REPÉRAGES #126-2025 (accès libre)
Sept appréciations raisonnées sur sept montres féminines inscrites pour le GPHG 2025
Nous commençons, en alternance, avec nos pages « Repérages » habituelles, un « repérage » des montres inscrites pour le prochain GPHG, dans l’ordre choisi par le GPHG, mais dans le cadre d’une revue critique, éclairée et commentée. Voici donc sept montres de sept marques : Chopard, Dennison, Dior, Gérald Genta, Grönefeld, Hublot et Louis Vuitton…

En toute transparence, avant d’être critiquées (au meilleur sens du terme) et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » : c’est la langue usuelle de nos « amies les marques » et c’est la langue de bois des « boîtes » d’horlogerie. Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, quelles montres les académiciens vont-ils devoir sélectionner ? Quand on aime, on ne compte pas ; donc, une nouvelle pièce par jour de la semaine [certaines ont d’ailleurs déjà été présentées par Business Montres] ! Voici donc le 126e épisode de notre panorama des nouveautés de l’année 2025, avec nos commentaires critiques sur sept montres de sept marques…
CHOPARD L’heure du diamant Moonphase
Pour la première fois de son histoire, la collection L’Heure du Diamant accueille une complication au cœur d’un de ses garde-temps. Avec des proportions de seulement 20,40 mm sur 4,60 mm, les 169 composants qui constituent l’architecture du nouveau mouvement mécanique à remontage automatique Chopard 09.02-C lui permettent d’être facilement logé dans un petit boîtier de montre féminine. Au moyen d’un disque en aventurine, il indique l’affichage de la trajectoire de la lune avec une remarquable précision. Calibré par les artisans horlogers de la Manufacture, cet affichage possède une précision astronomique : avec un décalage de seulement 57,2 secondes entre deux lunaisons, il faudra attendre 122 ans pour qu'il présente un décalage d'un jour avec la lune réelle. Alors seulement, il aura besoin d'un ajustement. A cette complication si romantique, les artisans de la Maison ont associé un décor inspiré par la beauté du cosmos. Par le truchement d’un cadran en verre aventuriné bleu constellé de points de lumière, cette montre évoque magnifiquement la contemplation de l’immense voûte céleste. Dans un subtil hommage à l’art joaillier, les index du cadran s’inspirent des plus délicats sertissages, où chaque diamant est posé sur un chaton à serti grains, révélant un éclat pur, presque aérien. À peine un soupçon de métal vient effleurer la pierre, laissant toute la lumière s’y refléter librement. Ces chatons, harmonieusement intégrés dans la courbe bombée du cadran, semblent émerger naturellement de l’aventurine, comme s’ils en étaient nés. Tout autour, le galbe du cadran capte la lumière avec une douceur maîtrisée, dessinant une aura scintillante qui encadre la scène. Ce jeu de volumes et de reflets conduit l’œil vers le cœur de la montre, où la lune, mise en majesté, s’offre comme une révélation. Dans la lignée de l’expertise de la Maison en matière de montres joaillières, l’éclat des diamants qui entourent le cadran d’un halo de lumière est mis en majesté par un sertissage exclusif à Chopard : le serti couronné, qui exalte la beauté de chaque pierre en permettant à la lumière d’y pénétrer et d’y musarder de façon flamboyante. Conçu avec des griffes en forme de V, ce sertissage soutient l’agencement des diamants à la manière d’une guipure invisible. Ainsi désentravé des contraintes de l’opacité métallique et laissant irradier toute la pureté minérale du diamant, ce joyau incarne, dans sa grâce immémoriale, un fragment d’éternité.
