REPÉRAGES #104-2025 (accès libre)
Sept réflexions en toute liberté sur sept nouveautés de ce nouvel été
En toute transparence, avant d’être commentées et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » – cette langue de bois des « boîtes » d’horlogerie, celle de nos « amies les marques » ! Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, que va-t-on découvrir dans les vitrines ? Quand on aime, on ne compte pas ! Voici donc le 104e épisode de notre panorama des nouveautés de l’année 2025, avec nos commentaires critiques sur sept montres de sept marques : Amida, Blancpain, Breguet, Fossil, Jaeger-LeCoultre, Ming et Versace…

Cette chronique vise à vous signaler quelques nouveautés parmi toutes celles qui affluent dans les vitrines horlogères : c’est, à ce jour, la plus complète des recensions que proposent les médias spécialisés, avec un peu plus de 2 100 pièces présentées chaque année. Soit, en moyenne, à peu près cinq nouveautés proposées par jour du calendrier : c’est exceptionnel – et même unique dans le paysage horloger ! Ces nouvelles montres sont commentées une par une : nous ajoutons à ces présentations des évaluations personnelles critiques, forcément subjectives et généralement pas complaisantes, mais toujours sincères, en bref, en vrac et toujours en toute liberté. Dans le formidable tsunami des nouveautés horlogères, cette sélection est déjà, en soi, une élimination du pire ou de l’insignifiant : il ne faut donc pas s’étonner que le meilleur y soit commenté plutôt positivement. Tout le monde l’aura compris : les absents ont toujours tort !
VERSACE Reveal
La collection Versace Watches printemps-été 2025 reprend les codes riches des collections de mode de la Maison et son approche sculpturale caractéristique du design. Ces formes hautement travaillées ont un impact lorsqu'elles sont portées et chaque montre peut être considérée comme une pièce de design portable. Les références aux arts classiques, à la mythologie et au céleste, omniprésentes dans le design Versace, notamment l'emblématique Medusa et le motif Greca, sont revisitées dans la collection saisonnière de manière à la fois explicite et plus subtile et séduisante. Versace Reveal allie la sophistication de la joaillerie fine à la fonctionnalité d'une montre qui dévoile son élégance d'une simple pression. La montre fait subtilement référence à l'héritage de la Maison et dissimule son cadran sous un boîtier carré orné d'une tête de Méduse en trois dimensions. Elle s'ouvre à l'aide d'un curseur fluide qui présente une bordure Greca emblématique.
UN COMMENTAIRE ? Une montre à secret qui joue les purs bracelets « manchette » avant de révéler son cadran, sa Méduse et sa « grecque » (il faut compter dans les 1 300 euros pour cette montre Swiss Made à boîtier et bracelet en acier doré de 25 mm x 18 mm, étanche à 30 m et animé par un mouvement électronique suisse signé Ronda). Vous pouvez opter pour la version à cadran noir sous le « capot » de cette montre bijou qui ne manque pas d’originalité…
BLANCPAIN Fifty Fathoms automatique 38 mm
De nouvelles déclinaisons en 38 mm complètent la ligne Fifty Fathoms Automatique, désormais proposée en trois tailles de boîtier pour s’adapter à chaque poignet, style et préférence.La Maison poursuit son élan avec une série de références en 38 mm plus classiques et non genrées. Proposés en acier inoxydable, titane grade 23 et or rouge 18 ct, avec cadrans bleus ou noirs soleillés, ces modèles renforcent la polyvalence et l’attrait de la ligne. L’arrivée de cette nouvelle taille de boîtier marque une étape importante dans l’évolution de la célèbre montre de plongée de Blancpain. Il ne s’agit pas simplement d’une version réduite : les proportions ont été soigneusement retravaillées pour garantir un équilibre, une harmonie et une présence parfaite sur tous les poignets, fins comme larges. Le résultat : une silhouette rafraîchie, polyvalente, et toujours résolument Fifty Fathoms. Créée en 1953 sous la direction de Jean-Jacques Fiechter, alors CEO passionné de plongée et pionnier de l’exploration sous-marine, la Fifty Fathoms a été la première véritable montre de plongée au monde. Elle a introduit des innovations majeures telles qu’une lunette tournante verrouillable, une étanchéité renforcée, un cadran contrasté avec des index luminescents, un mouvement automatique et une protection antimagnétique. Ces caractéristiques fondamentales se retrouvent toujours au cœur de la Fifty Fathoms.
