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VENDREDI (accès libre) : Le Sniper, qui est aussi poète, a relu Baudelaire (et Hugo) en repensant à Dominique Loiseau

Ses ailes de géant l'empêchaient de marcher, du moins de tremper dans les combines des marchands du temple horloger. Quasiment pas reconnu de son vivant en dépit de son génie créatif, Dominique Loiseau le sera-t-il un jour par la postérité ? Reparlons aussi des « chênes qu'on abat » (Victor Hugo)...  ▶▶▶ cette semaine,LE SNIPER A...  ▶▶▶ PRÉPARÉ


Ses ailes de géant l'empêchaient de marcher, du moins de tremper dans les combines des marchands du temple horloger. Quasiment pas reconnu de son vivant en dépit de son génie créatif, Dominique Loiseau le sera-t-il un jour par la postérité ? Reparlons aussi des « chênes qu'on abat » (Victor Hugo)...

 
 cette semaine,
LE SNIPER A...
 
 
 PRÉPARÉ
une semaine de (très) haute horlogerie à Hong Kong...
◉◉ Alors que le marché chinois donne des signes d'essoufflement qu'on ne peut plus considérer comme provisoires, mais comme chroniques [voir les dernières statistiques, qui situent le recul asiatique à 5,8 % en général pour les huit premiers mois de l'année, mais à 16,2 % pour la Chine – désormais en repli de 6,7 % par rapport à 2011 – ou 8,9 % pour Hong Kong], la semaine qui s'ouvre après ce week-end sera décisive. Deux salons horlogers s'y tiennent l'un face à l'autre : les marques du SIHH se retrouvent, à deux exceptions près, à Watches & Wonders, au Centre des congrès de Hong Kong, alors que Franck Muller (plus une ou deux marques du groupe) organisent un WPHH (World Presentation of Haute Horlogerie) juste en face, mais au 75e étage du Central Plaza (image ci-dessous : la tour du Central Plaza et, juste dessous, le Hong Kong Cenvention & Exhibition Center). S'il est certain que les deux manifestations verront leurs invités, qui sont souvent les mêmes (détaillants et leurs meilleurs clients, journalistes, collectionneurs), passer chez l'un, puis chez l'autre, et vice-versa, les deux salons n'en sont pas moins substantiellement différents. Ils permettront de tester la réactivité du marché grand-chinois (sans le Japon et l'Inde), alors que les signaux faibles se font toujours plus inquiétants (ralentissement économique, chasse aux riches de la campagne anti-corruption, assèchement de la manne touristique du fait de la nouvelle loi sur le tourisme, etc.)...
◉◉ Le SIHH, qui propose là son première déclinaison en Asie, a choisi une option culturelle, sans la pression commerciale de Genève, avec beaucoup d'ateliers pour présenter les métiers d'art et le savoir-faire artisanal de chaque maison du groupe Richemont (plus Richard Mille), une version largement enrichie et développée de l'exposition « The Mastery of Time » proposée par la FHH et des sessions d'initiation à l'horlogerie pour les amateurs : un ou deux milliers d'invités sont attendus, dont plusieurs centaines de journalistes. Événement privé orienté vers le prestige et la communication, ce sera un excellent baromètres de l'appétit horloger des uns et des autres...
◉◉ Côté WPHH, à une altitude qui donne l'impression de planer au-dessus de Central, à portée de flèche de Watches & Wonders, c'est une autre ambiance, beaucoup plus commerciale qui attend les invités et les journalistes qui auront le courage de défier l'interdiction de s'égarer ailleurs formulée par les responsables de marché qui dressent les listes d'invitation. Pour Franck Muller, qui prépare activement son entrée sur le marché chinois, c'est un gros coup à jouer. Pour le groupe Sincere et ses alliés (Hengdeli), qui seront chargés de cette contre-attaque dans les villes chinoises, le défi n'est pas moins stratégique : il s'agit de forcer la porte de la Chine par une opération coup-de-poing, notamment en direction des détaillants et des journalistes. L'offensive de Sincere a été longuement mûrie, mais l'inconnue reste le moral du réseau et le capital réel de sympathie auprès des médias locaux, encore plus rapaces et « intéressés » [à défaut d'être intéressants] que les médias européens. Le carnet d'adresses de Mme Chu, notre « dame de platine », a fait des merveilles pour peupler le 75e étage du Central Plaza de célébrités locales venues du business autant que du show-business...
 
 
 
 
 TESTÉ
sur une montre un des plus beaux cuirs du monde...
◉◉ Un gourmet qui a goûté au « boeuf de Matsuzuka », une petite préfecture japonaise au sud de Tokyo, à une petite centaine de kilomètres à l'est de Kyoto, ne l'oubliera jamais : c'est au moins l'équivalent du fameux boeuf de Kobé [seules les femelles à robe noire sont élevées à Matsuzuka], avec un persillage naturel de la viande accentué par la qualité de la nourriture (fourrage sélectionné, blé complet, pulpe blanche de soja, bière) et par le confort de vie du bétail (massages, musique planante, box individuel, brossage quotidien). D'un blanc rassurant, la graisse naturelle rend cette chair presque rose, mais elle donne aussi à ces vaches une peau à la texture très particulière. Ce sont les génisses de Matsuzuka qui donnent le meilleur cuir, d'un grain très fin, parfaitement homogène, aussi doux à l'oeil qu'au toucher. Passer à son poignet un bracelet en cuir de Matsuzuka est tout aussi inoubliable que l'expérience gustative avec la viande du même : c'est le même soyeux velouté et la même sensation d'extrême raffinement. Au Japon, ce cuir de « génisse », presque onctueux sous le doigt et fondant comme une fine tranche de Matsuzaka, est commercialisé par la maison Bambi [drôle de nom pour un sellier], manufacture de petite maroquinerie depuis huit décennies, qui fournit les marques japonaises aussi bien que quelques marques suisses. Ces cuirs sont commercialisés dans la collection Satoli (contact commercial avec Hiro Satake, bien connu dans le milieu horloger genevois : hiro-satake/at/nifty.com ou The house of details). Bonne nouvelle pour les amateurs : Bambi pratique également les bracelets de montres sur-mesures, en confirmant par sa minutie apportée au moindre détail (finition des surfaces, piqûres sellier en fils de soie, doublure, bouche gravée, etc.) son positionnement de luxe.
 
 
◉◉ Tout aussi intéressant, toujours chez Bambi, un traitement exclusif appliqué aux cuirs d'alligator (bracelets de montres, ceintures, petite maroquinerie) pour les rendre imperméables sans les dénaturer. Soigneusement sélectionnées, les peaux sont imbibées à coeur, dans des cuves spéciales, avec un liquide hydrofuge de type Scotchgard réalisé par 3M (procédé exclusif pour Bambi). On peut ensuite prendre sa douche sans le moindre souci, ni la moindre altération du cuir, qui résiste très bien à la transpiration – même celle d'un Asiatique, naturellement plus acide du fait de sa nourriture. Ce cuir Premium est décliné dans différentes couleurs, qui permettent d'assortir le bracelet à ses vêtements.
 
 
 
 
 SOURI
de la démarche franco-patriotique d'une montre allemande...
◉◉ Bleu, blanc et rouge : ça fait vibrer tous les Français ! Basique, mais efficace, la marque allemande MeisterSinger (spécialiste des montres mono-aiguilles) a donc décidé de dédier au marché français une série limitée (50 pièces) tricolore : comme le 14 juillet est passé, on la ressortira pour le 11 novembre, avec son cadran aux trois couleurs et même sa date alternativement rouge et bleu et le surpiqûres rouges de son bracelet qui compensent l'aiguille bleue. Remarque au passage : au porter, ces montres sont infiniement plus lisibles qu'on ne l'image en les découvrant et elles permettent même de naviguer dans le temps, au quotidien avec une précision comparable à celles de montres à deux ou trois aiguilles...
 
 
 
 
 COMPRIS
que le rapport au temps des humains n'était pas optimisé...
◉◉ Prenons une mouche : pourquoi semble-t-elle anticiper la main qui voulait l'écraser ? C'est tout simplement parce qu'elle ne vit pas tout-à-fait dans le même espace-temps que le nôtre : son horloge interne n'est pas calé sur les mêmes fréquences que celles des hommes et elle est plus rapide. Elle découpe le temps en séquences instantanées beaucoup plus fines que celles que nous percevons et la mouche peut ainsi à la main, ainsi qu'à d'autres prédateurs. En revanche, on connaît des insectes (notamment les coléoptères tigres) qui se déplacent plus vite que leur cerveau ne peut l'enregistrer : ils doivent s'arrêter pour permettre au cerveau de recaler avec cohérence les séquences de son espace-temps, bousculées par la course du coléoptère. Pourquoi en serait-il autrement pour les humains ? On dit que certains champions de tennis ont la capacité de voir plus précisément que le commun des mortels une balle se déplacer sur un court. Tout ceci pour découvrir que notre perception du temps est purement contingente à notre espèce, de même que chaque espèce animale possède la sienne, avec un nombre variable – plus ou moins élevé – de séquences de temps plus ou moins rapide. Quelques chercheurs viennent de publier quelques passionnantes conclusions scientifiques à ce sujet dans la revue Animal Behaviour. Ce n'est pas une question de talent inné ou de don particulier : c'est seulement un facteur d'adaptation transmis par l'évolution. En fait, nous avions déjà de ce rapport au temps inégal et asymétrique une vision intuitive : le temps d'un Parisien (qui a une montre, mais pas le temps) n'est pas celui d'un Malien (qui n'a pas de montre, mais qui a le temps), tout comme le temps d'un enfant n'est pas celui d'un adulte, celui d'un homme différant de celui d'une femme et le temps de nos montres n'étant ni celui des atomes, ni celui des étoiles. Einstein avait déjà pointé du doigt le paradoxe de la minute écoulée, qu'on ressent différemment la main sur un poêle brûlant et à cause d'une jolie blonde. Maintenant, on sait que les animaux eux aussi vivent ailleurs dans le temps (explications dans la vidéo ci-dessous)...
 
 
 
 
 SALUÉ
une dernière fois la mémoire de Dominique Loiseau...
◉◉ Oui, ce maître horloger disparu cette semaine (hommage Business Montres du 18 septembre) après une vie entièrement vouée à la restauration, à la création et à la réalisation des plus belles montres, était un des piliers de notre « système des objets du temps ». Ceci même s'il n'a pas bénéficié, de son vivant, de la reconnaissance des marchands du temple, et donc du respect des non-initiés aux subtilités de la culture horlogère. Oui, Dominique Loiseau était un de ces « trésors vivants » de la montre suisse qui sont, aujourd'hui, ces « chênes qu'on abat » dont parlait Victor Hugo... Oui, Dominique Loiseau a conçu quelques-unes des pièces les plus remarquables de la renaissance des montres mécaniques suisses, depuis la fin des années 1980 : tant sa récente iF4 (sous sa propre marque) que la 1735 de Blancpain ou la Rose des Temps (Omega) ont des pierres milliaires de la grande légende de l'horlogerie contemporaine. Oui, pour nous, c'est finalement sa mystérieuse « Albatros bissextile » qui symbolise le mieux sa destinée dans la saga des montres suisses. D'une part, pour des raisons mécaniques : quatre ans de réserve de marche, même pour une montre de poche, c'est une performance inégalée. D'autre part, pour des raisons romanesques : cette montre a disparu, corps et biens, dans la nuit d'une collection américaine inconnue et il n'en reste semble-t-il ni notice technique, ni photographie, ni même étude préalable dans de quelconques archives [en vrai virtuose des brucelles, Dominique Loiseau travaillait à l'instinct, sans planche à dessin, à l'oeil et au doigt, directement à l'archet et à la lime, même s'il maniait parfaitement l'ordinateur]. Cette montre « Albatros bissextile » est donc un vrai mythe, mais son nom s'impose comme un fantastique clin d'oeil de Baudelaire à Dominique Loiseau, pré-soixante-huitard de Nanterre devenu « loupe-à-l'oeil », albatros un peu gauche parmi nous (« exilé au sol au milieu des huées »), mais « roi de l'azur » devant un établi. C'est pourquoi, en guise d'ultime in memoriam, nous lui dédierons ces quatrains des Fleurs du Mal :
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer,
Exilé sur le sol au milieu des huées
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
 
 
 
 NOTÉ
quelques informations à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
 
◉◉ CHAISES MUSICALES : révélé hier sur le fil Facebook de Business Montres, le « retour en Suisse du beau Fred pour y prendre son pied » est désormais officiel. Frédéric de Narp (ex-Harry Winston, où il avait été congédié par Nayla Hayek lors de la reprise de la manufacture) débarquera effectivement en Suisse début novembre, comme CEO du chausseur Bally, maison suisse passé sous le contrôle du fonds d'investissement Labelux. Un changement de format pour l'ex-CEO d'Harry Winston, qui gèrera désormais près d'un milliard de francs suisses de chiffre d'affaires [encore que la marque soit loin d'avoir trouvé un second souffle], mais l'installation du siège social à Caslano, dans le Tessin, sur les rives du lac de Lugano, n'a rien d'un enfer. Anecdote amusante au passage : en difficulté sur le marché français, Bally avait revendu sa grande boutique du coeur de Paris, boulevard des Capucines (en face de Bucherer) à... Omega (Swatch Group). Comme on se retrouve...
 
◉◉ HOMMAGE : la frontière est ténue autant que poreuse entre la montre-hommage et la copie servile, pour ne rien dire de la montre inspirée par des icônes et la montre à la manière de. Dans le cas de cette Infantry proposée par l'équipe sino-germanique de Stuhrling, on peut considérer que la frontière est dépassée par rapport aux collections des BR « instrumentales » de Bell & Ross : rien n'y manque, ni la forme, ni le fond, ni le format, ni le style, pas même la petite grille et la citation militaire « Infantry » sur le cadran. Il paraît que c'est un hommage à l'icône Bell & Ross, notion qui ira droit au droit de Bruno Belamich et de Carlos Rosillo, sans toutefois les pousser à l'indulgence. Pourquoi se fatiguer à imaginer de nouveaux dessins quand il suffit de photocopier les offres qui fonctionnent le mieux sur le marché ? « Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît », disait Michel Audiard (Les Tontons flingueurs)...
 
◉◉ GLOBE SHOPPING (1) : annoncée et esquissée dans Business Montres dès le 25 juin dernier [première apparition sur les écrans de l'horlogerie, du luxe et des médias au moins européens], la nouvelle loi-cadre chinoise sur le tourisme a été détaillée et analysée dans Business Montres le 25 août, ces commentaires se trouvant régulièrement enrichis (dernier ajout : l'explosion du prix des voyages hors de Chine, Business Montres du 18 septembre). C'est donc avec un grand sens de l'actualité et une acuité éditoriale percutante que Le Temps, titre, aujourd'hui  20 septembre : « Une loi touristique décidée par Pékin affectera l’horlogerie suisse ». Business Montres est néanmoins cité dans l'article, qui reprend d'ailleurs les mêmes références des quotidiens chinois concernant l'explosion des tarifs aériens. Visiblement, il n'y avait pas le feu au lac pour annoncer la fin de « l’âge d’or du travel retail » (expression retenue par Business Montres). Avec, à la clé, quelques vigoureux exercices de langue de bois que nous avions épargné à nos lecteurs, comme la réaction du Swatch Group : « Tout ce qui contribue en fin de compte à la protection du touriste, voire du consommateur, et à une meilleure expérience d’achat est positif à long terme »...
 
◉◉ GLOBE SHOPPING (2) : comme dans le dossier très chaud des smartwatches, l'industrie horlogère s'avance impavide à la bataille. « Pas de crainte pour nos ventes », relativise Jean-Claude Biver, cas particulier qui réalise moins de 2 % de ses ventes en Chine et  un peu moins avec des touristes chinois à l'étranger. En revanche, ce que personne ne semble percevoir hormis les lecteurs de Business Montres qui ont pu anticiper grâce à nos multiples informations à ce sujet, c'est le changement de paradigme statutaire des montres suisses en Chine : les touristes chinois ne procédaient pas à de tels achats massifs pour leur usage personnel, mais pour leurs proches [qui passaient commande de références précises] et pour alimenter le marché des « montres de corruption », qui avaient fini par demander une sorte de « monnaie parallèle » dans l'administration chinoise. Un Chinois restant un Chinois, le léger bénéfice réalisé sur les achats de ces montres permettait aussi de refinancer une partie de son voyage ! Une page a été tournée et les montres de luxe sont à présent plus menaçantes que valorisantes pour les élites chinoises. On peut déduire de cette nouvelle loi-cadre qu'il y aura désormais beaucoup moins de groupes de touristes chinois [même si le nombre des voyageurs individuels risque de s'accroître] et ils achèteront désormais beaucoup moins de montres [cette fois à un usage personnel, et non plus pour l'ensemble de leur tribu], qui ne seront plus forcément des marques qui avaient jusqu'ici le vent en poupe...
 
◉◉ GLOBE SHOPPING (3) : l'autre danger, encore virtuel, mais guère mieux perçu en Suisse, est l'inévitable resserrement des dispositions douanières concernant les montres rapportées de l'étranger par les globe shoppers chinois Aujourd'hui, aucun touriste n'est inquiété, ni taxé quand il revient en Chine avec beaucoup de montres dans ses bagages. Dans la logique de recentrage économique sur le marché intérieur entamé par le nouveau Politburo, alors que se multiplient les zones de shopping hors taxes dans les nouvelles destinations touristiques à l'intérieur du territoire chinois (comme dans l'« île des milliardaires » de Hainan : Business Montres du 15 mars dernier) et compte tenu du lourd climat anti-corruption, on peut parier que, très vite, les tracasseries administratives vont se multiplier aux frontières pour dissuader les touristes de rapporter plusieurs montres de leur périple occidentaux et pour promouvoir les achats hors taxes de ces montres dans les zones franches contrôlées par les réseaux commerciaux liés au nouveau pouvoir communiste chinois. Puisque l'achat de montres et de produits de luxe (pour faire des cadeaux ou pour revendre) semblait être devenu la principale motivation des globe shoppers, au détriment de visites plus culturelles, autant acheter ces montres et ces produits de luxe en Chine même, sensiblement au même prix, dans un de ces néo-Disneyland chinois où, au moins, on parle chinois et où on mange chinois ! De quoi refroidir un peu plus le marché du globe shopping euro-américain et, par effet de transfert, relancer les exportations horlogères en Chine intérieure – mais ce ne sera plus avec les mêmes marques, ni au même prix, ni d'ailleurs pour les mêmes clients...
 
◉◉ CHINE : puisqu'on parle de la Chine, quelques articles piochés ici ou là qui en disent long sur le nouveau climat de défiance vis-à-vis du luxe. « Le rejet du bling-bling par les consommateurs chinois » : le Financial Times nous raconte comment la nouvelle classe moyenne – celles des villes du troisième ou du quatrième rayon, dont on nous affirmait qu'elles étaient le nouvel eldorado des montres suisses – n'ont ni des envies, ni mêmes de goûts de luxe. Les dépenses somptuaires et statutaires ne les font pas rêver ! Le Quotidien du Peuple, de son côté, nous raconte comment la campagne anti-corruption a stérilisé le marché des cadeaux, même pour les Fêtes de la Mi-Automne et même – c'est on ne peut plus symbolique – pour les achats des meilleurs thés verts...
 
◉◉ CITY CLOCK : une sculpture du temps originale dans la grisaille du Luxembourg. La créatrice locale Trixi Weis a imaginé un panneau de lumière qui donne l'heure. Sa City Clock affiche les heures par un chiffre romain noir, qui se déplace de panneau coloré en panneau coloré (chaque couleur représente cinq minutes). On compte donc douze couleurs, de bas en haut. À l'heure juste, tout devient noir et seul le chiffre de l'heure clignote en blanc. Il s'agit donc d'une sorte de thermomètre chromatique du temps qui passe. L'idée est superbe : dommage que cette oeuvre ait été apposée sun un béton aussi triste dans un quartier aussi désolé...
 
 
◉◉ CAPTEUR D'ACTIVITÉS : comme nos lecteurs l'ont appris et compris, la grande bataille pour le poignet – celle de la carpo-connexion (connexion au poignet) – ne fait que commencer. Comme il s'agit prioritairement d'un combat topographique, personne n'en veut aux montres traditionnelles, mais elle occupe un emplacement physiquement stratégique, où elles se trouvent en concurrence non seulement avec les smartwatches, mais également avec tous les objets nomades connectés qui seront demain nos prothèses numériques. Business Montres a déjà parlé du succès – sociétalement signifiant – des bracelets Jawbone, qui sont d'ailleurs en train de lever 100 millions de dollars pour financer leur développement. Voici que débarque sur le marché un nouveau concept de Polar, la marque de référence sur le marché des cardiofréquencemètres et des montres d'entraînement : le bracelet Loop, défini comme un « capteur d'activités » [retenez bien le concept, il est stratégique], a été enrichi de multiples fonctions en plus de l'analyse des rythmes cardiaques, notamment la consommation calorique, le tout connectable par une prise USB pour établir des plans de smart coaching – encore un concept décisif à retenir. On l'aura compris : il va y avoir du monde pour se bousculer au poignet, et si peu de place disponible ! Une évidence : il va être très difficile de convaincre les hommes d'attacher un second bracelet à leur poignet libre [en plus, quel cauchemar, pour les droitiers comme pour les gauchers, de porter sa montre, ou même un capteur d'activités à la main qui n'est pas naturelle !] et il va être encore plus difficile de convaincre les femmes de renoncer à quelques bijoux pour s'équiper d'une prothèse connectée. On en déduira qu'il faudra choisir entre l'objet le plus utile ou le plus fonctionnel et tous les autres, qui n'auront plus qu'un droit de présence intermittent au bon poignet : les montres qui ne font que donner l'heure ont du souci à se faire...
 
 
◉◉ EOTS : on nous a déjà souvent fait le coup de la montre sans montre, de la montre sans cadran ou de la montre qui ne donne pas l'heure. Au premier regard, la montre EOTS du studio de design allemand Yesign n'est qu'une nouvelle offre [84 euros, façon de parler !] sur le marché des non-montres qui amusent les non-amateurs et les non-stressés du temps qui passe : n'est-ce pas le meilleur moyen de s'affranchir des soucis de SAV et de précision, tout en se taillant un amusant costume de non-conformiste. Sauf que, au second regard, on repère les points lumineux qui courent autour du « cadran-lunette » : mais oui, il s(agit bien des heures et des minutes, affichées selon le code horaire traditionnel, sur une élégante disposition de montre-coussin. Vous n'aurez tout de même pas de SAV pour ce concept EOTS. Au fait, ça veut dire quoi EOTS : si ce n'est pas une allusion à l'univers World of Warcraft (Eye of the Storm), c'est peut-être Electro Optical Targeting System, mais on peut se demander si ce n'est pas Enemy of Time Solution...
 
 
◉◉ LOUIS PION : pourquoi ne pas se faire plaisir quand on peut, en plus, éviter de se ruiner ? Louis Pion, une des marques françaises les plus amusantes de l'entrée de gamme, a toujours choisi de mettre à la disposition du plus grand nombre et à des prix accessibles, l'esprit des grandes montres suisses. Les collections ont toujours été « inspirées » par l'air du temps horloger et par ces mille petits détails qui font la mode horlogère. L'heure étant au né-classique à l'éternel retour des montres mécaniques dans le style traditionnel, Louis Pion s'est livré à un exercice d'inspiration des plus amusants, avec une montre ronde squelette (admirez au passage les godrons, le dessin des cornes et la couronne boulée), des aiguilles bleuies, des chiffres romains en appliques sur cadran gris platine, des index facettés et un mouvement mécanique visible sous le cadran. Le tout traité à la façon de l'or rose, avec un bracelet à impression crocodile qui se la joue grand sellier avec des surpiqûres contrastées. La discrétion de la signature Louis Pion est là pour parfaire l'illusion : faites le test, en cachant la marque, et demandez autour de vous le prix de cette montre, facturée 249 euros chez Louis Pion. Tout le monde ajoutera au moins un zéro, les aficionados allant même jusqu'à deux zéros...
 
 
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