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MERCREDI : Est-il décent qu'une montre se paie 31 millions d'euros le kilo ?

Saviez-vous que la montre de Rafael Nadal (Richard Mille) se payait à peu près 31 millions d'euros le kilo ? Saviez-vous que les journalistes horlogers aimaient les montres au point d'en lancer eux-mêmes ? Saviez-vous que les horlogers suisses payaient 750 millions de dollars par an aux sportifs du monde entier ? Saviez-vous que la Fnac allait distribuer des montres ?   ▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS,


Saviez-vous que la montre de Rafael Nadal (Richard Mille) se payait à peu près 31 millions d'euros le kilo ? Saviez-vous que les journalistes horlogers aimaient les montres au point d'en lancer eux-mêmes ? Saviez-vous que les horlogers suisses payaient 750 millions de dollars par an aux sportifs du monde entier ? Saviez-vous que la Fnac allait distribuer des montres ? 

 
ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS,
INFORMATIONS, RUMEURS & MURMURES  
(développements ci-dessous)...
❏❏❏❏ AU PROGRAMMME : le tout noté à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité... ❏❏❏❏ DÉMÉNAGEMENT : désolé, le déménagement de nos bureaux va ralentir nos procédures administratives et notre fièvre éditoriale... ❏❏❏❏ HOLLANDE : « Hollande, arrête de foutre le bordel en France au lieu d'aller foutre le bordel en Syrie »! Avec ses projets d'intervention en Syrie, le président français déçoit visiblement les ouvriers horlogers russes de la manufacture Raketa... ❏❏❏❏ ROLEX : tant qu'à se flatter de la permanence d'un style intemporel, autant verser dans la Day-Date Timeless... ❏❏❏❏ JULIEN COUDRAY : un jaseur boréal a été capturé et immortalisé au Locle... ❏❏❏❏ MAGNUS : au secours, même les journalistes horlogers lancent leurs propres montres en souscription... ❏❏❏❏ WEMPE : une nouvelle série de sportives chic... ❏❏❏❏ SMARTWATCHES : l'exemple de la transition entre la montre de poche et la montre-bracelet permet de réfléchir à un changement majeur du marché sans mutation technologique... ❏❏❏❏ MILLIARDAIRES CHINOIS : la Chine n'en fabrique plus, où sont-ils passés ? ❏❏❏❏ OMEGA : le grand frisson du rétro à la sauce américaine... ❏❏❏❏ CHRISTOPHE CLARET : une exposition à Londres chez Harrods... ❏❏❏❏ LIBRE-ÉCHANGE : après l'accord totalement asymétrique avec la Chine, un accord-passoire avec la Thaïlande qui peut accélérer le Swiss Made venu d'Asie... ❏❏❏❏ CIBLES : les étranges recommandations de la campagne anti-corruption en Chine... ❏❏❏❏ QUALCOMM : alors que la marque électronique lance ses propres smartwatches (la très réussie montre Toq), elle prend également en main le championnat du monde de Formule E, jusqu'ici chasse gardée de TAG Heuer... ❏❏❏❏ RICHARD MILLE : 31 millions d'euros le kilo de montre high-tech pour le vainqueur de Flushing Meadows, n'est-on pas aux frontières de l'indécence ?  ❏❏❏❏ FNAC : 90 magasins FNAC sur le créneau de la distribution horlogère, dans un premier temps pour les montres connectées, mais pas seulement par la suite... ❏❏❏❏ TUDOR : la superbe créature ci-dessous illustre le nouveau concept d'intervention du site Watchonista au service des marques, pour associer blogueurs et mise en scène originale (texte et images) autour d'une belle montre. Ce qui est le cas du chrono Tudor Heritage bleu. Pour le téléphone de la dame, arrangez-vous avec Watchonista...
 
 
 
 DÉMÉNAGEMENT
Léger ralentissement éditorial en cours...
◉◉ Pour cause de déménagement (intra-muros) de nos bureaux dans Genève, la fin de la semaine risque d'être perturbée, tant sur le plan éditorial qu'administratif. Reprise des opérations en vitesse de croisière prévue dès lundi prochain.  
 
 
 
 SOUSCRIPTION
La « Magnus » joue les cônes, pas les cornes...
◉◉ Le journalisme mène à tout, c'est bien connu, à condition d'en sortir. Stéphane Gachet, le journaliste de référence pour l'horlogerie (mais le luxe et les entreprise à L'Agéfi suisse) a décidé de mettre a peau au bout de ses idées – c'est-à-dire d'aller jusqu'au bout de sa passion pour les montres en lançant la sienne, sans touefois songer à en faire un second métier. Il lance sa Magnus – nom déjà utilisé par Heritage Watch Manufactory ! – par souscription, au prix approximatif de 1 500-1 800 CHF, avec la volonté de n'en faire que quelques dizaines tout au plus, entre copains, mais uniquement avec des fournisseurs sélectionnés dans l'arc jurassien. Beau volume (41 mm) en acier, dans une forme tronconique (14 mm de hauteur) qui rappellera un peu la Tambour de Louis Vuitton, cadran bleu traité au SuperLumiNova, mouvement automatiue trois aiguilles-date (type ETA 2824 ou Selitta 200. Le style privilégie l'absence d'angles marqués (pas de cornes, fond en rondeur dont les rainures débordent sous les flancs). Cette magnus fait confiance aux horlogers de quartier our la maintenance du mouvement, l'ensemble de l'habillage était d'une conception simple et robuste, avec une glace collée : si la proposition est rustique, elle ne manque pas de charme. Les souscriptions se prennent chez les responsables de ce projet : Stéphane Gachet et André Kuenzi, dont les adresses électroniques figurent sur le document de souscription (cliquez sur le lien pour y accéder). Pour ceux qui l'auraient oublié, André Kuenzi est ce cinéaste qui met en scène, dans le monde entier, son ectoplasmique « Homme bleu » caoutchouté (image ci-dessous et ci-dessus). Le prix définitif dépendra bien entendu du nombre de montres souscrites...
 
 
◉◉ Deux commentaires à propos de cette Magnus, à laquelle nous souhaitons bonne chance. D'une part, c'est la première fois, dans l'histoire des montres, qu'un journaliste crée sa propre montre et la lance en souscription : on avait connu des montres crées par ou pour des médias, voire des forums, mais encore jamais de « montres de journaliste » ! Fallait-il que Stéphane Gachet ait la passion des montres chevillée au corps pour en arriver là, après des années passées à ronger son frein en admirant [ou en faisant semblant de] les montres des autres. Le voilà désormais « concurrent » des marques qu'il fréquente...
◉◉ Second commentaire : annoncé comme une « bouée de sauvetage horlogère » dans Business Montres dès 2010 (19 octobre), le « financement collaboratif » (crowdfunding) commence à mobiliser les projets horlogers. Trois ans, c'est lent, mais on est en Suisse : comme quoi on finit toujours par être prophète dans son pays ! Business Montres parlait récemment du projet de smartwatch genevoise Hyetis, ainsi que de l'initiative d'Oliver Ike (ex-Ikepod), qui a choisi de lancer sa manufacture tessinoise A. Manzoni & Fils sur Kickstarter, l'agora anglo-saxonne pour ce genre de projets. Voici deux ans, Vincent Plomb avait épaté tout le monde en dénichant – sans tapage médiatique, à la force des bras, mais les siens sont musclés ! – une centaine de souscripteurs pour sa première montre VicenTerra, dont il prépare déjà la seconde série. Sans être ni la première montre Swiss Made en souscription [un sport que le grand Breguet pratiquait déjà à la fin du XVIIIe siècle, dès 1796]et sans vouloir créer une marque ex-nihilo, cette Magnus plutôt bien dessinée s'avère très sympathique, par son prix, par l'esprit convivial de son projet et par la preuve qu'elle administre de l'infinie fertilité du terreau suisse : où n'ira-t-on pas si les journalistes eux-mêmes se piquent de faire des montres ?
 
 
 
 
 SYRIE
« Hollande, arrête de foutre le bordel en France »...
◉◉ En Suisse, on dirait au président français de « ranger son cheni ». Précision des ouvriers horlogers russes de la manufacture Raketa, qui ont décidé de mettre leur grain de sel dans le potage géopolitique syrien : « Hollande, arrête de foutre le bordel en France au lieu d’aller foutre le bordel en Syrie ». Une inscription [image complète en haut de la page] qu'on retrouve sur le site de la manufacture, complétée de quelques maximes à l'attention des faucons occidentaux : « Mieux vaut porter une Raketa que d’en balancer en Syrie ». Le jeu de mot sur Raketa [« missile, fusée » en russe : on aurait reconnu le mot dans l'inscription cyrillique] n'est guère traduisible en français, mais on pourrait imaginer quelque chose comme « Mieux vaut se lancer dans la vie avec un missile au poignet que de lancer des missiles sur la Syrie ». Complément d'informations pour le président Obama : « Rends ton prix Nobel de la Paix ». Cette campagne, relayée par le site de la marque Raketa (Saint-Petersbourg), a été signalée dès hier sur nos médias sociaux (Facebook, Twitter, Pinterest, Scoop.it et Stumble Upon, ainsi que sur notre blog Genevois rien venir).
◉◉ Les lecteurs qui ont de la mémoire se souviendront [l'histoire était raconté dans Business Montres, 15 juin 2013] que, dans les années 1970, ces mêmes ouvriers de Raketa jouaient déjà une partition identique, mais à fronts renversés : les 6 000 ouvriers de la manufacture étaient venus travailler habillés en noir pour protester contre le retrait par l'URSS de ses missiles balistiques intercontinentaux R-16 (1976). Le noir était le deuil du « grand frère R-16 », toujours avec un jeu de mot entre la marque Raketa et sa signification de « missile »... 
 
 
 
 
 31 MILLIONS D'EUROS LE KILO
Rafael Nadal, baromètre de la démesure horlogère...
◉◉ Quand les tourbillons sont revenus à la mode, au début des années 2000, on enfilait encore des gants blancs pour les présenter et on les manipulait avec précaution. Puis un certain Richard Mille a débarqué dans les allées de Baselworld avec des tourbillons d'un autre style, qu'il prétendait anti-chocs au point de pouvoir les lancer sans dommage sur la moquette du salon. Ce dont il ne se privait pas pour prouver qu'il avait raison. Il avait évidemment raison et, alors que le club des marques proposant des tourbillons tenait dans les deux doigts d'une main, on compte dix ans plus tard plus de 135 marques qui ont inscrit un tourbillon dans leur catalogue, de Swatch à Patek Philippe en passant par quelques Chinois et quelques Américains.
◉ Pour renouveler l'imaginaire d'ultra-mécanique prestigieuse de ce tourbillon mécanique, on l'a doublé, triplé, quadruplé, puis le même Richard Mille est revenu avec des architectures qui permettaient de le porter pendant une compétition automobile, en championnat de F1, puis au poignet de Rafael Nadal, pendant un match, sans la montre semble en souffrir : c'était l'effet disruptif de la RM 027 Tourbillon de 2010, dont les 19 grammes de nanotubes de carbone pesaient tout de même pas loin de 500 000 euros – ce qui n'avait pas empêché la série limitée de cinquante montres issues du prototype porté sur les courts de s'arracher en quelques semaines, après la spectaculaire victoire du champion espagnol à Roland-Garros. La « Swatch des milliardaires » valait alors 24 000 euros le gramme, 24 millions de dollars le kilo de haute mécanique compliquée, mais innovante...
◉◉ Pour sa treizième victoire dans un tournoi du Grand Chelem, à l'issue de l'US Open de Flushing Meadows (second titre américain pour Rafael Nadal), le champion espagnol portait la même montre qu'à l'Open de Paris, voici quelques mois : une nouvelle Richard Mille, cette fois une RM 27-01, évolution ultra-légère du tourbillon précédent, qui ne pèse toujours que 19 grammes, bracelet en velcro compris, mais qui coûte cette fois un peu plus de 600 000 euros (près de 700 000 dollars) et qui est toujours sur liste d'attente en série limitée. Le composite du boîtier est sensiblement le même (cette fois gris, plutôt que noir, toujours avec des nanotubes de carbone noyés dans une résine high-tech), mais le mouvement est encore plus spectaculaire : alors qu'elle ne pèse au 3,5 grammes, la mécanique (toujours un tourbillon) en titane et en aluminium-lithium est suspendue par des poulies à des câbles d'acier tressé (0,35 mm de diamètre) dont la tension sert d'amortisseur aux chocs jusqu'à 5000 G (image ci-dessus). C'est un concentré d'horlogerie high-tech à très forte valeur ajoutée. 600 000 euros pour la nouvelle « Nadal » en résine synthétique, une montre qui gagne les tournois au poignet du numéro un mondial, soit 31 000 euros le gramme, soit 31 millions d'euros le kilogramme de résine high-tech : c'est beaucoup !  Comme l'expliquait un reportage de la chaîne CNBC : « Le temps, c'est de l'argent, et même beaucoup d'argent aujourd'hui ». Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites – surtout dans l'horlogerie. Un numéro un mondial mérite bien une montre qui flirte avec les sommets de la démesure marchande et mécanicienne, cette hubris dont les Grecs de l'Antiquité savaient qu'elle rendait fous ceux que les dieux voulaient perdre...
 
 
 
 
 SMARTWATCHES
Elles font l'unanimité... contre elles !
◉◉ Sur le terrain horloger, on se sent un peu seul quand on prend position sur la dangerosité extrême des smartwatches pour l'industrie des montres. Les rares (mais néanmoins courageux) confrères qui acceptent de donner leur avis à ce sujet penchent tous vers l'inocuité de ces gadgets pour geeks qui ne sauraient menacer les fières, nobles et grandes marques suisses : on trouvera un bon exemple de ce mainstream dans un article d'Alexander Linz (Watchtime). On notera dans cet article qu'il regrette, comme nous, l'absence d'un accord entre Swatch et Apple. Dans le style « Circulez, il n'y a rien à voir », il tient à rassurer tout le monde à propos de ces montres connectées, qui s'annoncent selon lui comme un « échec monumental » (epic failure). Effet de sidération par le politiquement correct, indifférence ou absence d'opinion, aucun confrère n'a osé émettre le moindre doute concernant l'absence de danger proclamée par les élites horlogères [voir notre analyse de la dernière enquête d'opinion sur le mépris des patrons de l'horlogerie suisse : Business Montres du 10 septembre]. Les plus hardis des porte-paroles des marques admettent malgré tout ce que ça pourrait peut-être impacter l'entrée de gamme. On se sent donc très seul dans le camp des alarmistes...
◉◉ Business Montres n'en maintient pas moins les grandes lignes de son analyse stratégique : ces smartwatches lancent à l'horlogerie traditionnelle suisse un défi à la fois topographique et fonctionnel. Topographique parce qu'il n'y aura pas de place pour deux montres au poignet, qui est aujourd'hui la cible de tous les équipements connectés nomades que préparent tous les géants de l'électronique, pour y déporter des écrans ou des fonctions téléphoniques, mais aussi tous leurs concurrents des autres univers (biomédical, e-business, etc.). Le défi est fonctionnel parce qu'il correspond exactement à la situation qui prévalait vers 1910, quand les montres-bracelets ont commencé à défier les montres de poche : il faudra vingt ans et une guerre mondiale pour que les montres de poche – pourtant plus pratiques, plus précises, plus résistantes et plus valorisées culturellement ou statutaires – perdent la bataille, pour des raisons plus fonctionnelles que technologiques. C'étaient les mêmes mouvements et le même affichage de l'heure, mais les comportements quotidiens avaient muté : même moins fragiles, même plus lisibles et infiniment plus belles, les montres de gousset ont cédé la place parce qu'on ne savait plus quoi en faire dans les nouveaux vêtements sans gilets et dans les nouveaux loisirs. Il ne faudra sans doute pas vingt ans pour que les montres-bracelets classiques, qui ne vont pas pour autant disparaître, deviennent minoritaires dans leur monofonctionnalité folklorique et dans leur rétro-nostalgie des temps pré-numériques...
◉◉ Les signaux faibles de cette mutation ne manquent pas. Problème : les marques n'y croient pas. Dans quelques années, quand les archives parleront, on découvrira que plusieurs marques suisses ont étudié des projets de smartwatch, pour finalement renoncer à se risquer sur ce terrain. Non sans quelques bonnes raisons [notamment les délais de mise au point technologiques en usage dans l'horlogerie, qui rendent l'électronique embarquée obsolète et trop chère avant même l'arrivée des produits sur le marché], mais également avec un manque d'audace étonnant. Alors que se multiplient, en Suisse, les initiatives non horlogères ou para-horlogères dans le domaine de la carpo-connexion (intelligence connectée portée au poignet), on attend avec impatience la première proposition d'une vraie marque...
 
 
 
 
 SPONSORING SPORTIF
Le demi-milliard (et plus) qui arrose les champions...
◉◉ Intervention de Grégory Pons au journal du soir de la RTS (Radio Télévision Suisse), à propos du sponsoring sportif, en compagnie de Jean-Claude Biver (Hublot) et de Steve Urquhart (Omega) : « On peut chiffrer le budget global du sponsoring sportif horloger autour du demi-milliard de francs » (estimation Business Montres). Et on veut bien parier qu'on est au-dessous de la vérité, qui doit se situer autour d'une consolidation proche des 750 millions de dollars, toutes marques et toutes disciplines confondues [dont la participation de Richard Mille au confort du poignet droit de Rafael Nadal : nos informations ci-dessus]...
 
  
 
 
 
 LES IN–10–CRÉTIONS DU JOUR
Notées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
 
 
◉◉ JULIEN COUDRAY : nouvelle et spectaculaire création des ateliers de Julien Coudray, le « Jaseur boréal » – c'est le nom d'un oiseau – illustre la maîtrise d'une nouvelle technique d'émaillage, le point-à-point (un héritage des grands émailleurs du XVIIe siècle), au point de rencontre de la peinture miniature et de l'émaillage grand feu traditionnel. À lui seul, le nom de cet oiseau subarctique (Bombycilla garrulus pour l'état-civil) fait rêver : il aurait enchanté André Breton ou Salvador Dali. Sur le cadran de ce nouvel opusde la collection « Les oiseaux », on croit feuilleter un album d'Audubon. Pour le reste du cadran, on retrouve les index émaillés à l'ancienne qui dispensent à présent Julien Coudray d'afficher son nom sur le cadran : l'identité est bien posée, et parfaitement reconnaissable. Même identité forte des aiguilles bicolores (grises, sans le moindre dépot chimique, avec des angles bleuies), qui maintiennent une belle tradition pré-industrielle. Pour l'ensemble de la montre, la manufacture n'a pas lésiné sur l'or, puisqu'il faut quasiment un lingot d'un kilo pour sculpter le boîtier et réaliser le mouvement manuel, doté d'un amusant « indicateur de service », qui fait apparaître l'image d'une goutte d'huile après quelques milliers d'heures de fonctionnement de la mécanique, quand une révision est nécessaire. Pièce unique, évidemment...
 
 
◉◉ FNAC : un nouveau venu sur le marché de la distribution des montres ! La FNAC (90 magasins) s'ouvre en effet à tous les nouveaux « objets connectés », dont les montres, mais aussi tous les bracelets intelligents capables d'enregistrer de multiples données biométriques. L'idée est d'enrayer l'érosion des ventes de livres et de disques traditionnels pour trouver un marché de remplacement avec une nouvelle offre plus générationnelle. Il serait étonnant que la FNAC résiste longtemps à la tentation de distribuer d'autres montres que des smartwatches – pourquoi pas des montres de mode ?
 
◉◉ QUALCOMM : au récent salon de Berlin (IFA), la Toq, montre connectée de Qualcomm, a soulevé plus d'enthousiasme que la Galaxy Gear de Samsung, ce qui fait de Qualcomm un intervenant non négligeable sur le marché de la montre en général. Cette Toq prouve que Qualcomm a mieux compris les demandes de montres connectées que Samsung, mais il existe un nouveau risque de conflit d'intérêt puisque Qualcomm a choisi de s'associer au nouveau championnat du monde de Formule E (voitures électriques), dont le chronométreur officiel ,our l'ensemble de la saison 2014, n'est autre que TAG Heuer. Certes, Qualcomm n'interviendra que pour fournir un système de recharge sans fil pour les voitures et un autre de réalité augmentée, à destination des équipes techniques comme du public. Les territoires respectifs des deux marques sont néanmoins poreux. N'empêche : deux « marques de montres » pour un même championnat, ça fait désordre...
 
◉◉ WEMPE : une nouvelle sportive chic dans les collections privées du grand détaillant allemand, qui tente ainsi de reprendre la main sur une offre dominé par les marques géantes dont il assure la distribution. Si elle manque un peu de piquant et d'originalité, la nouvelle Wempe Zeitmeister automatique est étanche à 300 m (modèle ci-dessous), mais elle est accompagnée de toute une collection sportive de bon aloi...
 
 
◉◉ CHRISTOPHE CLARET : belle exposition estivale dans les vitrines de Harrods, à Londres. À découvrir dans la Fine Watch Room jusqu'à la fin octobre. On aura remarqué que Harrods accorde une place grandissante aux créateurs horlogers indépendants, qui mériteraient d'ailleurs qu'une des « boutiques » de cet espace leur soient consacrée – ce serait plus original que les habituelles boutiques de marques, dupliquées dans toutes les capitales de marque avec les mêmes codes et les mêmes montres...
 
 
◉◉ ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE : alors que la Suisse n'a toujours pas compris à quel point elle était flouée dans l'accord de libre-échange asymétrique passé avec la Chine, qui dispose à présent d'un porte-avion commercial au coeur de l'Europe, sans réelle contrepartie pour les exportations de produits horlogers en Chine, la Confédération s'apprête à signer un autre accord avec la Thaïlande. Aucun danger pour les montres vendues localement, mais de sérieux risques pour l'intégrité future du Swiss Made, compte tenu du nombre de marques horlogères qui vont réaliser des composants (mouvements ou habillages) en Thaïlande et qui se féliciteront d'un accord qui va encore accélérer les facilités de délocalisation industrielle. Ceci au moment où il faudrait, au contraire, reconcentrer en Suisse les capacités industrielles indispensables pour résister aux prochaines offensives horlogères chinoises...
 
◉◉ OMEGA : intéressante nouveauté (déjà présentée à Baselworld) dans la collection Speedmaster, avec une version 41 mm à deux-compteurs [le grand frisson du rétro] en mode bicolore [une touche de goût américain, puisque les Etats-Unis sont le nouvel espoir pour remplacer la Chine], ainsi que quelques évolutions stylistiques du côté des aiguilles, mais toujours l'inusable mouvement automatique co-axial 9300...
 
 
◉◉ CORRUPTION CHINOISE : « Les cinq plus étranges cibles de la campagne anti-corruption Chine ». Le Sydney Morning Herald raconte comment le pouvoir central, plus que jamais en quête d'austérité prolétarienne et de frugalité néo-maoïste, s'en prend à des pratiques aussi déroutantes que les gâteaux de lune (Business Montres du 26 août), la folie des limousines noires, l'usage des plaques d'immatriculation militaires pour les civils qui veulent prouver leurs relations et échapper aux amendes, les banquets à cinq plats principaux ou les cadeaux en... liquide (on parle ici des alcools forts, notamment de la marque chinoise Moutai)...
 
◉◉ MILLIARDAIRES CHINOIS : on a perdu en cours de route quelques dizaines de milliers de milliardaires chinois ! Où sont-ils passés ? Quelques médias se posent la question en étudiant de plus près le célèbre rapport Hurun... C'est une évidence, mais la Chine fabrique moins de millionnaires qu'avant : « La deuxième économie mondiale comptait, fin 2012, 1,05 million de millionnaires (possédant une fortune d'au moins 10 millions de yuans, soit 1,63 million de dollars), selon un rapport annuel élaboré par l'institut de recherche Hurun et le cabinet de conseil GroupM Knowledge. Cela représente une progression de seulement 3 % par rapport à l'année précédente (30 000 millionnaires supplémentaires), la plus faible évolution depuis cinq ans. Le nombre de "super-riches", dotés d'une fortune personnelle supérieure à 100 millions de yuans (16 millions de dollars), a pour sa part augmenté de 2 % seulement en 2012, à 64 500 personnes. Là encore, il s'agit de la plus faible hausse enregistrée en cinq ans » (Le Monde)...
 
◉◉ ROLEX : à force de jouer sur le registre de l'objet intemporel qui se situe au-delà des modes, les montres suisses prennent le risque d'être prises au mot. Le cabinet allemand de design Fremdkörper (fondé par Andrea Mehlhose et Martin Wellner) ont imaginé une Rolex « Timeless », qui reprend tous les codes de la Day-Date contemporaine, mais sans l'indication des heures et des jours qui est devenue superfétatoire avec les smartphones. L'intemporalité, c'est d'échapper au temps. Le vrai luxe, c'est de l'oublier. Reste la symbolique du prestige – l'or – et des codes formels liés au statut. Une réflexion intéressante [pas de production prévue] sur le futur indéchiffrable de la montre-bracelet non connectée...
 
 
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