La ligne Fifty Fathoms Automatique en 38 mm s’élargit aujourd’hui avec des modèles plus classiques et polyvalents. Très prisée notamment par les femmes souhaitant une montre technique et sportive adaptée aux poignets plus fins, le diamètre de 38 mm dépasse largement la gent féminine. Elle séduit tout autant les hommes à la recherche d’une montre plus discrète et légère. En résumé : la Fifty Fathoms Automatique devient une ligne pour tous. La collection 38 mm s’enrichit de cinq versions : un boîtier en acier inoxydable poli avec cadran noir et lunette noire (un design intemporel fidèle à l’esprit du modèle originel de 1953) ; un boîtier en titane grade 23 satiné avec cadran et lunette bleus (une interprétation contemporaine alliant légèreté, robustesse et couleur éclatante ; un boîtier en or rouge 18 ct satiné avec cadran et lunette bleus (une esthétique riche, sophistiquée et chaleureuse). À ces trois versions s’ajoutent deux nouveautés saisissantes présentées la semaine dernière, qui apportent une touche raffinée à l’iconique montre de plongée (boîtier en or rouge 18 ct poli avec cadran en nacre et boîtier en titane grade 23 brossé avec cadran en nacre et dégradé rose). Tous les modèles possèdent un cadran avec index luminescents surdimensionnés et finition soleillée, encadré par la lunette tournante unidirectionnelle emblématique de Blancpain avec insert en saphir bombé.
Chaque montre est disponible avec une sélection de bracelets comprenant du caoutchouc tropic, de la toile de voile et du NATO, ainsi que des bracelets en titane grade 23 ou en acier inoxydable avec finitions satinée et polie alternées. Avec ces nouvelles références, la Fifty Fathoms Automatique devient une famille complète et cohérente, en offrant des options de 38, 42 et 45 mm. Non définie par le genre ou la taille du poignet, la Fifty Fathoms est aujourd’hui plus que jamais une montre pour tous. Tous les modèles de 38 mm sont animés par le calibre de manufacture Blancpain 1150. Battant à 3 Hz, ce mouvement automatique dispose d’une réserve de marche de 100 heures et est doté d’un spiral en silicium pour assurer une résistance magnétique supérieure. Le fond saphir laisse apparaître des finitions raffinées, dont une masse oscillante en or 18 ct avec revêtement NAC, inspirée du design du modèle de 1953.
UN COMMENTAIRE ? Il est devenu impératif pour les marques de (re)passer sous la barre des 40 mm ! La semaine dernière, nous regrettions que Blancpain ait entamé sa présentation des nouveaux boîtiers en 38 mm par deux modèles féminins qui étaient susceptibles de « féminiser » à outrance cette nouvelle taille. Nous maintenons notre objectif, même si les trois nouvelles propositions plus « viriles » ont de quoi séduire bien des amateurs mâles : après tout, c’est une taille normale pour des Fifty Fathoms, dont les premières versions étaient même plus petites ! Rien à redire sur ces trois nouvelles Fifty Fathoms, qu’on nous présente comme trop « non genrées » pour l’être vraiment, hormis leur prix puisqu’il faudra aller chercher dans les 15 000-17 000 euros pour les versions en acier (selon les variantes de bracelet), dans les 16 000-18 000 euros pour les versions en titane et dans les 27 000-30 000 euros pour les versions en or rouge – ce qui n’a rien de vraiment compétitif face aux icônes de la spécialité…
FOSSIL Édition spéciale Mickey Mouse & Minnie Mouse Soccer
Minnie Mouse, le personnage de Disney, devient une star du football sur cette édition limitée de notre célèbre montre Gilmore. Elle présente un cadran rond classique de 38 mm ainsi qu'un boîtier et un bracelet en acier inoxydable poli-brillant. Le cadran soleillé vert profond affiche des détails inspirés du football pour un look à la fois ludique et raffiné. Une collaboration moderne qui donne du caractère à chaque minute. Mickey Mouse, le personnage de Disney, devient lui aussi une star du football sur cette édition limitée de notre montre prisé Sport Tourer. Cette montre chronographe exclusive associe un boîtier en acier inoxydable argenté de 42 mm à un bracelet en silicone noir pour un design élégant et confortable. Le cadran soleillé vert profond présente des détails inspirés du football pour un look à la fois ludique et raffiné. Une collaboration moderne qui donne du caractère à chaque minute.
