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VENDREDI (accès libre) : Le Sniper a étudié les cigales bossues, bien mieux équipées en rouages biomécaniques que les montres suisses

C'est la nouvelle scientifique la plus renversante de ces derniers mois : loin d'être une invention des hommes, les rouages et les engrenages existent dans la nature comme schéma de transmission biomécanique. Les montres n'en sont que plus naturelles et nos poignets génétiquement prédestinés !  ▶▶▶ cette semaine,LE SNIPER A...   ▶▶▶ CRAQUÉ


C'est la nouvelle scientifique la plus renversante de ces derniers mois : loin d'être une invention des hommes, les rouages et les engrenages existent dans la nature comme schéma de transmission biomécanique. Les montres n'en sont que plus naturelles et nos poignets génétiquement prédestinés !

 
▶ cette semaine,
LE SNIPER A...
 
 
 
 CRAQUÉ
pour la nouvelle collection de Tattoo-DNA de RJ-Romain Jerome...
◉◉ La bonne idée, ce n'était pas de faire un bracelet tatoué comme la peau d'un marin : Alain Silberstein nous avait déjà proposé des bracelets aux tatouages inspirés par ceux des grands maîtres de l'aiguille. Les tatouages classiques des bracelets de la nouvelle collection Tattoo-DNA ne sont qu'un des témoignages de l'hommage que Manuel Emch, le défricheur de RJ-Romain Jerome, voulait rendre aux grandes légendes de la mer. La bonne idée, c'est d'avoir fait renaître cette tradition du tatouage chez les hommes de la mer en trois dimensions : rien de plus plat que la peau, mais rien de plus vivant – dans la profondeur – que le cadran de ces montres, dont les motifs ont été ré-imaginés par Mo Coppoletta, dans le respect des codes du tatouage marin. Cette star internationale de l'aiguille – on dit aujourd'hui tattoo artist, c'est plus chic (ci-dessous, avec Manuel Emch) – opère à Londres, dans son atelier The Family Business : c'est un collectionneur de montres, donc il avait la culture indispensable pour penser en 3D des décors qu'il ne pratique qu'en 2D.
◉◉ La nouvelle collection évite aussi l'écueil d'une certaine vulgarité des tatouages dans l'usage des couleurs : les Tattoo-DNA donnent plutôt, au contraire, dans le monochrome (bracelet tatoué par Mo Coppoletta en personne et cadran à peine soutaché d'un éclair jaune ou rouge, ainsi que le fond gravé en motifs traditionnels). L'allégorie choisie est celle de la « tombe du marin », exercice de style hautement symbolique, qui regroupe les attributs classiques de l'imaginaire nautique (l'ancre, la tempête, les vagues, le naufrage). Pour les marins, ces figures imposées étaient un talisman, en mer comme au port : l'eau salée a eu trop souvent le goût des larmes pour que les héros de la mer n'aient pas fini par nimber leur imaginaire dans une atmosphère de tragédie. Esthétiquement, le boîtier DNA fonctionne très bien dans cette ambiance, avec ses griffes, sa lunette pré-oxydée et son allure de bouée de sauvetage, tout comme les aiguilles « harpon [eh non, ce n'était pas un hommage à la légende Moby Dick, même si Queequeg est une référence mythique dans l'univers du tatouage : Business Montres du 9 septembre]. Un regret : il n'y en aura que 25 de chaque couleur dans cette première série (en haut : jaune ; ci-dessous : rouge en noir intégral, dont le bracelet, ce qui est dommage). Sans être aussi provocante que RJ-Romain Jerome l'imagine, puisque les tatouages – autrefois bannis par la religion chrétienne pour leur enracinement symbolique païen – sont aujourd'hui un mode d'expression corporelle parmi d'autres, cette dermato-horlogerie Tattoo-DNA reste néanmoins légèrement sulfureuse : elle prouve en tout cas que les marques suisses savent ne pas être frileuses...
 
 
 
 
 
 DÉNICHÉ
la belle histoire d'une triple montre d'un autre temps...
◉◉ Robert Edward Peary (1856-1920) est un des pionniers américains de l'exploration des pôles. On trouve dans ses archives un curieux document, daté de 1908 et exhumé par Watchuseek, qui n'a que le tort de considérer que c'est peut-être la première montre-bracelet [faux : Girard-Perregaux en avait crée une série trente ans auparavant]. L'explorateur en route pour le pôle Nord avait résolu plusieurs problèmes avec un de ses inventions : sa triple montre de ceinture, toutes trois ultra-plates et portées près du corps, ne voyait pas ses huiles se figer et trois cadrans garantissaient une sécurité maximale pour maintenir la précision de l'heure de référence (Greenwich) par rapport à l'heure locale, ce qui permettait de connaître avec précision la longitude. Le lieutenant Peary a évidemment attribué de son retour à sa base du Groënland, après un périple de 1 300 miles à l'excellence de ses montres Howard (une manufacture de Waltham, dans le Massachussets), dont le boîtier était en aluminium, métal conducteur de chaleur. Des montres qui servaient au personnel des services télégraphiques américains. Trois montres au lieu d'une seule avec une mécanique GMT : il fallait y penser !
 
 
 
 
 CONSTATÉ
que les montres nétaient pas forcément le meilleur des investissements...
◉◉ C'est évidemment décevant, mais sans doute vaut-il mieux investir dans des voitures de collections, des pièces de monnaie, des timbres ou des vins que dans des montres. C'est le constat du dernier Knight Frank Luxury Investment Index qui, comme les classements de ce type, vaut ce qu'il vaut, mais les arguments méritent le détour. La star absolue, sur un an comme sur dix ans, c'est la voiture de collection. Les montres s'en tirent un peu mieux sur un an, mais beaucoup moins sur cinq ans et plus du tout sur dix ans : la sous-performance est manifeste par rapport à la moyenne de l'indice. Explication donnée [pas forcément convaincante] : réalisées en petites quantités, ces montres sont payées trop cher aux enchères et les investisseurs peu avisés ont peu de chance de retrouver rapidement leur mise – il est vrai que l'expert qui donne son avis est celui de Bonhams, maison très peu active sur le marché de la montre de collection. Le rapport complet est intéressant à étudier...
 
 
 
 
 AIMÉ
le retour au réel de la maison Pequignet...
◉◉ Après des années d'errance qui ont parfois tourné à la clochardisation [celle de la marque, pas celle de l'ancienne équipe dirigeante !], la maison Pequignet a fini par sortir de son déni de réalité pour réapprendre la patience, vertu cardinale des marques indépendantes confrontées à un marché outrageusement dominé par les grands groupes. La nouvelle collection Royale Titane illustre l'humilité de la nouvelle stratégie : on a gardé le meilleur de ce mouvement « manufacture » qui entraînait la marque vers le fond [admirons au passage la nouvelle signature : « Haute horlogerie à multiples complications »], c'est-à-dire la grande date (pas sur tous les modèles) et la réserve de marche pour repenser un boîtier à tendance sportive de 44 mm, en titane, avec un parti-pris d'ultra-lisibilité (chiffres, aiguilles) et de confort tout-terrain (bracelet caoutchouc). Le tout à des prix décents – à partir de 5 000 euros, ce qui est coûteux, mais sans abus pour le modèle ci-dessous – qui prouvent que, là aussi, on en a fini avec la tentation de tutoyer Patek Philippe !
 
 
 
 
 TROUVÉ
la preuve que l'horlogerie relevait de la biologie élémentaire...
◉◉ Les rouages (comme ceux de l'horlogerie) sont un mécanisme naturel de transmission biologique : elles relèvent donc du vivant et elles sont soumises aux lois de l'évolution. C'est de la bio-horlogerie, observée pour la première fois (ci-dessus, en haut de la page, et vidéo ci-dessous) par les chercheurs de l'université de Cambridge. Ils prouvent ainsi que, loin d'être un artefact imaginé l'homme, le mécanisme basé sur des rouages est une « invention » de la nature, que nous ne faisons qu'imiter bien imparfaitement avec nos calibres horlogers. Précision : il ne s'agit que d'un vulgaire insecte sauteur, genre cigale bossue (explications en français sur Pour la science)...
 
 
 
 
 MISÉ
sur les atouts d'un matériau bien plus malin que l'acier...
◉◉ Maurice Lacroix prend le risque d'une innovation de rupture avec le nouveau matériau Powerlite. Il s'agit d'un alliage de cinq éléments (aluminium, magnésium, titane, zirconium et céramique) qui, réunis, définissent un matériau aux propriétés uniques : le Powerlite atténue les faiblesses de chaque élément pour n'en garder que les avantages. Il est ainsi deux fois plus léger que l’acier, tout en réussissant l’exploit d’en être aussi deux fois plus dur ! La légèreté, la résistance aux chocs, la durabilité sans rayures, la couleur, le design original : les exigences de la nouvelle demande des marchés sont là. Côté production, on y ajoutera la facilité d'usinage et la rapidité de mise sur le marché. La manufacture Maurice Lacroix a choisi d'habiller de Powerlite sa montre Pontos S Extreme (lunette et carrure) en la déclinant dans différentes couleurs (vidéo ci-dessous).
 
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 NOTÉ
quelques informations à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
 
◉◉ CHAISES MUSICALES (1) : retour rapide sur la plus belle séquence de chaises musicales de la semaine, avec cette filiale du complexe militaro-industriel chinois qui s'offre, pour piloter la relance d'une marque Swiss Made, ni plus ni moins qu'un ancien responsable du COSC et du Poinçon de Genève. Les Chinois ont compris que la vraie richesse de l'horlogerie suisse, c'est son fertile terreau de proximité et, par-dessus tout, les neurones de ceux dont c'est le biotope (Business Montres du 12 septembre)...
 
◉◉ CHAISES MUSICALES (2) : Gabor Nagy (ex-Eberhard, ex-Parmigiani, ex-Givenchy/LVMH) rejoint l'équipe de la jeune marque indépendante Revelation (Lully) comme directeur commercial. Ce spécialiste des marques de niche qui sera un appréciable renfort de terrain et qui permettra à l'équipe fondatrice (Anouk Danthe et Olivier Leu) de se recentrer sur la création et sur le design de leurs collections...
 
◉◉ HORLOGE : Apple a finalement renoncé à utiliser le design de la fameuse horloge des chemins de fer suisses pour l'image numérique de sa propre horloge, dans la nouvelle version de son système d'exploitation iOS. La nouvelle horloge qui apparaîtra sur les iPad perd son aiguille des secondes à palette rouge...
 
◉◉ MOMO LE NETTOYEUR : on a retrouvé la trace de notre ami « Momo le Nettoyeur », figure bien connue de la résorption des stocks de montres invendues (révélation Business Montres du 1er jun 2010 et vidéo Business Montres Vision du même jour, ci-dessous). Thébault Dromard nous raconte dans Challenges les difficultés des marques de luxe quand elles veulent éponger leurs stocks d'invendus sans ruiner leur image : « Les marques de luxe ont une ultime solution, plutôt que la destruction pure et simple des stocks: se faire racheter sa marchandise. L’opération est top secret. Une poignée d’acteurs tient ce marché. -Essentiellement des entreprises américaines, comme Chiron, dirigée par Maurice Goldberger, dit "Momo le nettoyeur", qui chaque année achète pour 2 à 3 millions de dollars de marchandises auprès de grandes marques, d’horlogerie suisse notamment. "Il revend ses produits aux Etats-Unis et au Canada, des pays où la culture du déstockage en magasins d’usine premium est très forte, et où la cohabitation avec un réseau de boutiques traditionnelles est possible, confirme Michaël Benabou, associé du site Vente privée et spécialiste des marchés du luxe. Il en écoule aussi dans des zones où les marques sont peu implantées, comme en Amérique du Sud ou en Afrique." Autre racheteur, l’entreprise Simah, père et fils, en France, travaille depuis plus de vingt ans avec une trentaine de marques de luxe. Très discrète, cette PME familiale – plus de 10 millions de chiffre d’affaires – écoule de belles pièces, "dans des pays où les marques sont peu implantées", précise Kevin Simah, le fils, qui ouvre à Paris sa première boutique de revente de produits de luxe. Son défi ? Convaincre les plus grandes marques de ne pas envoyer leurs stocks à l’incinérateur »...
 
 
◉◉ LECTURE : quelques lignes (non horlogères) de Bernard Esambert, auteur de La guerre économique mondiale(1991). « Les vraies richesses ne sont plus les matières premières mais les hommes avec leur niveau d'éducation, de culture, d'intelligence et d'ardeur au travail. (...) La créativité et l'innovation sont des atouts fondamentaux des entreprises jetées dans le conflit. Le développement scientifique est devenu un facteur important de la guerre. C'est par l'union de l'entreprise, de ses cadres et du scientifique que se développent les technologies nouvelles qui irriguent le monde en produits de consommation ou en services à taux de croissance élevés. (...) La formation y joue un rôle important. Le niveau d'éducation d'un pays et la capacité d'innovation, de réaction et de mobilisation des entreprises sont liés par une corrélation très forte. (...) Pour un Etat, se retirer du conflit serait suicidaire : la guerre économique a ses vertus. C'est par la dynamique qu'elle entraîne – et le Japon en est un exemple particulièrement éclatant – que le niveau de vie des pays occidentaux, et dans une moindre mesure du tiers- monde, s'est accru sans interruption depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à 1974, tandis que le plein emploi était presque atteint et maintenu dans plusieurs grands pays développés. (...) Si la stimulation provoquée par le nouveau conflit des temps modernes a pour conséquence une permanente mobilisation qui n'est pas acceptée partout et par tous, sa suppression signerait l'entrée en léthargie des nations qui voudraient se retirer d'un combat jugé trop éprouvant pour elles. Chaque nation doit donc encourager ses entreprises à porter haut ses couleurs en les mettant en état d'innover, d'exporter sans cesse davantage, de s'implanter à l'étranger, d'utiliser la matière grise des laboratoires partout où elle existe, bref, de vivre dans un contexte devenu irréversiblement mondial et global ». À lire en complément : la dernière intervention de l'auteur dans le dernier numéro de Communication & Influence, lettre d'information consacrée aux stratégies d'influence...
 
◉◉ HMS VICTORY : embouteillage horloger autour du HMS Victory, le légendaire trois-mâts qui servait de vaisseau de commandement à l'amiral Nelson pendant la bataille de Trafalgar (104 canons) et qui est si cher aux Anglais qu'ils en ont fait un navire-musée, ancré à Portsmouth, au pied de l'Observatoire royal de Greenwich. La marque Swiss Made Arnold & Son lui rend hommage avec un cadran sculpté en bas-relief à l'effigie du HMS Victory (ci-contre), mais le territoire était déjà occupé par la jeune marque indépendante anglais Bremont, qui en a fait le pivot de sa stratégie patrimoniale en intégrant dans la montre des éclats de cuivre et des copeaux de bois provenant de la relique sacrée pour les marins de Sa Majesté britaanique (« Cette montre risque de ne pas trop se vendre en Espagne et en France » : Business Montres du 9 octobre 2012).
 
◉◉ CHINE : confirmation d'un ami horloger qui rentrait de Beijing, où il était parti céder à quelques collectionneurs chinois des pièces de haute horlogerie. Le climat de défiance vis-à-vis de la consommation de luxe atteint de sommets – qui n'étonneront cependant pas les lecteurs de Business Montres (relire notre article « Les milliardaires ne veulent plus mettre les pieds dans les boutiques de luxe », 23 juillet dernier). La chasse photographique aux riches est ouverte, dans le cadre d'un intense billionnaire bashing qui ne laisse aucun répit aux nouveaux fortunés. Il faut ruser pour entrer dans les restaurants de luxe, où il ne fait de toute façon plus très bon d'être vu. Il ne faut plus porter de montre de grand prix en public sous peine d'apparaître en ligne. La nouvelle austérité prolétarienne n'est pas assortie aux logos du luxe européen. Ce qui, paradoxalement, libère des espaces pour les marques de niche moins connues, moins distribuées et moins marketées – encore mal repérées par les délateurs qui sévissent aujourd'hui sur les réseaux sociaux...
 
◉◉ CASIO : la nouvelle G-Shock Rangemain (réf. GW-9400) crée déjà le buzz par sa résistance ultime. C'est l'instrument de survie des aventuriers, avec un jeu de capteurs qui affichent aussi bien le cap que la pression atmosphérique, l'altitude, la température ou l'évolution météo. Les militaires, qui disposeront d'une version vert armée, vont adorer. Toujours radio-pilotée (6 bandes) et dotée d'une alimentation solaire, la Rangeman est étanche à tout et ses fibres de carbone résistent à tout – même à la crise économique, puisqu'elle ne sera facturé qu'aux alentours de 300-350 euros.
 
 
◉◉ iWATCH : puisqu'on parle de ces montres connectées, pas de panique ! Les montres-téléphone ont au moins un demi-siècle, comme en témoigne la vidéo ci-dessous, retrouvée dans nos archives (Business Montres Vision)...
 
 
◉◉ TAG HEUER : c'est bizarre, mais depuis que nous avons dévoilé la montre intelligente et connectée portée par les équipiers d'Oracle Team USA pendant les régates de l'America's Cup (révélation Business Montres du 12 septembre),  l'image de cette montre – à laquelle personne n'avait jamais prêté attention [et pour cause, puisque l'équipage ne la porte qu'à bord, en opération] – a fait son apparition sur les blogs américains et européens...
 
◉◉ QUE LES VENDEURS DE MONTRES SE CONSOLENT : il y a une vie après le business des montres, même si on est le meilleur des vendeurs. Pour vous en convaincre (et pour passer un bon moment), ne manquez pas le film Les stagiaires, en salle au début de l'été : « Billy McMahon (Vince Vaughn) et Nick Campbell (Owen Wilson) cherchent un emploi après avoir été licenciés de leurs postes de vendeurs de montres (ci-dessous), car leur employeur a fait faillite. Billy postule ensuite pour un stage chez Google et ils sont acceptés en raison de leur réponses peu orthodoxes, malgré leur manque d'expérience. Ils sont les seuls stagiaires d'un âge avancé. Ils vont passer l'été en compétition en équipe contre d'autres stagiaires et remplir une multitude de tâches, et seuls les membres de l'équipe gagnante pourront être employés chez Google. Billy et Nick constituent une équipe avec d'autres stagiaires considérés comme des rebuts » (bande-annonce en français pour vous faire une idée : attention, ce n'est pas du Ingmar Bergman)...
 
 
◉◉ RICHEMONT : qu'est-ce qui est plus ridicule qu'un analyste qui recommande un titre à l'achat sans connaître le secteur concerné ? Sans doute un analyste qui mange son chapeau, à quelques semaines de distance, en abandonnant son conseil à l'achat qu'il venait de donner. Après la publication des résultats – assez médiocre, mais en phase avec l'activité du marché – du groupe Richemont pour les cinq premiers mois de l'année, le bureau d'études parisien Aurel BGC ne le recommande plus à l'achat. 9 % de croissance sur cinq mois, ce n'est pas si mal, non ? Il fut (ou il sera) un temps où tout le monde aurait crié au miracle, mais la « dérive des incontinents » (Business Montres du 2 septembre) pousse les maniaques du quantitatif à exiger toujours plus de résultats à deux chiffres. Du coup, d'autres analystes boursiers ont suivi Aurel BGC et le titre a perdu 3,6 % à la bourse de Zürich. Fin mars, la même équipe d'Aurel BCG confirmait pourtant sa recommandation à l'achat : cherchez l'erreur. Entretemps, les comportements du marché et les fondamentaux de l'activité de Richemont n'ont pas changé. Tous les éléments qui expliquent le pessimisme des résultats de Richemont étaient déjà connus, expliqués et compréhensibles au printemps : c'est simplement Aurel BGC qui ne savait pas les lire et qui ne comprenait pas ce qui se passait, en se cantonnant dans une vision purement comptable des mécanismes du marché et de l'environnement horloger. Quand on regarde par la fenêtre, ce qui est intéressant n'est pas la vitre, mais ce qui se passe derrière... 
 
◉◉ ROLEX (1) : la mode des Rolex charbonnées ne se dément pas. Elle aurait même tendance à évoluer positivement, avec un peu moins de noir et avec des combinaison de couleurs et des propositions formelles de plus en plus séduisantes. Témoin, la dernière Heritage Submariner HS01 de l'atelier Project X Designs,  sur la base du dernier modèle (lunette céramique). L'esprit « Heritage » –apparemment pratiqué avec succès par Tudor, mais pas encore par la « grande soeur » verte – consiste à effacer les protège-couronnes pour loger une de ces grandes couronnes de 8 mm (la Big Crown des initiés) qui rappellent le bon vieux temps de l'agent 007 (réf. 6538), tout en retaillant les cornes [sublime biseau] et en replaçant le triangle de SuperLumiNova à 12 h par l'ancien triangle rouge. Au cas où cette déclinaison néo-vintage ne serait pas bien comprise, on retravaille le SuperLuminova du cadran dans une de ces teintes ivoirées qu'on ne trouve que sur les pièces qui ont quelques décennies au compteur. Il n'en faut pas plus pour piquer la nostalgie des amateurs, qui auront ainsi une montre neuve, mais « à l'ancienne », pré-patinée et vendue pas loin de trois fois le prix d'une Submariner sans date réf. 114060 (remerciements : Monochrome et Rolex Passion Reboot)...
 
◉◉ ROLEX (2) : à propos de cette mise en scène – légèrement parodique – de l'héritage Rolex, une marque soumise à une telle demande des collectionneurs ne devrait-elle pas, d'une part, écouter son marché, et, d'autre part, se demander si ce n'est pas à elle d'organiser ce marché des « hommages » et des rééditions dans le goût d'autrefois. Les 60 pièces ainsi personnalisées – c'est plus chic de dire « préparées », au sens automobile du terme – par Project X Designs [dont c'est devenu la spécialité, souvent avec talent] seront vite écoulées. Pour les amateurs SDF (« sans difficultés financières »), c'est encore le meilleur moyen d'avoir la nouvelle Submariner sans porter la même montre que tout le monde : le temps du mass market est derrière nous, même les marques de volume devraient s'en apercevoir. Quand on voit le nombre de personnalités qui portent aujourd'hui ces Rolex préparées, on se dit que les « icônes » de demain aiment toujours la maison Rolex, mais un peu moins la marque : une réflexion à mener alors que cette marque conjugue aujourd'hui au passé ses icônes préférées. Ces pièces révèlent aussi qu'il y a une certaine élasticité sur les prix dès qu'on sort des sentiers battus : la marge ne s'effectue plus, à présent, sur la quantité industrielle, mais sur la qualité artisanale. Il serait étonnant que personne ne s'en soit aperçu chez Rolex, où le mot « série limitée » reste d'une grossièreté sans nom. Enfin, pour l'anecdote, on aura reconnu derrière la réussite de ce design la « patte » de vrais connaisseurs : normal, puisque c'est à Philipp Stahl et à Daniel Bourn – deux experts irréprochables – qu'on doit cet hommage à la tradition Rolex. Comme nous l'avons souvent écrit ici, les marques ne s'appartiennent plus, elles appartiennent à leurs publics. Les amoureux d'une marque en savent décidément plus long que les chefs produits...
 
◉◉ ROLEX (3) : certains de plus beaux bijoux de la couronne sont sur la nouvelle playlist « Rolex », où Business Montres Vision a compilé une petite cinquantaine de vidéos – souvent non officielles et non autorisées – consacrées à Rolex. Une playlist régulièrement enrichie de nouveaux clips. Une heure et demie d'images en liberté, à déguster sans modération...
 
◉◉ NIXON : amusant concept sémantique pour éviter de parler de « plaqué or », ce qui est toujours dévalorisant. Nixon a rebaptisé sa montre The Unit (ci-dessous) en « SS in All Gold » (acier tout or), ce qui est une amusante coquecigrue sémantique ! Mais c'est encore plus amusant quand on découvre qu'il s'agit d'un boîtier visiblement inspiré des lignes G-Shock, avec un affichage digital qui propose différentes fonctions (heures, minutes, secondes, double fuseau horaire, compte à rebours, chronographe et réveil, le tout rétroéclairé. Tout ceci plaisant énormément aux jeunes générations...
 
 
◉◉ SWATCH : annoncées pour octobre, les premières collections équipées du super-mouvement mécanique Sistem51 (vidéo de découverte ci-dessous) ne devraient pas arriver sur les marchés avant la fin de l'année. À temps pour Noël ?
 
 
◉◉ WATCHES & WONDERS : après l'annonce totalement fantaisiste des marques qui exposent au salon Watches & Wonders de Hong Kong et suite à notre alerte (Business Montres sur Facebook du 10 septembre), Jing Daily a tout corrigé et présenté ses excuses. Le quotidien en ligne du luxe chinois avait confondu la liste des marques exposantes et celle des membres de la FHH...
 
◉◉ HEURES DU MONDE : comment nommer, en français, les habitants des différents fuseaux horaires dont nos montres donnent l'heure ? Une note officielle de la Commission de terminologie du ministère français des Affaires étrangères fixe les idées de la forme et de l'orthographe officielles. Les habitants de Jérusalem sont les Hiérosolymitains, ceux du Qatar des Qatariens, ceux de Doubaï des Doubaïens (variante : Doubaïotes), ceux du Kazakhstan des Kazakhstanais même si ceux du Kirgizstan sont des Kirghizes et ceux de Kuala Lumpur les Kaélois, mais les habitants du Vatican (Saint-Siège) n'ont apparemment pas de nom !
 
◉◉ KAZAHSTAN : tiens, à propos de Kazahstan, c'est le nouvel Eldorado centro-asiatique des marques de luxe, puisque les élites nouvellement fortunées des autres ex-républiques soviétiques d'Asie viennent à Almaty faire leur marché, avec beaucoup d'argent à dépenser. Business of Fashion donne quelques chiffres sur cette prospérité inattendue, qui voit éclore les boutiques de marque, notamment dans le secteur des montres (Hermès, Cartier, Van Cleef & Arpels, De Grisogono ou Piaget)...
 
◉◉ PINK PANTHERS : sauf si on est un professionnel de la joaillerie [profession sévèrement éprouvée ces derniers], vous allez apprécier le documentaire  annoncé sur le gang des Pink Panthers, qui en serait à près de 300 millions de dollars de butin – et sans doute plus (bande-annonce sur Business Montres Vision). Un document coup-de-poing, qu'on espère pas trop complaisant dans sa version finale, sur une association de malfaiteurs qui va marquer notre époque...
 
 
◉◉ MUSIQUE : intéressant concept, malheureusement jamais passé en production, d'une horloge de table qui serait aussi une boîte à musique. La maison Reuge – celle qui a produit la Music Machine de MB&F, dont l'inspiration est proche – a finalement repoussé ce projet du designer genevois Arny Kapshitzer, qui avait dessiné cette horloge Supersonic en 2011 (ci-dessous). C'est à ce même Arny Kapshitzer qu'on doit le projet de super-montre connectée Hyetis Cossbow, qui cumulera un mouvement mécanique, des capteurs biométriques, un appareil photo de 41 megapixels, des fonctions téléphoniques et bien d'autres nouvelles dispositions nomades, notamment un cloud très astucieux (Business Montres du 16 août dernier). Montre Swiss Made, actuellement en cours de production et toujours en souscription (Hyetis).
 
 
 
 
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DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...
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