UN COMMENTAIRE ? Curieusement, cette montre est annoncé comme une « complication », mais la maison Chopard a tenu à la présenter au milieu des 21 montres la catégorie « Femme », où elle aura trois fois moins de chances de se distinguer (soit en présélection, soit en finale), mais Chopard avait une autre candidate pour ces complications féminines. On aurait également pu imaginer cette riche Moonphase aux 7,7 carats en « Joaillerie », mais la stratégie des marques est souvent indéchiffrable (il faut compter dans les 96 000 francs suisses pour ce boîtier de 35,7 mm x 9,6 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et doté d’un mouvement automatique prévu pour 42 heures de réserve de marche…
DENNISON ALD Diamants baguette
Chaque montre Dennison arbore fièrement la marque ALD, un hommage durable au fondateur Aaron Lufkin Dennison, véritable pionnier de l'horlogerie. Au cœur de la collection se trouve un remarquable boîtier en forme de coussin, méticuleusement réalisé en acier inoxydable et serti de 85 diamants invisibles taille baguette, totalisant 5,5 carats de brillance, de couleur FG et de pureté VS-SI. Le résultat est une présence architecturale et rayonnante qui capte la lumière sous tous les angles. Un cadran minimaliste en malachite naturelle, à la texture organique profonde, sublime cet éclat, chaque motif étant unique, façonné par la nature. Conçue par le célèbre Emmanuel Gueit, cette montre remarquable fait revivre des formes et des matériaux classiques du passé, revisités avec une sensibilité contemporaine.
UN COMMENTAIRE ? Cette Dennison est une des plus sérieuses candidates à la présélection : il faut compter un peu moins de 10 000 euros pour ses 85 diamants de 5,5 carats et son cadran en malachite, dans un boîtier en acier de 33,5 mm x 6 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et animé par un mouvement à quartz, qui permet de rendre la montre encore plus mince et encore plus portable. Il y a deux autres montres Dennison en compétition (« Time Only » et « Challenge ») : il serait anormal que cette toute jeune marque indépendante ne reçoive pas un prix…
DIOR MONTRES Necklace Montre à secret Rose des vents
La collection Dior Rose des Vents est née en 2015 lorsque Victoire de Castellane, Directrice Artistique de Dior Joaillerie, s'inspira de la Maison d'enfance de Monsieur Dior à Granville, en France, nommée "Les Rhumbs", dans le jardin de laquelle une Rose des vents en mosaïque était incrustée au sol. Symbole de voyage et de direction, cette rose des vents est devenue le motif central d'une collection qui allait bientôt s'élever au rang d'icône de la joaillerie moderne, sublimée par la douceur de l'or et les couleurs vibrantes des pierres ornementales. La Dior Rose des Vents est plus qu'un bijou. C'est un emblème de rêves audacieux et de voyages formidables. C'est un talisman personnel, un symbole de guidance et de protection pour naviguer dans les courants de la vie, toujours pointé dans la direction de vos désirs les plus sincères. Célébrant le 10e anniversaire de la collection, Victoire de Castellane présente une nouvelle création au carrefour exact entre la joaillerie et l'horlogerie avec un précieux collier qui dissimule une montre à secret, cachée par un capot asymétrique faisant écho aux boucles d’oreille « tribale » de la collection Dior. Œuvre précieuse et délicate sublimée par les feux des diamants et l’iridescence de la nacre, ce collier sautoir se distingue par le travail de l’or avec sa chaîne torsadée, sa lunette perlée, son étoile polie, dans un jeu de matière et de finitions apportant tout son éclat à cette montre, véritable invitation à embrasser l'univers de Monsieur Dior avec élégance et grâce.
UN COMMENTAIRE ? La vogue des montres à secret ne se dément pas, même si elles sont peu nombreuses cette année au GPHG : il faut compter dans les 55 000 francs suisses pour cette rose des vents (boîtier en or de 25 mm x 8 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et animée par un calibre à quartz, avec 2,1 carats de diamants). Reste à savoir si cette montre à secret se bat à armes égales dans cette catégorie : le GPHG devrait avoir une catégorie de prix pour les « montres spéciales » qui sortent de l’ordinaire horloger…
GÉRALD GENTA Gentissima Oursin Fire Opal
Un hommage rayonnant à l'ingéniosité créative de gérald genta, la Gentissima Oursin Fire Opal brille par sa beauté naturelle et son savoir-faire. Ce nouveau chapitre de la collection Gentissima explore la connexion entre des pierres vibrantes et des formes audacieuses qui évoquent l'inattendu. Son boîtier en or jaune de 36,5 mm est couronné de 137 opales de feu serties individuellement, des gemmes d'origine volcanique longtemps associées à la créativité et à l'énergie. Leurs teintes brillantes se reflètent dans le cadran en cornaline orange, dont la texture intense renforce l'identité de la Gentissima Opale de Feu en tant que canevas artistique. La montre abrite le calibre GG-005, un mouvement automatique Zenith Elite personnalisé par une masse oscillante en or jaune 18 carats redessinée. Le cristal facetté et la lunette intérieure légèrement octogonale respectent la forme emblématique de la Maison. Chaque élément, du fini sablé du boîtier aux détails en or jaune éclatants sur le cadran, a été conçu avec une élégance audacieuse à l'esprit pour susciter joie et curiosité.
