ROCK'N'HORL* # 148 (accès libre) : « I am just a rigolo » (les Pieds-Nickelés se lancent dans l'horlogerie avec une amusante Charlie Watch)
L'aventure a tout du poisson d'avril ou de la blague de potache, à moins qu'il ne s'agisse d'un exercice pratique pour école de marketing. La presse prenant le projet au sérieux, il reste possible que les créateurs de la Charlie Watch finissent par se prendre eux-mêmes au sérieux. C'est encore plus drôle... ▶▶▶ SOUS LE SIGNE DE LA CIGOGNEFaut-il prendre au sérieux ce double A …
L'aventure a tout du poisson d'avril ou de la blague de potache, à moins qu'il ne s'agisse d'un exercice pratique pour école de marketing. La presse prenant le projet au sérieux, il reste possible que les créateurs de la Charlie Watch finissent par se prendre eux-mêmes au sérieux. C'est encore plus drôle...
▶▶▶ SOUS LE SIGNE DE LA CIGOGNEFaut-il prendre au sérieux ce double A de l'offre parisienne ?
◉◉◉◉ Si l'initiative des créateurs de Charlie Watch avait été datée du 1er avril, la cause aurait été entendue et la plaisanterie jugée amusante. Elle est antérieure, donc il faut avancer une autre hypothèse : une blague entre copains [d'ailleurs pas trop ignorants des réalités de la montre] ou un de ces exerces pratiques que les écoles de commerce imposent à leurs élèves pour leur apprendre à voler. L'insistance des animateurs de Charlie Watch à inonder d'e-mails de copinage les journalistes horlogers – avant comme après le 1er avril – tendrait cependant à laisser penser qu'ils se prennent au sérieux – et, d'ailleurs, Le Figaro les prend au sérieux ! C'est là qu'on se dit que l'aventure devient très amusante... ◉◉◉◉ Sur le papier, les duettistes qui ont donné naissance à Charlie Watch ont tout compris. Le lancement en financement collaboratif sur Indiegogo – même s'ils ne sont pas, et de loin [contrairement à ce qu'ils répètent aux journalistes], la première marque française, ni la première marque horlogère, à tenter cette aventure sur les plate-formes de souscription. Un site Internet plutôt très bien fait. La bonne boîte à outils côté médias sociaux (une vidéo sur YouTube : ci-dessous, admirez au passage la marinière subliminale, des pages sur Twitter, Facebook et tous les autres relais sociaux). De arguments marketing très étudiés : ambiance fusionnelle Paris-San Francisco [March LA.B nous avait proposé la liaison Los Angeles-Biarritz], la décontraction californienne alliée à l'élégance parisienne, la cool attitude de deux copains juste assez décontractés pour être crédibles, toute une bande de copines assez jolies pour être tout aussi crédibles en Parisiennes chics, un nom amusant [Charlie comme franco-américanisme non choquant, sachant que, dans la langue djeun, on désigne comme Charlie un style très ordinaire : retournement sémantique non-conformiste!], bref, un story-telling qui tient la route. Une offre cohérente : des montres hyper-sobres [qu'on dirait copiées sur les collections Daniel Wellington, qui commencent à « cartonner » en France], des bracelets Nato parce que c'est la mode et que ça évite de se prendre la tête côté logistique, un prix bien calé à 100 euros symboliques... 
◉◉◉◉ Évidemment, même quand on se prend au sérieux, tout ceci n'est pas très sérieux. C'est vraiment un nouvel épisode de la série « Les Pieds-Nickelés font des montres ». Imaginez que nos deux amis – Ambroise et Adrien : ah ah ! – n'ont besoin que de 10 000 euros pour lancer leur marque – ils en auraient déjà trouvé 20 000, ce qui prouve au passage qu'il y a une vraie demande ! Le chiffre va faire hurler de rire tous les professionnels de l'horlogerie, et ils n'auront pas tort. Les montres sont annoncées tour à tour comme « Made in France », « Made in Paris », « Fabriquées en France » – ce qui n'engage à rien avec la législation-passoire de la France dans ce domaine. Précision : ces montres sont même « assemblées à la main dans un atelier d’horlogerie à Paris et sont composées des meilleurs matériaux envisageables ». Le tout avec la classique image de l'horlogerie loupe à l'oeil... Pas mal pour des boîtiers chinois, des bracelets chinois, des mouvements 
◉◉◉◉ « I am just a rigolo », chantonnent nos deux franchouillards... Le plus amusant, c'est peut-être que, sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose, ils ont tout compris des nouvelles attentes d'une nouvelle horlogerie accessible dans les pays développés, avec des montres qui ne prennent la tête de persone et qu'on accessoirise à ses humeurs. Des montres dont la sobriété minimaliste exprime un style orienté vers le lâcher prise plus que vers la leçon de culture horlogère. Et puis, avouons-le, A & A ont déjà tout compris de la qualité primordiale d'un vrai horloger : il faut savoir mentir et avoir un culot infernal dans la pratique du bullshit marketing. Là, ils viennent de passer l'examen avec brio... 
D'AUTRES SÉANCES DE ROCK'N'HORL*...* Rock'N'Horl, c’est la rubrique où votre Quotidien des Montres regroupe toutes les informations qui relèvent de l’insolite horloger et de la périphérie créative des objets du temps (ou de la joaillerie)… Les 80 premières informations des séquences « Rock’n’Horl » figurent en liens dans la liste qui se trouve sur la page de l’épisode #80 ci-dessous...