ultra-précieuses ne témoignent d'une maîtrise spectaculaire de tous ces artisanats d'art que l'horlogerie avait perdus de vue depuis le changement de siècle – au profit d'un autre maniérisme, celui de l'intégrisme mécanique et des concept watches. Le problème, c'est l'inadéquation de cette offre néo-maniérisme, aux limites du gongorisme baroque, avec les attentes d'amateurs vite lassés par cette zoolâtrie et tentés – sur les marchés émergés comme sur les nouvelles places horlogères – par un retour à la simplicité, qu'on parle de style ou même de prix. La créativité sans limites de ces montres ultra-décorées n'a pas de prix, ce qui permet aux manufactures de rançonner les nouveaux milliardaires au goût pas toujours très sûr, mais elle a un coût immédiat, à court terme. D'une part, elle trouble l'image des marques concernées : ce nouveau culte de la beauté décorative érode et lisse les codes identitaires des montres : hormis l'évidence Bvlgari, qui a signé quoi dans les exemples ci-dessous ? D'autre part, cette effervescence autour de montres maniérées ne va pas réconcilier les jeunes générations des marchés traditionnels de l'horlogerie – ces pays où se créent l'image et la réputation des marques – avec le goût de porter une montre au poignet. On est très loin de la réponse à apporter au vrai défi de la « créativité accessible ». Pendant que les marques s'amusent à rivaliser de belles manières, les amateurs tournent le dos et rêvent de smartwatches ou de montres vintage. Le maniérisme abusif, tendance rococo, devient ici doublement toxique : il reformate les catalogues en poussant au renchérissement des prix et il opère un divorce entre l'offre et la demande. Attention, danger ! ◉◉◉◉ AUTOMOTO : intéressant rapprochement dans l'émission Automoto (TF1, France), qui présentait récemment l'hypercar Lykan (« la-voiture-la-plus-chère-du-monde » : 2,5 millions d'euros, 400 km/h annoncés comme record du monde pour une voiture de série), exposée au salon Top Marques de Monaco – super-bolide dont Business Montres (25 avril) expliquait récemment qu'elle allait changer de parrain horloger. Que découvre-t-on à la minute 03:20 du podcast de l'émission (ci-dessous) ? Cette Lykan, qui sera bientôt réalisée dans une manufacture automobile en train de sortir de terre du côté de Dubai, mais aussi une über-montre qui est aussi (presque) une des plus chères du monde, puisqu'elle est également vendue 2,5 millions d'euros ! C'est aussi la montre la plus compliquée du monde, mais le présentateur n'a pas l'air de s'en soucier. Pas de marque citée, mais on l'aura reconnue si on est un peu initié (image ci-dessus) : fantastique hypocrisie de la réglementation française, qui permet de citer à l'antenne la marque d'une voiture, mais pas celle d'une montre !
◉◉◉◉ PROJECTEUR : comment connaître l'heure quand il fait nuit ? À l'âge des chandelles, rallumer la bougie pouvait s'avérer dangereux et même désagréable quand il fallait quitter la tiédeur du lit pour l'haleine glacée d'une chambre sans chauffage. Par la suite, les montres à sonnerie ont partiellement réglé le problème. Quelques horlogers de ces âges héroïques avaient cependant imaginé de coupler une veilleuse (chandelle) et une pendule pour projeter l'heure au coeur de la nuit. Un pape en a bénéficié pour l'heure de ses prières nocturnes, mais l'horloger munichois Johann Georg Mayr (650-1684) avait imaginé un système de projection lumineuse pour une pendule astronomique capable d'indiquer la ronde des heures, des jours, de la Lune et des planètes. Une pièce de qualité musée (par son dispositif d'affichage autant que par la signature de l'horloger), qu'on découvre dans le prochain catalogue d'enchères de la maison Auktionen Dr Crott (lot n° 606, estimé 30 000-50 000 euros, ce qui est assez défensif, même si la pièce a connu quelques interpolations ultérieures). Dans ce même catalogue, un lot inattendu : le Tourbillon Nomade d'Alain Silberstein (lot n0 207, estimé 20 000-30 000 euros, image en haut de la page) : datée de 1995, cette pièce unique prouve une fois de plus à quel point Alain Silberstein a été pionnier tant pour les formes et les couleurs que pour les fonctions [un tourbillon squeletté dans une montre de poche en 1995, voici vingt ans, il fallait y penser]... ◉◉◉◉ MARCHÉS : côté montres, qui consomme quoi et où ? Une intéressante étude Sinus (Allemagne) vient d'être publiée sur la consommation globale des produits de luxe dans le monde (exemple ci-dessous) – ce qui permet de corriger certaines idées reçues fréquemment répandues dans le milieu horloger.