UN COMMENTAIRE ? Quelle montre superbe et superbement exécutée ! On espère la retrouver non seulement dans la présélection, mais aussi sue le podium final, avec ses 8,24 carats d’opales précieuses et son cadran en cornaline orange (ce boîtier de 36,5 mm x 9,6 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et doté d’un mouvement automatique de référence, disposant de 50 heures de réserve de marche, est proposé par Dior à 120 000 euros : pas de quoi abaisser le prix moyen des montres récompensées au GPHG !). Il n’existera que dix montres dans cette série spectaculaire…
GRÖNEFELD 1944 Tanfara Or rouge
Les horlogers Bart et Tim Grönefeld – également connus sous le nom de The Horological Brothers – ont puisé leur inspiration dans les environs immédiats de leur ville natale, Oldenzaal. C’est ici que se trouvait autrefois «Tanfana», une déesse considérée comme la gardienne de la paix et de l’harmonie. Le cadran de la 1944 Tanfana est façonné en aventurine, une matière bleu nuit brillante parsemée d’inclusions métalliques scintillantes. Son motif géométrique, connu sous le nom de «Fleur de Vie», enrichit la profondeur visuelle et la texture du cadran. Ce motif est lié à la Géométrie Sacrée, une discipline ancienne qui explore la signification spirituelle des formes et des proportions souvent observées dans la nature. Au lieu d’un sous-cadran classique des secondes, la Tanfana présente une fleur animée. En tournant lentement au rythme du temps, cette fleur est en mouvement perpétuel. Elle crée un effet moiré captivant, donnant l’illusion d’une floraison continue. Le boîtier de la 1944 Tanfana présente une forme complexe. Il combine plusieurs niveaux, lignes et courbes, alternant zones de lumière et d’ombre. La couronne est sertie d’un cabochon en aventurine, en écho au cadran. Proposée en or rouge 5N, aux surfaces polies éclatantes, la 1944 Tanfana se distingue par un boîtier et une boucle ardillon sertis de pierres précieuses, apportant une touche d’éclat supplémentaire. Elle est ornée de 233 diamants taille brillant sertis sur la lunette, le boîtier et la boucle. Grönefeld est synonyme de mouvements mécaniques haut de gamme sublimés par une finition manuelle irréprochable – et le calibre G-06 ne fait pas exception. Le fond saphir de la montre révèle un mouvement somptueusement décoré. La masse oscillante en or rouge 22 carats arbore le symbole de «L’Arbre de Vie» en or blanc. L’Arbre de Vie symbolise la force, la croissance et la résilience. Ses racines représentent la famille et les fondations, tandis que ses branches incarnent les rêves et la quête de soi. Fidèle à l’esprit Grönefeld, ce mouvement témoigne d’un engagement sans compromis. Les ponts en acier inoxydable rappellent la forme typique des pignons à cloche (bell gables), avec des centres microbillés, des gravures en relief et des angles polis à la main. Les roues de rouage à double bras et cinq branches assurent une transmission efficace de la force tout en conférant une esthétique résolument contemporaine. La platine est décorée de perlages, les vis sont polies miroir, et l’utilisation de chatons en or accentue encore le raffinement, en hommage à la tradition horlogère.
UN COMMENTAIRE ? C’est une des montres de la sélection « Femme » qui correspond le mieux à l’esprit de cette catégorie : complication élémentaire (petite seconde « fleurie »), touche joaillière sans excès, décoration soignée, substance mécanique, narratif original et esthétique générale très féminine (il faut compter dans les 119 800 francs suisses pour ce boîtier en or de 37 mm x 10,5 mm d’épaisseur, étanche à 30 m, animé par un mouvement automatique avec 56 heures de réserve de marche et serti de 2,7 carats de diamants). On la présélectionne ?
