STAR WARS (accès libre) : C'est la nouvelle génuflexion obligatoire dans les tendances de la rentrée horlogère 2015 – qui n'a pas sa montre fétiche « Guerre des étoiles » ?
La montre est un art trop sérieux être abandonné aux seuls horlogers. Avant-hier, on créait des montres émaillées de scènes bibliques. Hier, on lançait des montres de corruption pour les oligarques. Aujourd'hui, on revisite la mythologie Star Wars... ▶▶▶ LUKE, DARTH, HAN, YODA ET LES AUTRES...La plus puissante des légendes de notre temps semble à peu près ignorée des grandes maisons horlogères... ◉◉◉◉ BIEN …
La montre est un art trop sérieux être abandonné aux seuls horlogers. Avant-hier, on créait des montres émaillées de scènes bibliques. Hier, on lançait des montres de corruption pour les oligarques. Aujourd'hui, on revisite la mythologie Star Wars...
▶▶▶ LUKE, DARTH, HAN, YODA ET LES AUTRES...La plus puissante des légendes de notre temps semble à peu près ignorée des grandes maisons horlogères... ◉◉◉◉ BIEN ENTENDU, LA PROCHAINE SORTIE SUR LES ÉCRANS d'un nouvel épisode de la saga attise toutes les convoitises : la (relative) fièvre horlogère autour de Star Wars n'a donc rien de fortuit, ni de gratuit. elle est même assez logique. Ce qui est intéressant à questionner, c'est le rapport des horlogers traditionnels – généralement très soucieux de s'inscrire dans la modernité – à cette mythologie cinématographique, qui infuse depuis quarante ans dans l'inconscient collectif d'à peu près toutes les cultures de cette planète. S'il y a une nouvelle religion sur la Terre, c'est bien le culte de Star Wars, avec ses héros positifs, ses figures diaboliques, sa morale, ses mystères et ses connivences. Une religion connue par plusieurs milliards d'individus (généralement jeunes) et reconnue comme particulièrement mobilisatrice d'affects puissants... ◉◉◉◉ DE SON CÔTÉ, PAR SON CODE GÉOMÉTRIQUE TRANSCULTUREL (tous les peuples ont appris à lire l'heure selon les conventions angulaires des aiguilles et à apprécier le temps qui passe en portions duodécimales ou sexagésimales complexes), les objets du temps – en particulier la montre – constituent un autre très puissant vecteur de mobilisation d'affects. Sémaphorique par essence (« porteuse de sens, de signes et de significations »), la montre a toujours été liée aux cultures mentales dominantes, qu'il s'agisse de religions [sans revenir à l'« invention de la précision » par Calvin, qu'on songe aux montres émaillées de scènes religieuses], de prétentions scientistes [la montre comme instrument de conquête scientifique], d'arrogances économiques [les montres des pétro-monarchies, des oligarques de tout poil ou des narco-trafiquants], d'affirmations identitaires [les montres militaires] ou de toute autre structure fondamentale de l'inconscient collectif.
◉◉◉◉ CE QUI EST ÉTONNANT, C'EST QUE LA MONTRE AIT PLUS OU MOINS RATÉ – du moins jusqu'ici – son rendez-vous avec Star Wars. Quelques produits dérivés du côté des montres enfantines (jolie collection Lego) ou dans le bas de gamme. Quelques tentatives plus sérieuses du côté de Seiko (Business Montres du 13 septembre 2012), de Fossil, de Zeon (Royaume-Uni : Business Montres du 18 mars 2013) ou de Casio, d'autres ballons d'essai du côté de la mode (Marc Ecko, groupe Timex) mais rien ou quasiment rien du côté des grandes marques suisses, alors qu'on aurait au moins attendu, sur ce terrain, une marque Swatch [toujours cette americanophobie de Nick Hayek], sinon Omega – dont certains modèles ont été rebaptisés du nom de héros de la série – ou même Roger Dubuis et bien d'autres [on ne voit pas de ce qui a pu empêcher TAG Heuer, Louis Vuitton, Audemars Piguet ou Hublot d'intervenir dans cet imaginaire rétro-futuriste]. Apparemment, la mode pour les métiers d'art naturalistes (oiseaux, équidés, fleurs et papillons) a oblitéré les légendes contemporaines. Quelques jeunes créateurs indépendants ont approché le Saint Graal starwarsien, comme MB&F à travers une Music Machine dessinée comme un chasseur TIE de la série (ci-dessus) ou comme RJ-Romain Jerome à travers le style de sa montre Spacecraft (ci-dessus). C'est peu et c'est vraiment très peu pour une industrie qui ne cesse de vouloir parler aux nouvelles générations tellement elle est consciente de vieillir avec les babyboomers qui assurent le plus clair de sa clientèle. Pas de cool attitude face aux nouvelles légendes urbaines ! Question de royalties [on sait les Californiens de la bande à George Lucas très gourmands] ou manque d'imagination – à moins que ce ne soit un réflexe de fausse respectabilité pour ne pas perdre la face ? ◉◉◉◉ DONC, EN DÉPIT DE CE RATAGE SUISSE, ACCÉLÉRATEUR À FOND SUR STAR WARS pour cette rentrée, avec une intervention massive des Américains puisque Nixon entre dans la danse : quelques modèles évoqueront, détails identaires à l'appui, les grands héros de la saga (ci-dessus, la montre Darth Vader). De quoi appâter des amateurs qui seraient rebutés par le prix très élevé (28 000 dollars) de la montre Star Wars la plus réussie de ces dernières années : la future Devon Star Wars (vidéo en haut de la page et ci-dessous). Le Californien Scott Devon et son designer, Marko Petrovic, ont maintenu leur principe – très rétro-futuriste – d'affichage de l'heure électro-mécanique par courroie, ce qui leur permet de retrouver l'esprit et le style de la saga légendaire, sans abuser de citations graphiques vite fastidieuses ou d'allusions trop évidentes pour n'être pas pesantes. C'est une des montres les plus intéressantes de la rentrée : dommage qu'elle ne soit pas suisse ! 
◉◉◉◉ ON RÊVERAIT, ÉVIDEMMENT, DE MONTRES ÉMAILLÉES STAR WARS, d'une pendulette solaire Patek Philippe au décor Star Wars, de nanosculptures sur le cadran pour recréer les plus fameuses séquences des eux trilogies, de micro-mosaïques de verre qui nous raconteraient l'attaque contre l'Etoile de la mort plutôt que des pagodes endormies depuis des siècles et de marqueteries précieuses qui nous emporteraient vers les étoiles plutôt que vers le passé, à défaut de bracelets water-resistant en peau de mynock ou de cadrans en ivoire fossile de bantha. On rêverait de haute horlogerie générationnelle, en phase avec cet imaginaire du XXIe siècle qui se réfère à un récit du XXVe siècle, avec une horlogerie qui ne soit pas d'une lointaine, très lointaine galaxie par rapport à notre quotidien. On rêverait... mais ce sera sans doute pour le XXIIe siècle... 
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