UN COMMENTAIRE ? Sans faire de mauvais esprit, pourquoi Minnie avec une montre simple de 38 mm et Mickey avec un chronographe plus impressionnant de 42 mm ? À croire que même les Texans de Fossil ont rompu avec le wokisme horloger ! Il faudra dépenser un peu moins de 300 euros pour Mickey le footballeur (boîtier de 42 mm étanche à 50 m et mouvement électronique) et autour des 270 euros pour la Minnie footballeuse (boîtier en acier de 38 mm étanche à 50 m et dotée d’un mouvement électronique trois aiguilles)…
JAEGER-LECOULTRE Reverso Tribute Répétition minutes
Avec le calibre 953, Jaeger-LeCoultre réinvente la Reverso Tribute Minute Repeater. Ses cadrans recto et verso dévoilent une nouvelle expression visuelle de cette complication qui magnifie le travail de l’atelier des Métiers Rares. Produite en série limitée à 30 exemplaires, cette pièce illustre comment la boîte pivotante unique de la Reverso et son design Art déco ont fait d’elle non seulement une icône de style, mais aussi un vecteur d’innovation horlogère, à la fois sur les plans mécanique et esthétique. Créée en 1931, la Reverso a été imaginée pour répondre aux besoins du gentleman sportif moderne de l’époque. En effet, les officiers de l’armée britannique stationnés en Inde entre 1858 et 1947 recherchaient une montre conçue pour résister aux chocs fréquents lors des matchs de polo, un sport qu’ils affectionnaient particulièrement. Un défi relevé non sans une certaine élégance par la Reverso. Peu à peu adoptée par des personnalités de tous horizons, elle a rapidement transcendé son rôle premier de montre de sport. De nouvelles variantes sont apparues, tant pour les hommes que pour les femmes, mais son emblématique boîtier double face (brevet historique CH159982) et ses lignes Art déco distinctives sont restés les mêmes, faisant de la Reverso l’une des montres-bracelets les plus reconnaissables au monde. La Reverso est née d’une habile synthèse entre style et fonctionnalité : ancrée dans l’esthétique Art déco, elle incarne aussi les progrès mécaniques permis par l’expertise des horlogers de la Grande Maison. Dès le début, ses calibres ont ainsi été façonnés pour épouser les lignes de sa boîte rectangulaire, de quoimaximiser l’espace utilisé et donc la précision du mouvement. Lors de son lancement, elle est d’ailleurs considérée comme une révolution dans le domaine de la Haute Horlogerie : une silhouette inhabituelle, animée par un mouvement de forme, enchâssée dans un brancard qui la protège des chocs, de l’humidité et du temps qui passe.
Le challenge technique assumé par la Manufacture est pleinement relevé au début des années 1990, lorsqu’elle introduit les Reverso à grandes complications. La Maison en possède une maîtrise parfaite : sa première création du genre a vu le jour en 1870, suivie d’une centaine de chefs-d’œuvre du même type, et ce avant même l’an 1900. Au cours du XXe siècle, elle continue d’innover. Créée en 1994, la Reverso Répétition Minutes marque une avancée notable : la complication est redessinée pour être intégrée à un mouvement de forme adapté à une boîte rectangulaire. L’opération s’est révélée particulièrement délicate en raison d’une caisse de résonance réduite (nécessaire à l’amplification des sons) et de la modification indispensable de la forme des timbres. Tout au long de son histoire, Jaeger-LeCoultre n’a cessé de redéfinir les standards des calibres à sonnerie, non seulement du point de vue de l’efficacité mécanique mais aussi de la pureté et de la beauté de la mélodie. La Manufacture a d’ailleurs déposé de nombreux brevets concernant des inventions destinées à améliorer la qualité du son, dont deux plus récents se distinguent particulièrement. Le premier concerne les timbres cristal (2005), ainsi nommés parce qu’ils sont reliés directement au verre (cristal) de la montre, ce qui permet une transmission plus pure du son et un volume accru. Le second vise les marteaux à trébuchet (2009), conçus avec un bras articulé qui crée un mouvement de catapulte permettant de frapper le timbre tout aussi fort en utilisant moins d’énergie. Autre invention importante, introduite dans le calibre 185 en 2021 : l’élimination de l’intervalle silencieux qui, dans les systèmes classiques, se produit entre la sonnerie des heures et celle des minutes lorsqu’il n’y a pas de quart à sonner. La Grand Maison a atteint l’apogée de la maîtrise du son avec la Grande Sonnerie, pièce maîtresse de son héritage. Cette complication, le plus sophistiqué des dispositifs de sonnerie, frappe automatiquement les heures et les quarts comme le ferait une horloge, tout en permettant au porteur d’activer la répétition minutes à sa guise. En 2009, le calibre 182, réunissant 12 brevets, repousse les limites de l’innovation en abritant 26 complications, dont la Grande Sonnerie, et 1 400 composants dans un mécanisme de seulement 10,4 mm d’épaisseur. Ce chef-d'œuvre illustre la quête incessante de Jaeger-LeCoultre en matière de précision, d'art et d'excellence mécanique.Chaque sonnerie est méticuleusement enregistrée et archivée pour permettre aux horlogers d’analyser et de reproduire fidèlement sa mélodie, améliorant par là même la qualité des réparations futures. Chaque note est préservée avec une clarté et une harmonie absolues, assurant le plus haut niveau de perfection acoustique. Toutes les sonneries sont ainsi contrôlées et comparées en permanence, une façon pour Jaeger-LeCoultre de réaffirmer son engagement pour l’exactitude et de l’excellence phoniques.