À lire et à méditer... ◉◉◉◉ R-WATCH : la fraternité Delafontaine (deux frères, dont l'un, Romain, a roulé sa bosse dans quelques ateliers horlogers d'avant-garde, notamment Chronode, l'autre, François, étant passé par l'école Breguet) vient de fonder sa marque, r-watch, avec un faucon pour dessiner le R en plein vol. Du bon basique Swiss Made, à des prix relativement accessibles (2 500-3 000 CHF tout de même, avec une masse oscillante en or) et avec un style qui réconcilie l'esprit des montres militaires avec le goût du design. Ce qui n'exclut pas des jolies idées, comme ces index qui changent de couleur à la demande, par la couronne, ou automatiquement toutes les 24 heures (modèle trois couleurs : ci-dessous)... ◉◉◉◉ FOOT BUSINESS : que le football vous fasse ou non rêver, c'est un article de saison absolument incontournable en 2014. Pour avoir les idées un peu plus claires, une infographie financière AFP trouvée sur Sportbusiness. Les enjeux financiers sont considérables, les risques aussi. Il ne manque à cette infographie que les noms des marques qui sont devenues partenaires officiels des clubs, mais nos lecteurs les connaissent : à chacun de se faire une idée des risques d'image liés à ces liaisons dangereuses...
◉◉◉◉ UN PEU DE TOUT SUR PRESQUE RIEN : la presse pipole énamourée raconte la montre Cartier – « la même que celle de Lady Diana » – offerte par le prince William, duc de Cambridge, à Kate Middleton pour le troisième anniversaire de leur mariage. Sauf que cette Ballon bleu de Cartier (celle qui a été offerte en 2014) a été lancée en 2007, dix ans après la disparition tragique de Lady Diana... ◉◉◉◉ Tout va très bien, madame la Marquise ? « Le printemps sera chaud », nous rappelle un des experts économiques des Echos (France), professeur à HEC Paris, qui compile quelques statistiques beaucoup plus alarmantes que les déclarations lénifiantes des gouvernements concernés... ◉◉◉◉ Puisqu'on vous répète que tout va bien ! L'horlogerie ne s'est jamais aussi bien portée, nous assure-ton depuis le début de l'année, à Genève comme à Bâle. Sauf qu'on découvre, dans les statistiques de la Convention patronale suisse, que la branche horlogère a engagé moitié moins de personnel en 2013 – par rapport à 2012. L'année dernière, il n'y a eu que 1 470 embauches supplémentaires, contre en 3013 en 2012 (recensement 2013). Le tout pour 572 entreprise (8 de plus qu'en 2012). L'arc romand (dans l'ordre Neuchâtel, Berne et Genève) représente toujours 91 % des effectifs (57 286 personnes au total). La moitié des postes créés étaient pour la production (rattrapage capacitaire). ◉◉◉◉ Carpe Diem ? Rappel très utile de François-Xavier Overstake dans son blog Equation du Temps : on l'avait un peu oublié, mais il fut un temps où François-Paul Journe faisait des belles montres, originales et créatives, comme cette Carpe Diem de 1997. Dommage de parler ainsi de lui à l'imparfait (voir notre analyse : « Trente ans plus tard, François-Paul Journe a-t-il encore quelque chose à nous dire ? », Business Montres du 28 novembre 2013)... ◉◉◉◉ Nouvelles marques tricolores ? Excellent millésime 2014 pour la démographie horlogère française : Business Montres (5 avril) vous a déjà parlé de Charlie Watch, qui s'approche des 300 % de souscription sur Indiegogo, mais il faut aussi compter sur des jeunes pousses comme Les Partisanes, La Trotteuse & Compagnie ou Mona Watches (vidéos ci-dessous)... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...