MERCREDI : La Valbray qui cache son jeu, l'ancre qui flambe, le poulpe qui étincelle et les vrais faux poissons d'avril...
Avec une moisson de 93 clés USB, 12 CD et quelques adresses pour télécharger le reste, Baselworld 2014 se termine sur des notes moralement optimistes à défaut d'être commercialement triomphantes. Le millésime 2014 s'annonce bien meilleur qu'on ne pouvait le penser après le SIHH. À surveiller de près... ▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS, INFORMATIONS, ENQUÊTES,RUMEURS & MURMURES EN RÉSUMÉ (développements ci-dessous)...
Avec une moisson de 93 clés USB, 12 CD et quelques adresses pour télécharger le reste, Baselworld 2014 se termine sur des notes moralement optimistes à défaut d'être commercialement triomphantes. Le millésime 2014 s'annonce bien meilleur qu'on ne pouvait le penser après le SIHH. À surveiller de près...
▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS, INFORMATIONS, ENQUÊTES,RUMEURS & MURMURES EN RÉSUMÉ (développements ci-dessous)...❏❏❏❏ MECCANICHE VELOCI : Romain ? ❏❏❏❏ TOY WATCH : Jerome ? ❏❏❏❏ SHAWISH : poulpe ? ❏❏❏❏ LA TÉLÉ : Baselworld ? ❏❏❏❏ QLOCKONE : minute ? ❏❏❏❏ ULYSSE NARDIN : flambage ? ❏❏❏❏ PHILIPPE DUFOUR : oublié ? ❏❏❏❏ PHONOTÉLÉMÈTRE : pacifique ? ❏❏❏❏ VALBRAY : Thésée ? ❏❏❏❏ POISSON D'AVRIL : vrai ? 
▶▶▶ LES IN–10–CRÉTIONS DU JOURNotées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
◉◉◉◉ MINOTAURE : la pièce horlogère la plus ludique de Baselworld est aussi l'idée la plus simple qu'on peut se faire d'une belle montre qui ne se prend pas au sérieux. C'est chez Valbray, au Palace, qu'on trouvait cette Minotaurus, basée sur le jeu classique du labyrinthe (une bille à faire glisser entre les allées d'un dédale, jusqu'au centre de la montre), mais enrichie par des codes mythologiques qui lui donnent une hauteur culturelle inattendue. Le Minotaure gravé sur le fond (cartouche en haut de la page) hésite entre l'heroic fantasy, Picasso et Trémois (ci-contre), mais il nous renvoie aux dimensions archétypiques du labyrinthe, célébrées dans la Grèce minoenne aussi bien qu'à Rome ou dans les cathédrales médiévales. Plus qu'un jeu, c'est une méditation sur le monde et c'est bien ce qu'on peut attendre d'un objet du temps, derrière le masque d'un jeu qui n'attendait qu'un cadran pour nous replonger dans une enfance d'avant les jeux électroniques. En plus, le concept Oculus (occultation du fond du cadran grâce au diaphragme actionné par la couronne) convient parfaitement aux deux visages d'une vraie montre qui... cache son jeu ! 
◉◉◉◉ PHILIPPE DUFOUR : adulé au Japon, le « trésor vivant » de la vallée de Joux n'est, en Suisse, qu'un visiteur de Baselworld comme les autres. Personne n'a songé à lui adresser la moindre invitation. Aucune marque n'a éprouvé le besoin de lui faire visiter son stand. Il n'a pas bénéficié de la moindre de ces limousines dépêchées dans tout Bâle par la direction de Baselworld pour ses « VIP ». C'est donc en repérant le plus grand horloger suisse de notre temps dans la queue des acheteurs de billets, devant les guichets de Baselworld, qu'on a pris conscience de ce scandale. Le temps de lui trouver un badge permanent et la faute était réparée, mais quelle honte pour l'horlogerie suisse... 
◉◉◉◉ ULYSSE NARDIN : signalé par Business Montres dès le 28 mars parce que c'était une des innovations à ne pas manquer à Baselworld, le nouvel échappement à ancre flexible de la marque était une des très rares avancées mécaniques intéressantes de cette édition de Baselworld – où l'heure était plus à la réédition qu'à l'anticipation. Ce système d'ancre flexible reprend les principes physiques du flambage des ressorts à lame déjà mobilisés par l'échappement constant de Girard-Perregaux, mais en les simplifiant encore. L'élasticité de ces lames de silicium (conçues par Sigatec, à Sion) épaisses de 15 microns permet de se passer de pivot d'ancre, ce qui décomplique la réalisation de l'échappement (moins de composants : dard et palettes sont intégrées), ainsi que son montage et son entretien. Tout comme l'échappement constant de Girard-Perregaux, cet Ulysse Anchor Escapement (ci-contre) est bâti autour d'une structure-cadre en silicium, sur laquelle une ancre – également en silicium – réagit aux déformations de deux lamelles de silicium, dont le flambage alternatif est déclenché par les alternances du balancier. C'est une nouvelle façon de (ne pas) faire tic-tac. La rigidité du système assure la régularité et l'équilibre global de cet échappement : l'ancre gigote de façon identique sans son pivot habituel, avec une déperdition d'énergie si faible [frottements quasi-nuls] que le mouvement fonctionne à l'économie, en restituant presque intacte l'énergie reçue – ce qui ne peut qu'améliorer la réserve de marche. Bilan énergétique optimum, relative simplicité fonctionnelle [ce qui ne veut pas dire simplicité d'usinage industriel] et moindre encombrement [l'ensemble est d'une appréciable minceur] : c'est une nouvelle perspective méchanicienne pour les montres suisses et une rupture avec des principes de physique classique qui remontent maintenant à quatre siècles. Cet échappement compte encore une ancre : à quand le mouvement sans échappement, ni ancre, toujours en silicium ? ◉◉◉◉ TOY-WATCH : quatre montres avec des cadrans à la tête de mort « Dia de Los Muertos », dans le goût RJ-Romain Jerome (en cartouche ci-dessous), découverte au cours d'une seule édition de Baselworld, c'est peut-être un peu beaucoup ! Celle de Toy-Watch, ci-dessous, est une des plus réussies, mais ce n'est pas une preuve de créativité deux ans après RJ-Romain Jerome [même si ce type de décoration est impossible à breveter]. La marque nous enjoint de porter ce type de montre avec humour ! Notez au passage le bracelet à maillons grain de riz, avec sa grosse barrette bien droite : on en trouvait également de nombreuses versions à Baselworld – c'est l'influence de la mode vintage qui nous ramène ce type d'attaches, que les horlogers dignes et respectables n'osaient pratiquer depuis une, voire deux décennies... 
◉◉◉◉ QLOCKTWO : on se doutait bien que le nom de QlockTwo (maison Biegert & Funk, du nom de deux designers allemands de ce concept d'affichage de l'heure en toutes lettres : en haut de la page, sous le sommaire, en version oxydée) cachait quelque part une QlockOne, mais on ne savait pas laquelle. Maintenant, on sait : il s'agit d'une montre mono-aiguille – un péché mignon chez les horlogers allemands – qui permet une lecture beaucoup plus précise de la minute indiquée par l'aiguille unique : sur la plupart des autres concepts mono-aiguilles, les douze heures qui divisent le cadran n'accordent que très peu de place [un douzième de tour de cadran par heure, soit 30° ou 8,3 % de la circonférence] à l'affichage de la minute, qui ne peut donc se lire qu'approximativement, à cinq minutes près. En partant du principe que nous savons spontanément à peu près dans quelle heure nous sommes, ce qui importe est le décompte des minutes : la QlockOne pratique la lecture habituelle de ces minutes sur 360°, donc avec une précision à la demi-minute, voire plus pour ceux qui ont un oeil d'aigle. Si on a un doute sur l'heure, on presse le poussoir latéral et l'aiguille des minutes se transforme en aiguille des heures, selon le code classique sur 12 h, avant de reprendre sa place dès qu'on lâche le poussoir. Cette réinvention – provisoire – du concept mono-aiguille [on y lit prioritairement les minutes, et non plus les heures] n'est pas très éloigné de l'Heure masquée mécanique lancée cette année par Hermès : c'est beaucoup plus simple, totalement électronique et infiniment plus accessible (un développement né dans le Jura suisse)... 
◉◉◉◉ MECCANICHE VELOCI : décidément, ils en veulent tous à RJ-Romain Jerome – c'est la rançon d'une certaine créativité, qui incite tout le monde à suivre ! L'année où Manuel emch lance ses montres avec des pin-ups hollywoodiennes, celles des nez de bombardiers [on dit « Nose Art », c'est plus chic : Business Montres du 27 mars], la maison italienne Meccaniche Veloci décline son concept multi-compteurs avec des pin-ups tout aussi américaines et tout aussi nose-artiennes... 
◉◉◉◉ SHAWISH : le poulpe est, avec l'étoile de mer, l'animal qui habille le mieux les poignets féminins – c'est du moins l'idée que s'en font les joailliers, pour lesquels cinq ou huit tentacules sont une bénédiction pour créer un bracelet généralement et généreusement serti. Shawish n'a pas résisté à la tentation avec son Octopus, chef-d'oeuvre de très haute joaillerie [pièce unique ou uniquement sur demande] entièrement revêtu de diamants et orné d'une perle sauvage rose pâle. Deux particularités : d'abord, un système très astucieux de montage, qui assouplit les extrémités de ces tentacules pour qu'elles enserrent le poignet : ensuite, un dispositif tout aussi malin d'éclairage aléatoire des diamants par l'intérieur du bracelet. De quoi redonner vie à cette pieuvre pour qu'elle révèle les couleurs électriques de son velours de diamants ! 
◉◉◉◉ LA TÉLÉ : demain, vers 12 h 30, en direct sur le canal indépendant suisse de La Télé (Lausanne), un bilan de Baselworld avec Business Montres (Grégory Pons), dans la chronique Tendances de la célébrissime Florence Jacquinot, qui a été – comme toujours – très remarquée dans les allées de Baselworld... 
◉◉◉◉ PHONOTÉLÉMÈTRE : c'est bien la seule complication qui était absente de Baselworld. Elle refait surface à la faveur d'une page de Forumamontres. Ce phonotélémètre mécanique avait une utilisation militaire évidente (évaluer en phonotélémétrie) la distance d'une batterie d'artillerie adverse, mais son usage dans le génie civil n'était pas moins utile, de même que l'usage de la couronne comme molette d'un curvimètre pour tracer des levés topographiques d'une précision relative. Toutes ces fonctions mécaniques sont évidemment dépassées par différents outils électroniques dont nous disposons, mais il y a là de quoi donner des idées pour recréer des montres mécaniques tout-terrain multi-fonctionnelles – que d'arguments marketing qui se perdent ! ◉◉◉◉ POISSON D'AVRIL : le poisson d’avril éditorial servi tout seul, ce n’est plus aussi amusant et les lecteurs de Business Montres attendent trop cette page du 1er avril – qui les amuse, mais qui ne les abuse plus – pour qu’il ne devienne pas tentant de pratiquer le « vrai faux poisson d’avril ». Un « poisson d’avril » rédactionnel qui serait vrai, alors qu'on le prendrait pour un faux, à moins qu’il ne s’agisse d’une fausse information présentée comme une vraie. Parmi les dix informations publiées ce 1er avril, lesquelles sont vraies et lesquelles sont fausses ? Sachant qu'il y a des informations qui peuvent être à la fois à moitié vraies et à moitié fausse. Un indice : selon les calculs, il se serait glissé 45 % à 55 % de « vrais faux poissons » dans ce déjeuner poissonnier 2014 (ci-dessous, à propos de l'info sur le GIGN, le sniper à l'entraînement sur le pas de tir des super-gendarmes français)... 
D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...