MERCREDI : Comment Urwerk réinvente la notion d'armure horlogère, comment Kering va consolider son pôle horloger-joaillier et comment Apple pourrait bien doubler la mise au poignet...
Sauvées en février par les achats anticipés des Japonais, inquiets du prochain doublement de leur TVA domestique, les statistiques d'exportations horlogères de mars vont-elles reprendre leur glissade vers le bas ? ▶▶▶ EN RÉSUMÉanalyses, in-10-crétions, informations, enquêtes,rumeurs & murmures (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏ SMOOTHIE : tendance ? ❏❏❏❏ BACCARAT : Louis ? ❏❏❏❏
Sauvées en février par les achats anticipés des Japonais, inquiets du prochain doublement de leur TVA domestique, les statistiques d'exportations horlogères de mars vont-elles reprendre leur glissade vers le bas ?
▶▶▶ EN RÉSUMÉanalyses, in-10-crétions, informations, enquêtes,rumeurs & murmures (développements ci-dessous)... ❏❏❏❏ SMOOTHIE : tendance ? ❏❏❏❏ BACCARAT : Louis ? ❏❏❏❏ SMARTWATCH : fausse piste Apple ? ❏❏❏❏ HIGH-TECH : coût de production ? ❏❏❏❏ MÉCHANIQUES : naturalisme ? ❏❏❏❏ MÉTIERS D'ART : à quand la Suisse ? ❏❏❏❏ URWERK : armure ? ❏❏❏❏ GIRARD-PERREGAUX : corail ? ❏❏❏❏ UN PEU DE TOUT SUR PRESQUE RIEN : Terry le sexploiteur ? Juan le poilu ? Anne la classique ? Dominique le sage ? Etc... 
▶▶▶ LES IN–10–CRÉTIONS DU JOURNotées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
◉◉◉◉ URWERK : signalée par Business Montres dès le 3 février dernier (images du mouvement), la nouvelle UR-105M développée par Urwerk (Felix Baumgartner et Martin Frei) ne débarque qu'aujourd'hui sous les projecteurs, mais elle n'a rien perdu de son attrait. Conçue comme une « armure » horlogère contemporaine (image en haut de la page), elle reprend les codes traditionnels de la marque : satellite des heures dont le pointeur défile sur le staccato des minutes, méga-couronne à 12 h, fonctions annexes déportées sur un tableau de bord gravé au fond du boîtier (contrôle de l'huile pour la date de la révision, réserve de marche et vis de régulation pour l'exactitude du mouvement : ci-contre), etc., mais en l'actualisant avec beaucoup d'élégance. Les satellites horaires sont réalisés en aluminium et, cette fois, on peut admirer leur danse au coeur du boîtier en titane renforcé d'une coque d'acier. Décalage : la double indication de la seconde (sur le cadran, par dizaines, à la hauteur de la minute, et sur le flanc de la montre, à côté de la réserve de marche : image ci-dessous – au passage, on admirera le travail sur les lignes de la montre). Pétition de principe de Martin Frei, le designer : « Le boîtier de la UR-105M a été pensée comme une armure. Les vis visibles sur la face de la montre ne sont pas de simples éléments esthétiques. Elles viennent plaquer contre le corps de titane, un bouclier d’acier. Celui-ci protège un mécanisme somme toute fragile et fait rempart contre les agressions du monde extérieur. L’analogie avec l’imaginaire chevaleresque est évidente pour moi. Vous avez cette puissance qui se dégage de la lunette-armure qui procure un sentiment d’invincibilité ». C'est une Urwerk qui a digéré son agressivité démonstrative initiale : elle a su rester tout aussi radicalement originale et différente tout en se voulant plus légère, par le style comme par le poids. C'est une Urwerk de la maturité... 
◉◉◉◉ MÉTIERS D'ART : pour une fois que la France donne le bon exemple, ne boudons pas ! Depuis le 16 avril, qui a vu le Sénat français voter l'article 20, titre II, de la loi dite « Artisanat, commerce et très petites entreprises », les métiers d'art sont reconnus comme une activité de création artistique. La liste de ces métiers sera désormais établie par les ministères de l'Artisanat et de la Culture : « Relèvent des métiers d’art, nous dit la loi, [...] les personnes physiques ainsi que les dirigeants sociaux des personnes morales qui exercent à titre principal ou secondaire une activité indépendante de production, de création, de transformation ou de reconstitution, de réparation et de restauration du patrimoine, caractérisée par la maîtrise de gestes et de techniques en vue du travail de la matière et nécessitant un apport artistique ». Fruit d’une action collective menée par Ateliers d’Art de France, l’Union nationale des Métiers d’Art et par l’Assemblée permanente des Chambres de Métiers et de l’Artisanat, cette redéfinition du secteur concerne près de 38 000 entreprises et 59 000 professionnels, qui jusqu’à présent oscillaient d’un statut à l’autre. Une idée de votation pour les Suisses ? ◉◉◉◉ KERING (ex-PPR) : le profil de celui qui devrait s'asseoir ces jours-ci dans le fauteuil de « patron des montres et de la joaillerie Kering » se précise. Cette division Kering Watches & Jewelry (KWJ) consolidera les activités de Boucheron, Girard-Perregaux, Jeanrichard, Pomellato (dont Dodo) et Qeelin. Les montres Gucci devraient rester du côté Gucci, même si des passerelles évidentes ne peuvent que se créer entre Michele Sofisti (qui reste responsable de l'horlogerie Gucci) et ce nouveau patron de KWJ. La direction de cette division ne pouvait pas échapper à un ancien des groupes de luxe – disons Richemont et LVMH pour faire court – doté d'une riche expérience, tant dans la montre et la joaillerie que dans les réseaux commerciaux. Ce candidat devait être plutôt français [question d'affinités culturelles avec la famille Pinault], libéré de problèmes parasitaires d'égo envahissant (quoique capable de s'imposer aux fortes personnalités qui pilotent les marques du pôle) et surtout parfaitement loyal en dépit de ses empreintes génétiques précédentes. Le futur responsable de KWJ a été définitivement choisi la semaine dernière et son nom transmis aux dirigeants du groupe : il devrait être officiellement communiqué à la presse lors de la présentation des résultats du groupe, jeudi après-midi... 
