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WONDER WEEK 2015 #7 : Allez, maintenant que les criquets ravageurs du blogging horloger ont quitté Genève, on va pouvoir causer tranquillement...

On va attendre la semaine prochaine pour reprendre les chaises musicales : les canards dont on a coupé la tête visitent encore le SIHH. On ne va pas attendre pour vous dévoiler le coup le plus fumant de toute la Wonder Week : c'est la mystérieuse demoiselle ci-dessous. Avec qui a-t-elle signé ?  ▶▶▶ EN RÉSUMÉ Indiscrétions, analyses, informations, enquêtes, …


On va attendre la semaine prochaine pour reprendre les chaises musicales : les canards dont on a coupé la tête visitent encore le SIHH. On ne va pas attendre pour vous dévoiler le coup le plus fumant de toute la Wonder Week : c'est la mystérieuse demoiselle ci-dessous. Avec qui a-t-elle signé ?

ambassadrice mystère Business Montres
 
EN RÉSUMÉ
Indiscrétions, analyses, informations,
enquêtes, rumeurs & murmures 
(le tout développé après le sommaire)...
 
❏❏❏❏ RICHARD DANSE AVEC CLAUDE FRANÇOIS ❏❏❏❏ MERCI, CHRISTINE ! ❏❏❏❏ ABRAHAM LOUIS EST UN MYTHE ERRANT ❏❏❏❏ JÉRÔME EN QUÊTE D'UNE LÉGITIMITÉ GÉOGRAPHIQUE ❏❏❏❏ L'AMBASSADRICE MYSTÈRE QUI VA FAIRE PARLER D'ELLE ❏❏❏❏ NICOLAS AU PLACARD ❏❏❏❏ DAVOS AU BALCON ❏❏❏❏ JEAN-CLAUDE SOUS PRESSION ❏❏❏❏ NICK DANS LE COLLIMATEUR ❏❏❏❏ VASCO POLARISE ❏❏❏❏ DOMINIQUE RÉVISE  ❏❏❏❏ DES PUCES CARPO-INTELLIGENTES ❏❏❏❏ SANS PARLER DE TOUTES LES AUTRES INFOS, QUI ONT PLEIN DE CHOSES À NOUS RACONTER... ❏❏❏❏
 
SIHH_Cylindrique_Article_5
  LES 7 x 7 DU JEUDI
Où il est question
de tentation cartographique
et de révisionnisme historique...
 
◉◉ C'EST LA JOURNÉE DES RÉVOLUTIONS (1). D'abord, celle des monnaies : la Banque centrale européenne (BCE) – même si elle ne le sait pas – tient dans le creux de sa main le destin de l'horlogerie suisse. Si l'euro baisse encore, c'est une catastrophe pour les exportations : les marques seront obligées d'en remettre un couche dans la révision des tarifs à la hausse et, comme dans les années 1970 [lors de l'offensive anti-suisse des montres japonaises], les montres suisses deviendront vite invendables, hors marché, en libérant des espaces considérables pour leurs concurrentes internationales. même s'il est évident que les marques très haut de gamme (Richard Mille, Greubel Forsey, etc.), avec un point d'entrée au-delà des 100 000 euros ne seront que très partiellement touchées, c'est toute la pyramide actuelle des marques qui sera une première fois ébranlée. Juste à la veille de l'offensive prévisible des smartwatches, qui devrait pour le coup disloquer ce qui resterait de cette pyramide. Si la politique de relance par la planche à billets de la BCE reste aviséemodérée, donc si l'euro reste à son niveau de parité actuel avec le franc suisse (1=1), un sursis nous sera accordé avec l'arrivée des smartwatches et l'organisation d'une riposte suisse intelligente (voir ci-dessous). 
 
