OSVALDO EN LIBERTÉ #1 : « Messieurs les collectionneurs, les modes horlogères passent, les chefs-d'oeuvre restent »...
Plus fort qu'un nom, un prénom suffit à lui seul à la légende d'un Osvaldo Patrizzi, l'homme qui a inventé le marché des montres de collection et qui détient toujours le record du monde des enchères pour une montre-bracelet. Business Montres est fier de lui offrir une tribune en toute liberté d'expression... ◉◉◉◉ UNE PRÉCISION AVANT DE COMMENCER : on ne présente plus Osvaldo Patrizzi – Osvaldo tout court pour ses nombreux amis comme pour ses …
Plus fort qu'un nom, un prénom suffit à lui seul à la légende d'un Osvaldo Patrizzi, l'homme qui a inventé le marché des montres de collection et qui détient toujours le record du monde des enchères pour une montre-bracelet. Business Montres est fier de lui offrir une tribune en toute liberté d'expression...
◉◉◉◉ UNE PRÉCISION AVANT DE COMMENCER : on ne présente plus Osvaldo Patrizzi – Osvaldo tout court pour ses nombreux amis comme pour ses rares ennemis. L'horlogerie contemporaine lui doit beaucoup et le marché des montres de collection lui doit tout : passionné d'horlogerie, doté d'une excellente formation horlogère et restaurateur d'un immense talent, c'est lui qui a eu le premier l'intuition de l'existence d'un marché pour les montres-bracelets de collection. Ensuite, c'est lui qui a imaginé le premier qu'on pouvait monter des ventes aux enchères pour ces montres : c'était il y a tout juste quarante ans cette année – avant lui, on dispersait les montres et les pendules dans les ventes d'ameublement et d'antiquités. Toutes les grandes maisons d'enchères ont ensuite creusé le sillon défriché par Antiquorum. Puis, c'est lui qui a créé les premières ventes thématiques et qui a posé les bases d'un auction marketing qui allait enflammer le marché, non seulement pour les montres de collection, mais aussi pour les montres neuves. C'est lui, enfin, qui a édité les premiers catalogues un peu substantiels (textes et images), en rassemblant des informations qui ne l'avaient jamais été jusque-là et qui constituent, aujourd'hui, le socle indéfectible de notre nouvelle culture générale horlogère. On en oublie... 
◉◉◉◉ BOUTÉ SANS MÉNAGEMENTS HORS DE SA PRÉSIDENCE d'Antiquorum, à l'été 2007, par une conjuration de putschistes nippo-américains, dans des conditions scabreuses et avec des accusations infamantes au sujet desquelles la justice est en train de se prononcer pour lui rendre son honneur, Osvaldo Patrizzi s'est depuis retiré du marché actif des enchères. Ce qui ne l'empêche pas de suivre avec attention et pertinence le marché des montres de collection, dans les salles de ventes – maintenant, il tient le paddle, et non plus le marteau – et dans les transactions privées où la sûreté de son expertise vaut toujours au « renard argenté » l'amitié et la confiance des grands collectionneurs des trois continents. ◉◉◉◉ COMME IL EST L'EXPERT ENTRE LES MAINS DUQUEL SONT PASSÉES le plus de belles montres au cours de ce dernier quart de siècle et comme son marteau n'a cessé d'adjuger des records d'enchères qui tiennent toujours [dont celui de la montre-bracelet la plus chère jamais vendue en salle : la fameuse réf. 1415 en platine de Patek Philippe, qui n'est pas ressortie de son coffre-fort coréen depuis 2002], les avis de cet augure sont déterminants. Business Montres, qui avait révélé son limogeage de 2007 et qui avait très vite compris à quel point les motivations des putschistes étaient aussi peu nobles que leur argumentation peu crédible, sait à quel point sa parole porte. C'est donc avec fierté, mais aussi respect, que nous lui accorderons, quand il le souhaitera, la place éditoriale qu'il mérite pour commenter l'actualité des enchères et du marché des montres de collection : c'est pour nous un honneur et une marque de fidélité à un homme auquel, collectivement, nous devons tant [inutile de le préciser : la liberté éditoriale est totale, même si nous ne partageons pas forcément tous ses avis sur les sujets qu'il aborde]... ◉◉◉◉ Rappel pour les lecteurs : la montre chronographe à rattrapante Patek Philippe (ci-dessous) dont parle ci-dessous Osvaldo Patrizzi est un repérage Business Montres du 22 mai dernier, les Patek Philippe pièces uniques en titane ayant été révélées à nos lecteurs dans Business Montres dès le 12 mai (ci-dessus : le lot n° 141, une montre à diamant amovible totalement inconnue à ce jour)... 
▶▶▶ VENTE SOTHEBY'S NEW YORK DU 10 JUIN Quand les musées se font et se défont sous le marteau... ◉◉◉◉ CETTE EXPOSITION SOTHEBY'S DE LA PROCHAINE VENTE aux enchères new-yorkaise (10 juin) était pour moi une sorte de voyage dans le temps, sinon un retour vers le passé. J'avais en main ce chronographe à rattrapante monopoussoir Patek Philippe que je connaissais bien, avec son boîtier de style « officier » daté de 1923 (ci-dessus). Mais je veux d'abord dire à quel point la maison Sotheby's m'a surpris par la qualité globale des lots-phares de cette vente. Il y avait longtemps qu'une vente de juin ne m'avait pas semblé aussi prestigieuse : généralement, les maisons d'enchères se réservent pour mai et pour décembre, qui sont toujours la démonstration d'une concurrence féroce entre Sotheby's et Christie's, à coups de millions de francs, histoire de démontrer au grand public des amateurs d'horlogerie leur capacité à repérer, à présenter et à adjuger les meilleurs lots du marché. Leurs armes ne sont autre que leurs catalogues – lesquels sont toujours mieux informés, mieux illustrés etdésormais présentés comme des ouvrages d'art – et, bien sûr, leurs montres... 
