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SANS FILTRE #41 (accès libre)
« Reviens, Pierre, on a encore besoin de toi ! »

Totalement blanchi par la justice genevoise, l’ex-ministre Pierre Maudet, qu’on accusait de connivences suspectes avec une famille royale émirati, peut désormais revenir la tête haute en politique. Pourtant, n’est-ce pas dans la défense des intérêts de l’horlogerie qu’il avait su donner le meilleur de lui-même ? Et n’est-ce que dans l’économie des montres qu’il devrait relancer sa carrière ?


 Les analyses politico-politiciennes sur les ambitions cantonales de Pierre Maudet n’ont qu’un intérêt subalterne pour les lecteurs de Business Montres, de même que les commentaires sur la mise en balance éthique qu’on peut faire d’une vérité judiciaire conjoncturelle et d’une éternelle morale élémentaire. Pierre Maudet a été acquitté par les juges genevois : il faut donc le considérer comme innocent des accusations portées contre lui – la suite de sa carrière politique ne regarde que lui ! En revanche, la communauté horlogère devrait y regarder de plus près sur les services économiques qu’un Pierre Maudet pourrait rendre à l’industrie des montres.

 En poste à Genève, Pierre Maudet s’était révélé – très au-delà des querelles microcosmiques de la politique cantonale – le meilleur défenseur des intérêts économiques de l’horlogerie genevoise : non seulement, c’est un homme qui aime les montres pour ce qu’elles sont [plus que pour ce qu’elles paraissent], mais c’est aussi un décideur politique qui comprend l’intérêt des marques et qui a su agir au mieux des intérêts plus généraux de l’horlogerie suisse. Un seul exemple de sa capacité à mobiliser les énergies : c’est tout de même Pierre Maudet qui a poussé, puis orchestré et parachevé l’exode genevois des marques du « groupe Rolex » dont la défection a définitivement plombé l’ex-salon Baselworld, en laissant entrevoir – enfin ! – la possibilité de ne plus tenir qu’un seul salon dans une seule ville à une seule date. Ce qui était le souhait unanime de toute la profession, mais les questions de préséance personnelles et les conflits de territoires avaient paralysé toute initiative dans ce sens. On se souviendra aussi du soutien apporté par Pierre Maudet, dans un passé récent, au Grand prix d’horlogerie de Genève…

 Ceci posé, une autre évidence s’impose : il manque aujourd’hui à l’horlogerie suisse une voix qui porte et qui soit capable de porter son message au plus haut niveau, non seulement en Suisse auprès des autorités de la Confédération, mais également à travers le monde. Il manque à l’horlogerie un « Monsieur Montres », doté d’une forte personnalité et d’un vrai caractère opiniâtrement offensif, quelqu’un sui soit insoupçonnable pour ce qui serait d’éventuels liens cachés avec telle ou telle puissance horlogère. En théorie [là où tout se passe toujours très bien], cette fonction relèverait des missions du président de la Fédération horlogère suisse, mais le malheureux Jean-Daniel Pasche, évanescent par nature et désormais déconsidéré par l’humilité timide de son invisible défense des intérêts horlogers, est très loin de répondre au cahier des charges pour ce profil de poste. Il faut confier cette mission à quelqu’un qui ne soit pas du sérail tout en étant dans le sérail…

 Pourquoi pas Pierre Maudet, qui dispose actuellement d’un certain temps libre et qui réfléchit probablement à la suite à donner à son parcours professionnel ? Pourquoi ne prendrait-il pas en charge, d’abord à l’échelon genevois [aux marques de se constituer en groupe de pression pour avancer dans ce sens], puis, rapidement, à une échelle confédérale, les intérêts généraux de la montre suisse ? Sur cette orbite diplomatico-économique, il ne gênerait plus en rien les microstratégies partisanes et politicardes de la « conjuration des imbéciles » [on fait référence ici, bien entendu, au roman de John Kennedy Toole] qui a tout fait pour l’éliminer et qui fera tout pour contrecarrer son retour en politique ? C’est à lui, maintenant, de se construire [à la mesure de ses talents, qui ne sont pas minces] ce poste d’« ambassadeur de la montre suisse » qui n’existe pas, mais qu’il semble urgent de créer pour fédérer les énergies dans la crise économique globale qui se profile pour la suite des années 2020…

 Alors, oui, « reviens, Pierre, on a encore besoin de toi » ! Pas forcément où tu l’imagines, mais au service de cette horlogerie dont tu avais bien compris les attentes et dont tu étais un des seuls responsables politiques romands à la considérer autrement que comme une vache à lait fiscale – on pense ici tous ces décideurs cantonaux ou fédéraux qui aiment décidément plus l’argent de la montre que la montre elle-même. Les DRH dans le vent parleraient d’une « opportunité de carrière » : nous préférons parler d’une chance historique et des planètes qui s’alignent parfaitement pour avoir enfin à notre disposition l’homme qu’il faudrait dans la fonction qu’il faudrait

NOS CHRONIQUES PRÉCÉDENTES

Des pages en accès libre pour parler encore plus cash et pour se dire les vérités qui fâchent, entre quatre z’yeux – parce que ça ne sortira pas d’ici et parce qu’il faut bien se dire les choses comme elles sont (les liens pour les quarante premières séquences sont à retrouver dans l’épisode #40 ci-dessous)…  

❑❑❑❑ SANS FILTRE #40 Les marques horlogères ont-elles décidé de se débarrasser de leurs propres boutiques ? (Business Montres du 5 décembre 2021)




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