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Patrik Hoffmann quitte la présidence d’Ulysse Nardin

La « liste de Riedo » s’allonge ! Le groupe Kering semble décidé à reprendre en main ses meilleures marques horlogères : nommé en 2011 à la direction de la manufacture (immédiatement après la disparition de Rolf Schnyder), Patrik Hoffmann vient d’annoncer à son équipe qu’il partait développer ailleurs des projets personnels. Il emmène avec lui une de ses proches, Susanne Hurni, qui assurait la direction de la communication.


Réunion très importante ce matin chez Ulysse Nardin, où Patrik Hoffmann avait convoqué son comité de direction pour leur annoncer son départ dans les jours qui viennent. Il a également annoncé à ses cadres le départ imminent de Susanne Hurni. Il est possible que d’autres départs dans les instances dirigeantes de la manufacture du Locle soient programmés dans les semaines à venir. Ces départs s’expliquent par la volonté manifeste du groupe Kering de reprendre la main sur une marque qui avait tant bien que mal réussi à survivre à l’effondrement brutal de ses ventes en Russie, mais qui tardait à se replacer dans de nouvelles dispositions de combat pour répondre aux nouvelles demandes des marchés…

Nommé en 2011 après la disparition de Rolf Schnyder (le relanceur d’Ulysse Nardin), Patrik Hoffmann (ci-dessus, avec Susanne Hurni) aura passé dix-huit ans chez Ulysse Nardin. Il avait été un des artisans de l’ouverture du capital de cette manufacture familiale au groupe Kering, peu de temps avant que l’entreprise ne subisse de plein fouet les effets désastreux de la crise du rouble sur son principal marché [un peu moins de la moitié des ventes de la marque se faisaient en Russie]. Patrik Hoffmann avait tant bien que mal réussi à maîtriser la situation dans ce contexte difficile, sans pouvoir pour autant pouvoir redonner à la marque une dynamique commerciale significative sur ses autres marchés. Plutôt conservateur de nature, il n’avait pas forcément pris la mesure des mutations essentielles d’une demande internationale en pleine révolution : sa vision d’Ulysse Nardin comme « marque de niche » pour collectionneurs de haute mécanique horlogère n’était plus vraiment en phase, ni avec les attentes des nouveaux consommateurs potentiels de luxe horloger, ni avec les exigences de croissance du groupe Kering. Le tandem promotionnel qu’il formait de facto avec Susanne Hurni (sa charmante directrice de la communication, elle aussi un peu trop old school) a renforcé cette vision statique et fixiste de la manufacture Ulysse Nardin, dont le catalogue semble avoir terriblement vieilli au cours de ces dernières années, notamment sur le plan esthétique. CEO de « transition », Patrik Hoffmann ne pouvait plus être le CEO de la relance !

On ne sait encore rien du successeur de Patrik Hoffmann, qui n’est pas attendu dans l’entreprise avant la fin du mois [aucune réaction officielle de Kering pour l’instant]. L’information commençant à peine à transpirer à l’issue du comité de direction, les rumeurs vont bon train dans les ateliers de la marque, tant au Locle qu’à La Chaux-de-Fonds. Indices pour le profil du futur CEO d’Ulysse Nardin : une vraie connaissance de l’horlogerie et un vrai sens du produit [ce qui exclut le parachutage d’un non-horloger], une certaine aptitude « politique » à naviguer dans les eaux troubles des grands groupes de luxe [ce qui élimine les candidats qui n’auraient pas cette « culture » de la diplomatie horlogère qui est un gage de survie dans les grands groupes – donc les candidatures provenant des « indépendants »], une sensibilité aux nouvelles générations [ce qui ne va pas favoriser les quinquagénaires et plus] et un solide réseau de relations commerciales dans la distribution [ce qui écarte les jeunes loups potentiellement intéressés par le prestige de ce poste]

Le nom de Patrick Hoffmann vient s’ajoute à la fameuse « liste de Riedo » – celle des CEO et des patrons horlogers qui étaient en poste lors de la Wonder Week 2017 et dont Business Montres pronostiquait qu’ils ne le seraient plus lors du SIHH 2018. Fin 2016, nous avions estimé qu’une douzaine d’entre eux manqueraient à l’appel. À la mi-juin 2016, avec le départ de Peter Speake-Marin (révélation Business Montres du 16 juin dernier), la liste comprenait déjà dix noms (voir nos informations Business Montres du 31 janvier). Entre-temps, un onzième est venu s’ajouter [et non des moindres] : celui de Georges Kern, qui a quitté Richemont pour Breitling. Patrik Hoffmann est le douzième nom sur cette liste, qui devrait cependant s’allonger encore d’ici au prochain SIHH…


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