La Reverso Tribute Minute Repeater est animée par le nouveau calibre 953 qui, comme tous les mouvements de la Maison, a été entièrement conçu, dessiné et produit au sein de la Manufacture. Il intègre sept brevets existants, dont des innovations clés qui améliorent la qualité du carillon : les marteaux à trébuchet (brevet EP2048548A2), les timbres cristal (brevet CH698533) et la suppression des intervalles de silence (brevet CH709152B1). De plus, il affiche une réserve de marche de 48 heures, un exploit pour une complication gourmande en énergie comme la répétition minutes. Côté esthétique, la montre se distingue par son cadran émaillé inédit. Bien que ses deux faces affichent la même heure et soient travaillées avec le même niveau de raffinement, elles présentent des caractères très différents. Le recto arbore un superbe motif grain d’orge guilloché à la main auquel les jeux de lumière confèrent une étonnante impression de mouvement. Ce décor est rehaussé par de multiples couches d’émail Grand Feu décliné dans un nouveau coloris bleu sarcelle. Entièrement réalisé au sein de l’atelier des Métiers Rares de la Maison, ce cadran représente 4 heures de guillochage suivies de 8 heures d’émaillage. Le verso est, lui, entièrement squeletté, révélant toute la complexité du mécanisme de répétition minutes qui offre un spectacle hypnotique lorsqu’elle est activée. La sensation de profondeur visuelle et de transparence est renforcée par des index facettés suspendus au chemin de fer qui semblent flotter au-dessus des rouages. Les ponts anglés à la main s’ajoutent à une juxtaposition de finitions brossées et grainées. De leur côté, les nuances argentées froides du métal contrastent avec la chaleur de l’or rose 750/1000 de la boîte. Soutenant les marteaux, le pont qui s’étend sur toute la largeur du mouvement de 7 à 5 heures est revêtu d’une laque assortie à la palette du recto. Sur le côté de la boîte, on retrouve la gâchette activant le carillon, spécialement repensée pour cette pièce afin d’être aussi discrète que possible, sans sacrifier son ergonomie. Complétant l’esthétique intemporelle de la Reverso Tribute Minute Repeater, l’or rose de la boîte a été associé à un bracelet contrastant en cuir d’alligator noir doublé d’alligator petites écailles, fermé par une boucle déployante ajustable. Avec ses 46 composants, cette dernière, entièrement réalisée en or rose et pesant près de 30 grammes, intègre un système à double roue qui permet des micro-ajustements à 0,5 mm près. L’alliance d’une innovation ergonomique et de l’élégance intemporelle.Concentré des 180 métiers réunis sous un même toit au sein de la Manufacture Jaeger-LeCoultre, la nouvelle Reverso Tribute Minute Repeater célèbre la polyvalence et l’éternelle modernité de la Reverso, mais aussi son rôle central dans la quête d’innovation horlogère de la Maison, à la fois sur les plans mécanique et esthétique.
