RJ-ROMAIN JEROME : Le sacre du biker tatoué comme vecteur d'horlogerie alternative, justifications commerciales à l'appui !
Il faut être un peu bizarre pour organiser un événement avec des motards suisses très tatoués, à Berne, le soir où la Suisse prend une raclée footballistique face à la France : autant surjouer le registre non-conformisme jusqu'à l'extrême quand on s'appelle RJ-Romain Jerome... ▶▶▶ RJ-ROMAIN JEROME CHEZ LES BIKERSH9C pour Hard Nine Choppers...
Il faut être un peu bizarre pour organiser un événement avec des motards suisses très tatoués, à Berne, le soir où la Suisse prend une raclée footballistique face à la France : autant surjouer le registre non-conformisme jusqu'à l'extrême quand on s'appelle RJ-Romain Jerome...
▶▶▶ RJ-ROMAIN JEROME CHEZ LES BIKERSH9C pour Hard Nine Choppers... 
◉◉◉◉ À PREMIÈRE VUE, LA PETITE VILLE DE BERNE n'est pas l'endroit rêvé pour l'épanouissement des gangs de bikers tatoués. Si elle n'était pas la « capitale » de la Confédération suisse, Berne serait une plaisante bourgade qu'on qualifierait, en France, de gros... chef-lieu de canton. C'est pourtant une cité où les amateurs de grosses motos personnalisées prolifèrent, alors même qu'on y découvre plusieurs bandes de Hell's Angels, plus ou moins intégrés. Logiquement, c'est à Berne que Manuel Emch (le CEO de RJ-Romain Jerome) a repéré Danny Schneider, constructeur de motos customisées connu dans le monde entier pour ses reprofilages créatifs de Harley-Davidson ou de vieilles Indian des années 1930, qu'il sait faire renaître dans une étonnante symphonie steampunk de pots d'échappement libres et d'ébahissements artistico-mécaniques [notez l'étonnant rouage qui étalonne le compteur de vitesses de cette Indian de 1931 : ci-contre]. L'étonnement visuel est également dans l'allure largement tatoué de Danny, qui pousse donc son art de voir les choses jusqu'à la customisation de sa propre enveloppe épidermique... 
◉◉◉◉ À PREMIÈRE VUE, LE DANNY EN QUESTION n'a rien du client traditionnel de la montre de luxe Swiss Made, sauf que ce serait succomber à un cliché tenace [et stupide] de croire qu'un biker tatoué, même suisse, est imperméable au message de marques comme RJ-Romain Jerome. C'est parce qu'il portait une RJ-Romain Jerome Titanic sur une photo trouvé sur les réseaux sociaux que Danny Schneider est passé dans le radar de la marque. Il inaugurait ce vendredi son nouvel atelier HardNine Choppers dans les faubourgs de Berne et il y avait invité ses copains, pas moins tatoués que lui et pas plus bon chic bon genre, mais amateurs eux aussi d'horlogerie alternative, puisqu'on ne comptait pas moins de trois porteurs de montres RJ-Romain Jerome dans cette nouvelle « cavalerie » bernoise. Tout le monde était là pour découvrir la dernière Harley-Davidson WLC 750 de 1943 personnalisée par Danny Schneider, qui en a changé ou refait à peu près tous les éléments (roues surbaissées comprises), sauf le cadre et la base du bloc-moteur : tout le reste procède d'un esprit assez fantaisiste, porté sur le marteau de tolerie aussi bien que sur le fer à souder, avec un penchant pour le bizarre (l'emplacement central du réservoir a été dédoublé, pour loger, en deux demi-réservoirs, le réservoir d'huile (!) et le réservoir d'essence). On est aux frontières du moto-art et de la mécanique traditionnelle, avec des citations visuelles parfaitement décalée : la colonne de direction est décorée à la main, la figurine de « Cartman », le légendaire personnage de la série South Park, est utilisée comme levier de vitesse et le nom du groupe de Hard Rock « Slayer » a été découpé sur le repose-pied droit. De plus, les lettres « L.A » et le numéro « 9 » ont été peints à la main sur les parties visibles du moteur. On pourrait en dire autant de la réfection des pots d'échappement, de la fourche avant ou du déflecteur avant. Sans parler du violet irisé qui sert à habiller les parties peintes de la moto. 
◉◉◉◉ DONC, POUR RÉSUMER, QUELQUES CLIENTS RJ-ROMAIN JEROME dans l'assistance [c'est déjà pas mal pour une jeune marque très clivante], autant de prospects parmi les copains du custom builder Danny [c'est mieux que bien pour une maison horlogère indépendante] et une série de neuf montres inspirée par le style de l'atelier H9C – le skull (tête de mort) devenait ddès lors incontournable et il n'a pas été contourné ! Pas de souci pour les deux partenaires : la moto est déjà vendue (comptez dix chiffres pour le virement en provenance de Corée, mais la moto roule avec assez de bruit pour devenir la talking piece de l'été n'importe où dans le monde), avec la montre assortie – un sacré violet irisé pour cette pièce unique (pour les autres : image plus bas) – lui servira de porte-clés de luxe : on espère seulement que les tatouages et le casque du motard s'accorderont à cet ensemble très hype luxury biker. La montre à tête de mort est une H9C-DNA tout ce qu'il y a de plus classique – un drôle de mot pour une « légende » RJ-Romain Jerome (boîtier de 44 mm, éléments d'or, mouvement mécanique squeletté, cuir perforé du bracelet, etc.)... 
◉◉◉◉ MORALITÉ : LES NOUVEAUX CLIENTS DES MONTRES DE LUXE ne sont pas forcément ceux que vous pensez. Comme certains fans du bike builder de Berne, ils peuvent être cravaté-costumé dessus et tatoué-bikerisé dessous. Le tout est de trouver l'adéquation entre leur personnalité réelle et les valeurs affichées par la marque : RJ-Romain Jerome opérant une registre très segmentant (ADN des mythes et des légendes de notre temps, du Titanic au volcan islandais), le décalage est vite évident, surtout si la montre est elle-même radicale et alternative. Cette montre H9C n'est pas qu'une inusable variation sur le thème des vanités horlogères (objet du temps + squelette Memento Mori, dans le goût de ce qui se faisait aux XVIe et au XVIIe siècle) : elle est symbolique des niches qui permettront à l'horlogerie créative de résister aux pressions tous azimuts des grandes marques et de prouver leur utiliser en préservant l'héritage artisanal consubstantiel aux montres suisses. 
◉◉◉◉ ALTERNATIF, MAIS DEUX FOIS PLUTÔT QU'UNE ! Confirmation de cette stratégie d'alternative horlogère avec les « médias » horlogers présents pour cette présentation de montre dans un atelier bernois de mécanique artisanale [événement d'autant moins évident un soir de match France-Suisse !] : la fine fleur du web horloger 2.0, voire 3.0, avec des « posteurs » qui avaient déjà 10 000 « J'aime » sur le compte Instagram une heure après la mise en ligne, avec des dizaines, puis des centaines de « partages » et de commentaires (exemple ci-dessous avec l'image diffusée par le canal Watchanish). La musique était bonne, le buffet tout aussi alternatif [servi par un maître d'hôtel entièrement tatoué... sur le thème de la cuisine, cafetière comprise] et les bikers sympathiquement suisses – donc, amoureux des belles montres, avec la curiosité d'en savoir. RJ-Romain a profité de cette « réunion Tupperware » (tendance mécanique dure) pour accroître sa notoriété et se faire des copains, qui seront de relais d'opinion, tout en retrempant sa légitimité créative dans des racines aussi indéniables qu'inattendues. Pas belle, la vie des marques de la nouvelle génération ? 
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