◉◉ RÉVOLUTIONS (2) : ensuite, c'est au Forum économique de Davos que Wisekey présente aujourd'hui sa WisWatch, dont nous avons déjà plusieurs fois souligné à quel point elle représentait une alternative originale au débat sur les smartwatches (gadget ou vrai montre ? tout électronique ou tout mécanique ? connexion obligatoire ou non-connexion absolue ? tradition suisse ou high-tech US ? Etc.). Avec la WisWatch et l'intégration de puces NFC (connexion sans contact et sans pile), la montre classique peut s'offrir quelques tartines d'intelligence sans mourir de faim par intégrisme mécaniciste. L'idée est de loger une telle puce et son antenne sous le verre, par exemple sous la lunette, donc de façon invisible. Cette puce va communiquer sans alimentation annexe avec le smartphone, en émulant à peu près n'importe quelle fonction à définir par les centaines de milliers qui existent ou qui existeront. Pour rendre cette « intelligence » immédiatement perceptible, Wisekey – société cotée au Nasdaq américain – a choisi de se cantonner pour l'instant à des fonctions de sécurité (stockage des mots de passe et des codes d'accès, notamment bancaires, indispensables au quotidien, bref à tout ce qui permet d'identifier et d'authentifier instantanément le porteur de la montre, et la montre elle-même). Les possibilités ouvertes par ces puces NFC (Near Field Communication) sont vertigineuses : Audi les utilise déjà pour déverrouiller l'accès à ses Audi A7 et pour démarrer le moteur (partenariat avec LG) ; BMW les utilise également pour l'accès à ses voitures, notamment la Mini (partenariat avec MasterCard pour une carte bancaire utilisable par 350 000 personnes en Europe et aux Etats-Unis) ; selon NXP, le nombre d'applications prévisibles pour ces puces NFC est illimité. Rappelons, au cas où, que la future Apple Watch sera équipée d'une telle puce NFC...
 
WisekeyMontreWisWatchBusinessmontres
  
◉◉ RÉVOLUTION (3) : le coût de production d'une telle puce NFC est de l'ordre de quelques francs, son intégration dans une montre mécanique n'étant qu'une étape à ajouter dans la logistique de production d'une montre mécanique, avec un coût de quelques dizaines de francs supplémentaires. Le modèle de WisWatch présenté ci-dessus n'est qu'un prototype et une plateforme expérimentale de démonstration des fantastiques avancées dans la technologie NFC : ce n'est pas une montre destinée à concurrencer la production horlogère [elle a volontairement été banalisée], ni un objet du temps à juger tel que [encore que ça pourrait devenir un témoin pionnier de la connexion horlogère à la suisse], mais un outil pédagogique. Ces puces ont également l'avantage de pouvoir être reprogrammées à partir du smartphone, par liaison immédiate, et donc rechargées en informations indispensables et en « intelligence » supplémentaire, ce qui évacue d'emblée l'argument de l'obsolescence programmée qui serait incompatible avec l'idée qu'on se fait d'une montre de luxe : cet argument – bien pauvre au regard de la mutation en cours et des changements de paradigmes dans le luxe – tenait surtout de la paresse intellectuelle, ses propagateurs devant quotidiennement recharger leur propre téléphone portable. On croit savoir [révélation non officielle et non autorisée] que Hublot pourrait présenter à Baselworld une Big Bang équipée d'un bracelet à puce NFC. D'autres marques suisses de belle horlogerie seraient sur le coup. La seule question à se poser est maintenant celle de comprendre pourquoi la Suisse des plus belles mécaniques horlogères ne saisirait pas cette occasion unique de s'adjoindre une ration d'intelligence connectée. Négliger ces puces NFC et abandonner la carpo-intelligence (« intelligence du poignet » aux Américains et aux Coréens serait criminel : eux ont déjà bien compris l'immense intérêt de ces puces NFC... 
 
◉◉ RÉVOLUTION (4) : : c'est pour ça qu'on peut sourire, sinon rigoler ouvertement, des propos néo-alarmistes de Jean-Claude Biver (TAG Heuer), qui voit à présent dans les smartwatches « la plus grande menace » qui ait jamais existé contre les montres à moins de 2 000 dollars – précisément la catégorie où il a choisi de faire boxer TAG Heuer (interview à Bloomberg). Le changement de cap est brutal : il y a tout juste un an, il n'y avait pas de plus ardent contempteur en Suisse de ces montres connectées, objet fréquent de ses sarcasmes médiatiques. Les médias perroquets reprenaient allègrement ces sarcasmes, en les étendant aux rares confrères [on les comptait sur les doigts d'une main, et nous nous comptons dans le lot] qui se posaient des questions sur le vrai danger de ces montres intelligentes. Vous avez remarqué comme ils n'ont pas encore percuté à propos de la WisWatch présentée à Davos : il est vrai que recopier-coller les dossiers de presse – en changeant le titre, soyons honnêtes ! – est une activité chronophage, qui ne ménage pas les neurones entre deux coupes de champagne gratos dans les open bars du SIHH. Tiens, vous n'avez pas remarqué, non plus, vers la page 50 et quelques du dernier Bilan (Suisse), une tribune libre déchirante de Manu Romero, le co-animateur du studio de design White (Neuchâtel), qui s'indigne de l'absence de réactions des horlogers face aux montres connectées : normal, Bilan vient de baisser sa culotte et ce n'est jamais bien glorieux. Il y a un an, le titre rigolait très fort de l'idée même que les montres connectées puissent concurrencer un jour les marques suisses – quand on est « la voix de son maître » (publicitaire), il faut bien accepter de s'aligner. L'article de Manu Romero est introuvable en ligne, mais, pour fêter cette conversion de Bilan, nous allons essayer de vous en dénicher les meilleurs extraits...
 
LagardeFMI-Businessmontres
◉◉ MERCI, QUI ? MERCI, CHRISTINE ! Parfois, dans ta ténébreuse ambiance du journalisme horloger indépendant, on se sent un peu seul. Heureusement, on y reçoit des renforts inattendus : c'est ainsi Christine Lagarde, la présidente du FMI, qui pense tout haut – avec l'autorité qui est la sienne – ce que nous écrivions tout bas dans nos précédentes éditions. « Pourquoi 2015 sera l'année de tous les dangers pour l'économie mondiale » (Huffington Post). On dirait du Business Montres dans le texte (voir, entre autres, nos informations et nos analyses du 29 décembre). Comme notre devoir est de permettre aux acteurs de l'horlogerie d'anticiper, nous avions déjà tiré la sonnette d'alarme en 2014, il y a tut juste un an : « L'année de tous les dangers en 10 questions » (Business Montres du 11 février 2014). Sauf que tout le monde ou presque était à l'époque désinformé par les déclarations lénifiantes des principaux dirigeants de l'horlogerie et par la croissance totalement surréaliste – comprenez qu'on bourrait frénétiquement les tiroirs des détaillants – des exportations horlogères. Aujourd'hui, c'est l'heure du grand réveil : : merci à la banquière la plus influente du monde pour ce renfort de crédibilité inattendu. 
 
RM19Magnolia-Businessmontres◉◉ MAGNOLIAS FOR EVER : incorrigible adulescent de la Baby Boom Generation, Richard Mille n'a pas pu s'empêcher de nous rejouer, en douce, une rengaine de Claude François (ci-dessous) avec sa nouvelle RM 19-02, dont la sublime fleur de magnolia en trois dimensions cache ou découvre le tourbillon du mouvement mécanique. C'est la fleur la plus coûteuse de toute la Wonder Week : un demi-million d'euros – nouvelle parité ? – pour l'offrir à la belle au grand coeur qui la mérite et qui ne cessera plus de jouer avec le poussoir à neuf heures (du soir ?) pour ouvrir et fermer les cinq pétales de la fleur (ci-contre) – n'oublions pas que le magnolia est un arbre dont les fleurs sont ultra-symboliques dans toute l'Asie. Il n'y en aura qu'une vingtaine en fabrication, mais on notera la tendance horticole qui s'installe dans le très haute horlogerie mécanico-féminine : rappelons-nous, pour 2014, de la marguerite effeuillée dans la Margot de Christophe Claret. Pourquoi se cantonner au magnolia ou à la marguerite ? 
 
 
MONTBLANCORBISTERRARUM-BUSINESSMONTRES◉◉ LA TENTATION CARTOGRAPHIQUE DE MONTBLANC : une référence quasiment évincée dans l'offre Montblanc, c'est celle de Nicolas Rieussec, qui était le pilier-fétiche des chronographes de la maison, mais qui semble désormais passé au second plan au profit d'une surabondance de montres « cartographiques » qui ont le double avantage d'être spectaculaires et presque vierges de toute connotation concurrentielle [impression renforcée par la présentation simultanée de plusieurs pièces sur ce thème]. Le malheureux Rieussec paye sans doute les excès de bullshit historique déployés depuis quelques années par Montblanc autour de son « invention du chronographe » – prétention évacuée par l'attribution définitive à Louis Moinet du statut de pionner dans ce domaine (Business Montres du 23 mars 2013). Il ne fallait pas compter sur Jérôme Lambert, qui est fondamentalement un réaliste, pour commettre l'erreur où la marque Perrelet a pu s'empêtrer en répétant, contre vents et marées documentaires, qu'un certain Abraham Luis Perrelet était l'« inventeur de la montre automatique » – assertion qui fait désormais rigoler tous les historiens de la montre (voir ci-dessous). On notera ici que ce sont les mêmes « experts » – historiens appointés par les marques pour étayer de simples prétentions marketing – qui ont désinformé Perrelet et Montblanc ! Donc, place à un nouveau champ de manoeuvres pour Montblanc, celui de la « montre cartographique » : comme nous avons déjà longuement parlé de l'impressionnante Orbis Terrarum (entre autres : Business Montres du 17 décembre dernier, ci-contre), on peut s'intéresser à la non moins nouvelle Villeret Tourbillon Cylindrique Geosphères Vasco da Gama (ci-dessous). C'est la première fois qu'une montre présente deux hémisphères terrestres vus à partir du pôle nord et du pôle sud : c'es tastucieux pour présenter les 24 fuseaux horaires de cette planète et c'est en plus très spectaculaire (mouvement en haut de la page : il s'agit d'un tourbillon à spiral cylindrique)...
 