HUBLOT Big Bang One Click Petrol Blue Ceramic Diamonds
Hublot continue de repousser les limites et d'explorer tout le spectre de ses possibilités, démontrant sa maîtrise de la céramique avec l'introduction d'une nouvelle couleur : le bleu pétrole. Cette teinte captivante fait ses débuts dans la collection Big Bang One Click. La silhouette Big Bang offre la toile idéale pour mettre en valeur la polyvalence du bleu pétrole. C'est la première fois qu'un modèle Big Bang One Click de 33 mm est fabriqué en céramique. La Big Bang One Click Bleu Pétrole de 33 mm incarne la féminité, la créativité et l'indépendance. Elle est dotée d'une lunette en acier sertie de diamants et d'un bracelet en caoutchouc assorti, facilement interchangeable grâce au système de fixation rapide intégré. Distinctive et raffinée, la céramique bleu pétrole possède une profondeur, une chaleur et une subtile touche de vert qui la distinguent des autres céramiques bleues. Évoquant les profondeurs de la mer et la tranquillité de la forêt verdoyante, son élégance discrète lui permet de s'associer sans effort à des couleurs et des styles variés.
UN COMMENTAIRE ? Encore une montre qui « repousse les limites » [à force, on se demande où elles sont et s’il y en a encore !], mais qui saura certainement tirer son épingle du jeu de la présélection – en finale, tout dépendra des montres concurrentes. Cette Big Bang a la simplicité relative de rigueur dans cette catégorie, la bonne couleur, la discrète valeur ajoutée horlogère et la notoriété qui aide : il faut compter dans les 15 900 francs suisses [c’est presque donné dans cet environnement « Femme »] pour ce boîtier en céramique de 332 mm x 10,5 mm d’épaisseur, étanche à 100, dont la lunette est sertie de 0,76 carats (36 diamants) et qui est animée par un mouvement automatique. Les femmes apprécient le bracelet facilement interchangeable dy système Hublot. Que demander de plus à une montre de femme en 2025 ?
LOUIS VUITTON Tambour Convergence
Avec la montre Louis Vuitton Tambour Convergence, la Maison atteint de nouveaux sommets d'excellence horlogère. Véritable invitation à l'extraordinaire dans le quotidien, cette création inédite fusionne mouvement et boîtier dans un dialogue harmonieux. Elle rend hommage aux montres à guichet, aujourd’hui réinterprétées avec une élégance contemporaine distinctive. Ce garde-temps a été imaginée et façonnée selon un langage esthétique commun à l’ensemble des ateliers genevois de Louis Vuitton, réunis au sein de La Fabrique du Temps Louis Vuitton. Le nom de la collection s’inspire de cette fusion de savoir-faire réunis sous un même toit et met à l’honneur l’affichage original de l’heure proposé par la Tambour Convergence. L’indication épurée des heures et des minutes et d’un indicateur en or ou platine en forme de losange – un hommage à la nature à la fois précise et éphémère du temps qui passe, telle la lumière du soleil filtrant à travers les nuages. La précieuse plaque de métal qui constitue l’élément décoratif de la montre et encadre l’affichage de l’heure, est rehaussé de 795 diamants sertis neige. Les pierres de dimensions variées sont disposées si étroitement les unes à côté des autres et avec une telle minutie que leur sertissage ne peut être discerné. Cette technique réalisée à la main requiert l’expertise d’un artisan chevronné, capable d’associer les pierres de sept diamètres différents de façon à recouvrir et animer la surface d’un éclat scintillant. Pas moins de trente-deux heures d’ouvrage ont été nécessaires pour obtenir cet effet. Réalisée de toutes pièces par La Fabrique des Boîtiers à Genève, la boîte de trente-sept millimètres de la Tambour Convergence abrite le nouveau mouvement manufacture automatique LFT MA01.01 doté de quarante-cinq heures de réserve de marche.
UN COMMENTAIRE ? « De nouveaux sommets d’excellence horlogère », nous dit-on : pourquoi, c’était moins bien avant ? Il faut compter autour de 59 000 francs suisses pour ce boîtier en platine de 37 mm x 8 mm, étanche à 30 m animé par un mouvement automatique « maison » et serti de 1,7 carat de diamants. La proposition est très originale par son concept de « montre à guichet » à l’ancienne (heures sautantes en haut et minutes traînantes au-dessous) et par ses finitions de très haut niveau, mais l’image avec laquelle elle se présente aux suffrages des académiciens ne lui rend pas service face aux montres de cette catégorie : ce sera un handicap pour émerger dans la présélection [encore une montre qui aurait eu plus de chances d’être distinguée en optant pour la catégorie « Complication femme »…
COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS