MERCREDI : Le franc-tireur en flagrant délit de zapping dans les coulisses d'un Baselworld qui plante ses derniers clous en astiquant ses vitrines...
Eric Cantona à Baselworld, De Bethune qui nous épate cinq sur cinq, Fossil à 28 m de hauteur, Ice-Watch qui commence à briller la nuit, Manuel Emch qui a dans le nez quelques pin-ups et le prix des montres suisses qui ne cesse d'augmenter. Pas belle la vie pour l'ouverture de Baselworld ? ▶▶▶ ANALYSES, IN-10-CRÉTIONS, INFORMATIONS, ENQUÊTES,RUMEURS & MURMURES EN RÉSUMÉ (développements ci-dessous)...
Eric Cantona à Baselworld, De Bethune qui nous épate cinq sur cinq, Fossil à 28 m de hauteur, Ice-Watch qui commence à briller la nuit, Manuel Emch qui a dans le nez quelques pin-ups et le prix des montres suisses qui ne cesse d'augmenter. Pas belle la vie pour l'ouverture de Baselworld ?
▶▶▶ LES IN–10–CRÉTIONS DU JOURNotées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... ◉◉◉◉ BASELWORLD (1) : quinzième Baselworld cette année, alors que Business Montres ne fêtera cette année que ses dix ans. Ce qui nous donne un délai de réflexion de cinq ans pour que le franc-tireur de Baselworld entre en campagne. Pas de souci pour dormir à bord des péniches-hôtels, dont le confort s'améliore de jour en jour : c'est encore là qu'on peut rencontrer en toute convivialité, au petit déjeuner, les petites attachées de presse des grandes marques et les grands créateurs des petites marques. C'est quand même la première fois qu'on nous fait le coup de la cabine sans chaise, ni bureau pour travailler... ◉◉◉◉ BASELWORLD (2) : peu importe, puisque Baselworld a mis en place, cette année, le plus beau centre de presse jamais proposé aux journalistes du salon. Au premier étage de l'entrée sud du Hall 1.0, lumière naturelle du jour, postes de travail en alignement avec vue imprenable sur la Piazza comme sur les tramways, bar avec personnel de service, cafés, rafraîchissements, fruits et en-cas gourmands pour les plus épuisés, casiers privés pour déposer la bonne parole des marques et les dossiers glanés dans les années [une visite quotidienne aux poubelles de ce centre presse donne une idée de la prodigieuse inutilité de certains matériels de communication]. Cette partie du Hall 1.0 communiquant avec les étages sud du Hall 1, il ne faudra même plus se mouiller les jours de pluie – il n'y a plus guère que le Palace, le Hall 3 [l'ex-centre de presse 2013 reconverti : Baselworld n'aime pas gâcher les bons espaces commerciaux] et, bien sûr, le Chinatown du Hall 4 qui ne soient plus accessibles à pied sec. Merci à la direction du salon d'avoir pensé à « ses » journalistes – même si la météo s'annonce plutôt clémente pour ces prochains jours à Bâle... 
◉◉◉◉ HAUTENCE : amis du football, une bonne nouvelle, dont le porteur – béni soit son nom – n'est autre que Guillaume Têtu, le redresseur de la manufacture Hautlence. Eric Cantona en personne (ci-contre) sera le nouvel « ambassadeur » de la marque et il viendra nous l'expliquer dès ce jeudi, dans les salons du premier étage de l'hôtel Ramada... ◉◉◉◉ VERRE SAPHIR : aussi impressionnant soit-il, le boîtier en verre saphir (60 mm !)de la nouvelle Zenith Pilot Grand Feu, même additionné de ciselures sur la couronne, la lunette et les cornes [le coup de la transparence est tout de même très fort], n'est pas si pionnier que ça (Business Montres du 25 mars). La proposition nous remet en mémoire – pour ceux qui en ont – le Kronosaphir d'Alain Silberstein de 1996, il y a donc 18 ans (ci-dessous) : l'exploit était alors d'avoir conçu et réalisé en verre saphir non seulement le boîtier, mais aussi le verre de la montre, sans oublier le fond et les coiffes des poussoirs et de la couronne. Pour assurer la fermeture par vissage, des bagues étaient collées dans le boîtier et dans le fond. Dix-huit ans plus tard, face à cette pièce de musée qui ne figure malheureusement dans aucun musée, on a juste envie de dire : « Bravo, l'artiste ! Chapeau, M. Silberstein ! Revenez nous voir pour réenchanter nos vitrines ».... 