UN COMMENTAIRE ? Il y a dans la Reverso une manière de perfection formelle et inégalée qui force l’admiration après quasiment un siècle d’existence. C’est encore plus vrai quand une forme de perfection mécanique vient s’ajouter à cette esthétique qui échappe au temps. Bien entendu, cette réussite superlative se négocie au prix fort (comptez dans les 330 000 euros pour ce boîtier en or rose de 51,1 mm x 31 mm x 12,6 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et animé par un mouvement exceptionnel : il n’y aura malheureusement que 30 montres dans cette série limitée). Les dimensions sont plus imposantes que celles des autres Reverso, mais la pièce reste portable et le charme de sa sonnerie fait oublier ce boîtier XXL dont le son a besoin de volume pour faire admirer son harmonie. Le guilloché du cadran est admirable. On ne pourra que se féliciter de voir que Jaeger-LeCoultre a décidé de redevenir une référence dynamique et crédible…
BREGUET Type XX Chronographe 2075
Dans le cadre de son 250e anniversaire, après Paris avec la montreClassique Souscription 2025, puis Shanghai en compagnie de l’édition Tradition 7035, la Maison Breguet fait halte à New York. Elle y présente le chronographe Type XX référence 2075 en deux variantes, inspiré d’un modèle emblématique datant de 1955. Ces nouveaux chronographes avec fonction « retour en vol » rendent un triple hommage au génie humain et au courage des explorateurs du temps : Abraham-Louis Breguet, l’horloger à l’origine de la Maison éponyme, à Louis Breguet, son arrière-arrière-petit-fils avionneur et au duo d’aviateurs composé de Dieudonné Costes et Maurice Bellonte. Ces derniers sont les tout premiers hommes à relier Paris à New York par les airs. Cet exploit est réalisé en un peu plus de 37 heures les 1er et 2 septembre 1930, à bord d’un avion Breguet 19TR Super Bidon - nom choisi en raison de son large réservoir – et décoré de part et d’autre de son fuselage d’un grand point d’interrogation. Ces deux nouveautés, façonnées en or Breguet, alliage signature diffusant des reflets blonds, possèdent un cadran soit noir en aluminium soit en argent, conformément aux traits d’une pièce emblématique dite « civile » présentée en 1955 et portant le numéro individuel 1780. Ces pièces reflètent fièrement l’esprit d’innovation technique de la Maison. Si A.-L. Breguet (1747-1823) a déverrouillé les portes du temps en permettant à l’horlogerie de faire d’importantes avancées, son arrière-arrière-petit-fils Louis Breguet (1880-1955) a quant à lui ouvert en grand celles du ciel. Ingénieur diplômé de l’Ecole supérieure d’électricité, ce pionnier crée sa société d’aviation pour y développer pendant plus de cinquante ans des appareils biplans puis monoplans de pointe, dont le célèbre Breguet 19, bombardier et avion de reconnaissance largement utilisé pour les vols à longue distance. À la presse qui les questionne avec insistance sur la possibilité d’un vol « retour »a Paris-New York à la suite de la traversée en solitaire de l’Américain Charles Lindbergh (1902-1974) en 1927, tant Louis Breguet que le duo d’aviateurs Dieudonné Costes (1892-1974) et Maurice Bellonte (1896-1984) se contentent de répondre par un point d’interrogation. Peint en blanc et dans un grand format, ce signe de ponctuation figure à l’avant de la carlingue rouge du Breguet 19 spécialement adapté, le Super Bidon Point d’Interrogation, qu’empruntèrent les aviateurs français pour rallier sans escale les deux métropoles en 1930.
Au début des années 1950, l’armée de l’Air française lance un appel d’offre pour trouver une maison apte à réaliser une montre-bracelet chronographe pour ses pilotes qu’elle nomme du nom de code Type 20. Parmi les entreprises gagnantes figure Breguet qui fournira au monde de l’aviation de nombreux garde-temps répondant à ce cahier des charges. Dès 1952, une montre-instrument signée Breguet voit ainsi le jour : il y aura deux versions militaires, le Type 20 pour l’Armée de l’air et le Type XX pour l’Aéronautique navale, ainsi que de nombreuses variantes Type XX civiles. S’inspirant de ce pan de son histoire, Breguet introduit dans ses collections courantes sa propre ligne Type XX, dont la 4e génération voit le jour en 2023. Elle est aujourd’hui complétée par la Type XX référence 2075 qui se décline en deux versions. Toutes deux célèbrent le 250e anniversaire de la Maison. Leur inspiration provient d’un modèle civil en or présenté en 1955. D’après les archives, cette pièce était à l’origine dotée d’un cadran argent satiné, remplacé par la suite par un cadran noir. Aujourd’hui, Breguet en propose deux réinterprétations : l’une au cadran en aluminium noir, et l’autre limitée à 250 exemplaires, dotée d’un cadran en argent massif. Une continuité naturelle entre passé et présent. Les calibres logés dans ces deux modèles sont une variation du mouvement haute performance 5 Hz 728 introduit par Breguet en 2023. Il intègre la fonction « retour en vol » ou flyback qui permet la remise à zéro et le lancement d’un nouveau comptage par une seule pression sur le bouton poussoir situé à 4 h. Pour la première fois, le mouvement 728 se décline en version manuelle sur ces deux nouveautés et devient le 7279 pour la version avec cadran en aluminium noir avec un compteur 15 minutes à 3 h, et le 7278 pour la version avec cadran en argent avec un compteur 30 minutes à 3 h également.
Les deux modèles ont en commun l’affichage de la petite seconde sur un compteur dédié à 9 h et un dorage en or Breguet du mouvement. Le fond de la boîte dévoile une gravure entièrement réalisée à la main dans les ateliers de la Maison. Elle représente l’avion Breguet 19 survolant l’océan Atlantique, accompagnée du tracé précis du vol de 1930 ainsi que du dessin des côtes européennes et nord-américaines.En hommage au génie de Louis Breguet qui utilisait pour ses avions une tôle appelée Duralumin (contenant 95 % d’aluminium) dont il fut le précurseur, Breguet a choisi de doter sa Type XX 2075 d’un cadran réalisé dans cette matière, une première dans ses collections. Un discret “Al“ entre 7 h et 8 h en assure la désignation matière. Afin d’obtenir une teinte noire proche du modèle historique de 1955, la Maison a eu recours à l’anodisation, un procédé qui consiste à créer une couche d’oxydation qui offre une totale protection à la corrosion.Pour ce traitement, Breguet a eu recours aux dernières innovations en la matière, une anodisation d’un noir profond et d’une grande résistance mécanique, actuellement utilisée dans l’industrie aérospatiale. Il en résulte une lisibilité maximale et une très grande durabilité. La variante en argent de la Type XX s’inscrit elle aussi dans l’esprit de la pièce historique N°1780, fidèle à sa version originale dotée d’un cadran en argent. Sur ce nouveau modèle, le cadran en argent véritable, présenté dans une finition brossée verticale, offre une brillance subtile et sophistiquée, soulignant l’élégance intemporelle de la montre. En référence à cet élément, un subtil « Ag925 » est d’ailleurs gravé entre 7 h et 8 h. Cette version se distingue également par la présence d’un tachymètre, une échelle permettant de mesurer la vitesse en fonction du temps parcouru. Les deux cadrans comportent le nom Breguet en applique d’une finesse et délicatesse extrêmes, réalisée en or Breguet, tout comme les chiffres et les index sur la version argent. D’un diamètre de 38.3 mm, à l’identique de la pièce historique de 1955, et d’une épaisseur de 13.2 mm, le boîtier est intégralement façonné en or Breguet. Cet alliage aurifère signature a été dévoilé lors du lancement de la montre Classique Souscription 2025. Combinaison d’or à 75% enrichi d’argent, cuivre et palladium, ce métal précieux aux accents blonds s’invite ici sur la fine lunette glissante, bidirectionnelle à friction et graduée type civil. Le modèle noir en aluminium affiche des chiffres sur la lunette de couleur noire, et bleue sur la version argent. La couronne est frappée du B de Breguet. Les deux nouveautés possèdent un bracelet en cuir avec une fonctionnalité d’interchangeabilité, noir dégradé pour la version noire en aluminium, et bleu dégradé pour la version argent.
UN COMMENTAIRE ? Les Type 20/XX sont probablement à classer parmi les deux ou trois plus belles « montres d’aviateur » jamais présentées par une marque : ces deux versions sont très réussies dans leur or Breguet aux nuances très originales (boîtier de 38,3 mm x 13,2 mm d’épaisseur, étanche à 50 m – ce qui est nettement insuffisant pour une montre « sport chic » – et animé par un mouvement « manufacture » à remontage manuel qui bénéficie d’une haute fréquence et d’une réserve de marche de 60 heures : il faut compter un peu moins de 40 000 euros pour ces deux nouveautés Breguet). Les cadrans sont très réussis, avec la bonne idée de l’aluminium (initiative un peu gâchée par l’amputation très moche du « 2 ») et le magnifique « Breguet » finement ciselé pour le cadran en argent à l’élégante échelle tachymétrique… Bravo aussi pour le « retour en vol » en français !
AMIDA Digitrend Open Saphir
L’iconique « drivers’ watch » des années 1970 revisite la complication des heures sautantes. Sous son capot en verre saphir, la complication prend vie et dévoile toute sa précision. Chaque changement d'heure se réalise avec fluidité parfaite, mettant en valeur le jeu des disques et l’ingénierie de ce mécanisme unique. Avec son boîtier façon « carrosserie Targa » et son capot à la fois robuste et translucide, la Digitrend Open Saphir est un véritable tableau de bord de transparence : c’est un pont entre héritage et innovation, où la haute horlogerie accessible prend tout son sens. 1976. Une époque où tout semblait possible. Les lignes des voitures de sport filaient comme des fusées, le Space Age inspirait le design, et AMIDA marquait les esprits avec sa montre casquette Digitrend. Une montre audacieuse, hybride, au design futuriste et visionnaire, symbole d’une époque où créativité rimait avec liberté. Amida dévoile la Digitrend Open Saphir et réinvente une icône en 2025. Cette montre de pilotes, déjà gravée dans la mémoire des passionnés, revient avec un concept inédit : la transparence. Ici, pas de cadran traditionnel, mais un module d'heures sautantes ainsi qu’un prisme en saphir, offrant un affichage de l'heure latérale qui sublime chaque détail du mouvement. Comme un hommage à l’horlogerie traditionnelle, la Digitrend Open Saphir révèle sa mécanique dans toute sa splendeur grâce à la transparence du boîtier réalisé à 2/3 en saphir. Les finitions – Côtes de Genève, facettes, bouchonnage, anglage, les disques des heures et des minutes transparents laissant transparaître la platine – témoignent d’un savoir-faire artisanal, tandis que l’affichage vertical s’impose comme une signature intemporelle.
Un boîtier ouvert de la forme d’un « capot » s’inspire des légendaires codes automobiles des années 60 – Porsche, Alfa Romeo, Chevrolet Corvair Testudo. Ce design audacieux met en lumière une mécanique dévoilée, où tradition et innovation s’entrelacent harmonieusement. La réalisation de ce boîtier a représenté un défi technique majeur, nécessitant 4 heures de fraisage et usinage, 20 heures de polissage, soit 24 heures par « capot ». Chaque étape a été cruciale pour obtenir une réfraction et un effet d’optique aussi purs et limpides qu’un verre optique. La maîtrise des déformations des surfaces rondes a permis d’éviter l’effet « loupe », révélant ainsi toute la beauté de ce chef-d’œuvre horloger et de son contenu. Chaque détail de la platine du mouvement est sublimé grâce à un saphir taillé avec une précision remarquable, rendu possible par la méthode Kyropoulos, qui permet de synthétiser des blocs de saphir de grande taille. Le prisme latéral, bien que de petite dimension, nécessite à lui seul trois heures de fabrication, dont deux heures dédiées au polissage, pour respecter des tolérances de 0,05 mm.
Avec la Digitrend Open Saphir, Amida ne se contente pas de réinventer une montre : elle réinvente une vision du temps. Côté technique, la Digitrend Open Saphir ne se contente pas de son allure iconique. Elle est animée par le calibre Newton de Soprod, un mouvement automatique fiable et performant. Avec ses 23 rubis, sa fréquence de 28’800 alternances par heure et sa réserve de marche de 44 heures, ce moteur horloger combine robustesse et précision. Mais ce n’est pas tout : la complication d’heures sautantes, réinterprétée en interne avec une architecture simplifiée de seulement neuf composants, garantit une efficacité optimale tout en rendant cette prouesse horlogère plus accessible que jamais. Cette production limitée à seulement 150 pièces marque un tournant dans l’histoire de la marque, une renaissance portée par l’enthousiasme des amateurs et le savoir-faire horloger suisse. Un affichage directement inspiré du périscope d'un sous-marin : la lecture de l’heure est rendue possible par un ingénieux effet optique créé par un prisme en saphir, qui permet un affichage latéral offrant une lecture digitale claire et précise. Inspiré du principe du périscope de sous-marin, où une image horizontale est projetée verticalement, Amida a nommé ce procédé LRD (pour « Light Reflective Display » – Affichage réfléchissant la lumière), breveté sous le numéro 3,786,626 le 5 avril 1973 par l’inventeur Zeno Hurt à Molhin, Suisse, pour le compte de Robert Triebold. Cette innovation remarquable fait de la Digitrend une montre véritablement hors du commun.
UN COMMENTAIRE ? La bonne nouvelle, c’est que cette Digitrend Open Saphir améliore considérablement la lisibilité de la précédente Digitrend. La mauvaise, c’est qu’il n’y en aura que 150 (c’est une montre difficile à produire) et qu’elle sera proposée au prix d’environ 5 000 euros hors taxes (c’est une montre difficile à produire bon marché) – un prix qui peut calmer les jeunes amateurs qui s’enthousiasmeraient pour cette Digitrend qui capture si bien « l’essence de l’horlogerie moderne » (boîtier en acier de 39,6 mm x 39 mm x 16 mm d’épaisseur, étanche à 50 m et mécanisé par un mouvement automatique suisse (Soprod Newton P092) doté de 44 heures de réserve de marche). Le bracelet métallique, très rétro-nostalgique avec ses maillons larges, est facturé dans les 400 euros, ce qui n’est pas non plus très raisonnable. Sinon, quel succès avec une telle montre au poignet : on dirait qu’on la sort d’un congélateur où elle serait morfondue depuis un demi-siècle !
