OSVALDO EN LIBERTÉ #4 (accès libre) : Comment j'ai cru un instant que j'avais réussi à dénicher l'oiseau chanteur de mes rêves...
Osvaldo Patrizzi avait préparé une petite cagnotte pour s'offrir le flacon à oiseau chanteur de Pierre Jaquet-Droz, mais les enchères sont montées trop haut pour lui. Il nous avait déjà donné un chronique sur ce chef-d'oeuvre de la mécanique suisse. Il nous raconte l'ambiance dans la salle et ses illusions perdues... ▶▶▶ SOTHEBY'S« Comment ma serinette est partie pour 2,5 millions de dollars »...
Osvaldo Patrizzi avait préparé une petite cagnotte pour s'offrir le flacon à oiseau chanteur de Pierre Jaquet-Droz, mais les enchères sont montées trop haut pour lui. Il nous avait déjà donné un chronique sur ce chef-d'oeuvre de la mécanique suisse. Il nous raconte l'ambiance dans la salle et ses illusions perdues...
▶▶▶ SOTHEBY'S« Comment ma serinette est partie pour 2,5 millions de dollars »... 
◉◉◉◉ C'EST AVEC UNE GRANDE TRISTESSE, mais aussi un net soulagement que « ma » serinette du XVIIIe siècle (voir ma chronique précédente : Business Montres du 14 avril) a été vendue aux enchères par Sotheby's, pour 2,53 millions de dollars. Tristesse parce que cette pièce était un de ces chefs-d'oeuvre de la créativité humaine qui ne cesse de nous fasciner quand on les regarde : un chef-d'oeuvre intemporel, qui a su échapper au temps. Soulagement parce que je crois que je sais où et à qui ce flacon à parfums a été vendu. Bien entendu, Sotheby's ne veut pas dire qui était l'acheteur, ni comment il est intervenu pendant la vente, mais cette stratégie d'achat, pendant les enchères, m'a rappelé celle d'un acteur très important dans le monde de l'horlogerie de collection. Si ce que je pense est vrai, je sens que je vais aller souvent dans un lieu très agréable, dans un des plus beaux musées privés du monde, où ce chef-d'oeuvre sera en bonne compagnie, au milieu de tous les autres chefs-d'oeuvre de l'horlogerie genevoise... ◉◉◉◉ COMME POUR PRESQUE TOUTES LES VENTES NEW-YORKAISES, il n'y avait que peu de personnes dans la salle, de nombreux téléphones activés et des enchères en ligne très dynamiques. Les New-Yorkais ont le culte du business et, même si cette dispersion d'automates du XVIIIe et du XIXe siècles était unique, il était à la fois plus pratique et plus discret d'enchérir par téléphone. L'ambiance dans la salle était assez tendue, les cent premiers lots se vendant bien, avec quelques reprises – ce qui reste tout-à-fait normal et acceptable sur un marché un peu troublé par la conjoncture politique et financières. À partir du lot 104, qui était celui de cet extraordinaire « serin chanteur » (premier de toutes les merveilles mécaniques de la vente), l'ambiance a changé. Les principaux intéressés se sont positionnés aux endroits les plus stratégiques de la salle pour essayer de comprendre qui prenait part aux enchères. Le personnel de Sotheby's, téléphone à l'oreille, avait préparé ses paddles numérotés pour les lever au bon moment. À partir d'une première offre à 600 000 dollars, on est monté à 1,5 million de dollars en moins d'une minute. Puis on a progressé de 50 000 dollars en 50 000 dollars, jusqu'au seuil des deux millions, où la vente semblait devoir s'arrêter. Tout le monde paraissait avoir épuisé ses munitions. Avec autant d'excitation que d'espoir, j'ai donc levé mon propre paddle pour une enchère à 2 050 000 dollars. Imaginez la décharge d'adrénaline de cet instant, le plaisir et l'angoisse confondus (les psychologues et les amateurs savent très bien en parler), mais mon coeur battait à tout rompre. J'étais sur un nuage. Soudain, tout a changré. Je suis revenu à la vraie vie et le taux d'adrénaline est brutalement retombé avec une enchère supérieure à 2,1 millions. Une vraie douche froide ! Mais il m'était impossible de relancer. C'était au-delà du raisonnable. Enchère finale acquise, donc, à 2,1 millions sous le marteau, soit 2,53 millions avec les frais de commission. Je m'étais battu pour mon rêve et j'ai gardé espoir jusqu'à la fin, mais sans céder au désespoir : ce flacon à parfum a vraiment fait le prix qu'il méritait... 
◉◉◉◉ LES AUTRES OBJETS DE CETTE COLLECTION EXCEPTIONNELLE ont eux aussi tenu leurs promesses : 21 lots vendus pour 6,08 millions de dollars (voir les plus intéressants dans la vidéo ci-dessous), alors que l'estimation basse était de 2,3 millions de dollars. Dans l'après-midi, la vente a connu un destin tout aussi intéressant, avec peu d'invendus et un produit final de 12,5 millions de dollars – ce qui est beaucoup pour une « vente d'été » qui ne comportait que 254 lots. On se rapportera au site de Sotheby's pour avoir le détail des résultats complets... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...