RADICAL : Dans une nouvelle dimension de la montre avec la Spacecraft de RJ-Romain Jerome
Si légende il y a dans cette montre, c'est celle des voyages interplanétaires de notre enfance, quand les navettes parcouraient la galaxie en vitesse supraluminique. Quel est donc le vaisseau spatial qui vient de se poser au bord du lac de Genève ? ◀▶ RJ-ROMAIN JEROMEUne Spacecraft en croisière galactique ◉◉◉ Le paradoxe est que cette montre ne devrait pas nous étonner ! Dans les années 1970 (l'âge d'or d'un design horloger libéré …
Si légende il y a dans cette montre, c'est celle des voyages interplanétaires de notre enfance, quand les navettes parcouraient la galaxie en vitesse supraluminique.
Quel est donc le vaisseau spatial qui vient de se poser au bord du lac de Genève ?
◀▶ RJ-ROMAIN JEROMEUne Spacecraft en croisière galactique ◉◉◉ Le paradoxe est que cette montre ne devrait pas nous étonner ! Dans les années 1970 (l'âge d'or d'un design horloger libéré par l'explosion de l'électronique et le techno-optimisme ambiant), les montres "casquette" tenaient le haut du pavé, avec leurs boîtiers futuristes et leur lecture latérale à affichage vertical : Business Montres avait pressenti la tendance dès cet été (nombreuses images dans notre article du 5 août). Les courants esthétiques procèdent généralement par grappes : on espérait une réédition de la Girard-Perregaux initiale, qui n'a rien perdu de son avant-gardiste en quarante ans, mais la suprise est venue de la HM n° 5 de MB&F, avec un affichage prismatique imaginé par l'équipe de Maximilian Büsser en hommage vengeur à la Digitrend d'Amida de 1972 (Business Montres du 4 décembre). C'est parce que nous avons perdu l'habitude d'une certaine audace stylistique que nous prenons cette Spacecraft pour une montre rupturiste : en fait, du fait de ses racines historiques, c'est un classique du design horloger ! ◉◉◉ Le retour de cette mode « casquette » ne résume cependant pas la nouvelle Spacecraft imaginée par Manuel Emch (qui préside RJ-Romain Jerome), Eric Giroud (designer ovnitologue) et Jean-Marc Wiederrecht (magicien de la méchanique contemporaine). Derrière l'effet visuel, il y a une grande rigueur formelle, avec des lignes tirées au scalpel, qui ont su conserver le principe de la « casquette » (écran latéral perpendiculaire au plan de la montre) mais en les affûtant à l'extrême, en les anglant et en les étayant de ces arc-boutants graphiques qui sont une des signatures d'Eric Giroud. Pas une surface molle dans cette Spacecraft et pas un structure à angle droit. Si Eric Giroud a beaucoup regardé le casque du Seigneur Vador dans sa jeunesse (ci-dessus et ci-dessous), il a su en faire une sorte de nef intergalactique jamais vue dans l'univers de la science-fiction : on s'attendrait presque à ce que la Spacecraft se mette à parler, avec la célèbre voix de basse amplifiée... 
◉◉◉ Derrière le design, la technique : une fois de plus, on a respecté la tradition de l'affichage frontal, sur le côté du poignet, mais en lui apportant une touche horlogère originale. On découvrira le mouvement automatique revue et corrigé Jean-Marc Widerrecht dans la vidéo ci-dessous : pour garantir un affichage numérique lisible des heures "sautantes" (les minutes "traînantes" se lisent sur le "capot" supérieur de la montre), l'atelier Agenhor a choisi un très original système d'entraînement par fil, d'une immense simplicité d'exécution, mais d'une redoutable complexité de conception. On y retrouve la signature de Jean-marc Wiederrecht, qui s'attache toujours à exprimer son art avec une remarquable économie de moyens, comme s'il avait pour mission de créer son Meccano avec le moins de composants possibles. Il nous explique : "Le mouvement est composé d’un chariot qui, entrainé par un ressort, permet l’affichage de l’heure sur la tranche de la montre, grâce à un curseur laqué de couleur rouge qui se déplace toutes les 60 minutes sous la glace saphir métallisée. La minute trainante, matérialisée par un disque noir, est lisible sur le dessus de la boîte". Mise à l'heure par la couronne en titane et grande fiabilité du système. Le reste relève simplement de l'exécution selon les normes genevoises de bienfacture... ◉◉◉ Enfin, derrière la technique et le design, il y a le concept : là, c'est du Manuel Emch tout craché, une vision expliquée à des copains, l'un commençant à rêver d'un boîtier en titane capotant le mouvement que l'autre imagine déjà d'une complication jamais tentée dans l'horlogerie (heure latérale, linéaire, sautante et rétrograde, avec minutes "traînantes" déportées). On sort partiellement de l'esprit des "légendes" à forte composante "génétique" (le Titanic, la statue de la Liberté, la Lune) et à fort substrat matériel (la tôle, le charbon, la poussière) pour défricher le champ des légendes plus immatérielles et, surtout, plus contemporaines, déjà abordé avec les hommages au jeu d'arcade ou au cinéma (Space Invader, DeLorean). La Spacecraft va beaucoup plus loin que les citations habituelles, en s'inventant une nouvelle logique référentielle (la science-fiction au sens large, ne serait que par son nom), mais en lui imposant un style horloger innovant dans une "coque" esthétique décalée. Le résultat ne pouvait être que surprenant. Il l'est... 
◉◉◉ Comme une bonne surprise ne vient jamais seule, on appréciera que cet ovni de nouvelle génération (boitier en titane PVD ou microbillé, bracelet en tresse de polyamide, mouvement automatique exclusif, avec module Agenhor sur une base ETA) soit proposé à un niveau moins stratosphérique que son aire d'envol : 21 000 CHF le jouet de garçon, c'est du jamais vu dans le champ de l'horlogerie créative née dans les années 2000. Dommage qu'il n'y en ait que pour 99 grands garçons à travers le monde pour s'offrir leur première montre de meilleur astropilote de la galaxie ! Comme on veut bien parier que mettre le rêve d'un tel ovni à la portée du plus grand nombre des aficionados va créer une sacrée liste d'attente, vivement les déclinaisons suivantes ! 
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