MERCREDI : Etonnements, stupéfactions, émerveillements et incompréhensions face à ce qu'il faut retenir de l'actualité récente des montres...
Finalement, la montre du nouveau Ben Laden promu calife à Mossoul n'était qu'une banale « montre de prière ». Ce qui est rassurant, c'est qu'elle est suisse. Ce qui est inquiétant, c'est la stupidité moutonnière des médias. Au fait, est-ce plus choquant que la Hublot du narco-trafiquant narcissique ? Nouvelle X-Trem de Christophe Claret : or rose et titane chocolat pour deux sphères en lévitation magnétique (heures et minutes)... ▶▶▶
Finalement, la montre du nouveau Ben Laden promu calife à Mossoul n'était qu'une banale « montre de prière ». Ce qui est rassurant, c'est qu'elle est suisse. Ce qui est inquiétant, c'est la stupidité moutonnière des médias. Au fait, est-ce plus choquant que la Hublot du narco-trafiquant narcissique ?
- Nouvelle X-Trem de Christophe Claret : or rose et titane chocolat pour deux sphères en lévitation magnétique (heures et minutes)...
◉◉◉◉ « LES NOIRS SONT DES ESCLAVES QUI BOUFFENT DE LA MERDE » : c'est quand même épatant, cette omerta de la presse francophone sur une affaire de racisme concernant le groupe LVMH et sa marque Louis Vuitton ! Une semaine après les faits, reconnus par l'auteur de cette déclaration et par la marque (qui a viré son directeur de boutique londonien : l'histoire s'est passée chez Selfridges), toujours pas un seul article dans les grands médias français, ni sur le web francophone – hormis notre article (Business Montres du 6 juin) et une poignée de contenus sur le web francophone africain, qui sauve l'honneur (par exemple, le récit très complet d'AfroConcept News). Ou bien les rédactions francophones sont très myopes, et il faut leur acheter d'urgence des lunettes. Ou bien ces mêmes rédactions – dont les salaires sont payés par les publicités de M. Bernard Arnault – sont devenues tellement publicito-dépendantes qu'elles préfèrent regarder ailleurs quand un scandale de racisme concerne le groupe LVMH. Répétons-le : le scandale n'est pas dans l'implication involontaire de Louis Vuitton [qui ne peut pas contrôler l'expression publique de tous les crétins racistes de cette planète, même ceux qui travaillent pour la marque], mais dans l'assourdissant silence médiatique qui a entouré cette affaire, y compris de la part des associations de défense de la communauté noire ou les ligues anti-racistes, hier si promptes à dénoncer LVMH dans l'affaire Guerlain [qui ne concernait que très indirectement la marque] ou dans l'affaire Galliano [qui avait évité à Dior de payer d'énormes indemnités de licenciement à son créateur fétiche], mais aujourd'hui bien domestiquées et « calmées » avec des arguments convaincants... 