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◉◉ PERRELET RELÈVE MAINTENANT DU MYTHE : à noter sur le site de la marque Perrelet, on y admet que le fameux Perrelet – dont nous n'avons toujours pas la moindre preuve d'existence historique clairement attestée – est « mythique », adjectif qui peut aussi bien signifier qu'il est au-dessus de l'histoire ou qu'il relève de la mythologie, c'est-à-dire des contes et légendes pour les grands enfants de l'horlogerie. Néanmoins, on nous affirme que ce Perrelet est le fondateur de la marque : mais non, ce n'est pas pour rire ! Et on nous présente un mouvement dont chacun peut comprendre, après les documents exhumés et publiés par Joseph Flores, qu'il correspond point par point au mouvement déposé par Hubert Sarton en 1778. Entêtement qui va poser des problèmes à la maison Perrelet : la prochaine édition française de La conquête du temps, de Dominique Fléchon, rendra à César ce qui est à César, à Sarton ce qui était à Perrelet [et à Moinet ce qui était à Rieussec]. Cet ouvrage est parrainé par la Fondation de la haute horlogerie, donc la maison Perrelet est membre : on remarque déjà que, sur le site de la FHH, le « mythique » Perrelet n'est plus que l'« inventeur supposé du mouvement à remontage automatique ». Que ce « supposé » est blessant pour l'orgueil d'une marque aussi péremptoire...
 
◉◉ PRÉCISIONS UTILES : à propos de notre article sur la baisse inquiétante de l'action Swatch Group (Business Montres du 22 janvier), il est évident que les raiders hostiles potentiellement capables de déclencher une opération contre le Swatch Group ne pourraient être que suisses, ou opérant en francs suisses. Y a-t-l des vrais méchants dans la salle ? ◉◉ SWATCH GROUP (2) : il est évident que les analystes sont morts de peur à cause du franc fort et qu'ils sanctionnent le Swatch Group pour sa faiblesse dans la joaillerie [c'est la clé de la résistance boursière de Richemont, à cause de Cartier] et pour sa surexposition au danger des smartwatches, qui vont ravager l'entrée de gamme suisse et remettre en cause le Swiss Made de papier de bon nombre de marques (voir les infos suivantes). Les marchés surjouent-ils la peur ? C'est possible, mais la décote est là... ◉◉ SWISS MADE : nous maintenons notre pronostic sur le fait que le Swiss Made – surtout avec les dispositions sur le 60 % de la valeur ajoutée en Suisse – sera la première et la principale victime du franc fort. Le dilemme est simple pour de nombreux marques d'entrée de gamme : « Vendre des montres qui ne sont plus Swiss Made, mais qui sont à des prix accessibles, ou ne plus vendre des montres qui sont Swiss Made, mais qui ne sont plus à des prix accessibles ». Le problème est tout aussi sensible pour les marques d'accès au luxe, qui voient leurs prix exprimés en francs suisses exploser au moment même où la réglementation leur impose d'augmenter la part de leurs composants suisses [d'autant que ces marques ont pris l'habitude de sous-traiter leurs composants d'habillage en Asie] : ce sera encore pire avec les smartwatches, le mouvement à quartz suisse ne représentant plus qu'une part infime de la valeur ajoutée suisse. Tout ce qui peut sauver des marques comme TAG Heuer, c'est la prise en compte dans les fameux 60 % des frais de R&D...
 
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