MERCREDI : Le réveil progressif du marché russe peut-il sauver l'horlogerie suisse de son naufrage annoncé sur le marché chinois ?
Le 27 / 05 / 2015 à 02:17 Par Le sniper de Business Montres - 3642 mots
Quand les petites marques s'inspirent des icônes des grandes marques pour leurs créations, sont-elles légitimes ou ne sont-elles que des parasites ? Ces « hommages » ne sont-ils pas justifiés par le manque d'imagination des grandes marques, qui n'ont plus que leur grandeur et leur marque pour seuls arguments ?
▶▶▶ EN RÉSUMÉ (le tout développé après le résumé ci-dessous)Indiscrétions, analyses, informations,
Quand les petites marques s'inspirent des icônes des grandes marques pour leurs créations, sont-elles légitimes ou ne sont-elles que des parasites ? Ces « hommages » ne sont-ils pas justifiés par le manque d'imagination des grandes marques, qui n'ont plus que leur grandeur et leur marque pour seuls arguments ?
▶▶▶ EN RÉSUMÉ(le tout développé après le résumé ci-dessous)Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures...❏❏❏❏ COMBIEN DE MARQUES HORLOGÈRES AUSTRALIENNES CONNAISSEZ-VOUS ?❏❏❏❏ POUR SE CONNECTER, LE DOUANIER PREND LE 85 ET PAS LE 91...❏❏❏❏ GÉRALD FLIRTE AVEC LES REQUINS EN MODE GMT...❏❏❏❏ ROLAND VEUT COMMUNIQUER AVEC CARL... ❏❏❏❏ LES BRONZÉS N'ONT PAS LA MÉMOIRE COURTE...❏❏❏❏ FRANCO AVAIT TOUT COMPRIS DÈS LE DÉPART...❏❏❏❏ LES ÉPIGONES INSPIRÉS NE BÉGAIENT PAS...❏❏❏❏ VASKEN VOIT GRAND ET RATISSE LARGE... ❏❏❏❏ L'OURS RUSSE EST DÉJÀ SORTI DE SON HIBERNATION...❏❏❏❏ QUI N'A PAS RÉSERVÉ SA PLACE À GINZA 6 ?❏❏❏❏ROGER ADORE LES NOUVELLES VITRINES...❏❏❏❏L'INFOGRAPHIE QUI EN DIT LONG, MAIS QUI FAIT RIRE... ❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUTES LES AUTRES INFOS... ❏❏❏❏▶▶▶ LE ZAPPING DU MERCREDIUne brassée d'informations horlogèrescueillies à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté...◉◉◉◉LE MARCHÉ RUSSE S'EST-IL DÉJÀ RÉVEILLÉ DE SA TORPEUR ? Apparemment, les affaires reprennent en Russie, l'économie ayant digéré les sanctions européennes et le rouble ayant retrouvé une parité satisfaisante face au dollar. De même, les Russes ont trouvé de nouveaux alliés géopolitiques capables de desserrer l'étau américain. Du coup, on assiste au réveil d'un marché horloger passé en mode hibernation au dernier trimestre 2014. Le problème reste que les mentalités des amateurs ont évolué : ils n'aiment plus forcément les mêmes marques, ni les mêmes modèles ! On pourrait d'ailleurs tenter le parallèle avec la Chine, dont les consommateurs ont muté : sans brûler aujourd'hui ce qu'ils adoraient hier, ils ont soif de nouvelles marques et de nouveaux concepts. Les jeunes millionnaires locaux, à peine moins riches que les rustiques oligarques d'hier, mais beaucoup mieux éduqués, ne veulent plus porter les mêmes montres que la génération qui les précède. Les Russes suivent la même tendance, ce qui n'est pas bon pour Breguet, pour Cartier ou pour Ulysse Nardin, mais ce qui libère de nouveaux espaces pour des marques indépendantes, en particulier dans les gammes moyennes : ce ne sont pas les alternatives qui manquent sur un marché devenu nettement plus complexe, où les amateurs veulent des prix plus consistants [pas forcément moins élevés, mais certainement plus intelligents et cohérents]. Business Montres vous parlait hier du nouveau concept De Bon Ton pour le luxe horloger accessible. Nettement plus haut en gamme, un nom circule entre les initiés : Rich Time, sur Novy Arbat, boutique spécialiste des marques de niche (ci-contre)...◉◉◉◉TIENS, PUISQU'ON PARLE DE BOUTIQUES, qui n'aura pas sa boutique à Tokyo, au coeur de Ginza, dans ce mall commercial Ginza 6 qui ambitionne d'être la galerie commerciale le plus luxueux du monde ? Les marques du Swatch Group, qui sont déjà regroupées dans le Hayek Building tout proche, n'ont aucune raison d'y aller, mais beaucoup d'autres marques, déjà présentes à Ginza, songent à y venir. Rolex semble avoir déjà signé. Le problème, c'est l'hallucinante prolifération des boutiques de luxe tous azimuts et toutes marques dans l'environnement immédiat ! Mais que de belles affaires on fait déjà dans ce quartier... ◉◉◉◉TOUJOURS À PROPOS DE BOUTIQUES, ROGER DUBUIS met les bouchées doubles, avec une ouverture récente à Dubai (Dubai Mall, là où il faut être) et une prochaine ouverture à Los Angeles, dans un superbe emplacement du côté de Rodeo Drive. Ceci en attendant l'ouverture de la boutique de Genève, promise avant l'été place de la Fusterie [un emplacement soufflé sous le nez du Swatch Group : pour Roger Dubuis, c'est ça l'avantage d'être une petite marque dans un grand groupe]...◉◉◉◉UNE QUESTION DE LÉGITIMITÉ À PROPOS DE PANERAI (1) : le débat étant devenu public depuis sa publication sur Foudroyante, le blog horloger de Malik Bahri, autant en reparler. On sait que la mode horlogère est aux « hommages » : les grandes marques se rendent hommage à elles-mêmes en s'auto-célébrant (après un détour par leur propre musée) et les petites marques se créent en rendant hommage aux créations iconiques des grandes marques. Ces icônes inspirent leurs épigones contemporains. L'exploitation des codes de la Rolex Submariner a donné naissance à des milliers de « montres-hommages ». La reprise du style des montres d'aviateur et d'observateur aérien (Beobachtung) est un segment de marché à part entière en Allemagne. Autre filon inépuisable [on pourrait en citer une bonne douzaine d'autres] : la famille des « Panerai » – au sens large – inspirées elles-mêmes par une montre de plongée mythique, la Rolex réf. 6152, livrée brute à l'Officine Panerai de Florence dans les années 1930, qui la revendait en l'état à la Marine militaire italienne, et finalement rebaptisée « Panerai » après la Seconde Guerre mondiale. Ce sont ces antécédents historiques qui font que le design de la montre autant que bon nombre de ses codes et de ses attributs – dont le fameux « Marina Militare » – sont aujourd'hui impossibles à protéger par la marque Panerai, devenue depuis une des vaches à lait horlogères du groupe Richemont. Question posée : dans ces conditions, quelle est la légitimité ontologique de Panerai face à ces disciplessuiveursadmirateurs imitateurs [rayez la mention inutile] qui multiplient les propositions à des niveaux de qualité plus qu'intéressants (ci-dessus : la Vanguard mécanique en bronze de Gruppo Gamma, venue de Singapour et facturée dans les 600 dollars) ?◉◉◉◉LE VRAI TERRITOIRE DE LÉGITIMITÉ POUR PANERAI (2) : pour Malik Bahri, cette légitimité de Panerai repose sur l'histoire (les commandes passées de la Marine italienne, l'enracinement florentin, le positionnement suisse, l'onction Richemont : tout ce que les épigones n'ont pas) plus que sur le style ou sur le design, qui n'ont rien de spécifique. Arguments logiques, qui ne sont que partiellement convaincants, sinon pour justifier le fait que la marque Panerai soit un objet purement spéculatif et un hochet ostentatoire dont le culte se situe à la limite des pratiques sectaires. Ce qu'on baptise aujourd'hui « Panerai » n'a qu'un rapport indirect avec l'Officine florentine qui distribuait des Rolex dégriffées à l'Amirauté italienne de l'ère fasciste – ni les facilités Swiss Made, ni la bénédiction Richemont ne constituant une originalité sur le marché. Le concept « Panerai » dont il est question relève donc du mythe – au meilleur sens du terme – et de l'égrégore marketing. Le coup de génie du groupe Richemont, qui doit ici toute son intelligence à la diligence de Franco Cologni (ci-contre : à son poignet, la fameuse Cazzomir, ci-dessous), a été de transformer en référence mondiale du luxe horloger une Officine qui n'avait guère revendu que 300 montres entre les années 1930 et les années 1990. ◉◉◉◉PANERAI ET SES ÉPIGONES (3) : ce qui permet de re-légitimer, au moins partiellement, les re-créations des dissidents, qui ne copient pas les codes d'une marque, mais qui s'inspirent d'un design connu (le boîtier coussin plus ou moins stylisé, les anses, les grands chiffres fonctionnels contrastés, le cadran sandwich, la lunette massive à cavaliers soudés, etc.) pour re-donner du plaisir horloger (moins sévèrement tarifé) aux amateurs de « montres militaires ». Ni les boîtiers de bronze (réinventés dans les années 1980 par Gérald Genta, qui s'inspirait de montres professionnelles plus anciennes), ni les cadrans « California » (mixture de chiffres arabes et de chiffres romains imaginée par des cadraniers suisses) ne sont des invariants génétiques du patrimoine de la marque Panerai, qui n'a plus guère de florentin que son extrait d'acte de naissance (le siège est milano-neuchâtelois). Le prix élevé constituant, en revanche, une singularité de l'offre Panerai, on peut en inférer qu'aucun de ces épigones – tous positionnés beaucoup plus bas – n'est un concurrent pour la marque, ni même un parasite. Rendons in fine à César [Angelo ou Franco ?] ce qui lui revient : le seul support actuel de la légitimité de Panerai, c'est d'être une marque forte, influente, capable de créer la tendance et d'instituer des repères sur le marché de ces montres d'inspiration militaire. Force qui est désormais sa faiblesse, quand elle se mue en arrogance et en incapacité d'écouter le marché pour évoluer : les designers de Panerai ont une sacrée tendance à bégayer plutôt que de prendre des risques créatifs pour l'invention de nouvelles icônes. Moralité : la légitimité n'est ni dans la forme (le boîtier, les codes, le style), ni dans le fond (le nom, l'histoire, la tradition horlogère), mais dans l'esprit et dans la tension de la volonté qui assure la dynamique de la proposition. Panerai détient une part notable de cette légitimité, mais la marque n'en gère pas le monopole. Les « inspirés » en détiennent une autre, moins visible, mais sans doute plus en phase avec les attentes des amateurs. Éternel conflit entre le peuple et l'aristocratie...◉◉◉◉UN NOUVEAU PORTAIL HORLOGER GÉNÉRALISTE : pensé comme « The Watches International Platform », le site Watchoogle se veut novateur dans son approche globale. La promesse est celle d'un guichet unique horloger, pour les amateurs comme pour les marques, avec une attention portée à la diffusion de la culture horlogère. L'idée originale – même si elle n'est pas tout-à-fait nouvelle – est celle d'associer les détaillants à ce portail de partage d'informations : le premier article de ce Retailers Lounge est consacré à nos amis de Westime (Los Angeles). L'espace dévolu aux marques est également compartimé en lounges (voir notamment celui de Chopard). Amusant : le site est à l'heure de... Dubai, d'où il est animé par Vasken Chokarian, inlassable propagateur des valeurs de l'horlogerie suisse au Proche-Orient. Quoique démarrant ces jours-ci, Watchoogle est déjà d'une grande richesse de contenus (excellente chaîne vidéo) et d'une excellente facilité d'accès pour circuler entre les informations. En quoi est-ce innovant par rapport aux autres portails déjà existants ? Ça ne l'est pas forcément, ce ne sont pas forcément les informations les plus fraîches qu'on puisse trouver et ce n'est pas forcément le lieu où s'exprime(ro)nt les journalistes et les blogueurs les plus incisifs, mais la démarche semble honnête tout comme l'esthétique générale paraît reposante...◉◉◉◉CHAISES MUSICALES : après quatre ans passés chez Roger Dubuis pour animer la communication de la marque, Roland Ott – qu'on avait également connu comme directeur de la communication corporate chez IWC (où il était resté sept ans), rejoint la manufacture Carl F. Bucherer au poste de directeur de la communication. ◉◉◉◉LES MONTRES CONNECTÉES NE SONT QUE DES ÉQUIPEMENTS ÉLECTRONIQUES : c'est du moins l'avis de l'Organisation mondiale des douanes, qui s'apprête donc à classer les smartwatches dans la catégorie 85 (électronique) et non sous le chapitre 91 (horlogerie) de sa nomenclature normalisée. Ce qui ne résoud pas clairement la question du classement des montres hybrides lancées par des maisons non spécialisées dans l'horlogerie, comme Withings. On risque donc de voir des montres aux fonctions à peu près identiques classées dans deux catégories différentes – par exemple Withings en classe 85 et Mondaine en classe 91. ◉◉◉◉L'AUSTRALIE COMME NOUVELLE NATION HORLOGÈRE : on compte déjà sur place une grosse poignée de « marques locales », dont une des plus sympathiques est Tangramatic, positionnée sur le créneau d'un chic horloger très design, mais accessible (350 à 500 dollars américains en moyenne : ci-dessus). Les mouvements sont japonais (Miyota) et la stratégie marketing très opportuniste : Tangramatic procède à beaucoup d'interventions sur les médias sociaux, la marque s'étant lancée en 2014 grâce au financement collaboratif sur Kickstarter (c'est sur cette plateforme que sont lancés différents nouveaux modèles). La base arrière industrielle est chinoise (dans la région de Shenzhen), alors que l'état-major est établi à Sydney. Seriez-vous capables de citer d'autres marques horlogères australiennes en plus de Tangramatic ? Un peu de name dropping : Bausele (fondée par un Français), Melbourne Watch Company, Haigh & Hastings, Aegir, OWC (Orange Watch Company), Erroyl ou Rebelda. Grâce à ces liens, vous pourrez vérifier que c'est une horlogerie digne de ce nom, avec des produits intelligents et un sens du marketing tout-à-fait remarquable...◉◉◉◉CETTE IMAGE (ci-dessous) N'A PAS ÉTÉ TOURNÉE DANS UN AQUARIUM, mais en pleine eau (profonde), pour la promotion de la nouvelle montre Hydroscaph GMT Chronomètre de Clerc : cette « plongeuse » est étanche à 800 m (valve à hélium), avec un second fuseau horaire sur vingt-quatre heures à 6 h et un indicateur de réserve de marche à 12 h (image en haut de la page, au-dessus du sommaire)...◉◉◉◉UNE EXCELLENTE INFOGRAPHIE SUR L'HORLOGERIE : elle vient d'être publiée par Le Temps. On peut en critiquer telle ou telle information, notamment les données statistiques, trop pessimistes ici et beaucoup trop optimistes là : les 12 millions de Swatch sont à hurler de rire quand on sait que Nick Hayek admet vendre « 10 000 Swatch par jour » – ce qui ne fait jamais que 4 millions de montres par an ! C'est néanmoins un excellent tableau synoptique des forces en présence...D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...
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