◉◉◉◉ RJ-ROMAIN JEROME : deux bonnes surprises sur le stand de la marque, toujours en cours de finition mardi après-midi. D'abord, le dispositif de réalité enchantée mis au point par la start-up israélienne Ogmint, spécialiste dans ce domaine : on met sa main avec un bracelet spécial devant un écran, on choisit la RJ-Romain Jerome qu'on veut essayer et elle vient se poser sur le poignet, qui peut bouger dans tous les sens avec la montre qui suit le mouvement. C'est impressionnant et on peut immortaliser la scène en diffusant cet horlo-selfie sur les réseaux sociaux. Seconde surprise (parmi d'autres à découvrir ces jours-ci) : la nouvelle collection Nose Art, qui permet de lancer des montres de « style militaire » – c'est trop tendance pour passer à côté – tout en leur ajoutant un cachet artistique et une note glam-sexy fort bien venue [le nose art était l'art de décorer avec des pin-ups le nez des bombardiers américains pendant la Seconde Guerre mondiale]. Certes, RJ-Romain Jerome n'est pas la première marque à s'inspirer de ces créations, mais Manuel Emch, qui est un garçon bien élevé, a tenu à placer la pin-up au dos de la montre, en choisissant un camouflage gris (combat de nuit) pour le cadran et des bracelets Nato pour parfaire le tableau guerrier. 
◉◉◉◉ FOSSIL : savez-vous que, selon les calculs, Fossil est peut-être désormais le troisième groupe mondial pour l'horlogerie ? Depuis l'éclatement de la division Montres de LVMH en deux pôles (un pure player horloger et un pôle joaillier), Fossil talonne désormais – à bonne distance, cependant – le Swatch Group et Richemont, assez loin devant la branche LVMH Montres de Jean-Claude Biver et très loin devant les montres du pôle de joaillerie regroupé autour de Bvlgari. Il fallait avoir le culot, la naïveté ou l'indifférence des Américains – rayer les mentions inutiles – pour venir construire à Bâle, La Mecque annuelle de l'horlogerie suisse, la cathédrale de verre qui servira désormais d'état-major européen au groupe texan, dont le chiffre d'affaires a largement dépassé cette année les trois milliards de dollars. D'autant que les 28 mètres de haut nouvel état-major (2 500 mètres carrés) s'élèveront à deux pas de Baselworld. 350 personnes y travailleront... 
◉◉◉◉ ICE-WATCH : alors que son nouveau stand du Hall 1.2 (juste derrière la soucoupe volante Festina) brille de tous ses feux, la marque de Jean-Pierre Lutgen fête le retour du printemps et de la lumière avec une collection Ice-Glow dont le rose, le bleu, le vert ou le jaune s'illuminent dans l'obscurité (bracelet en silicone luminescent qui se charge à la lumière du jour et qui défie la nuit dès le coucher du soleil. Spectaculaire en night-club avec les accessoires assortis (79 euros de bonheur légèrement régressif pour les oiseaux de nuit)...
◉◉◉◉ DE BETHUNE : six ans après une apparition furtive d'un premier prototype entre leurs mains, le Maxichrono Tourbillon conçu pour De Bethune par Denis Flageollet et David Zanetta voit enfin le jour. Si ce n'est pas la première fois qu'on actionne cinq aiguilles (heures, minutes, secondes du chronographe, minutes du chronographe, heures du chronographe, opérationnel jusqu'à 23 h 59 minutes 59 secondes et 9 dixièmes de seconde : précision qui est le privilège du tourbillon 30 secondes en 36 000 A/h) sur le même axe central, ça reste très rare dans l'horlogerie mécanique et rarissime avec un système de chronographe monopoussoir. C'est même carrément unique avec un tel type d'embrayage absolu – à la fois vertical et latéral (en fait, il y a trois systèmes semi-indépendants commandés par trois roues à colonnes inter-dépendantes soutenant les différents compteurs du chronographe). Cinq jour de réserve de marche : à peine le temps d'étudier et de comprendre les géniaux dispositifs mécaniques empilés et ordonnés dans ce mouvement par Denis Flageolet. Pour l'esthétique, le zéro défaut étant la spécialité de David Zanetta, on se gardera de s'y attarder la seule aiguille en or rose de cette DB29 (ci-dessous) est celle des minutes du chronographe. En haut de la page : c'est aussi beau derrière que devant...
◉◉◉◉ KONSTANTIN CHAYKIN : une montre qui nous arrive tout droit de Russie [c'est marqué sur le cadran], quoiqu'elle soit consacrée aux traditions hébraïques du temps : c'est également visible sur le cadran, grâce aux caractères de l'alphabet hébraïque [chacune a une valeur symbolique dont on peut faire une lecture kabbalistique], mais aussi avec les « colonnes » qui évoquent celles du temple de Salomon. Pour parfaire cette symbolique, les aiguilles tournent de droite à gauche (sens anti-horaire selon la tradition)... 
◉◉◉◉ REVUE DE PRESSE : « Les montres suisses sont devenues beaucoup trop chères » : qui prétendra le contraire ? Une vérité rappelée par Grégory Pons dans Challenges (France), où on explique pourquoi 2014 s'annonce comme « l'année de tous les dangers » du fait d'une convergence des facteurs de risque. Pour caler le débat et pour éviter les indignations de commande quand le sujet dérange, une récente étude des analystes du CIC présentait un tableau instructif (ci-dessous) : 109 % d'augmentation moyenne entre 2000 et 2014 – à part les oligarques ukrainiens, les narco-trafiquants mexicains, les profiteurs de guerre transnationaux et les accaparateurs chinois [tous excellents clients des montres suisses], qui a vu ses revenus augmenter de 109 % depuis le troisième millénaire ? 0n nous annonce une nouvelle hausse début avril – pas chez A. Lange & Söhne au moins (335 % d'augmention depuis 2000) ! ◉◉◉◉ « Le numéro un chinois Xi Jinping ira-t-il à l’Elysée en costume Mao ? » : après Business Montres (24 mars) et sur la base de la même image (ci-contre), c'est Rue 89 (France) qui pose la question, et elle n'est pas triviale en dépit de sa légèreté. les Chinois ont une pensée symbolique et ils ne choisissent pas au hasard leur garde-robe : tout est signifiant : n'est-ce pas le China Daily qui félicitait Xi Jinping Le China Daily, quotidien officiel à Pékin, a très vite expliqué que toute interprétation politique, c’est-à-dire en référence au maoïsme, serait une erreur ; mais le journal a néanmoins félicité le dirigeant chinois pour avoir ainsi montré, avec ce costume, une « fierté nationale et une confiance dans la culture chinoise » ? ◉◉◉◉ On a retrouvé les braqueurs de Kronometry1999 à Cannes : ce n'étaient pas des « moissonneurs de poignet carpathiques », mais d'honorables gentlemen de Roubaix (source : La Voix du Nord)... 
▶▶▶ PROMENADEBaselworld, le jour d'avant (impressions)... 
◉◉◉◉ Il y a ceux qui sont très organisés, vitrines faites, montres posées, secret protégé par un store – le professionnalisme de Rolex se remarque tout de suite – et ceux qui en sont encore à poser la moquette. Sur le stand Bell & Ross, la Harley-Davidson de toutes les tentations (ci-contre) est sortie de sa housse [tiens, on croise à proximité quelqu'un qui sera bientôt dans les fameuses « chaises musicales de Baselworld »]. Les poissons nagent vigoureusement chez Breitling et Harry Winston a délogé l'ancienne buvette du Swatch Group, dplacée sur la gauche. Oris joue les modestes à ce niveau. Antonio Calce a le sourire et la confiance de ses actionnaires. Chez Hublot, les vitrines de Xavier Dietlin seront à la fois géographiques et diaboliques, mais surtout ultra-technologique. Cependant, seul le stand Patek Philippe attirera l'attention à l'entrée du salon. 
◉◉◉◉ Dans les étages, les drôles d'écaille du nouveau stand Graff vont provoquer beaucoup de commentaires [quel chef-d'oeuvre décoratif !], de même que la porte de coffre-fort du nouveau stand Armani Swiss Made (image en haut de la page et ci-dessus) : quelles merveilles y a-t-on caché pour les protéger de façon aussi démonstrative ? C'est à peu près tout ce qui peut frapper les esprits dans le Hall 1.1, hormis l'espace Speake-Marin, qui en fait beaucoup avec peu de place. Peu de découvertes dans le Hall 1.2, hormis le nouveau stand Ice-Watch, le réaménagement strict du stand Nixon, l'arrivée de Fossil (ci-dessous : un mur d'écrins) et la folie gréco-globalisée de Follie Follies. Il faut aller au Palace pour trouver quelques changements dans la succession de niches qu'est devenu le pôle des indépendants. Le Hall 2 sera, comme l'année précédente, un lieu incertain et une adresse pas forcément valorisée... 
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