◉◉◉◉ JUSTEMENT, VENONS-EN À CE LOT N° 173 DE LA VENTE DE JUIN, à ce Chronographe à Rattrapante [les majuscules sont volontaires et de rigueur], que je considère comme la montre-bracelet la plus importante de toutes celles qui ont été mise sur le marché au cours de ces cinq dernières années (ci-dessus). J'avais vendu cette montre en novembre 1999, en l'adjugeant pour la somme record [à l'époque] de 2 974 500 francs suisses, à un taux de change qui équivaudrait aujourd'hui à 3 319 856 dollars. Ce qui me fait trouver un peu ridicule l'estimation de Sotheby's, entre 800 000 et 1 200 000 dollars. À l'époque, cette pièce m'avait été confiée par un collectionneur de Patek Philippe, qui l'avait achetée quelques années auparavant et qui en avait fait un des fleurons de sa collection. Il s'en séparait parce qu'il avait besoin de restaurer une très coûteuse propriété médiévale, dont la restauration mobilisait son énergie financière... ◉◉◉◉ POUR CE LOT, J'AVAIS ACCEPTÉ UN PRIX DE RÉSERVE D'UN MILLION DE FRANCS, ce qui était alors une folie, mais j'y croyais ! Je me souviens parfaitement de cette vente aux enchères et de la bagarre épique entre les amateurs, avec des offres qui tombaient avec la régularité d'un métronome, tous les 25 000 francs suisses, dans une bataille qui semblait ne plus avoir de fin. L'étonnement des personnes présentes dans la salle reste gravé dans mon esprit : sous mes yeux, personne ne pouvait croire qu'une montre-bracelet puisse atteindre de tels niveaux. ◉◉◉◉ CE LOT N° 448 de 1999 AVAIT FINALEMENT ÉTÉ ADJUGÉ À PHILIPPE STERN (le propriétaire de Patek Philippe), mais pour le compte d'un de ses grands clients du Proche-Orient. On a par la suite pu admirer ce chef-d'oeuvre, pendant cinq ans, parmi les innombrables merveilles qui sont exposées dans les vitrines du musée Patek Philippe de Genève. Ce qui a fait la célébrité de cette montre, ce n'est pas seulement son enchère record, mais c'est aussi le fait qu'il s'agissait du modèle qui avait inspiré les créateurs de Patek Philippe pour lancer, en 2005, la célébrissime réf. 5959 – un chronographe à rattrapante unique au monde dans cette ultra-minceur, dont le calibre de 12 lignes est un monument de pure virtuosité horlogère qui démontrerait à lui seul, s'il en était besoin, l'incroyable savoir-faire de Patek Philippe. Il n'est pas besoin d'être spécialiste pour comprendre à quel point il est beaucoup plus difficile de maîtriser la technique d'un chronographe à rattrapante que n'importe quelle autre complication mécanique horlogère, surtout dans un calibre aussi plat et d'aussi petite taille. ◉◉◉◉ SOUVENONS-NOUS ICI QUE LE GRAND ABRAHAM LOUIS BREGUET pratiquait, en son temps, des prix qui tenaient compte de la taille de la montre. Les dimensions classiques se situaient autour de 18-20 lignes, les montres plus petites, celles qui étaient les plus plates, sinon même extra-plates, étant autour de 14-16 lignes. Plus ces montres étaient de petite taille, plus elles étaient chères, et plus elles étaient plates et plus leur prix augmentait. Les pièces Breguet les plus coûteuses n'étaient pas les tourbillons, les répétitions minutes, les calendriers perpétuels ou les équations du temps, mais les montres les plus minces et les plus réduites en taille. S'il fallait trouver un défaut à cette rattrapante, ce serait peut-être sa taille de 33 mm, mais, attention, Messieurs, les modes horlogères changent, les chefs-d'oeuvre restent... 
◉◉◉◉ MON SECOND ÉBLOUISSEMENT CHEZ SOTHEBY'S était celui du lot n° 45 de cette vente du 10 juin. Il s'agit d'un pendule de table Cartier en forme de tortue (ci-dessus et ci-dessous), qualifiée de « rare et de la plus haute importance », sertie d'émaux et de pierres précieuses dans le goût Art Déco et datée de 1928. On est alors en plein dans la mode des « chinoiseries », mais cette pendule de table concentre tout le savoir-faire, l'élégance et le style français d'une des périodes les plus artistiquement créatives du XXe siècle. Même quand on a eu la chance d'admirer beaucoup de chefs-d'oeuvres dans sa vie, on reste tout de même sous le choc de l'émotion en découvrant un tel objet du temps et on se dit que, décidément, on n'a jamais tout vu et on n'est jamais à l'abri de nouvelles bonnes surprises. L'estimation très conservatrice à 300 000-500 000 dollars ne rend évidemment pas compte de la valeur d'un tel objet aux yeux des collectionneurs qui en savent l'immense intérêt. 
◉◉◉◉ MON TROISIÈME COUP DE COEUR SERAIT, DANS CE CATALOGUE SOTHEBY'S, l'incroyable série des 11 Patek Philippe en titane, nées de commandes spéciales passées entre 2000 et 2004. À ma connaissance, Patek Philippe n'avait pas réalisé d'autre montre en titane que celles-ci et la Nautilus pièce unique de la vente Only Watch 2007. Si les mots « unique », « important » et « rare » ont encore un sens, ces « prototypes » en sont la parfaite traduction. Ces montres seront, pour les amateurs de montres rares, la « cerise sur le gâteau » de cette vente aux enchères exceptionnelle... 
D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...