VENDREDI : Comment Bvlgari veut réinventer le coffre-fort de poignet et pourquoi Nick Hayek se fait des illusions sur les capacités de résistance de son groupe aux pressions de la connectosphère...
Le 13 / 03 / 2015 à 07:31 Par Le sniper de Business Montres - 3697 mots
Plus que cinq jours avant l'ouverture de la herse du Bullshit Castle que sera Baselworld. Bell & Ross se sent pousser des ailes. Bvlgari se secoue les puces. Swatch considère le beach volley comme un sport de masse rédempteur. Pas belle, la vie ?
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes,
Plus que cinq jours avant l'ouverture de la herse du Bullshit Castle que sera Baselworld. Bell & Ross se sent pousser des ailes. Bvlgari se secoue les puces. Swatch considère le beach volley comme un sport de masse rédempteur. Pas belle, la vie ?
▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, rumeurs & murmures,(le tout développé après le résumé ci-dessous)
❏❏❏❏ BELL & ROSS PRÉPARE L'ATTERRISSAGE D'UN RAFALE DANS LE HALL 1.0 ET LA DIRECTION DE BASELWORLD S'INQUIÈTE (ci-dessus)...❏❏❏❏ ENFIN, DEUX RÉACTIONS SUISSES UN PEU DÉCALÉES AU DÉFI DE L'APPLE WATCH (ci-dessus : le Guillaume Tell du designer genevois Johann Terrettaz ; en cartouche en haut de la page : une publicité d'IWC – comme quoi, si on se souvient de l'ironie mordante de la Smart Watch de H. Moser & Cie, voir notre édition du 9 mars, on a plus d'humour à Schaffhouse que dans toute la Suisse)...
❏❏❏❏ LES PETITS SECRETS DE LA NOUVELLE SMARTWATCH DE BVLGARI... ❏❏❏❏ LES ENFUMAGES HABITUELS DE NICK HAYEK...
❏❏❏❏ POURQUOI IL N'Y AURA GUÈRE QUE SWATCH À SE CONNECTER...
❏❏❏❏ CARLOS SE SENT POUSSER DES AILES À SINGAPOUR...❏❏❏❏ ALAIN INVENTE LE GRAND PRIX DÉCERNÉ SANS JURY ❏❏❏❏ DEMAIN, TOUT SUR LES BELLES MÉCANIQUES TUDOR... ❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUTES LES AUTRES INFOS, QUI ONT PLEIN DE CHOSES À NOUS RACONTER... ❏❏❏❏ ▶▶▶ LE 360° DU VENDREDIBaselworld (dans cinq jours), encore Baselworld, toujours Baselworld, enfin presque... ◉◉◉◉ BELL & ROSS (1) : on sait déjà qu'il y aura une BR 01 pour fêter les dix ans d'une nouvelle venue dans l'iconosphère horlogère. On sait maintenant que, comme pour le Falcon l'année dernière, Bell & Ross nous prépare une montre en hommage au Rafale français – celui que l'armée de l'Air suisse n'avait pas voulu acheter (image en haut de la page). Un Rafale – un vrai, grandeur nature – à Baselworld, au-dessus des fleurs de la Piazza ou scotché sur les parois extérieurs du stand Bell & Ross ? La commission de sécurité n'aurait pas apprécié... En tout cas, renseignements pris au « Pentagone » de l'armée de l'Air française (quartier Balard, dans le XVe arrondissement de Paris), ce sera bien une montre officielle Rafale, avec le soutien des plus hautes autorités aéronautiques – et, on l'aura compris, au grand dam des concurrents qui se flattent de leurs montres « militaires » et qui étaient sur les rangs. ◉◉◉◉ BELL & ROSS (2) : tiens, au fait, une autre bonne nouvelle pour Bell & Ross. L'Air Force sigapourienne, après de nombreux autres aviations militaires, vient de signer un accord de partenariat avec Bell & Ross, qui en deviendra la « montre officielle » (logo ci-contre). Allo, Teddy, pourquoi tu tousses ? ◉◉◉◉ HARRY WINSTON : tiens, au fait, puisqu'on parle de Baselworld, où en est la série des Opus ? Question : faut-il s'attendre à une Opus 14 en 2015 ? Après un lancement assez foireux de l'Opus 13 en 2013 [présentations annulées in extremis et fabrication au point mort], il ne semble pas probable que cette Opus 13, créée par Ludovic Ballouard, arrive sur les marchés rapidement. Il en est à peu près de même pour l'Opus 12 lancée en 2012 : une première série a été livrée [une cinquantaine de montres selon une source interne Harry Winston], mais il en reste une centaine commandées mais non livrées, et même pas au montage dans les ateliers, alors que les composants sont stockés par la direction actuelle de la marque. Toujours de source interne Harry Winston [merci, Johnny], il est pour nous peu probable que l'Opus 14 en cours de préparation soit lancée à Baselworld, mais elle est suffisamment avancée pour envisager un lancement d'ici à la fin de l'année. La seule ambition du Swatch Group est désormais de ne plus lancer que des Opus totalement fiabilisées, à peu près aux normes des autres marques du groupe – ce qui n'a presque jamais été le cas dans l'histoire de cette série des Opus, dont les retards de livraisons [huit ans pour l'Opus 3] et les taux de retour SAV sont entrés dans la grande légende la montre. Donc, soyons patients et indulgents... ◉◉◉◉ BVLGARI (1) : alors, cette smartwatch Bvlgari dont l'existence a été révélée par Business Montres (indiscrétions du 27 février) ? Non seulement, nous continuons à y croire, mais nous considérons même, comme nous l'avons déjà écrit et expliqué sur différentes radios, que ce sera une des smartwatches les plus intéressantes de la livraison suisse prévue pour Baselworld 2015. Apparemment, les équipes de Jean-Christophe babin n'ont pas travaillé dans une logique de riposte fébrile à l'Apple Watch, mais en réfléchissant à ce pourrait être une montre de luxe connectée dont les clients [et peut-être même surtout les clientes] Bvlgari auraient envie. Donc, style italien pour le design, matériaux plutôt avant-gardistes pour la réalisation et mécanique Swiss Made pour rester dans le luxe. De quoi avancer sur une « vraie » montre, dotée d'une puce capable de stocker de nombreuses données personnelles de sécurité, en interaction permanente avec le smartphone du porteur. Des données qui peuvent concerner la montre elle-même (authenticité, entretien, etc.), mais aussi les informations nécessaires à des paiements électroniques, à des clés numériques (voiture, maison, bureau) ou à des mots de passe d'accès aux outils connectés. C'est tout le sens de la campagne #UnlockTheFuture préparée par la marque... ◉◉◉◉ BVLGARI (2) : d'où l'expression bien trouvée de « coffre-fort de poignet » déjà utilisée par Jean-Christophe Babin – ce qui est en phase avec #UnlockTheFuture. Et ce qui correspond assez bien à notre propre définition de ce que devrait une smartwatch : non pas une « montre » classique dans laquelle on empilerait traceur d'activité et commande du réfrigérateur, mais une « tour de contrôle » intelligente de notre connexion à l'écosystème global des objets connectés. En prime, pour les lecteurs attentifs, une photo volée de cette smartwatch Bvlgari qui promet beaucoup : les initiés auront reconnu le boîtier en matériau de synthèse des anciennes Bvlgari-Bvlgari dédiées aux villes (un best-seller lors de leur lancement), ce matériau non métallique permettant l'usage d'une puce NFC de communication sans contact [on veut bien parier qu'il y a du Wisekey dans l'histoire : voir nos premières informations Business Montres du 13 janvier et des jours suivants]... ◉◉◉◉ BVLGARI (3) : ajoutons que Bvlgari a bien compris la véritable cible des montres connectées, qui est prioritairement celles des femmes, que les smartwatches libèreront de la nécessité de fouiller leur immense sac à main pour y dénicher des clés toujours inaccessibles, un téléphone toujours insaisissable ou un porte-monnaie toujours introuvable. Un clic sur la montre et le paiement s'effectuera, la voiture s'ouvrira et la monnaie électronique circulera. Face à la déferlante purement électronique, la survie de l'horlogerie suisse passe – notamment, mais pas que – par la re-création de montres de luxe qui soient des montres en même temps que des accessoires qui facilitent le quotidien... ◉◉◉◉ SWATCH GROUP (1) : cette histoire de puces NFC intégrées dans des montres Bvlgari nous ramène à la passionnante conférence de Nick Hayek pour présenter les comptes de son groupe. Spécialiste de l'enfumage, le patron du groupe s'est montré à la hauteur de sa réputation. D'abord en faisant semblant de répondre à une question qui ne se pose plus : « Nous refusons de lancer un téléphone portable accroché au poignet ». Bravo, Nick, mais il n'en est plus question depuis une bonne décennie. Moyennant quoi le Swatch Group s'avance à Baselworld avec une offre très basique et particulièrement light : ce n'est pas la montre Beach Volley qui va remotiver les larges masses surtout avec Nick hayek en beachvolleyeur), ni une liaison Bluetooth de ci de là, chez Swatch , chez Tissot ou chez Hamilton. Il en faudra plus pour donner le frisson à Apple, Samsung, Huawei ou LG : aussi bon que soit le comediante sur scène, la réponse tient plus du bras d'honneur que de la stratégie bien réfléchie (image ci-contre). On aura d'ailleurs noté que la réponse de Swatch – la Touch Zero One (présentation Business Montres du 27 février : au poignet de Nick Hayek, ci-contre) – est d'autant plus retardataire qu'elle reprend les codes de l'actuelle Apple Watch, alors que le marché s'est définitivement réorienté (Apple compris) vers un rapprochement avec l'esthétique des montres suisses. Refaire en plastique, à peine moins, en me-too, une montre à fonctionnalités limitées et très ciblées n'est sans doute pas très malin... ◉◉◉◉ SWATCH GROUP (2) : comme Business Montres l'a très souvent écrit, une des meilleures pistes de réflexion pour contrer les smartwatches purement électroniques sans renoncer aux codes de l'horlogerie traditionnelle reste la technologie des puces NFC. On peut déjà, pour commencer, écouter l'intervention de Michel Willemin, le CEO de EMMicroelectronic-Marin lors de la conférence de presse de Nick Hayek : tout est dit en quelques mots (en français). Là où Nick hayek s'avance beaucoup, c'es tquand il met Omega dans la course pour la montre connectée suisse : hormis les brevets détenus et défendus par WinWatch, il est aujourd'hui impossible de loger des puces NFC dans l'environnement métallique d'une montre [c'est pour cette raison que Bvlgari a opté pour un retour à son ancienne Bvlgari-Bvlgari]. On imagine mal Omega se lancer dans la montre en plastique – mais il existe une piste de réflexion intéressante à propos de la fièvre antimagnétique de la marque, qui pourrait expliquer des recherches du côté de la perméabilité aux ondes radio de composants amagnétiques... ◉◉◉◉ SWATCH GROUP (3) : comme il est impossible de concevoir une montre Swiss Made qui n'aurait pas de mouvement (révélation Business Montres du 28 janvier dernier), on n'imagine pas le Swatch Group rompre avec son obsession du Swiss Made. Donc, retour à la case départ : la carpo-connexion avancée passe pour le Swatch Group par Swatch (New Gent, Touch Zero One, Scuba), d'autant plus que la maison maîtrise bien les puces NFC (Snow Access). Une extension est possible vers les Irony XLite (plastique et aluminium : le robot ci-contre en donne une bonne idée), dont la structure permet aux ondes radio de passer, mais c'est à peu près tout. En réécoutant attentivement la conférence de presse, on comprend d'ailleurs que Nick hayek est en fait très prudent derrière ses affirmations préemptoires et il ne désigne clairement que la marque Swatch parmi ses futures armes de résistance. Donc, pour conclure, le discours du groupe est beaucoup moins glorieux qu'il ne veut en donner l'impression mais il a au moins le mérite de caler les fondements d'une riposte à l'Apple Watch, face à laquelle les montres traditionnelles ne manquent pas d'atouts (autonomie, design, fiabilité, durabilité, valeur ajoutée émotionnelle). Les puces NFC sont une voie royale pour reconstruire une offre cohérente et attractive... ◉◉◉◉ SWATCH GROUP (4) : si on ne peut que se réjouir de voir le groupe moteur de l'industrie enfin s'intéresser à la carpo-révolution [après avoir ironiquement nié pendant deux ans toute urgence dans ce domaine], les perspectives restent cependant inquiétantes pour l'ensemble de la branche. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : depuis hier, Apple a envoyé une mise à jour iOS 8.2 à 20o millions de possesseurs de iPhone, qui n'auront plus le moindre souci pour connecter une Apple Watch à leur smartphone. Si seulement 10 % de ces iPhonistes optent pour une Apple Watch, on sera à peu près dans les volumes de production de l'ensemble des montres électroniques suisses ! L'écosystème des objets connectés qui se met en place sera très vite le cadre de vie naturel de milliards d'humains, à commencer par l'Asie et les Amériques, l'Europe traînant toujours les pieds dans ce domaine : c'est donc logiquement que Apple a ciblé d'emblée les Asiatiques – et plus précisément les femmes asiatiques – pour créer la masse critique commerciale à partir de laquelle la réaction en chaîne rendra les objets connectés, à commencer par la montre, non seulement utiles, mais indispensables sinon obligatoires au quotidien. Rappelons qu'Apple a assis l'essentiel de son chiffre d'affaires sur les applications : nous n'avons pas encore vu le dix-millième de celles-ci et elles seront toutes plus ingénieuses les unes que les autres pour nous faciliter la vie ! Il est donc un peu illusoire de répondre à ce défi immatériel par une offre matérielle : Apple ne vend pas des montres, mais des clés d'accès à un monde connecté, à un style de vie de meilleure qualité, à des émotions qui ré-enchantent le monde. Il faut oser une nouvelle offre de montres qui soient intelligentes (par leur savoir-faire, leur ingéniosité, leur humour, leur culture), accessibles et légèrement snobs, voire ultra-chics (voir notre chronique sur la mécaddiction : Business Montres du 11 mars). ◉◉◉◉ SWISS WATCH AWARDS : Alain Carrier (The Watches Magazine, 510 000 fans Facebook revendiqués, et Watches News, 700 000 visiteurs uniques annoncés) a l'obstination des vieux soldats. il ne renonce pas ! C'est ainsi qu'il annonce pour Bâle le lancement des Swiss Watch Awards, premières distinctions horlogères décernées par un public international, sur une base mondiale. Principe simple : les marques inscrivent leurs montres dans des catégories proches de celles du Grand Prix de Genève (huit disciplines, chacune avec un maximum de 60 montres) et, en temps réel, les internautes du monde entier, stimulés par les médias sociaux animés par Alain Carrier, votent et suivent la progression des votes en temps réel. Pas de jury, seulement la vox populi. En se démocratisant, les grands prix horlogers passent par une phase populiste : qu'en sera-t-il des manipulations possibles par les marques, qui utiliseront leurs propres réseaux sociaux pour encourager leurs montres en compétition ? ◉◉◉◉ DEMAIN : pendant le week-end, les travaux de préparation de Baselworld continuent. Après nos pronostics sur ce que prépare Rolex (Business Montres du 4 mars), un complément sur ce que prépare Tudor comme nouvelle offre mécanique de haute lignée... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...