ROLEX DAY-DATE (accès libre) : Le livre qui nous fait redécouvrir qu'il se passe toujours quelque chose chez Rolex – même quand on a l'impression qu'il ne s'y passe rien...
La vente Glamorous Day-Date (Phillips-Bacs & Russo) a couronné cette Rolex comme futur monstre sacré des enchères. Rien n'aurait été possible sans le travail de mise en scène éditoriale de Pucci Papaleo, qui crée un nouveau style d'album horloger... ▶▶▶ DAY-DATEUne étoile est née : Pucci Papaleo l'a mise au monde et le bébé se porte très bien …
La vente Glamorous Day-Date (Phillips-Bacs & Russo) a couronné cette Rolex comme futur monstre sacré des enchères. Rien n'aurait été possible sans le travail de mise en scène éditoriale de Pucci Papaleo, qui crée un nouveau style d'album horloger...
▶▶▶ DAY-DATEUne étoile est née : Pucci Papaleo l'a mise au monde et le bébé se porte très bien aux enchères... 
◉◉◉◉ L'OPÉRATION DAY-DATE N'ÉTAIT PAS GAGNÉE D'AVANCE, même si elle était prévisible : cette Rolex lancée en 1956 fêtera donc logiquement ses 60 ans l'année prochaine. Ce qui nous promet, de la part de la manufacture, quelques nouveautés [du moins, on l'espère] et, de la part des amateurs, un regain d'intérêt pour un modèle d'Oyster non « professionelle » qui reste parmi les plus produits en quantité par la marque. C'est là que le pari était risqué : comment recréer de la passion autour d'une montre aussi diffusée [estimation Business Montres : au moins cinq millions de pièces en circulation] et comment en (re)faire une icône parmi les collectionneurs ? Certes, certaines Day-Date étaient mythiques, comme la poignée qui existe en acier et qui se négocient, quand elles arrivent sur le marché, autour du million [rassurez-vous, on n'en voit passer qu'une tous les cinq ans !], mais la plupart restent aux prix normaux de montres précieuses et très prisées... ◉◉◉◉ LA DÉMARCHE DE L'ÉDITEUR PUCCI PAPALEO, qui nous avait déjà régalé d'un livre-événement sur la Rolex Daytona et quelques autres sur les chronographes Rolex, a été de comprendre que seules des montres exceptionnelles avaient des chances d'avoir une cote exceptionnelle. Il a donc rassemblé des dizaines de Day-Date à peu près inconnues ou quasiment jamais passées aux enchères. Il a su les photographier pour les contextualiser et en faire ressortir le côté extraordinaire, sans oublier de les rebaptiser de noms aussi intelligents que poétiques. Grand connaisseur des montres de collection, Pucci Papaleo savait qu'un nom générique est toujours plus parlant qu'une référence commerciale [seule exception qui confirme la règle : Patek Philippe], d'autant qu'il existe de multiples références sous l'ombrelle de la collection « Day-Date ». Ce sont ces noms de baptême qui ont fait le charme du catalogue Glamorous Day-Date sélectionné par Aurel Bacs pour Phillips-Bacs & Russo – vente thématique qui dispersait d'ailleurs bon nombre de montres qu'on retrouvera dans le livre de Pucci Papaleo (Day-Date, the presidential Rolex : un titre beaucoup moins excitant que celui des 160 montres qu'il présente)... 
◉◉◉◉ IL SERAIT ABSURDE DE PRÉTENDRE QUE LA DAY-DATE, : avant ce livre, ne faisait plus rêver grand-monde. Business Montres avait souligné la lente montée en puissance des adjudications de ce modèle. Les amateurs européens, qui avaient dédaigné, sinon méprisé, cette « Rolex pour les Américains », puis, à l'apparition des cadrans en couleur, cette « Rolex pour les Arabes » [variante : « Rolex pour les Asiatiques »], se sont rattrapés depuis trois ou quatre ans en poussant à la hausse les enchères d'une montre qui reste indéniablement le haut de gamme chez Rolex, et le plus prestigieux qualitativement parlant à défaut de l'être quantitativement. la cote des Day-Date Stella a été multiplié par deux ou trois en moins de dix ans. Du coup, on a d'ailleurs vu surgir du néant des fausses Day-Date, bricolées à partir de vraies Day-Date, avec des cadrans plus pimpants qu'il n'étaient à leur sortie des ateliers Rolex ! Avantage annexe de ces Day-Date : l'infinie variation des boîtiers, des cadrans, des bracelets et des références au cours de ces six décennies d'histoire. Seule permanence : l'immense précision chronométrique des mouvements et le soin particulier accordé aux finitions d'une montre restylée d'année en année sans rien perdre de son identité (en haut de la page : les Day-Date 40 mm de 2015). Après ce livre, qui sacre la Day-Date parmi les stars absolues et ultimes de la montre de collection, tout le monde va rêver des Day-Date rarissimes ou inconnues qui ne sont pas (encore) dans le livre de Pucci Papaleo... 
