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VENDREDI (accès libre) : Le Sniper remonte vers les lignes de front

Fin de la séquence « évacuation sanitaire » et première permission de sortie pour le Sniper, qui a senti de très près le vent du boulet : la reprise s'annonce donc plus progressive que prévu, mais c'est reparti pour de nouvelles aventures sur des chemins horlogers qui ne seront sans doute pas semés de roses dans les semaines à venir...  ▶▶▶ cette semaine,LE SNIPER A... 


Fin de la séquence « évacuation sanitaire » et première permission de sortie pour le Sniper, qui a senti de très près le vent du boulet : la reprise s'annonce donc plus progressive que prévu, mais c'est reparti pour de nouvelles aventures sur des chemins horlogers qui ne seront sans doute pas semés de roses dans les semaines à venir...

 
 cette semaine,
LE SNIPER A...
 
 
 SOURI
du concept de « préférence familiale » adopté par le clan Gouten (Manufacture Royale)...
◉◉ Un Gouten, ça va. Quatre Gouten, attention les dégâts ? Gérard Gouten – infatigable animateur du marché horloger (à gauche ci-dessous) – et son fils Alexis (second en partant de la droite) s'associent avec David Gouten (ex-Harry Winston, ex-DeLaneau, second en partant de la gauche) et avec Marc Guten (ex-Vacheron Constantin, à droite) pour créer GTN Luxury Holding. Tous du même clan Gouten, dont les ramifications horlogères sont multiples. Tous passés par les plus grandes marques (notamment Cartier, Breguet, Piaget, Vacheron Constantin, DeLaneau, Perrelet, Harry Winston et quelques autres). Tous excellents connaisseurs des marchés autant que de l'amont industriel. Cette force de frappe familiale s'est réunie pour relancer la marque Manufacture Royale, recréée il y a quatre ans par Arnaud Faivre (TEC Ebauches) dans la tradition – un peu tirée par les cheveux [mais pas plus que le storytelling des grandes marques] – d'une manufacture d'horlogerie fondée par Voltaire à Ferney, près de la frontière suisse, à la fin du XVIIIe siècle. On se souvient de la montre « acoustique » Opera lancée par Manufacture Royale Saison 1, avec une spectaculaire coque dépliable et destinée à amplifier le son d'une répétition minutes conçue par la Fabrique du temps (Business Montres Vision). L'arrivée sur le marché des nouvelles collections de Manufacture Royale Saison 2 ne devrait plus tarder : la dream team du clan Gouten – avec David Gouten comme CEO – va pouvoir/devoir mettre le turbo...
 
 
 
 CONSTATÉ
la maturité accélérée des consommateurs de luxe chinois...
◉◉ C'est une étude officielle Ruder Finn-Ipsos qui nous le révèle : les clients chinois du luxe européens ont désormais des comportements d'achats de plus en plus comparables à ceux des clients du luxe européen. D'une part, ils semblent avoir perdu une partie de la voracité qui leur faisait consommer tout et n'importe quoi au cours de ces quatre dernières années – ce qui expliquerait en partie l'atonie de la croissance locale des ventes de luxe. D'autre part, ils ne se contentent plus d'un logo pour considérer qu'un produit est un article de luxe : ils veulent être rassurés par le « contenu » de ce produit, la qualité de son savoir-faire, son originalité et sa consistance. Bref, sa vraie valeur ajoutée et l'authenticité de ce que la marque propose, en y ajoutant une sensibilité marquée pour le service. Nous sommes donc en train de vivre la fin du tout-à-l'égo des marques enivrées par leur propre volonté de puissance et la fin du mythe des marques surplombantes capables de servir n'importe quelle soupe à des consommateurs réputés non experts et surtout préoccupés de références statutaires. Désormais, le besoin d'informations crédibles et vérifiées – celles qu'on ne donne pas dans les boutiques des marques, avec lesquelles le contrat de confiance est rompu – s'annonce immense, avec tout ce que cela implique de plateformes de référencement avant l'achat, de services après-vente et de facilité d'accès au produit. Ces tendances sont encore plus sensibles pour les jeunes consommateurs...
 
 
 REPÉRÉ
d'intéressantes avancées dans l'« affaire Patrizzi contre Antiquorum »...
◉◉ On ne va pas refaire le match pour raconter, une fois de plus, les batailles juridiques qui se déroulent, dans l'ombre, entre Genève et New York, à propos du limogeage d'Osvaldo Patrizzi de la maison d'enchères qu'il avait fondée (Antiquorum) et dont il s'est trouvé éjecté avec pertes et fracas, sous l'effet d'accusations gravissimes (détournements de fonds, vols de montres et on en passe). Les lecteurs de Business Montres, aux premières loges avant tout le monde dans les avancées de ce dossier, se reporteront aux différents épisodes de cette saga judiciaire. La dernière séquence vient de se jouer à New York (source : New York Law Journal et Justia US Law), où la Cour suprême vient d'ordonner à l'actuelle direction d'Antiquorum (Evan Zimmermann et son factotum, Michael Levine) de rendre à Osvaldo Patrizzi et son ancien co-actionnaire Habsburg Holdings une somme de 3,4 millions de dollars qui avait été consignée dans les remous du putsch anti-Patrizzi. L'appel contre cet arrêt de la Cour déposé par Antiquorum a été refusé. Autre avancée tout aussi décisive pour le clan Patrizzi : la Cour suprême lui a reconnu la propriété du stock d'Antiquorum tel qu'il figurait dans les comptes au moment de l'éviction d'Osvaldo, soit quelques dizaines de montres dont la valeur semble varier entre 26 et 30 millions de dollars. Montres dont la plupart ont été depuis... revendues par Antiquorum, mais pour lesquelles la maison d'enchères doit cependant rendre des comptes à Osvaldo Patrizzi. On trouve d'ailleurs certaines de ces pièces dans les ventes de novembre, comme, par exemple, le lot n° 527 du catalogue Auktionen Dr. Crott (image ci-dessous).
◉◉ Conclusions logiques de cette double décision de la Cour suprême de New York : c'est la reconnaissance implicite du bon droit d'Osvaldo Patrizzi, les juges n'ayant retenu aucune des accusations infâmantes – et souvent grotesques lancées contre lui par les nouveaux dirigeants d'Antiquorum. On peut donc considérer son honneur comme lavé. Le pendant genevois de l'affaire ne devrait plus tarder à prendre acte de cette avancée newyorkaise – ne serait-ce que parce que les juges de Genève n'ont pas voulu prendre en compte les accusations mises en avant par la direction d'Antiquorum [en s'empressant de ne rien faire, pour attendre sans rien décider et pour atteindre le délai de prescription, qui sera atteint dans les semaines qui viennent en balayant tout ce qui pourra subsister de ce dossier empoisonné]. Tant pis pour les journalistes qui avaient pris pour argent comptant et sans le moindre recul éditorial ces affirmations gravissimes et qui avaient accepté de se laisser berner par les remplaçants d'Osvaldo Patrizzi : ce n'était pas notre cas, évidemment, mais le souvenir de la conférence de presse accusatrice – dont on mesure à présent l'inanité et la volonté de diffamation léthale – restera dans les annales du néo-stalinisme médiatique [on préfère penser qu'il n'y avait pas, derrière le panurgisme de nos confrères, la moindre arrière-pensée publicitaire, mais le doute subsiste]. Conséquence possible : Osvaldo Patrizzi est désormais en droit d'exiger d'Antiquorum – dont on connaît l'impécuniosité chronique et les tensions de trésorerie – les sommes dont les juges new-yorkais lui reconnaissent la propriété. Sommes que les caisses de la maison d'enchères seront bien incapables de leur payer. Ce qui nous promet, hormis quelques rounds judiciaires supplémentaires, une issue assez tragique pour les putschistes, qui auront ainsi sabordé le leader mondial des enchères horlogères sans le moindre profit ni pour eux, ni pour le marché. Pas rassurant tout ça...
 
 
 
 SURSAUTÉ
en découvrant que la moitié des Chinois étaient prêts à acheter une smartwatch...
◉◉ Enquête officielle Baidu concernant la prochaine carpo-révolution (« révolution du poignet ») : 47 % des Chinois sont prêts à acheter une montre intelligente. Chiffre qui passe à 49,3 % pour les bracelets intelligents (capteurs d'activité). Ce qui fait un marché potentiel d'une ou deux centaines de millions de pièces à court terme ! Ceci alors même que les fabricants chinois de montres intelligentes (Geak Watch de Shanda, 360 Child Guard, T-Watch, in-Watch ou C-Watch de Qihoo) sont à peu près inconnus hors de Chine. Pas de quoi inquiéter les responsables de l'horlogerie suisse, qui persistent à ne pas croire au danger de ces montres intelligentes face aux montres traditionnelles... Les « signaux faibles » sur ce danger le sont pourtant de moins en moins. Exemple n° 1 : Samsung, qui a ouvert le feu sur ce marché avec une montre Galaxy Gear pas très réussie n'en affiche pas moins d'intéressantes ambitions horlogères, puisque le géant coréen de l'électronique a commencé à acheter des publicités dans la presse horlogère française [ceci sans parler de la campagne massive sur les radios françaises] ! Ce qui confirme d'ailleurs que l'offensive pour la conquête du poignet ne se jouera pas seulement sur les parts de marché économiques, mais beaucoup sur les parts de marché médiatiques, exprimées en temps d'antenne ou en espaces rédactionnels consacrés aux montres intelligentes plutôt qu'aux montres traditionnelles : attention au tsunami dès que Apple lancera sa iWatch ! Les marques suisses seront submergés avant même d'avoir compris...
◉◉ Exemple n° 2 : qu'elle est ratée, cette montre Samsung Galaxy Gear ! Impossible de le nier, mais les produits pionniers le sont souvent. À quoi ressemblait un réfrigérateur en 1929 ? C'était un signe extérieur de richesses et un parfait gadget pour ménagère modèle (publicité ci-dessous) : qui aurait misé sur ce garde-manger qui n'en était pas un [surtout avec ses pieds Louis XV] et qui prenait autant de place dans une cuisine ? Depuis, le produit a évolué et il a fait le tour du monde en s'imposant dans toutes les cultures. Donc, inutile de juger une nouvelle famille de produits sur sa première apparition ! À méditer... Exemple n° 3 : tout le monde connaît le salon international CES (Consumer Electronic Show), où sont révélées, chaque année, les nouveautés technologiques et les concepts appelés à révolutionner le quotidien. L'édition 2014 comprendra une halle spécialement dédiée à la carpo-révolution (Wrist Revolution en anglais) et à tous les produits qui visent à la conquête territoriale du poignet (seuls ou associés : liaison avec le smartphone, traceur d'activités, biocapteurs, données musicales, GPS, etc.). Une fois de plus, « Tout va très bien, Madame la Marquise »...
 
 
 
 SALUÉ
le retour sur le marché d'une pendule extraordinaire – et révolutionnaire...
◉◉ C'est le lot n0 357 du prochain catalogue Auktionen Dr. Crott, mais c'est surtout une pendule capable de réécrire l'histoire horlogère. Elle est désormais attribuée au génie scientifique horloger Christian Huygens (1629-1695, ci-dessous), auquel on doit la maîtrise du pendule et de l'échappement, clé de la précision horlogère. La date donnée par le catalogue pour cette pendule (1685) est probablement erronée, le style esthétique et l'ingéniosité mécanique relevant plutôt des années 1690, sinon des débuts du XVIIIe siècle. Business Montres (22 novembre 2009) a déjà raconté une partie de l'histoire de cette pendule, mais les études à son sujet ont sérieusement progressé depuis, grâce aux archives laissées par Huygens autant que grâce à la sagacité d'une poignée de passionnés, qui ont su en traquer les secrets  : voir à ce sujet l'annexe très développée du catalogue Crott, qui est une belle page de l'histoire horlogère...
◉◉◉ La légende de cette pendule – annoncée comme « Balancier Marin Parfait » (BMF) – commence avec la dispersion des collections de l'ex-Time Museum, en 2002. Elle est alors attribuée par Sotheby's à l'horloger français Sully, ce qui serait déjà prestigieux, mais l'expert Jean-Claude Sabrier a l'oeil qui brille quand il remporte l'enchère : il pressent qu'il y a mieux que du Sully derrière cette pièce énigmatique, dont le mouvement est soigneusement dissimulé aux regards du profane. Il faudra en effet beaucoup d'intelligence horlogère pour parvenir à ouvrir la pendule et parvenir à son mouvement, Huygens craignant tellement les « copieurs » qu'il avait conçu un véritable coffre à secret autour du mécanisme. Résumons l'état de nos connaissances au sujet de cette BMF : en admettant ou non l'attribution à Huygens, il s'agit de la plus ancienne « pendule de marine » connue [Huygens cherchait lui aussi la précision dans le calcul de la longitude, une partie de ses travaux étant ultérieurement revalidé par John Harrison, considéré par les historiens comme l'« inventeur » du chronomètre de marine], de la plus ancienne mécanique à équation du temps parvenue jusqu'à nous, de l'ultime témoignage du génie mécanicien de Huygens, parvenu là au sommet de son art, et des plus anciennes preuves d'innovations mécaniques telles que l'échappement à deux roues « à coup-perdu » ou les roulements anti-friction, le tout avec un système fusée-chaîne. On ne compte plus les détails mécaniques très bien pensés. Le tout attesté par la correspondance de Huygens, dans les dernières semaines de sa vie : c'était son Graal, et il y avait mis l'essence de sa vision de la précision horlogère, mais cette pendule de marine était considérée comme perdue depuis 1754. Elle est estimée aujourd'hui de 600 000 euros à 1 000 000 d'euros [soit au minimum quinze fois son adjudication chez Sotheby's en 2002], mais combien d'amateurs sont aujourd'hui capables d'apprécier une telle pièce, qui aurait sa place dans un musée si elle était mieux « sourcée » à défaut d'être aussi bien documentée ? Si le marché ratifie cette enquête horlogère menée avec beaucoup de rigueur par Philip Poniz, avec le concours et la culture d'Osvaldo Patrizzi, il faudra réécrire les manuels d'histoire des objets du temps...
 
 
 
 NOTÉ
une dizaine d'informations à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
 
◉◉◉◉ CHINE : à surveiller de près ces jours-ci, le troisième plenum (séance plénière) du Comité central du Parti communiste chinois, qui déjà décidé de la « ligne 3-8-3 » (3 domaines de travail, 8 secteurs-clés à réformer, 3 percées à réussir). Le nouveau plan a déjà été publié en chinois, mais il faut attendre qu'il soit ratifié pour comprendre les priorités du pouvoir central chinois pour la décennie à venir. Pour ce qui concerne le luxe, désolé, mais le Politburo a opté pour le dégonflage des différentes bulles, la consommation « sociale » intérieure (sécurité sociale, logements sociaux, fin de l'enfant unique) et pour le ralentissement économique, ce qui va pénaliser : comme on dit en Chine, « les bones réformes structurelles sur le long terme ont tendance à ralentir la croissance à court terme »...
 
◉◉◉◉ STATISTIQUES : un détail piquant dans les statistiques d'exportation de septembre, dont la Fédération horlogère nous assure qu'elles annoncent un « rebond de la croissance », avec un glorieux + 8,5 % en valeur qui redresse une activité imperturbablement déclinante depuis octobre 2012. En analysant de plus près les chiffres du mois, on découvre que ces 8,5 % sont assurés par à peu près... 600 montres  en platine. Renseignements pris, ces 600 montres de forte valeur correspondent à des commandes des salons du printemps 2013 [donc sans rapport avec l'actuel sell-in dans les boutiques] et qu'il s'agit le plus souvent de restructuration de stocks [on reprend des pièces de moindre valeur contre des pièces plus récentes et plus rares]. Pour s'en tenir aux volumes, l'horlogerie suisse a encore perdu près de 100 000 montres pour le seul mois de septembre (- 4,3 %). La croissance globale reste proche des 1,3 % depuis le début de l'année : on risque de tomber au-dessous d'ici à la fin de l'année, avec une croissance négative pour 2013, mais ce n'est pas grave puisque « Tout va très bien, Madame la Marquise »...
 
 
◉◉ CADRAN SOLAIRE : découverte archéologique passionnante en Ukraine, avec l'exhumation de ce qui pourrait être le plus ancien cadran solaire connu. Une pierre datée d'il y a environ 3 000 ans (ci-dessus), qui a été décodée par une équipe du Centre de recherches archéoastronomiques russe emmenée par Larisa Vodolazhskaya (ci-dessous). Il s'agit d'un cadran solaire analemmatique très élaboré, d'une grande précision (à la demi-heure près) et calé sur la latitude du site ukrainien où il a été retrouvé, dans une tombe d'une culture postérieure (Live Science)...
 
 
◉◉◉◉ ONLY WATCH (1) : réponse officieuse de Luc Pettavino, animateur de la vente Only Watch, après notre analyse « Only Watch : comment torpiller une grande et belle idée en cinq leçons » (Business Montres du 28 septembre dernier). Dans un e-mail récent (30 octobre) aux marques devenues nettement sensibles aux arguments de Business Montres, notre ami Luc précisait : « Oui, le résultat de groupe d'Only Watch 2013 fut exceptionnel » [sauf que la vente hors Patek Philippe n'a produit que 2,1 millions d'euros, contre 3,1 millions en 2011 : c'est bien l'arbre Patek Philippe qui cache la forêt]... « Oui, le plan médias et la communication autour de ce projet n'ont jamais été aussi consistants » et « Oui, le nom Only Watch bénéficie plus que jamais d'une forte reconnaissance internationale » [c'est apparemment ce que veut faire croire Antiquorum, mais les marques engagées n'ont pas du tout ressenti cette consistance, ni apprécié le travail de Julien Schaerer avant et pendant la vente]... « Oui, la qualité des pièces uniques était au rendez-vous » [hormis pour le cas Patek Philippe, où Thierry Stern avait personnellement convoqué sur place le fan club de la manufacture, les enchérisseurs – quand il ne s'agissait pas des marques elles-mêmes – n'ont pas vraiment apprécié]... « Oui, nous travaillons dès à présent à l’évolution de certains points afin de rendre la 6ème édition d’Only Watch (samedi 26 septembre 2015) encore plus attrayante et rassurante » [pourquoi, il y avait des marques qui n'étaient pas rassurées et des pièces uniques pas attrayantes ?]...
 
◉◉◉◉ ONLY WATCH (2) : bien évidemment, le problème n'est pas d'être pour ou contre Only Watch, qui fut une « grande et belle idée », comme nous l'avons souligné, mais qui est aujourd'hui un concept perverti qui a fait son temps. La question est, pour les horlogers, d'apporter des fonds à l'Association monégasque contre les myopathies (AMM), que dirige Luc Pettavino. Plusieurs maisons ont pris l'initiative de mettre aux enchères, hors vente Only Watch mais au profit de l'AMM, des pièces uniques ou des montres exceptionnelles – sans passer par Antiquorum, dont la prestation n'a pas été jugée satisfaisante. C'était notre préconisation pour l'édition 2015 (« Cinquième leçon ») – si elle a lieu : démultiplier le concept charitable au profit de l'AMM tout au long de l'année horlogère et permettre aux marques de gérer elles-mêmes leur calendrier, ainsi que le choix de la maison d'enchères et du lieu de la vente...
 
◉◉◉◉ GTE : qui a vraiment été surpris par l'annulation de l'édition 2014 du GTE (Geneva Time Exhibition), qui cesse le combat faute de combattants ? Les lecteurs de Business Montres savent à quel point le « média salon horloger » est en pleine mutation : ni le format, ni le modèle économique du GTE [positionné initialement pour créer une alternative indépendante pendant le SIHH, mais absurdement dévoyé en « concurrent » du SIHH], ne correspondent plus aux besoins des marques, ni à leur stratégie marketing – notamment pour les salons professionnels où les marques sont de plus en plus réticentes à se juxtaposer. Le parasitage du SIHH était une option de guérilla marketing défendable en 2009-2010 (début de la grande crise horlogère), mais il s'impose d'autant moins aujourd'hui que les détaillants sont moins nombreux à se presser à Genève et alors qu'ils sont soumis à une telle pression des grandes marques qu'ils ne peuvent plus absorber la moindre nouvelle marque indépendante. Pour ces salons et pour ces marques, seul le rendez-vous professionnel de Baselworld reste pertinent : autant y concentrer ses moyens...
 
◉◉◉◉ SALONS HORLOGERSsi la question de salons professionnels est tranchée [à terme, on peut même se poser la question de la pertinence du rendez-vous genevois du SIHH, alors qu'il devient nécessaire de rapprocher les marques de leurs marchés locaux et des bassins de consommation régionaux], celle des salons grand public reste ouverte. Si ces salons n'ont plus rien d'indispensable dans les marchés d'ancienne culture horlogère [chacun a pu constater l'usure problématique d'un concept comme Belles Montres, à Paris], les rencontres avec le grand public restent pertinentes sur les marchés émergents ou sur les marchés matures où de tels événements créent encore l'événement (exemple : Salon QP à Londres). Il faudra, dans l'avenir, de moins en moins compter sur les budgets des marques pour mettre en place de tels salons : la crise latente et la récession des économies occidentales voient ces budgets se rétrécir, les marques préférant « travailler » leurs clients à travers leur propre réseau et grâce à des événements captifs. Reste un besoin évident de cohésion communautaire et de convivialité autour de la passion horlogère : comment en assurer le financement, sinon par les entrées ? Le temps du tout-gratuit, champagne et canapés compris, est sans doute révolu...
 
◉◉◉◉ QUATRE HEURES DU MAT' : amusante compilation de cinquante scènes de films dans lesquelles il est très exactement quatre heures du matin (« Four in the morning »). Au fait, saviez-vous qu'il existe un musée des quatre heures du matin, avec une compilation de tout ce qui concerne cette heure apparemment fatidique ?
 
◉◉◉◉ LANCEL : le groupe Richemont a fait savoir que, contrairement à différentes informations (en général bien sourcées, ne serait-ce que par la banque chargée de la vente) qui annonçaient la future cession du maroquinier Lancel, cette marque – chroniquement déficitaire – resterait dans le giron du groupe. Hypothèse pour expliquer ce revirement : les acheteurs potentiels ne se sont pas bousculés au portillon, même au « prix d'ami » annoncé de 400 millions d'euros, et même avec la prime en cash promise au racheteur pour compenser d'éventuelles pertes d'exploitation au cours des premiers exercices de la reprise. Pour certains analystes, la vraie valeur de Lancel se situait autour de... l'euro symbolique ! Seule solution pour Richemont : soit baisser son prix et dévaluer ainsi son actif [racheté en 1997 pour 1,3 milliard de francs, soit l'équivalent de 270 millions d'euros 2013], ou se résigner à reporter la vente à plus tard, en tablant sur une hypothétique reprise et en se préparant à consolider quelques dizaines de millions d'euros de pertes pour l'exercice 2013...
 
◉◉◉◉ CONTREFAÇON : la malédiction de la campagne anti-contrefaçons horlogères a encore frappé ! On peut se demander ce qui voue ces publicités destinées à lutter contre les fausses montres à une telle nullité conceptuelle. Après le désastreux « Tic-tac-toc : Fake watches are for fake people » (Business Montres du 21 avril 2009 : ci-contre) et quelques calamiteuses propositions ultérieures [comme la fille aux fesses en pastèques : voir le lien ci-dessous], on pensait avoir touché le fond. Mais non ! La Fédération horlogère et la Fondation de la haute horlogerie, avec d'autres institutions, ont réussi à descendre encore plus profondément (!), en décernant un Prix spécial du jury à un des visuels les plus incroyablement ratés de ces dernières années (idée de Sabrina Gruhne, de l'ECAL : ci-dessous). Que ceux qui y comprennent quelque chose nous préviennent... Précision utile : ce n'est pas la personne de la créatrice qui est en cause, ni son agilité conceptuelle, ni même son sens du graphisme ou de la mise en scène [tous les goûts sont dans la nature], mais le choix du jury des professionnels concernés. Comment la FH ou la FHH peuvent-elles imaginer que ce genre de campagne dissuadera qui que ce soit d'acheter des fausses montres ou des contrefaçons de produits de luxe ? On serait curieux de connaître les résultats d'un test d'agrément consommateurs face à une telle publicité. Pour avoir une idée de ce que pourrait être une excellente campagne anti-contrefaçons, on pourra revoir sur Business Montres Vision la très persuasive publicité de Volkswagen pour convaincre les consommateurs de préférer les pièces détachées d'origine : il y est justement question d'horlogerie...
 
 
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