MING 20.01 Series 5
Le niveau de détail dans l'art et les visuels de science-fiction ne cesse de nous émerveiller : imaginer des structures qui n'existent pas, pour des applications tout aussi fictives et inventées, nécessite une réflexion créative sérieuse. Il serait impossible de ne pas s'inspirer de ces éléments à un niveau subconscient profond. Le téléportation, la déviation, la destruction de planètes. En dehors d'un studio hollywoodien ou d'animation, cependant, les matériaux et la construction nécessaires à ce genre de choses sont tout aussi imaginaires et probablement impossibles à réaliser avec la technologie actuelle. Un fait qui a été renforcé lorsque Ming Thein (MT) a créé un cadran qui ressemble à un objet autour duquel pourrait s'articuler tout le scénario d'un film de science-fiction, au sens figuré comme au sens propre. Un cadran aussi unique nécessite une montre tout aussi spéciale et nous nous sommes naturellement tournés vers notre série de chronographes 20.01, qui a servi de plateforme de lancement pour nos innovations les plus significatives en matière de cadrans à ce jour. La Ming 20.01 Series 5, lancée aujourd'hui, perpétue cette tradition avec ce qui est probablement le premier cadran de l'industrie à être fraisé au laser à partir d'un seul bloc de métal afin de créer des nervures radiales complexes dont les contours s'imbriquent dans les plans vertical et horizontal. Ce cadran micro-usiné est ensuite recouvert d'un revêtement bleu intense par vaporisation, puis soumis à une autre série de traitements au laser afin d'enlever sélectivement le revêtement de la partie supérieure des nervures, laissant apparaître le titane nu avec une texture délavée. Et comme si l'usinage de contours aussi fins et l'application de multiples couleurs et finitions n'étaient pas déjà assez difficiles, MT a décidé de réaliser tout cela à partir d'un seul bloc de titane.
La série 20.01 5 est complétée par l'AgenGraphe d'Agenhor, l'un des mouvements chronographes les plus importants et les plus sophistiqués disponibles aujourd'hui. Il comporte de nombreuses caractéristiques avancées et uniques, telles qu'un noyau chronographe central, des engrenages sans jeu exclusifs à Agenhor, un mécanisme d'embrayage horizontal exclusif, des minutes sautantes instantanées, des cames de remise à zéro en spirale et un mécanisme de régulation exclusif. Il est présenté ici dans une configuration unique à Ming : remontage manuel, avec des ponts recouverts d'or rose 5N et des anglages polis. Un arrêt de remontage dur donne également un retour tactile lorsque le ressort moteur est complètement chargé. Tout cela est logé dans un boîtier hybride de la série 20 : la lunette, les cornes « flying blade », le fond et la couronne sont en acier inoxydable ; les poussoirs sont en titane et colorés pour s'harmoniser avec le cadran, et la carrure est en titane DLC pour créer un contraste. D'une taille de 41,5 x 14,2 mm pour accueillir l'AgenGraphe, il offre également l'espace nécessaire pour apprécier pleinement le cadran. Une variété de finitions et des cornes courtes garantissent également un confort optimal et un look élégant, quelle que soit la taille du poignet. Le verre saphir supérieur comporte les index et les échelles du chronographe, qui sont gravés au laser et remplis de notre matériau luminescent exclusif Ming Polar White (l'un des seuls, sinon le seul, à émettre une lumière blanche pure), tandis que les aiguilles sont dotées d'un revêtement Super-LumiNova X1 pour un contraste idéal. La 20.01 Series 5 est complétée par un bracelet en alcantara bleu foncé et un bracelet en caoutchouc FKM noir équipé de notre boucle ardillon volante.
UN COMMENTAIRE ? L’avantage du mouvement AgenGraphe, qui reste le calibre chronographe le plus révolutionnaire de ces dernières décennies, c’est qu’il autorise des audaces incroyables dans le design des montres : c’est un excitateur de créativité. L’inconvénient, c’est qu’il est relativement coûteux, ce qui renchérit le prix des montres qui en sont équipées (il faut compter dans les 40 000 euros hors taxes pour ce chronographe « central » à minutes sautantes Ming 20.01 Series 5, qui se présente dans un boîtier en titane et acier de 41,5 mm x 14,2 mm d’épaisseur, étanche à 50 m, édition limitée à 25 montres). Il faut saluer la performance esthétique que représente ce cadran généreusement superluminové en plus d’être ultra-travaillé au laser. Délicate attention de la marque Ming : un « service complet » est offert aux propriétaires après cinq ans (la garantie reste de deux ans)…
COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS