ROCK'N'HORL* # 131 : Le bourrage de crâne comme nouvel indice de performance horlogère
4 000 composants horlogers, certains extraits de mouvements vieux de 200 ans, pour une « sculpture » qui aura demandé 300 heures de travail : cette création de Rubèn Pàmies Solé associe un crâne, objet de vie comme de mort (ce qui reste), et des fragments d'objets du temps (ce qui passe)... ▶▶▶ PIRATE TIMELe retour du «culte des crânes » dans la post-modernité... ❍❍❍❍ Apparemment très fragile, le crâne humain est d'un …
4 000 composants horlogers, certains extraits de mouvements vieux de 200 ans, pour une « sculpture » qui aura demandé 300 heures de travail : cette création de Rubèn Pàmies Solé associe un crâne, objet de vie comme de mort (ce qui reste), et des fragments d'objets du temps (ce qui passe)...
▶▶▶ PIRATE TIMELe retour du «culte des crânes » dans la post-modernité... ❍❍❍❍ Apparemment très fragile, le crâne humain est d'un incroyable solidité : en témoignent des centaines de vestiges paléontologiques, dont certains – pré-humains – ont plusieurs millions d'années. Nos ancêtres l'avaient bien compris et, dans le monde entier, les crânes ont souvent été considérés comme des intercesseurs avec les disparus, quand ils ne témoignaient pas, comme en Europe occidentale, d'une communion permanente entre les vivants et les morts. Comment oublier que la cathédrale de Genève, Saint-Pierre, a été bâtie sur les fondations d'édifices de culte, dont le plus ancien rendait hommage à la sépulture d'un grand chef allobroge dont nous ne savons plus rien, mais dont les Genevois du premier siècle avant notre ère vénéraient le crâne, puisqu'ils avaient recreusé sa tombe pour en rendre le crâne visible. Cette parenthèse historico-touristique pour bien situer la longue mémoire qui explique le culture des crânes, dans le passé comme dans la création contemporaine [cette mode « skull » qui a semé quelques crânes sur les cadrans et sur les boîtiers horlogers]. 
❍❍❍❍ L'artiste catalan Rubèn Pàmies Solé renoue avec cette tradition à travers sa collection Kpavio, qui marie le crâne, symbole d'un destin inexorablement passé, aux composants horlogers dont le désordre signale que le temps est lui aussi passé. C'est un Memento Mori on ne peut plus horloger, dans le droit fil des peintures du XVIIe siècle, mais en trois dimensions, voire en quatre si on y ajoute une dimension méditative. Baptisé Pirate Time, ce crâne à la mâchoire articulé [il s'agit d'un moulage en plâtre] est constellé de 4 000 composants, dont certains proviennent de montres très anciennes (plus de deux siècles). Les couleurs métalliques patinées de ces composants ajoutent à la fascination d'un objet qui échappe au temps tellement il en est symboliquement pétri. Les neurones sont ici représentés par des rouages, ce qui densifie un peu plus le message philosophique de cette oeuvre, pour l'instant unique, mais il semblerait qu'une collection soit en cours de développement. Regard complémentaire : une interrogation sur le recyclage de notre univers technique, renvoyé à la matérialité transhistorique du squelette humain [ce qui reste quand on a tout oublié]. Puisqu'on vous dit que c'est une oeuvre par essence métaphysique... 
❍❍❍❍ On admirera au passage la culture horlogère de l'artiste, qui travaille avec une Atmos (Jaeger-LeCooultre) sur son établi (ci-dessus, dans une picèe décorée avec des affiches publicitaires de marques de montres – en haut de la page)... 
D'AUTRES SÉANCES DE ROCK'N'HORL*...* Rock'N'Horl, c’est la rubrique où votre Quotidien des Montres regroupe toutes les informations qui relèvent de l’insolite horloger et de la périphérie créative des objets du temps (ou de la joaillerie)… Les 80 premières informations des séquences « Rock’n’Horl » figurent en liens dans la liste qui se trouve sur la page de l’épisode #80 ci-dessous...