◉◉◉◉ SMARTWATCHES (1) : depuis le temps que tout le monde s'excite sur la future possible et encore hypothétique iWatch d'Apple, une question intrigue. Le nom de iWatch a-t-il été bien déposé par Apple ? Réponse : oui, dans certains pays, mais le dépôt a été bloqué dans quelques pays par le Swatch Group, qui a réussi à faire enregistrer iSwatch, de même que Jean-Pierre Lutgen ne laissera personne piétiner les plate-bandes de son royaume Ice-Watch – voir notre article « ISwatch, Ice-Watch, iWatch : on s'y perd, mais la bataille vient de commencer » (Business Montres du 15 février 2013). D'un autre côté, on vient de découvrir que Apple a déposé, dans un certain nombre de pays, son nom de marque (Apple) dans la classe 14, celle des bijoux, des montres et des grigris en or (source : Izvestia, Russie). Un dépôt défensif, mais qui peut aussi masquer une initiative offensive. D'où le renforcement de la spéculation – déjà relayée par Business Montres (notamment nos révélations sur les boîtiers de montres Apple actuellement usinés en Suisse) – sur une offre de montres connectées à multiples têtes chercheuses, avec différents positionnements prix : Apple pourrait ainsi se contenter de lancer, sur le marché du luxe (disons du premium), une montre Apple qui ne serait que très partiellement connectée, les montres de geeks représentant l'entrée de gamme hyper-connectée de ces collections (avec ou sans écran souple). Ce qui expliquerait la diversité des commandes récemment passées par Apple, tant pour des boîtiers en or que pour des bracelets connectés. Hypothèse complémentaire : une offre en moyenne gamme plus orientée vers l'univers de la fashion. En tout cas, le schéma stratégique de la tenaille commence à prendre forme : il ne s'agit plus d'une montre, mais de la création d'un univers biodiversifié, pour la gestion duquel Apple a largement recruté en Suisse dans les milieux horlogers et péri-horlogers... 
◉◉◉◉ SMARTWATCHES (2) : pendant ce temps et dans l'attente de l'initiative d'Apple, les autres marques reformatent leur offre, en l'affinant soit vers le luxe (jusqu'à l'or avec LG), soit dans la détection de nouvelles fonctions (détection des pics de fertilité chez les femmes, appel automatique d'un taxi, sécurité des seniors ou des enfants,etc.), soit vers la création de nouveaux bijoux numériques connectés (forte tendance statutaire, faible potentiel de connexion). Les prévisions de la plupart des instituts restent hyper-optimistes : 112 millions d'objets connectés (de type smartwatch ou lunettes) en 2018, contre 19 millions aujourd'hui, sachant que le wearable computing devrait exploser avec l'invention de nouvelles fonctions aujourd'hui marginales (notamment les bracelets de santé ou les traceurs d'activité). Rappelons une fois de plus que les mal nommées smartwatches – un vieux rêve technophile (ci-contre, un magazine de 1981) – ne seront que très modérément des montres qui donnent l'heure, mais plutôt des terminaux de connexion permanente à des « systèmes » d'objets de plus en plus complexes. L'enjeu de la guerre entre les géants de l'électronique, c'est une place au poignet (logique topographique) et non un affrontement avec les montres suisses. Une information intéressante dans ce tour d'horizon : le démontage d'un téléphone Galaxy S5 de Samsung pour en évaluer le coût réel de revient (source : Journal du geek). C'est là qu'on découvre à quel point les marges de l'industrie horlogère relèvent de l'irréel et de l'irrationnel : 60 % de marge (différence entre le coût de production brut, hors frais de marketing, et le prix public) pour le S5, on est loin des coefficients multiplicateurs usuels dans les circuits horlogers... ◉◉◉◉ BACCARAT : pour son 250e anniversaire, la maison Baccarat relance une « Horloge Soleil » inspirée par une création de 1949. Georges Chevalier, le directeur artistique de Baccarat, l'avait imaginée dans l'esprit des décors de Versailles et des fastes du Roi Soleil. Cette Horloge Soleil avait été achetée par Arthur Miller, pour décorer l'appartement qui abritait alors ses amours avec Marylin Monroe... 