◉◉◉◉ LA MONTRE DU CALIFE (1) : lancée dans Business Montres (6 juillet) pendant le week-end, la polémique internationale autour de la montre (voyante) du nouveau calife de Mossoul s'avère très révélatrice. D'une part, de la nouvelle sensibilité sociétale aux montres : hier, les double Rolex de Fidel Castro ou la simple Rolex du Pape n'intéressaient personne ; aujourd'hui, c'est une manne éditoriale (voir, par exemple, la chronique Business Montres sur Atlantico à ce sujet). D'autre part, cette polémique dévoile un peu plus le retard à l'allumage des médias horlogers qui, à quelques exceptions près, n'ont pas relayé, sinon tardivement, une information qui ne manque cependant pas de piquant, tant pour ce qui concerne les montres que pour ce qui concerne les marques citées. C'est le nouveau commandement des médias perroquets : « Sans dossier de presse, abstiens-toi ! ». L'incertitude demeure sur cette montre califale. Les uns y voient une Rolex et en profitent pour en remettre une couche côté stigmatisation de la marque : ce n'est manifestement pas une Rolex, ce qui démontre l'inculture de ceux qui en parlent. Ce n'est pas non plus une Omega, ni probablement une montre suisse. C'est peut-être – hypothèse Business Montres, que nous maintenons – une chinoiserie quelconque, qui ne vaut sans doute pas le dixième des prix évoqués par tous ceux qui parlent sans savoir. Amusante révélation : sachant qu'un Arabe est par nature voleur et pillard [ bonjour, les clichés qui ont la vie dure !], cette montre supposée suisse a été immédiatement supposée volée, et même pillée par les djihadistes. Comme si un chef militaire, à la tête d'un impressionnant trésor de guerre, n'avait pas les moyens de s'offrir ou de se faire offrir une montre quelconque, chinoise ou autre, avec un bracelet métallique [une option intelligente quand on vit dans le désert syro-irakien], surtout dans une zone de conflits qui a toujours été une des plaques tournantes mondiales du parallélisme horloger : même un calife a besoin de savoir l'heure ! L'imaginer porter volontairement et ostensiblement une montre de luxe est grotesque. Ce qui nous intrigue le plus : sur différentes autres images de cet Abou Bakr el-Baghdadi [si c'est bien lui qui fait son prêche au minbar de la grande mosquée de Mossoul], on voit le nouveau Ben Laden porter une montre en plastique noir, qui n'est pas la Casio préférée des terroristes d'Al Quaida. Pourquoi a-t-il changé de montre ? 
◉◉◉◉ LA MONTRE DU CALIFE (2) : la vérité est ailleurs, comme toujours ! Ni Rolex, ni Omega, mais la montre du calife est une montre suisse, du moins de ce Swiss Made de papier – vaguement « légal » à défaut d'être légitime – qui finira bientôt par déconsidérer toute la Suisse horlogère. C'est quand même une « montre de luxe », puisque c'est ainsi que ce modèle se présente sur les marchés, sous la marque Al Fajr (Turquie) et sous la référence WA-10S DeLuxe (ci-contre) : comptez environ 300 à 500 dollars pour cette montre électronique de 40 mm qui propose – en arabe ou en anglais – tous les fuseaux horaires du monde, le rappel des heures de la prière avec des alarmes quotidiennes, un calendrier musulman et un calendrier grégorien, ainsi que des citations du Coran. L'honneur du calife est donc sauf, sa piété confirméepar l'électronique, son respect de la Charia garanti par sa montre et son honorabilité morale totalement hors de cause [ce qui ne justifie pas pour autant son délire théocratico-géopolitique]. Circulez, il n'y a rien à voir ! On saluera au passage – non sans une certaine commisération – la propension au délire des médias qui ont embrayé sans l'ombre d'une réserve sur cette rumeur de Rolex islamiste et de montre de luxe pillée par les fous d'Allah... ◉◉◉◉ LE NOTEBOOK DES AMIS DU CALIFE : ce qui est amusant, dans toute cette (vaine) polémique sur la montre d'Abou Bakr al-Baghdadi, c'est qu'elle prouve à quel point il est devenu impossible d'échapper au harcèlement numérique et au questionnement critique des internautes, même quand on est un chef militaire de premier plan. Regardez donc cette vidéo de Zahran Alloush, un des opposants militaires à la fois au régime de Damas et aux djihadistes du calife de Mossoul. On le découvre avec la panoplie du parfait rebelle [on sait qu'il est entraîné, équipé, financé et armé par les Etats-Unis], pistolet automatique à la ceinture, treillis bien repassé (presque empesé), Kalashnikov à portée de main. Mais que découvre-t-on sur sa table, alors qu'il harangue ses troupes ? Un carnet de notes Hello Kitty, délicieusement kawai dans ce décor viril. Les révolutionnaires ne sont plus ce qu'ils étaient : imagine-t-on Che Guevara avec une montre Klik Flak ? 
◉◉◉◉ LA GRANDE ILLUSION : entre ce que les consommateurs cherchent sur les réseaux sociaux et ce que les marques imaginent que les consommateurs viennent y chercher, il y a un gouffre qui semble infranchissable. C'est ce que nous rappelle une étude IBM « From social media to social CRM », à lire de toute urgence si on prétend comprendre quelque chose à la nouvelle dynamique de ces médias sociaux. Pour parler franchement, les marques – notamment les maisons de luxe, en particulier les marques horlogères – se plantent totalement dans leur approche de leurs clients [on sait que les clients du luxe sont encore plus connectés et consommateurs de médias numériques que les clients populaires], faute d'appréhender avec réalisme ce que sont ces réseaux sociaux et comment s'y comportent les amateurs de luxe. C'est encore plus vrai pour les montres : combien se contentent d'acheter des « fans » en espérant que tout ira ensuite pour le mieux dans e meilleur des mondes numériques ? D'où les déceptions (réciproques) et les divorces : le combat ne fait que commencer... 
◉◉◉◉ QUELQUES PETITS RIENS SUR UN PETIT PEU DE TOUT : coup de chapeau à Jean-Claude Biver dont il faut apprécier la subtilité et la ductibilité dialectique. Il y a moins d'un an, comme 94 % des responsables de l'horlogerie suisse, il se gaussait des prétentions d'Apple à créer des produits de luxe, l'obsolescence des produits électroniques les rendant inaptes à concurrencer les montres de luxe. Aujourd'hui, on a changé de ton : « Si Apple parvient à fabriquer sa smartwach en Suisse, ce sera un énorme coup dont les marques suisses ne semblent pas encore prendre la mesure ». Sauf que c'est déjà fait : Apple opère déjà en Suisse, comme l'avait révélé Business Montres (30 décembre) à la fin de l'année dernière. Le patron des montres LVMH parle même maintenant de smartwatches « potentiellement dangereuses » pour l'industrie des montres. Encore un effort, cher M. Biver, et vous finirez par admettre que la « conjonction des catastrophes » qui s'annonce pour la fin de l'année (smartwatches + coup de frein chinois + point mort en Russie + dépression en Europe + nouveaux paradigmes sociétaux + tout le reste) nous pousse dans une ère de vaches maigres où seuls les meilleurs survivront... ◉◉◉◉ CHOW TAI FOOK : le joaillier chinois est à 40 % au-dessous de ses performances de l'année dernière, en nous expliquant dans son compte-rendu trimestriel que c'est la faute au prix de l'or qui a baissé. Inquiétant dans ces chiffres, mais cela confirme un sentiment général de différentes autres marques : même Macao est affecté par le spectaculaire ralentissement du marché des montres et de la joaillerie... ◉◉◉◉ MARVIN : soyons juste et ne crions pas trop vite « haro » sur l'actionnaire à propos de la mise en faillite de Marvin (Business Montres du 8 juillet). D'une part, on ne peut dénier à l'actionnaire en question un long soutien à la marque, depuis sa relance par Cécile Maye. L'année dernière, souhaitant soulager son fardeau en trouvant d'autres actionnaires, il avait tenté de monter un nouveau tour de table. En vain, mais le calendrier très serré de l'opération et le retrait annoncé ne pouvait que conduire au dépôt de bilan après Bâle : on ne peut pas demander à un investisseur de trop perdre trop longtemps ! Donc acte. Place donc à Marvin saison 3, sous pavillon Manjaz quoique l'équipe de la marque (sous la conduite de Cécile) soit désormais affectée à un bureau à Bienne – et non chez Manjaz. À suivre avec attention, histoire de vérifier si le nouvel investisseur n'est pas comme les autres... ◉◉◉◉ ASTAR : une montre étonnante et mécanique de 40 mm, née chez Vianney Halter (manufacture Janvier, comme Antide) sur une idée de l'architecte suisse Rino Brodbeck. Symbolique de base : le Soleil (disque des heures en or), la Lune (disque des minutes en argent) et Venus (étoile de diamant pour les secondes), sur un fond bleu de nuit de toute beauté (ci-dessous). Pour l'anecdote, Rino Brodbeck est l'architecte officiel des nouvelles manufactures Rolex – mais aussi du pont Hans Wilsdorf, qui traverse l'Arve sous les fenêtres de Rolex, à Genève... 
D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...