◉◉◉◉ POUR COMPOSER CETTE COLLECTION DE 160 MONTRES, il a fallu taper à la porte des plus grandes collections internationales (notamment italiennes, mais pas que) et rassembler toute la documentation nécessaire – ce qui n'est jamais facile avec Rolex. Les informations présentées par Day-Date, the presidential Rolex sont aussi fortes que les images de Fabio Santinelli : certaines de ces montres sont d'une telle rareté qu'elles relèveront de la vraie découverte pour la plupart des amateurs qui découvriront le livre. Certaines de ces Day-Date sont même totalement uniques : on ne les verra pas de sitôt sur le marché. Tout a été calculé pour générer des émotions fortes [NDLR : à commencer par le prix !] et créer un impact visuel propice à l'entretien d'une passion qui se transmet degénération en génération... 
◉◉◉◉ IL EST ÉVIDENT QUE LE SUCCÈS DE LA VENTE GLAMOROUS DAY-DATE n'a fait qu'attiser le vent de folie qui tourne autour des Day-Date : la moyenne par lot vendu a dépassé les 100 000 francs suisses, ce qui est tout-à-fait inattendu pour des montres généralement situées autour des 20 000-40 000 CHF (cliquez sur ce lien pour accéder au catalogue, dont l'intégralité est téléchargeable en ligne). Tant le livre de 450 pages que la vente de 60 lots – et son catalogue, un must chez les collectionneurs – s'épaulent mutuellement pour hisser la Day-Date vers un Olympe qui n'est sans doute pas celui des Day-Date ordinaires, mais celui des chefs-d'oeuvre de l'art horloger du fait de leur rareté, de leur exclusivité, de leur pedigree ou de leur beauté. Un beau livre pour les collectionneurs fortunés et une vente aux surenchères (concept Business Montres du 14 mai), soit l'habileté éditoriale d'un passionné alliée au marteau enchanté du meilleur auctioneer de sa génération : il n'en fallait pas plus pour réussir un grand coup qu'on pourrait assimiler au couronnement de la Belle au bois dormant... 
◉◉◉◉ C'EST LÀ QUE LE LIVRE DE PUCCI PAPALEO prend toute son importance et qu'il marque un tournant. L'édition horlogère ne manque pas de volumineux albums consacrés à Rolex : c'est même devenu une spécialité italienne ! On regrettera au passage l'arrêt de la collection des Patrizzi Pocket Expert, lancée par Osvaldo Patrizzi en tout petit format : c'était bien pratique [et bien moins cher !]. Problème : on restait jusqu'ici dans le rationnel, avec des chiffres, des dates, des données, des références. Un monde de précision technique. Avec Pucci Papaleo, on entre dans le royaume enchanté de l'esthétique et de l'émotion à fleur de poignet : la documentation est sûre, mais le choc des photos l'emporte sur le poids des mots. Bel objet, le livre devient l'écrin du bel objet-montre [le choix des couleurs d'impression et de la balance chromatique des visuels est lui aussi déterminant]. L'élégance n'est plus seulement dans la montre – la Day-Date excelle dans cet exercice. Elle infuse tout l'environnement de la montre, pour créer une sensation totale. Le livre Day-Date, the presidential Rolex nous initie à une nouvelle génération de livres horlogers, moins scientifiquement froids et plus émotionnellement sensibles. Rien n'est plus difficile à photographier qu'une montre : Fabio Santinelli fait de chacune d'entre elle un paysage en même qu'une démonstration de design horloger. Ses lumières sculptent la structure identitaire de chaque pièce, qu'on n'imaginera plus jamais figurée autrement. Ni rebaptisée autrement que par le nom choisi par Pucci Papaleo (image en bas de la page) : c'est en cela que ce livre est fondateur... 
◉◉◉◉ DES DÉFAUTS, IL DOIT Y EN AVOIR, À COMMENCER par le prix de l'ouvrage, mais c'est la rançon d'une édition indépendante orientée vers la qualité. Les collectionneurs maniaques critiqueront sans doute le parti-pris a-scientifique de cette monographie, mais pourrait-on être exhaustif à propos d'un modèle dont la production s'étend sur six décennies et dont on a changé tel ou tel élément chaque année depuis 1956. Que de cadrans restent à découvrir, et même de références inconnues, que les archives de la production Rolex – souvent beaucoup plus incertaines que les archives commerciales – ne pourront pas toujours identifier. C'est ça la magie de Rolex en général, et de la Day-Date en particulier : on croit toujours en avoir fait le tour, on croit tout avoir déjà vu et on regrette parfois que ça ne change pas plus vite, alors que tout a changé, en permanence, sans qu'on le réalise... 
◉◉◉◉ LE LIVRE : Day-Date, the presidential Rolex, de Pucci Papaleo (concept éditorial) et Fabio Santinelli (photos), 450 p. format 22 x 33 cm sous emboîtage, anglais-italien, édition limitée, prix public aux alentours de 500 euros (renseignements : Pucci Papaleo).
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