◉◉◉◉ SMOOTHIE : prenant très au sérieux son rôle d'horloger-accessoiriste de mode, la nouvelle marque Smoothie, désormais intégralement passée au, intègre des cahiers de tendance dans ses propositions monochrome-monomatière. C'est plutôt amusant, de même que les explications « historiques » qui justifient l'existence de Smoothie dans l'histoire des montres suisses, de Calvin à nos jours, toutes les grandes inventions de l'art horloger (la couronne de remontage, le quartz, le plexiglass, le silicone, etc.) s'intégrant dans un arbre généalogique qui enracine Smoothie dans une lignée cinq fois séculaire [juste une précision historique : la montre-bracelet de forme ronde n'a pas été lancée en 1960, mais près d'un siècle auparavant !]...
◉◉◉◉ GIRARD-PERREGAUX : les nouvelles couleurs de la Sea Hawk (montre de plongée qui porte les ambitions de la manufacture sur le terrain du sport chic) confirment la force de cette ligne, capable sans souffrir de s'offrir des déclinaisons chromatiques (bleu cobalt et orange corail) qui servent généralement d'arguments aux montres plus abordables. Mouvement à remontage automatique manufacture, avec une étanchéité à 1 000 m pour ce boîtier en acier de 44 mm. Séduction évidente, sauf pour le prix, qui va limiter les vocations pour cette concurrente des plus célèbres montres de plongée... 
◉◉◉◉ MÉCHANIQUES : dans la série des artistes qui recyclent des composants horlogers pour recréer un bestiaire fantastique, Justin Gershenson-Gates (A Mechanical Mind) n'est ni le premier, ni sans doute le dernier, mais sa vision sait rester poétique tout en s'avérant très évocatrice. Il vise à l"effet produit plus qu'au réalisme naturaliste, mais ce qui fait le plus plaisir reste sa politique de prix, puisqu'on ne dépense guère plus de 200 euros pour ses sculptures rescapées du temps qui passe (toutes pièces uniques, forcément, et toutes sur liste d'attente)... 
◉◉◉◉ UN PEU DE TOUT SUR PRESQUE RIEN : le photographe-fétiche des marques horlogères est-il un harceleur sexuel, sinon un exploiteur de chair tendre, un quasi-violeur, capable d'échanger une photo dans Vogue contre une partie de jambes en l'air ? L'accusation court les réseaux sociaux, Vogue a annulé ses rendez-vous avec lui et les langues se délient [il suffit de lire la presse pipole]. C'est ce même Terry Richardson (ci-contre, en agréable compagnie) qui avait photographié Carla Bruni (Sarkozy) pour la récente campagne Bvlgari, mais on lui doit aussi quelques séries épatantes de crudité pour promouvoir des montres, dans des magazines comme Vogue Hommes (cartouche en haut de la page : pas sûr que Patek Philippe ait apprécié). En tout cas, c'était un sacré créateur d'ambiance (voir la vidéo Juicy Couture – licence Movado Group – ci-dessous)... ◉◉◉◉ FAUT-IL PORTER UN PIERCING dans le nez et avoir les bras poilus pour porter une Rolex ou une Omega ? Bonne question que ne se pose pas le photographe Juan Ortiz, qui vient de créer le site Girlswearingwatches, où il prouve qu'il adore visiblement les tatouages, qu'il ne recule devant aucun réalisme pileux et qu'il n'a pas peur des petites varices sur les jambes (image en haut de la page, sous le sommaire)... ◉◉◉◉ « DSK ET ANNE SINCLAIR, de sages passions horlogères » : article décevant de Belles Montres Online sur les montres du couple qui a failli entrer à l'Elysée. Rien de bien neuf dans cette énumération de Cartier (Pasha et Roadster pour Monsieur) et de Chanel-Hermès pour « celle qui ne savait pas » : tout avait déjà été inventorié... ◉◉◉◉ UN PETIT TOUR EN CHINE : apparemment, le premier souci des grandes fortunes chinoises est de... quitter la Chine ! D'abord, on évacue la famille, ensuite on tente d'exfiltrer ses biens (source : Marketing en Chine). Question de pollution, d'éducation pour les enfants et d'incertitudes politiques qui font peser des menaces sur les fortunes récentes : 16 % des néo-millionnaires chinois auraient déjà émigré et 44 % de ces 63 500 Chinois enrichis seraient prêts à le faire... On les comprend : « Pendant ce temps, la Chine se dégonfle, note le blog Hashtable, qui pointe du doigt la convergence des facteurs négatifs de l'économie chinoise. (...) La Chine découvre le sentier rocailleux et fort pentu du dégonflement économique rapide. (...) on ne compte plus les articles qui, recensant les récents soucis rencontrés par les marchés intérieurs et financiers chinois, en concluent que l’économie de l’Empire du Milieu est actuellement dans une fort mauvaise passe, et accumule des signaux spécifiques démontrant une mauvaise allocation massive de capitaux »... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...